Le gouvernement Trudeau interdit l'entrée au Canada à Chelsea Manning

L'immigration canadienne a interdit l'entrée au Canada à Chelsea Manning, a annoncé la lanceuse d'alerte et ancienne prisonnière politique dimanche sur Twitter.

Ceci survient seulement quelques jours après la lâche décision de l'université Harvard de retirer son invitation à Manning en réponse aux pressions exercées par de hauts représentants, employés et ex-employés, de la CIA.

Manning avait tenté d'entrer au Canada en voiture dans le but de faire une tournée de l'Amérique du Nord, durant laquelle elle prévoyait participer à des manifestations contre l'ancien rédacteur fascisant de Breitbart, Milo Yiannopolous. Cependant, elle a été arrêtée et détenue durant la nuit par les douanes canadiennes avant d'être relâchée aux États-Unis. Manning a annoncé son intention de contester la décision en cour.

D'après une photo d'une notice d'immigration canadienne que Manning a publiée sur son compte Twitter, on l'a empêchée d'entrer au pays parce qu'elle était «coupable d'un crime en dehors du Canada qui, si commis au Canada, aurait constitué un crime d'après la Loi du Parlement passible d'une peine maximale d'au moins 10 ans».

Chelsea Manning a été condamnée à 35 ans d'emprisonnement sous l'Espionage Act datant de la Première Guerre mondiale, pour avoir transmis à WikiLeaks des centaines de milliers de communications diplomatiques détaillant les machinations de l'impérialisme américain à travers le monde, ainsi qu'une vidéo d'un hélicoptère de combat américain massacrant des civils et journalistes irakiens. Sa peine a été commuée par Obama lors de sa dernière journée au pouvoir seulement après des années d'abus psychologique et de torture qui l'ont poussée à tenter deux fois de se suicider.

La raison donnée pour justifier le refus de l'entrée de Manning au Canada revient à une déclaration gouvernementale affirmant que, si un membre des forces armées ou services de renseignements canadiens devait transmettre des informations exposant les crimes de l'impérialisme canadien, il serait arrêté et similairement jugé pour trahison.

Le barrage de l'entrée à Manning au Canada expose les prétentions populistes hypocrites du gouvernement libéral de Justin Trudeau. Pendant les élections parlementaires de 2015, Trudeau s'est présenté comme un adversaire de l'espionnage étatique des Canadiens, déclarant que son gouvernement modifierait la loi conservatrice C-51 largement détestée, qui au nom de la «lutte contre le terrorisme», procure de vastes pouvoirs aux services de renseignement et de sécurité canadiens. Cette loi est tellement draconienne que même le Globe and Mail, le porte-parole traditionnel de l'élite financière du Canada se sentait obligé de la dénoncer comme une mesure «d'État policier».

La réforme proposée par les libéraux, la loi C-59, ne contient toutefois que des protections inefficaces, et préserve les clauses fondamentales de la loi C-51, tout en fournissant aux services de renseignement canadiens de nouveaux pouvoirs permettant la guerre offensive dans le cyberespace. Le renforcement des pouvoirs des services de renseignement par le gouvernement Trudeau, qui prétend effectuer une «réforme», imite la promulgation du Freedom Act américain par l'administration Obama, qui avait systématisé et développé l'espionnage étatique sous le prétexte de vouloir le réglementer.

D'après Manning, tout tend à indiquer que son interdiction d'entrer au Canada est une interdiction à vie.

En réponse à la publication de cette mesure antidémocratique, qui vise manifestement à s'attirer les bonnes grâces de l'administration Trump, des représentants du gouvernement libéral ont fait des déclarations laconiques et vagues. Ils ont néanmoins établi qu'ils n'avaient aucune intention d'annuler l'interdiction.

«Quand les douanes canadiennes exercent de façon appropriée, et dans leur compétence, le jugement qu'elles sont appelées à faire, je ne m'insère pas dans ce processus de façon irresponsable», a dit le ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale à la CBC.

Trudeau a refusé de commenter, mais il a dit qu'il «espérait» obtenir plus d'informations sur cette affaire.

(Article paru en anglais le 26 septembre 2017)

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