Lettre ouverte aux modérateurs de la page Facebook «Infirmières en mouvement»

Deux reporters du World Socialist Web Site ont été bloqués de la page Facebook «Infirmières en mouvement». Un premier appel auprès de vous insistait sur notre droit démocratique de faire partie du débat: «Les travailleurs qui entrent en lutte ont besoin d’avoir accès à un large éventail d’idées et de pouvoir en débattre librement».

Les terribles conditions de travail des infirmières partout au Canada, ainsi que la détérioration des services publics, se répètent dans tous les secteurs d’activité. C’est la conséquence directe des mesures d’austérité adoptées par tous les paliers de gouvernement. Partout dans le monde, la classe dirigeante veut faire payer les travailleurs pour la profonde crise du système de profit.

Dans ce contexte, la page Facebook est devenue un forum de discussion et d'organisation pour des dizaines de milliers d'infirmières et autres travailleurs de la santé. Mais certains de vos modérateurs bloquent la possibilité d'avoir ce débat démocratique essentiel et portent un grand préjudice à la tentative des infirmières, et de toute la classe ouvrière, de lutter contre les reculs sociaux.

Un des modérateurs, Simon Chandonnet, a avancé une série d’arguments pour justifier la mesure dirigée contre nous. Permettez-moi de les citer un à un afin d’y répondre de manière détaillée:

1. «Nous ne sommes pas là pour faire une chasse aux sorcières [contre la] FIQ [Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec].»

Nos messages sur la page Facebook ne constituent aucunement une chasse-aux-sorcières contre la FIQ ou aucun autre syndicat. Nos arguments sont précis et vérifiables, étant basés sur une analyse objective de l’évolution historique des syndicats. Ces derniers, à cause de leur perspective nationaliste et procapitaliste, collaborent aujourd’hui avec le patronat pour imposer de vastes reculs aux membres de la base.

2. «Le but restera donc d'unifier, mobiliser, informer sur la conditions des infirmières» afin de parvenir à «l’unification de la profession».

L’appel à «l'unification de la profession» est le discours employé par la bureaucratie syndicale pour justifier sa politique consistant à isoler les différents groupes de travailleurs. Dans le cas des infirmières, cela a servi, et sert encore, à ériger une barrière artificielle avec les autres travailleurs qui subissent les mêmes attaques de la classe dirigeante sur les salaires, les retraites, la charge de travail, etc.

3. «Les idéaux politiques doivent passer au second plan» et «le groupe [Facebook] ne servira pas de moyen de propagande politique pour aucun parti existant».

Sous cet appel à éviter la politique se cache en réalité une politique bien définie: le soutien de la bureaucratie syndicale, qui isole les travailleurs et les subordonne au Parti québécois – un parti de la grande entreprise qui a imposé en 1997 des coupes budgétaires massives et forcé des milliers d’infirmières et d’enseignants à la retraite sans les remplacer.

4. «Un système est en place et nous devons l’utiliser pour faire changer les choses.»

Ah, il est donc permis de faire de la politique s’il s’agit de défendre le statu quo, ce «système en place» contre lequel se révoltent aujourd’hui de nombreuses infirmières et autres sections de travailleurs. M. Chandonnet s’enfarge d’ailleurs dans ses propres contradictions ailleurs lorsqu’il présente les règles de fonctionnement du groupe Facebook en écrivant: «ce groupe EST une action politique».

5. «Ce groupe n'est pas un centre de recrutement pour du socialisme ''révolutionnaire''».

Voici la vraie raison des mesures prises contre nous: la censure politique contre une idée – le socialisme – qui est associée au mouvement ouvrier depuis plus de 150 ans mais que désapprouvent certains modérateurs comme Chandonnet. Nous protestons vivement et réclamons le droit de participer pleinement aux débats cruciaux qui prennent place! Étant donné l’urgence de la situation, nous espérons recevoir une réponse dans les plus brefs délais.

Bien à vous,

Louis Girard, pour le World Socialist Web Site

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