Réunion tendue à Washington entre la chancelière allemande Merkel et Donald Trump

La rencontre de vendredi entre le président américain Donald Trump et la chancelière allemande Angela Merkel a semblé superficiellement amicale. Ils ne se sont pas privés de se faire des compliments. Mais sur les questions fondamentales discutées, l'accord nucléaire avec l'Iran et l'imposition par les États-Unis de droits de douane sur le commerce avec l'Union européenne, Trump n'a fait aucune concession. En revanche, Merkel a approuvé la politique belliqueuse de Trump envers l'Iran, qui menace d'aboutir à une guerre majeure de plus au Moyen-Orient et à un affrontement militaire direct avec la Russie, une puissance nucléaire.

Même si les tarifs imposés par Trump sur l'acier et l'aluminium devraient entrer en vigueur dès le 1er mai, il n'était pas prêt à accorder un délai, et encore moins à les retirer. Comme le président français Emmanuel Macron avant elle, Merkel a été fermement repoussée sur cette question, qui menace de dégénérer en une guerre commerciale tous azimuts.

En réponse à la question d'un journaliste sur ces tarifs, Mme Merkel a simplement répondu: «Le président décidera». Lors de la conférence de presse, Trump s'est plaint à plusieurs reprises du déficit commercial américain avec l'UE, qui s'élève à 150 milliards d'euros. C'est « injuste » et cette « grande injustice » doit être corrigée, a-t-il dit.

Trump n'a rien relâché sur sa possible décision d'abandonner l'accord nucléaire avec l'Iran, dont la décision finale doit être prise le 12 mai. Lors de la conférence de presse, Trump a lancé une tirade brutale contre Téhéran et l'a menacé de guerre. Il a qualifié le gouvernement iranien de « régime meurtrier » qui encourage « la violence, l'effusion de sang et le chaos » dans tout le Moyen-Orient.

Interrogé par un journaliste sur la question de savoir s'il en viendrait à la guerre avec l'Iran après avoir abandonné l'accord nucléaire si Téhéran venait à reprendre son programme nucléaire, Trump a déclaré qu'il n'avait aucun commentaire à faire.

« Mais vous pouvez être sûr d'une chose, l'Iran n'obtiendra pas d'armes nucléaires », a-t-il ajouté de manière menaçante.

Merkel n'a fait aucune tentative pour rejeter ce bellicisme, mais a plutôt soutenu Trump. Alors que par le passé elle a défendu l'accord sur le nucléaire aux négociations duquel l'Allemagne a largement participé, elle déclare maintenant que ce n'était qu'un premier pas qui a permis de ralentir et de mieux surveiller les activités nucléaires de l'Iran.

Bien que l'Agence internationale de l’énergie atomique, qui supervise l'accord, a confirmé que l'Iran remplis toutes ses obligations, Merkel a exigé que « plus doit être fait ». Le programme de missiles balistiques et l'influence en Syrie de l'Iran sont « des sujets de préoccupation » a-t-elle ajouté. L'Iran doit en outre être empêché de reprendre l'activité nucléaire après l'expiration de l'accord. Elle a appelé l'Europe et les États-Unis à restreindre l'influence iranienne et à mettre un terme à l'effusion de sang en Syrie.

Étant-donné que la « terrible effusion de sang » en Syrie se poursuit principalement parce que les États-Unis, les puissances européennes et leurs alliés arabes financent des groupes islamistes pour cibler le régime Assad, cela ne peut être compris autrement que comme une menace de guerre.

Merkel n'a pas non plus laissé de doute sur le fait que l'Allemagne a l'intention d'intervenir plus énergiquement dans la région. Lors de la conférence de presse, elle a noté à plusieurs reprises que le gouvernement reste déterminé à augmenter les dépenses militaires à 2 % du PIB, ce qui équivaut à un doublement des dépenses de défense.

Interrogée par un journaliste allemand sur sa déclaration de l'année dernière selon laquelle l'époque où il était possible de compter sur les États-Unis était « terminé dans une certaine mesure », Merkel a cherché à présenter cela comme une concession à la demande de Washington d'assumer plus de responsabilités à l'OTAN. Elle a également souligné la coopération étroite entre les États-Unis et l'Allemagne en Ukraine, dirigée contre la Russie.

La tentative de Merkel de se faire bien voir de l'occupant de droite de la Maison Blanche, quelques jours après la visite du président français Macron, ne peut cacher le fait que les divisions entre Washington et Berlin, et entre Berlin et Paris, augmentent. La France et l'Allemagne sautent dans le train américain en marche au Moyen-Orient principalement parce qu'elles ne veulent pas rester bredouilles après le redécoupage de la région.

Comme l'histoire l'a montré, les alliances impérialistes sont des alliances de circonstance, éphémères. La guerre commerciale imminente souligne à quel point sont réelles les divergences d'intérêts et les tensions qui y sont associées.

Derrière l'amitié mise en scène, Trump a traité Merkel avec une hostilité à peine cachée Il a pris la parole pendant plusieurs minutes lors de la conférence de presse sur le déménagement imminent de l'ambassade des États-Unis en Israël de Tel-Aviv vers Jérusalem, tandis que Merkel, qui s'est opposée à cette mesure, est restée de marbre.

(Article paru en anglais le 28 avril 2018)

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