Pour un mouvement socialiste unifié des maîtres de conférence et des étudiants!

La réussite de la grève nationale de 40.000 enseignants dépend de la mobilisation du soutien des étudiants dans le cadre d’une lutte pour obtenir le soutien de la classe ouvrière dans son ensemble pour la défense de l’éducation en tant que droit social pour tous.

Des piquets de solidarité et des manifestations ont été organisés, y compris des occupations d’étudiants dans neuf universités y compris Leicester, Bristol, «University College London» et Liverpool. Ils protestent contre le rôle de leurs présidents dans les réductions de pension proposées par l’organisation «Universities UK» (UUK). Un compte Twitter, «Action Solidarité étudiante avec la grève des conférenciers du syndicat UCU», a été créé pour partager les nouvelles de ces événements, témoignant ainsi du désir d’une lutte commune des étudiants et de leurs enseignants pour la défense du secteur de l’enseignement supérieur.

Les maîtres de conférence applaudissent l'occupation par les étudiants de l'Université de Leicester

Les protestations rejettent la campagne réactionnaire menée par le gouvernement conservateur et les médias de droite qui encouragent les étudiants à faire valoir leurs droits en tant que «consommateurs» contre les enseignants, y compris des prélèvements sur la paie des grévistes pour compenser les classes perdues. La plupart des étudiants comprennent que c’est précisément ce modèle d’entreprise qui sous-tend non seulement l’agression des conditions de travail des enseignants, mais aussi l’introduction et l’augmentation des frais de scolarité dans le cadre de la marchandisation à outrance de l’éducation. Ils reconnaissent que la lutte pour défendre les conditions des maîtres de conférence est liée à la défense de l’éducation en tant que droit social.

L’«International Youth and Students for Social Equality» (IYSSE – les Étudiants et jeunes internationalistes pour l’égalité sociale) soutient tous les efforts pour démontrer la solidarité entre les enseignants et les étudiants. Mais pour lutter pour une telle solidarité, une lutte politique contre le Syndicat des Collèges et des Universités (UCU), l’Union nationale des étudiants (NUS) et d’autres faux dirigeants dont le programme n’offre rien à leurs membres et aux couches plus vastes **photo**

de la classe ouvrière dont l’avenir dépend d’une défense de l’éducation.

Beaucoup de pressions sont exercées sur les jeunes, dont beaucoup entrent pour la première fois dans des luttes sociales, pour associer le soutien aux enseignants à un appui pour l’UCU, le visage officiel de l’appel à la grève. Mais l’UCU porte la responsabilité directe de la position désastreuse dans laquelle se trouvent maintenant les enseignants.

Quel que soit le langage militant que l’organisation emploie aujourd’hui, le bilan du syndicat parle de lui-même. L’UCU a permis deux réductions de pension antérieures en 2011 et 2015 et a permis à la précarisation et au sous-financement du secteur de l’enseignement supérieur de se poursuivre sans opposition en dehors de quelques grèves et manifestations symboliques. Les questions soulevées dans la grève actuelle se limitent à la position indubitablement précaire des pensions d’une petite partie de la main-d’œuvre afin de mieux isoler la lutte dans son ensemble. Rien n’est fait contre la précarisation rapide de l’université, qui vient tout juste derrière l’industrie hôtelière. Et aucune mention n’est faite par l’UCU de la question plus large de la marchandisation qui sous-tend toutes les attaques contre le personnel de l’enseignement supérieur.

Les étudiants et les professeurs de l’Université de Leicester vont manifester devant une réunion du conseil de l’université

Pourtant, selon une foule de groupes «de gauche» et «socialistes» autoproclamés sur le campus, l’UCU doit être considéré comme le représentant incontesté des enseignants et ne doit pas être critiqué, et il faut encore moins s’y opposer.

Parmi les champions de l’UCU figure le NUS, qui n’est guère plus qu’un tremplin pour divers opportunistes et carriéristes bien rémunérés vers une carrière future en politique – en particulier le Parti travailliste – ou dans le monde des affaires. Le NUS a sa propre histoire de trahisons: en abandonnant l’opposition aux frais de scolarité et en pilotant des attaques de grande envergure contre les étudiants.

Dans la période précédant la grève actuelle, le NUS s’est déshonoré en signant le programme de privatisation du gouvernement pour que l’enseignement supérieur soit administré par le Bureau pour les étudiants (OfS).

Après avoir travaillé avec le Parti travailliste dans un «engagement constructif» avec le projet de loi sur l'enseignement supérieur et la recherche l'année dernière, le NUS a reçu des postes dans un panel consultatif de l'OfS, dirigé par la présidente du NUS, Shakira Martin. Martin se plaint maintenant que l'examen de l'enseignement supérieur du gouvernement n'a «encore aucune représentation des étudiants», autrement dit, il manque une occasion pour les membres dirigeants du NUS d'embellir leur CV avec un autre rôle «consultatif». La déclaration de Martin a été publiée sur la première page du site Web du NUS à côté d'un article intitulé «Avez-vous envisagé une carrière dans les syndicats étudiants?»

Étudiants participant à l'occupation de l'Université de Leicester

 

Compte tenu de sa complicité dans les attaques contre l’éducation, la dernière chose que le NUS a l’intention de faire est d’exposer l’UCU pour son rôle déplorable. Tous deux se sont entièrement accommodés du démantèlement et de la privatisation de l’enseignement supérieur et sont avant tout soucieux de trouver leur propre créneau dans le nouvel ordre.

Ils sont soutenus dans ces efforts par toute une série de tendances pseudo-gauchistes déguisées en socialistes et qui servent d’auxiliaires aux syndicats, tentant de soutenir ces organisations moribondes.

«Socialist Appeal», le journal de la Tendance marxiste internationale (pabliste) exhorte l’UCU à «se joindre aux autres syndicats du secteur public et à se mobiliser pour une opposition générale à la privatisation et à la marchandisation des services publics» et au NUS de «faire sortir ses membres dans la rue et continuez à vous battre jusqu’à ce que cette vision soit réalité».

Le Parti travailliste devrait «donner une direction politique à ce mouvement – en mettant en pratique la promesse [de Jeremy] Corbyn d’une éducation gratuite et universelle pour tous».

Dans la même veine, le Parti socialiste ouvrier (SWP, Socialist Workers Party) a salué la présence de Frances O’Grady, secrétaire générale du Congrès des syndicats (TUC – direction de l’ensemble des syndicats au Royaume-Uni), et John McDonnell, chancelier fantôme du Parti travailliste lors d’un rassemblement de l’UCU à Londres – malgré le fait que ni les individus ni les organisations qu’ils représentent n’ont fait une seule chose au nom des maîtres de conférence. Le TUC a piloté la baisse la plus prolongée du niveau de vie des générations et a fait tout ce qui était en son pouvoir pour isoler les différentes luttes, qu’il s’agisse des jeunes médecins, des enseignants ou des chefs de train. Les autres syndicats de l’éducation – Unite et Unison – se sont limités à une «solidarité» purement verbale avec l’action de l’UCU.

Le Parti travailliste n’a rien dit et n’a rien fait pour soutenir concrètement la grève. Le Parti socialiste (dont l’aile jeunesse est les Étudiants socialistes) a été forcé de faire référence au cas d’un seul député travailliste ne franchissant pas une ligne de piquetage dans sa tentative désespérée de renforcer l’image du parti.

Pour toutes ces organisations, toute référence à la lutte des classes est identifiée par un appel à «appuyer» des syndicats, ce qui ne fait qu’ouvrir la voie à la trahison. Récemment, en Virginie-Occidentale, plus de 20.000 personnes ont fait grève et rejeté l’entente à rabais conclu par leurs syndicats que divers groupes de pseudo-gauche ont saluée comme une victoire. Les syndicats sont alors mis définitivement fin à la grève basée sur les mêmes termes pourris, une trahison que les groupes de pseudo-gauche ont aussi proclamée comme une victoire.

Les syndicats, comme le Parti travailliste, ne peuvent être réformés ou poussés à gauche par des pressions militantes. Ce sont des organisations procapitalistes et nationalistes dirigées par des bureaucraties dont les privilèges substantiels sont basés sur leur capacité à contrôler les luttes de la classe ouvrière au nom des grandes entreprises. Dans la mesure où les enseignants cherchent à élargir activement leur grève, les syndicats s’efforcent de réprimer et de trahir l’action.

L’«International Youth and Students for Social Equality», mouvement de jeunesse du Parti de l’égalité socialiste (Socialist Equality Party du Royaume-Uni), insiste sur le fait que l’extension nécessaire de la lutte des enseignants dans les écoles, les collèges et les universités, ainsi que parmi les travailleurs dans les services publics, les ouvriers du transport et des ouvriers dans toutes les industries exige la construction des comités de la base indépendants, agissant en opposition à l’UCU, au NUS, au TUC, au Parti travailliste et à leurs apologistes politiques. Il doit s’appuyer sur un programme d’opposition socialiste à toutes les formes de marchandisation et de privatisation et leurs conséquences. Nous appelons tous les étudiants, les jeunes travailleurs et les chômeurs à nous contacter et à se joindre à notre travail.

(Article paru d’abord en anglais le 8 mars 2018)