La guerre politique à Washington se concentre maintenant sur les rencontres de Jared Kushner avec les Russes

Alors que le président Donald Trump est revenu à Washington de son voyage de neuf jours à l’étranger, la guerre politique entre son administration et les sections de l’établissement de renseignement alliées au Parti démocrate a éclaté encore une fois, l’accent étant mis sur le beau-fils et le conseiller supérieur de Trump, Jared Kushner.

Le nouveau tournant du conflit entre le président fascisant et son cabinet d’oligarques et de généraux, d’un côté, et les forces de l’État opposées à la supposée « douceur » de Trump envers la Russie, d’autre part, intervient la même semaine que la Maison-Blanche a publié une Proposition de budget demandant 1700 milliards de dollars de coupes sociales, y compris la quasi-destruction de Medicaid, le programme public de santé pour les pauvres.

Cette déclaration de guerre à la classe ouvrière a été reléguée au second plan en l’espace d’un ou deux jours par le Parti démocrate et la majeure partie des médias contrôlés par les grandes entreprises. Ceci souligne que le conflit dans l’élite politique n’a aucun contenu démocratique et n’a rien de commun avec l’opposition à Trump parmi les travailleurs et les jeunes.

Il y a peu de choses qui séparent les démocrates de Trump en ce qui concerne les coupes sauvages dans les programmes sociaux et les nouvelles réductions d’impôt pour les riches. La principale préoccupation des démocrates est de prévenir l’émergence d’une opposition de masse à Trump et de détourner la colère sociale derrière l’impulsion de l’impérialisme américain pour subordonner la Russie à la volonté de Washington de dominer l’Eurasie.

L’escalade de la campagne contre Trump coïncide avec son échec au sommet de Bruxelles pour affirmer clairement son soutien à l’OTAN et son offensive stratégique militaire contre la Russie et son attaque contre l’Allemagne lors de la réunion du G7 en Italie. Ces actions ont été condamnées par des médias qui ont mené l’attaque contre la Maison-Blanche de Trump, en particulier le New York Times et le Washington Post.

Dimanche, les émissions de débats télévisés ont été dominées par des allégations, publiées vendredi par le Post, que Kushner, lors d’une réunion de décembre 2016 avec l’ambassadeur de Russie Sergey Kislyak, a proposé la mise en place d’un canal secret pour les communications entre les responsables militaires russes et l’équipe de transition de Trump. Selon le Post, l’idée était de permettre au conseiller en chef de la sécurité nationale de Trump à l’époque, le général en retraite Michael Flynn, de discuter avec des options de confidentialité pour la collaboration entre les deux pays dans la guerre syrienne ainsi que d’autres problèmes délicats.

Citant des fonctionnaires anonymes qui ont passé en revue les interceptions américaines de communications entre Kislyak et Moscou, le journal a rapporté que l’ambassadeur de Russie a déclaré à ses supérieurs que Kushner avait suggéré que les pourparlers utilisent des installations russes sécurisées. Cependant, un tel canal de communication n’a jamais été établi.

Même si le Post, suivi par le New York Times et la plupart des médias imprimés et diffusés, a cherché à considérer cette proposition comme une violation extraordinaire et sinistre des normes diplomatiques et politiques, le journal a reconnu : « Le Département d’État, le Conseil de sécurité de la Maison-Blanche et les Services de renseignement américain ont tous la possibilité de mettre en place des communications sécurisées avec des leaders étrangers. Toutefois, pour une équipe de transition, une telle initiative serait inhabituelle. »

Le Parti démocrate et les éléments de l’appareil de renseignement se sont jettés sur les rapports de la presse pour intensifier leur campagne anti-russe et suggèrent que Kushner, sinon Trump lui-même aient commis une trahison. Le Comité national démocrate a publié une déclaration affirmant : « Trump n’a pas d’autre choix que de renvoyer immédiatement Kushner, dont le fait qu’il n’a pas signalé cet épisode sur son attestation de sécurité est une raison suffisante pour une enquête criminelle. La question suivante est de savoir si le président a autorisé cela, car personne ne se tient entre Trump et Kushner dans la chaîne de commandement. »

Susan Hennessey, membre de la sécurité nationale de l’Institut Brookings aligné au Parti démocrate et ancien avocat de l’Agence de sécurité nationale, a écrit : « Difficile à transmettre complètement la gravité de ceci […] impensable que Kushner pourrait rester à la Maison-Blanche […] La question la plus importante semble être de savoir si Trump était conscient ou a dirigé les contacts de Jared et Flynn avec Kislyak. »

Michael Hayden, ancien directeur de la CIA et de la NSA et critique très en vue de Trump, a déclaré à CNN samedi : « Ceci est sans précédent. Je ne connais aucune autre expérience comme celle-ci dans notre histoire, certainement dans ma vie. »

L’attisement du scandale à cor et à cri sur la prétendue proposition de Kushner pour une communication secrète avec la Russie est une fausse piste. Il n’y a rien d’extraordinaire à ce sujet. De tels arrangements sont établis avec d’autres pays avec régularité, en particulier lorsque les tensions sont élevées. De plus, il existe de nombreux précédents pour les discussions secrètes avec les pays étrangers par des administrations entrantes et même les campagnes présidentielles avant le jour des élections.

Pour citer quelques exemples bien connus :

En décembre 1960, le président élu John F. Kennedy a approuvé une réunion secrète entre un conseiller de confiance et un agent soviétique pour discuter de la possibilité d’améliorer les relations entre les deux « superpuissances ». Ce « conseiller de confiance », était son frère, Robert Kennedy.

Moins de deux ans plus tard, le journaliste de ABC News John Scali a rencontré secrètement l’émissaire soviétique Aleksandr Fomin pour mettre en place une ligne de communication secrète qui a servi à négocier une résolution pour la crise des missiles cubains.

La campagne présidentielle de Ronald Reagan a négocié un accord secret avec l’Iran en 1980 pour empêcher la libération des otages américains à Téhéran avant la fin de l’élection de novembre afin de priver le Président en fonction, le démocrate Jimmy Carter, d’un coup de pouce qui aurait probablement conduit à la défaite de Reagan. L’émissaire de Reagan était son président la campagne, William Casey, qui est devenu directeur de la CIA dans l’administration Reagan.

Que l’on s’empare de cette allégation pour intensifier la campagne contre Trump met en évidence le fait que le conflit politique se concentre sur les questions de la politique étrangère impérialiste des États-Unis – en particulier les efforts conduits par les démocrates pour attiser une frénésie anti-russe afin de justifier une escalade de la guerre en Syrie et un éventuel conflit militaire avec la Russie nucléaire armée, ce qui pourrait conduire rapidement à une troisième guerre mondiale nucléaire.

(Article paru d’abord en anglais le 29 mai 2017)

 

 

 

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