Contre l’alliance des universités avec les Forces armées canadiennes

Pour un mouvement international des jeunes et des travailleurs contre la guerre!

Déclaration de l’IYSSE (Canada)

Les universités sont de plus en plus impliquées dans la politique militariste de la classe dirigeante canadienne. Dans la nouvelle politique de défense énoncée en juin dernier, le gouvernement Trudeau admet que les «Forces armées canadiennes travaillent avec le milieu universitaire depuis de nombreuses années». Et il insiste sur «le rôle clé que le milieu universitaire canadien et les experts externes peuvent jouer dans l’examen continu des questions de défense».

Cela comprend le développement de nouvelles technologies militaires, la promotion idéologique de la politique guerrière du Canada et le recrutement des jeunes dans les Forces armées à travers le pays, notamment sur les campus des universités, cégeps et collèges.

Agissant dans le dos de la population, la classe dirigeante cherche à transformer les universités en think tanks et laboratoires de recherche pour les Forces armées canadiennes. Selon le groupe Démilitarisons McGill, des professeurs de l’Université McGill ont mis en place depuis 2009 des sociétés de façade pour réaliser en cachette des contrats pour la Défense nationale d’une valeur d’un million de dollars.

Dans leur nouvelle politique de défense, les Libéraux de Trudeau ont annoncé qu’ils augmenteraient les dépenses militaires de 70 pour cent d’ici 2026, afin d’acquérir de nouveaux navires et avions de guerre, développer de nouvelles armes de cyberguerre et collaborer avec l'administration Trump pour «moderniser» NORAD (le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord).

Ceci prend place dans un contexte international explosif. L’humanité n’a pas fait face à une aussi grande menace de conflagration mondiale depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Trump, qui emploie un langage qui n’a pas été utilisé par un leader mondial depuis les diatribes du Führer nazi Adolf Hitler, menace la Corée du Nord de «destruction totale».

Son allié canadien a organisé le 16 janvier à Vancouver un sommet qui rassemblait tous les pays ayant combattu aux côtés des États-Unis durant la guerre de Corée de 1950-53, et excluait donc la Russie et la Chine. Son but était d’accélérer les préparatifs de guerre contre la Corée du Nord – y compris un possible blocus naval dans les eaux menant à la péninsule coréenne, ce qui soulève le danger d’une confrontation directe avec des navires de guerre russes ou chinois.

Cette situation mondiale explosive a de profondes racines objectives. L’impérialisme américain a répondu à la dissolution de l’URSS par la bureaucratie stalinienne en 1991 en lançant une campagne pour l’hégémonie mondiale. Il a cherché à compenser son déclin économique en employant la force militaire. Mais la série de guerres meurtrières qu’il a lancée dans les Balkans, le Moyen-Orient, l’Asie centrale et l’Afrique du Nord n’a pas réussi à renverser l’érosion de l’influence américaine dans le monde. En réponse, l’administration Obama, et maintenant l’administration Trump, ont lancé des offensives militaires et stratégiques qui ciblent directement la Russie et la Chine.

L’élite dirigeante canadienne est complice dans cette entreprise criminelle. Elle a participé à quasiment toutes les aventures militaires américaines depuis la fin des années 1990. C’est parce qu’elle voit le maintien de la domination globale américaine – et son propre partenariat privilégié avec Washington à travers l’ALÉNA, l’OTAN et NORAD – comme un élément vital pour défendre ses propres intérêts en tant que puissance impérialiste de second ordre.

Plus de deux après son élection, la tentative du gouvernement libéral de Trudeau de se présenter comme une force «progressiste» s’est avérée, de façon entièrement prévisible, être une fraude.

Trudeau a intensifié les politiques droitières de son prédécesseur, le gouvernement conservateur de Stephen Harper, particulièrement en matière de politique étrangère. Les libéraux ont prolongé le déploiement militaire canadien au Moyen-Orient, triplé le nombre des Forces spéciales en Irak, et intégré le Canada aux deux offensives stratégiques des États-Unis contre la Chine et contre la Russie (en assumant la direction de l'un des quatre bataillons «avancés» de l'OTAN en Europe de l'Est).

C’est tout l’establishment politique qui a embrassé le militarisme. Le NPD a endossé chacune des interventions impérialistes canadiennes depuis la guerre en Yougoslavie de 1999. Le Bloc Québécois et le PQ ont attisé le chauvinisme antimusulman qui a servi de couverture pour faire renaître le militarisme. Québec Solidaire, le parti supposément de gauche au Québec, a soit gardé un silence complice sur les interventions impérialistes du Canada, ou fourni une justification «humanitaire» aux guerres d’Ottawa et de Washington.

Il existe un fort sentiment d'opposition dans la population à la guerre et aux efforts de la classe dirigeante pour faire payer les travailleurs par la destruction des emplois, des pensions et des services publics essentiels comme la santé et l’éducation. Cette opposition s'est exprimée en 2012 au Québec par une grève étudiante de masse pour la défense de l’éducation. Mais, six ans plus tard, l'austérité capitaliste s'est intensifiée. Pourquoi?

La défaite de la grève étudiante ne peut être comprise qu'en faisant un examen sobre et objectif des différentes tendances politiques qui étaient à sa tête.

Alors que la grève de 2012 menaçait de s’étendre aux travailleurs, les syndicats pro-capitalistes sont intervenus pour garder les étudiants isolés et pour détourner leur lutte derrière l'élection du Parti québécois de droite. En cela, ils avaient l’appui de Québec solidaire, qui a d’abord proposé une alliance électorale au PQ avant de lui offrir son appui inconditionnel pendant au moins un an s’il devait détenir la balance du pouvoir.

Quant à l’association étudiante qui s’est retrouvée à la tête de la grève, la Coalition large de l’ASSÉ ou CLASSE, elle a facilité la trahison de la bureaucratie syndicale en confinant les étudiants à une politique de protestation avant d’endosser l’appel à «battre les libéraux», c’est-à-dire voter pour le PQ pro-patronal.

L’ASSÉ a ensuite entièrement abandonné le terrain des revendications sociales pour faire la promotion des politiques identitaires associées aux couches privilégiées des classes moyennes – sous le prétexte de combattre les agressions sexuelles sur les campus. C’est la faillite politique complète de l’ASSÉ, pendant et après la grève de 2012, qui l’a menée aujourd’hui au bord de la dissolution.

Il faut aussi mentionner le rôle des anarchistes sur les campus. Leur slogan «pas de politique» ne fait que bloquer la nécessaire lutte des travailleurs pour rompre avec les partis de la classe dirigeante et articuler un programme pour la réorganisation de la société selon les besoins sociaux.

Nous appelons tous ceux qui veulent lutter contre la guerre, les inégalités sociales et l’assaut sur les droits démocratiques – et contre leur cause profonde, le capitalisme en faillite – à se joindre à l’IYSSE (International Youth and Students for Social Equality) et à bâtir un club dans votre université ou cégep.

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