Le constructeur automobile français PSA collabore avec les syndicats pour préparer des suppressions d’emplois de masse

Mardi, le constructeur automobile PSA Peugeot-Citroën a convoqué les confédérations syndicales françaises afin de discuter et de préparer des licenciements de masse, en utilisant les retraites anticipées et la clause Rupture d’un contrat collectif (RCC) des décrets antidémocratiques du président Emmanuel Macron.

Les premiers reportages sur les négociations montrent que 2200 emplois sont menacés chez PSA en France, d’autres suppressions d’emplois étant prévues dans les filiales de PSA en Europe. Lundi, il a été annoncé que 250 autres emplois seront supprimés à l’usine d’Ellesmere Port de la filiale britannique de PSA, Vauxhall. À Opel, en Allemagne, après que les syndicats et la direction se sont mis d’accord pour imposer des milliers de retraites «volontaires», ils ont également réduit mardi les horaires et donc la paie des ouvriers pendant six mois, en même temps que PSA se prépare à supprimer quelque 4000 emplois.

En mars 2017, le PSA Group a racheté Opel et Vauxhall au constructeur automobile américain General Motors pour 1,9 milliard d’euros, créant un géant automobile européen pour défier le leader du marché, Volkswagen.

Les travailleurs n'ont d'autre choix que d’organiser une lutte indépendante, internationale et politique contre les plans de PSA visant à augmenter la cadence et intensifier l’exploitation des travailleurs en Europe. Avec le soutien de l’Union européenne et de Macron, PSA vise à restructurer la main-d’œuvre, en remplaçant les travailleurs à temps plein plus âgés et mieux payés par de jeunes intérimaires payés au salaire minimum.

Les journalistes du WSWS ont parlé mardi à Sophie, une jeune intérimaire dans une usine PSA de la région parisienne. «On est à 9,96 € de l’heure», a-t-elle dit. «On travaille du lundi au vendredi, parfois les samedis aussi quand l’usine demande aux employés de venir le samedi.»

Elle a critiqué les plans de PSA et Macron visant à augmenter le nombre d'intérimaires dans l’industrie automobile. «Ce n’est pas bon. Un travail à temps plein, c’est la sécurité. Personnellement, je suis d’accord pour être une intérimaire parce que j’espère faire autre chose, après. Mais pour les personnes âgées, qui ne peuvent pas se recycler après, c’est dur». Elle a dit que le mieux qu’elle pouvait espérer chez PSA était «un contrat plus long en tant qu’intérimaire». Mais «Ce n’est pas possible par rapport aux effectifs».

Sophie a exprimé son opposition à Macron en déclarant: «Je n’ai même pas envie de m’intéresser à lui. C’est tout pour les patrons et rien pour les employés.»

Malgré cette large opposition populaire, les syndicats en France et ailleurs n'organiseront aucune opposition réelle aux projets de PSA. Après avoir reçu des milliards d’euros des contribuables du plan de sauvetage de l’industrie automobile française en 2009 et affichant des bénéfices records par la suite, PSA vise maintenant à assurer sa compétitivité à long terme en poussant les salaires et les conditions des usines en France vers des niveaux misérables comme ce qui existe en Europe de l’Est ou en Asie. Les syndicats, négociant avec PSA à l’échelle nationale pour assurer la rentabilité des usines en France, sont organiquement incapables de s’opposer à la stratégie mondiale de PSA de coupes profondes dans les salaires et les emplois.

Selon des articles de presse, le plan devrait être présenté au comité d’entreprise de PSA le 19 janvier et adopté en février. Lors des pourparlers mardi, les syndicats ont clairement indiqué qu’ils ne prévoyaient pas faire obstruction à PSA et à son accord avec le RCC, ce qui est nécessaire en vertu des décrets de travail de Macron. Plusieurs syndicats ont indiqué qu’ils avaient tout au plus des désaccords tactiques avec le plan de restructuration.

La Confédération française démocratique du travail (CFDT) s’est déclarée «satisfaite» d’un accord, citant une promesse de PSA d’embaucher 1300 travailleurs et 2200 sur des contrats intérimaires de jeunes parrainés par l’État. Elle a seulement dit qu’elle était «déçue» que PSA ne crée que 400 emplois de production à plein temps.

Cela s’est produit après que la CFDT ait approuvé un contrat pour l’industrie chimique française la semaine dernière, en vertu des décrets de travail de Macron, où les ouvriers peuvent être payés moins que le salaire minimum.

Le syndicat Force ouvrière (FO) s’est plaint que le programme RCC de Macron ne devrait pas seulement servir à «faire partir les travailleurs». Soulignant le nombre important d'intérimaires dans les usines automobiles en France, il a demandé à PSA d’engager directement «17 % de cette population».

Quant à la Confédération générale du travail (CGT) stalinienne, qui a supervisé la fermeture de l’usine PSA dans la banlieue parisienne d’Aulnay en 2013, elle a adopté un ton rhétorique plus belliqueux en qualifiant le plan d'«inacceptable» parce que: «PSA est riche possédant des milliards d’euros». Des responsables de la CGT ont averti que l’usine PSA de Saint-Ouen, dans la banlieue parisienne, pourrait également être fermée.

Fondamentalement, cependant, la CGT – dont le délégué, Jean-Pierre Mercier, est un membre influent de l’organisation petite-bourgeoise Lutte ouvrière (LO) et le plus haut dirigeant syndical de PSA – n’est pas différente de ses homologues plus ouvertement collaborationnistes.

Tous les syndicats ont aidé à superviser une réduction draconienne des emplois et des salaires dans l’industrie automobile, ce qui a rendu PSA extrêmement rentable. Rien que l’an dernier, il a annoncé des bénéfices de 1,5 milliard d’euros (1,8 milliard de dollars). Avec des travailleurs qualifiés disponibles à proximité en Europe de l’Est ou en Afrique du Nord et contraints de travailler pour 350 € par mois – voire moins – ces dernières années, ils ont mené une immense campagne de réduction des emplois et des salaires dans les pays les plus riches d’Europe.

Depuis la fermeture de l’usine d’Aulnay en 2013, PSA a supprimé 25.000 emplois à temps plein en France. Cela n’a laissé que 33.000 emplois PSA à temps plein dans la production automobile en France, alors même que les niveaux de production de PSA dans le pays sont passés de 860.000 à plus d’un million de véhicules. Les milliards d’euros de nouveaux profits tirés par PSA étaient basés sur cette accélération radicale et l’embauche d'intérimaires à bas salaires.

Dans de nombreuses grandes usines automobiles françaises, les travailleurs intérimaires représentent la grande majorité des travailleurs sur les chaînes de montage. Le site Web de l’entreprise L’Usine Nouvelle en 2016 a cité des sources syndicales selon lesquelles 84 % des ouvriers de l’usine Renault de Flins et 70 % des ouvriers de l’usine PSA de Sochaux étaient des intérimaires. L’usine PSA de Mulhouse – largement décrite dans la presse comme une usine PSA modèle du futur à cause du fait que sa directrice de production, Corinne Spirios, est une femme et qu'elle utilise beaucoup d'intérimaires – a annoncé l’année dernière qu'elle prévoyait faire appel à 800 intérimaires.

Les attaques massives préparées sur les emplois, les salaires et les conditions de travail provoqueront sans le moindre doute une opposition large et de plus en plus explosive de la classe ouvrière en France et en Europe. Cela a déjà pris la forme de grève des travailleurs de l’automobile à travers l’Europe de l’Est et la grève sauvage des travailleurs de Ford à Craiova, en Roumanie, le mois dernier contre une conspiration des syndicats, de la direction et du gouvernement pour réduire les salaires. Cette lutte ne peut progresser que comme une lutte internationale, opposée de façon intransigeante à Macron et à l’UE, et basée sur une perspective révolutionnaire et socialiste.

(Article paru d’abord en anglais le 10 janvier 2018)

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