La diatribe raciste de Trump contre les « pays merdiques » révèle la conspiration bipartite contre les immigrés

Le président Donald Trump a prononcé jeudi une diatribe raciste et fascisante contre les immigrés de « pays merdiques », comme Haïti et les États d’Afrique, lors d’une réunion bipartite à la Maison Blanche sur la « réforme » de l’immigration.

Le Washington Post a d’abord rapporté les remarques de Trump, citant deux personnes anonymes qui ont été informées de la réunion. Répondant aux questions plus tard dans la journée, la Maison Blanche n’a pas nié que Trump avait fait ces déclarations.

Le coup de gueule de Trump a gêné les démocrates du Congrès, qui ont cherché à la va-vite au cours de la semaine dernière un accord avec Trump pour militariser davantage la frontière et renforcer la répression contre les immigrés. Dans un éditorial publié moins de 24 heures avant la déclaration de Trump, le Washington Post a encouragé les démocrates à adopter une grande partie de la politique d’immigration de Trump, y compris la construction d’un mur le long de la frontière américano-mexicaine.

Trump a fait ses remarques après avoir rejeté une proposition mis au point par un groupe de six sénateurs républicains et démocrates. L’accord rétablirait la protection juridique inaugurée par Obama, annulée l’année dernière par la Maison Blanche, pour 800 000 immigrants amenés aux États-Unis comme enfants par des parents sans papiers. Il fournirait des milliards de dollars pour recruter plus d’agents frontaliers et intensifierait la militarisation des frontières, diminuant drastiquement des visas pour les membres de familles des immigrants légaux et éliminant la loterie des visas qui assurait une diversité d’immigrants provenant d’Afrique, d’Amérique centrale et d’autres régions pauvres du monde.

Un élément du plan permettrait de rétablir le statut de protection, terminé par le gouvernement, au bénéfice des immigrants de pays déchirés par la guerre et dévastés comme Haïti et El Salvador. Lundi, le département de la Sécurité intérieure a annoncé qu’il mettait fin au statut de protection pour plus de 250 000 Salvadoriens qui vivent aux États-Unis depuis des décennies.

« Pourquoi devrions-nous accueillir des Haïtiens ? » a demandé Trump. « Pourquoi acceptons-nous tous ces Africains ? Pourquoi accueillons-nous tous ces gens de pays merdiques ? » Il a ajouté : « Nous devrions avoir plus de gens de pays comme la Norvège ».

Ces déclarations ont suscité des déclarations choquées dans les médias et des dénonciations indignées de la part des politiciens démocrates. La prétention à l’indignation de la part des médias et de l’establishment politique est hypocrite et malhonnête. Le problème pour la classe dirigeante est que, encore une fois, Trump a dit en public ce que tant de gens du patronat, de l’oligarchie financière et l’appareil d’état pensent et disent en privé.

L’astuce de la politique impérialiste américaine est de dissimuler les activités criminelles de la classe dirigeante américaine partout dans le monde en les habillant de rhétorique humanitaire. La règle est la suivante : vous pouvez tuer autant de personnes que vous le voulez, pour autant que cela soit fait d’une manière qui rende hommage en paroles aux idéaux démocratiques et humanitaires.

Trump, dont l’ascension au pouvoir est le produit de guerres sans fin et d’une inégalité sociale massive, se passe de tout cela. Il articule les politiques de l’impérialisme américain dans un langage brutalement fasciste.

Les États-Unis s’affairent partout dans le monde à envahir des pays, à tuer leurs habitants et à voler leurs ressources. Ils menacent les pays – la Chine, la Russie, l’Iran, la Corée du Nord – d’une annihilation nucléaire. Ils portent la responsabilité primordiale pour la pauvreté écrasante et la répression en Haïti, ayant occupé le pays de 1915 à 1934 et l’ayant envahi à plusieurs reprises depuis, le plus récemment en 1996 (sous Bill Clinton) et en 2004 (sous George W. Bush).

Ils ont mené le bombardement qui a détruit la Libye et mène des guerres par drones et des guerres secrètes en Somalie, au Niger et dans d’autres coins de l’Afrique.

Ils ont semé la mort et la destruction au Salvador, y compris en soutenant les escadrons de la mort dans la guerre civile de 1980-1992 qui a tué des dizaines de milliers de civils.

Maintenant, les démocrates se joignent à Trump et aux républicains pour renvoyer les rares individus qui ont fui les champs de la mort de ces pays et demandé l’asile aux États-Unis pour y être brutalisés et assassinés, tout en fermant la frontière pour bloquer l’entrée aux nombreux nouveaux réfugiés faits l’agression américaine.

Deux choses révèlent complètement la fausseté de l’indignation officielle quant au coup de gueule de Trump. D’abord, il l’a fait au cours d’une réunion à laquelle participait le chef de file démocrate du Sénat, Richard Durbin, qui a représenté les démocrates dans les négociations sur l’immigration. Deux jours auparavant, lors des négociations bipartites télévisées présidées par Trump, Durbin avait minaudé : « Nous sommes tous honorés de faire partie de cette conversation. » Il a ensuite promis le soutien des démocrates à « une frontière américaine sûre, point à la ligne. »

Deuxièmement, alors même que les conspirateurs anti-immigrants se réunissaient à la Maison Blanche, le Parti démocrate fournissait les voix nécessaires à la Chambre des représentants pour bloquer toute modification de la loi FISA et étendre son article 702, qui autorise l’Agence de sécurité nationale (NSA) à collecter les communications téléphoniques et électroniques de millions d’Américains sans mandat. On s’attend à ce que la loi de surveillance nationale et internationale de masse fasse son chemin sans entrave au Sénat avec un pareil soutien démocrate dans les prochains jours.

Le New York Times, qui articule la politique du Parti démocrate, a salué le vote de la Chambre en écrivant :

« Effectivement, le vote était presque sûrement la fin d’un débat sur la surveillance du 21ᵉ siècle et les droits de la vie privée qui a éclaté en 2013 après les divulgations par l’ancien contractuel de la NSA Edward J. Snowden […]

« Les révélations de M. Snowden en 2013 ont inauguré une période d’intérêt intense pour la surveillance. Les défenseurs des libertés civiles et les conservateurs sceptiques du pouvoir gouvernemental ont travaillé ensemble pour imposer de nouvelles limites, tandis que les services de renseignement et les forces de l’ordre et leurs partisans au Congrès de tout bord politique – et dans les gouvernements Obama et Trump – ont essayé d’y résister. »

Les médias, les démocrates et la classe dirigeante dans son ensemble craignent que les propos de Trump ne puissent porter atteinte à ce « compromis » pourri sur l’immigration et, plus largement, discréditer davantage les États-Unis aux yeux du monde et du peuple américain. Ils savent très bien à quel point ce gouvernement est faible et instable. Leur objectif principal est de détourner, de dissiper et de saboter l’opposition populaire – au moyen de campagnes réactionnaires telles que la campagne contre la Russie, la chasse aux sorcières #MeToo et le haro sur les « fausses nouvelles » pour attaquer la liberté d’expression sur Internet – afin d’empêcher la montée d’un mouvement politique contre le capitalisme américain.

Les travailleurs et les jeunes ne devraient soutenir aucune des factions de la classe dirigeante et de l’establishment politique et, surtout, ne pas permettre que leur opposition à Trump soit canalisée derrière le Parti démocrate de droite. La lutte contre Trump doit être menée comme un mouvement indépendant et uni de la classe ouvrière, en union avec les luttes croissantes des travailleurs au niveau international, contre la source de la guerre, de la pauvreté et du racisme – le système capitaliste.

(Article paru en anglais le 12 janvier 2018)

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