Macron signe les ordonnances sur la loi travail malgré l’opposition ouvrière

Malgré l’opposition des travailleurs à la loi travail et les manifestations qui s’annoncent, Emmanuel Macron a signé ses ordonnances détruisant le Code du Travail hier. Il prévoit aussi des attaques drastiques contre la santé, l’éducation, et l’assurance-chômage, tout en promettant de dépenser des milliards sur l'armée et la réduction de l’Impôt sur la Fortune.

C’est en direct à la télévision que Macron, entouré de la ministre du Travail, Muriel Pénicaud et du porte parole du gouvernement, Christophe Castaner a signé vendredi cinq ordonnances réformant le Code du travail, à l’issue du Conseil des ministres. Les premières mesures doivent paraître dès demain au Journal officiel. Macron a déclaré, « Cette réforme entrera en vigueur à compter de sa publication. Les premières réformes seront applicables dès les tout prochains jours ».

Il a ajouté qu'il imposerait « petite vingtaine de décrets » avant la fin de l'année, et que « toutes les réformes contenues dans ces ordonnances » seraient applicables « au plus tard au 1er janvier ».

Cette action souligne le mépris de Macron et de toute l’aristocratie financière qu'il représente à l’égard de l’opposition à l’austérité en l'Europe. La cote de popularité de Macron a chuté jusqu’à 30 pour cent en quatre mois depuis son élection, et 7 personnes sur dix sont hostiles à la loi travail.

Macron compte imposer son diktat avec arrogance à la population, grâce à son contrôle de l'appareil d'Etat. Alors que la mobilisation organisée par la CGT le 12 septembre s’annonçait, il a déclaré dans des discours tenus à l’étranger que « la démocratie, ce n'est pas la rue. » Il a insulté les manifestants hostiles à la loi, en les traitant de « fainéants » et de « cyniques ».

Après la crise mondiale déclenchée en 2008, Macron et les banques veulent à tout prix détruire les acquis sociaux qu’avait obtenu la classe ouvrière au 20e siècle, après les grèves déclenchées en Europe suite à la révolution russe de 1905 – quand le Code du Travail fut établi en France – et surtout après la révolution d’octobre 1917 et la prise du pouvoir par la classe ouvrière en Russie.

En dynamitant le cadre légal des relations de classe en France, les ordonnances préparent une guerre de classe brutale et de longue durée, menée par l'aristocratie financière contre les travailleurs. Ces derniers ne pourront se défendre qu'en créant de nouvelles organisations de lutte pour remplacer les syndicats co-optés par l'Etat et le patronat, et en construisant le Parti de l'égalité socialiste (PES) en nouvelle avant-garde révolutionnaire des travailleurs.

Les ordonnances permettent aux entreprises d'exercer un chantage à l'emploi permanent pour imposer aux travailleurs les licenciements, des baisses de salaires et la destructions des acquis. Si les travailleurs refusent ces exigences, les patrons pourront fermer les sites, licencier les travailleurs qui refuseraient ces accords, et les priver de leurs droits aux aides à la formation de Pôle emploi.

Les patrons comptent embaucher les travailleurs sur des contrats précaires, dits « de chantier ». Les branches professionnelles pourront définir les règles sur la durée, le nombre de renouvellements sur un même poste et les délais de carence des CDD. Les employeurs pourront rompre les contrats de chantier à la fin d’une mission sans que les travailleurs ne touchent d’indemnités.

Les dirigeants de PME et de TPE pourront en effet changer les règles établies, y compris sur les primes et le treizième mois, via des référendums.

Les patrons pourront aussi tenter d'imposer des accords d'entreprise que dérogent au Code du Travail, aux accords de branche et aux conventions collectives, qui voleraient tous en éclats.

Macron et la bourgeoisie internationale craignent la montée de colère parmi les travailleurs en France et à travers l'Europe. Hier, la ministre des Transports Elisabeth Borne a reçu les syndicats de routiers et prétendu que les réformes n'avaient « pas de raison d'inquiéter les routiers », tentant ainsi d'étrangler leur grève avant que les routes et les stations services ne soient bloquées.

La classe dirigeante compte sur la complicité des syndicats, qui tentent de diviser les luttes dans des mobilisations d’un jour par roulement pour épuiser l’opposition à Macron. Ils avaient rencontré Macron au début de son mandat, pour qu'il leur expose le calendrier des réformes. Ils ont ensuite négocié les ordonnances pendant des semaines avec Pénicaud et les organisations patronales.

Selon Le Canard enchainé, deux rencontres secrètes ont eu lieu le 28 août entre Macron, Pénicaud et Mailly de FO et ensuite Berger, le secrétaire général de la CFDT. L'hebdomadaire satirique a rapporté que le gouvernement voulait être sûr que Mailly et Berger « tenaient leur base ».

Le Monde avait qualifié les discussions entre les syndicats et le gouvernement de « conviviales » et la ministre du travail de « très preneuse » des discussions sur la formation des syndicalistes, une des principales avenues par lesquelles les décrets de Macron font parvenir de nouveaux fonds patronaux dans les caisses des centrales syndicales.Celles-ci tenteront ensuite d'imposer aux travailleurs les accords et les référendums négociés avec les patrons et l'Etat.

La classe ouvrière en France et à travers l'Europe est confrontée à un effondrement international du capitalisme auquel elle ne peut réagir qu'en adoptant une stratégie révolutionnaire. L’objectif des réformes de Macron est d'augmenter la rentabilité de la deuxième économie de l’UE, mais surtout de permettre à la France et à l'Europe de concurrencer les Etats-Unis, y compris militairement, dans les guerres qui se profilent.

Quelques jours avant la publication des ordonnances, Macron avait déclaré devant les ambassadeurs réunis : « Mon ambition est que, en qualité, en capacité de déploiement, en réactivité, nos armées s’affirment… parmi les toutes premières au monde, la première en Europe, qui protège la France, mais aussi notre continent. Nous avions oublié que 70 ans de paix sur le continent européen était une aberration de notre Histoire collective... Mais la menace est à nos portes et la guerre est sur notre continent ».

Suite à l’effondrement de l'ordre politique d’après-guerre et de l'hégémonie mondiale des Etats-Unis depuis l’investiture de Trump, les tensions explosent entre Washington et l'UE. Les menaces de génocide nucléaire proférées par Trump cette semaine à l'égard de la Corée du Nord poussent les bourgeoisies européennes à se renforcer militairement, afin de préparer leurs propres guerres impérialistes. Elles veulent avant tout en faire porter le fardeau financier aux travailleurs.

Les milliards d’euros dégagés par la destruction des acquis sociaux serviraient à renforcer l’appareil militaire en France et en Europe, ainsi qu'à militariser la France via l'état d'urgence dont Macron souhaite transférer le gros des dispositions dans le droit commun. Ceci permettrait au gouvernement de tenter une répression drastique des travailleurs et de l'opposition aux réformes.

Face au diktat d'austérité de l'UE, et au danger de guerre et de dictature, la classe ouvrière en France comme en Europe est confrontée à la nécessité d'une lutte politique et révolutionnaire.

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