Dix morts dans une fusillade dans un lycée au Texas

Un jeune homme de 17 ans armé d’un fusil de chasse et d’un revolver a ouvert le feu vendredi matin dans un lycée de la banlieue de Houston, tuant neuf étudiants et un enseignant et en blessant dix autres.

La fusillade était l’incident le plus meurtrier depuis le massacre de 17 étudiants et enseignants en février au lycée Marjory Stoneman Douglas à Parkland, en Floride, qui a déclenché une vague nationale de manifestations menées par des élèves contre la violence scolaire.

Le suspect, identifié comme Dimitrios Pagourtzis, a ouvert le feu dans une classe d’art à Santa Fe High School vers 7 h 45, tuant neuf étudiants et un enseignant. Selon les autorités, Pagourtzis a déclaré qu’il avait l’intention de se suicider après la fusillade initiale, mais il s’est rendu aux policiers et a déclaré qu’il n’avait pas le courage de se tirer une balle.

Pagourtzis, actuellement en garde à vue, aurait également apporté des engins explosifs, dont un cocktail Molotov, trouvés dans l’école et à proximité. l’on ne savait pas immédiatement après si l’un d’eux avait explosé.

Seulement deux mois avant l’attaque de vendredi, Santa Fe a été placée en état d’urgence après des informations sur des coups de feu dans les environs. Les policiers avaient fouillé le campus et n’ont trouvé aucune menace. Selon des témoins oculaires vendredi, les enseignants et les étudiants ont crié « C’est vrai cette fois-ci ! » pour avertir les gens suite aux premiers coups de feu le vendredi matin.

Les attaques contre des établissements scolaires aux États-Unis, généralement par un élève actuel ou un ancien élève avec une arme à feu, se produisent avec une régularité terrifiante à travers le pays. Selon CNN, il y a eu 22 fusillades dans les établissements scolaires cette année, avec en moyenne un incident de coup de feu par semaine. La fusillade à Santa Fe était la troisième en seulement huit jours.

Jeudi, Matthew Milby, 19 ans, a ouvert le feu dans le gymnase de Dixon High School à Dixon, Illinois. Il a été rapidement mis en fuite par un policier et arrêté avant de pouvoir blesser quelqu’un.

La semaine dernière, un garçon de 14 ans s’est rendu à Highland High School à Palmdale, en Californie, et a tiré dix balles d’un fusil semi-automatique peu de temps avant le début des cours, touchant et blessant un élève de 15 ans. L’élève a finalement été arrêté par la police et inculpé de tentative de meurtre.

Dans ce qui est devenu monnaie courante après les fusillades de masse, les politiciens ont ressorti des platitudes en condamnant les massacres et proposant des condoléances vides et des promesses d’action.

Le président Trump a tweeté : « Nous pleurons les terribles pertes humaines et nous envoyons notre soutien et notre amour à tous ceux qui sont touchés par cette horrible attaque au Texas. » Il a ajouté que le gouvernement « ferait tout ce qui était en son pouvoir pour protéger nos élèves sécuriser nos écoles et d’empêcher l’accès aux ports d’armes de ceux qui constituent une menace pour eux-mêmes et pour les autres. »

Nancy Pelosi, la principale démocrate dans la Chambre des représentants, a publié une déclaration standard appelant à la fin de « l’épidémie de la violence des armes à feu ». Elle a déclaré : « Tous les Américains pleurent ceux à qui on a volé leurs vies par cette tragédie et nos prières sont avec les familles et les proches de ceux qui ont été blessés. »

Mais aucun homme ou femme politique des deux partis ne dira que cette fréquence et gravité des fusillades de masse sont un reflet de la nature profondément malade de la société américaine, marquée par des niveaux historiques d’inégalité sociale dans le pays et de guerres interminables à l’étranger.

Les fusillades dans les écoles sont l’expression la plus tragique et la plus grave de la crise qui touche les étudiants et les jeunes. Une enquête menée à l’échelle nationale par l’assureur-maladie Cigna a révélé que la solitude est répandue en Amérique, avec près de 50 pour cent des répondants déclarant qu’ils se sentent parfois ou toujours seuls ou exclus. Les jeunes nés dans les années 1990 et 2000 étaient les plus susceptibles de déclarer se sentir seuls.

Des études récentes mentionnent des augmentations significatives de la dépression et du suicide, en particulier chez les jeunes, au cours de la dernière décennie. Blue Cross Blue Shield a récemment noté que les diagnostics de dépression ont augmenté de 63 pour cent chez les adolescents (de 12 à 17 ans) et de 47 pour cent chez la Génération Y (de 18 à 34 ans) entre 2013 et 2016. Une autre étude récente en Pediatrics révèle qu’en 2015, 1,82 pour cent des consultations dans les urgences hospitalières d’adolescents étaient dues à des tentatives de suicide ou à des pensées suicidaires, presque le triple des 0,66 pour cent en 2008.

À la crise sociale en Amérique s’ajoute la promotion sans fin de la violence militariste par l’État, au pays et à l’étranger. Les deux factions de la classe dirigeante américaine ont perpétré des crimes de guerre au Moyen-Orient et s’apprêtent à mener des guerres encore plus sanglantes contre la Russie et la Chine, possiblement avec des armes nucléaires. Les mêmes politiciens offrant leurs « pensées et leurs prières » ont soutenu le récent massacre de Palestiniens non armés par des tireurs d’élite israéliens.

Aucun des deux partis n’a proposé de solution sérieuse aux problèmes fondamentaux qui sous-tendent la vague sans fin de violence à l’école. Les républicains ont utilisé chaque incident pour appeler à d’avantage de militarisation des écoles, y compris le port d’armes par les enseignants. Les démocrates visent à utiliser la mort des jeunes pour obtenir des voix lors des élections de mi-mandat de novembre en faisant des appels à des lois plus strictes de contrôle des armes à feu.

Comme l’a expliqué le World Socialist Web Site par rapport aux manifestations de March for Our Lives, les jeunes ont de plus en plus le sentiment que la violence scolaire est le résultat de problèmes sociaux et politiques plus fondamentaux et ne sera résolue ni par des lois plus strictes sur les armes à feu ni par la transformation des écoles en garnisons armées.

La dépression, la pauvreté, la brutalité policière et des décennies de guerre sans fin sont les véritables problèmes qui sont au cœur des fusillades de masse en Amérique. Des incidents tragiques comme la fusillade de vendredi à Santa Fe ne peuvent être évités qu’en s’attaquant aux problèmes sociaux liés à l’échec du système capitaliste.

(Article paru en anglais le 19 mai 2018)

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