Il y a 75 ans : création du Comité français de libération nationale

Giraud (à gauche) et de Gaulle en 1943

Le 3 juin 1943, les Forces armées françaises en Afrique du Nord dirigées par les généraux Charles de Gaulle et Henri Giraud ont formé le Comité français de libération nationale. Cette nouvelle entité, proclamée après des négociations à Alger, ville sous le contrôle des forces françaises, était conçue comme un gouvernement de remplacement du régime de Vichy en France qui avait collaboré étroitement avec l’Allemagne nazie dès sa formation en juillet 1940.

Le Comité français de libération nationale, qui avait désigné de Gaulle et Giraud comme « coprésidents » avait pour objectif déclaré de « rétablir la légalité républicaine, de défendre la souveraineté française et de préparer la Libération. » Il déclarait que le gouvernement de Vichy était illégitime en raison de son soutient au Troisième Reich.

Ce comité a été établi dans le contexte d’une crise profonde du régime nazi et de ses alliés en France et ailleurs. Au début de l’année, les forces de l’axe avaient connues une défaite cinglante à Stalingrad, les forces soviétiques avaient encerclé et battu une force d’invasion importante. Quelques semaines avant la formation du Comité, les forces allemandes et italiennes avaient perdues leurs derniers bastions en Afrique du Nord.

La création du comité faisait suite à d’âpres conflits parmi les forces françaises opposées à Vichy, et entre les alliés. De Gaulle, craignant que la collaboration avec le régime nazi ne discrédite le capitalisme français et provoque des troubles sociaux, s’était opposé à Vichy dès le départ. Giraud quant à lui fut d’abord soutenu par Vichy, il s’était tourné vers les alliés quand il avait compris que les jours du régime de Vichy étaient comptés.

Les divisions dans le camp français recoupaient des tensions croissantes entre les alliés à propos du nouveau partage de l’Afrique et du monde à venir après la guerre.

Le président américain Franklin Roosevelt avait cherché à démanteler le vieil empire colonial français, comme condition nécessaire à l’établissement de l’hégémonie américaine après la guerre. Il soutenait Giraud qui avait donné son accord aux demandes américaines d’abandonner des bases militaires françaises en Asie et en Afrique. Le Premier ministre britannique Instanton Churchill soutenait de Gaulle et le maintient de l’empire colonial français, en tant que partenaire minoritaire de l’empire britannique bien plus important, afin de contrer la tentative des États-Unis de devenir la nouvelle puissance dominante.

Les alliés ont admis la formation du comité comme interlocuteur, mais, signe des tensions toujours vives, n’étaient pas allés jusqu’à le reconnaître comme un nouveau gouvernement français officiel.

(Article paru en anglais le 28 mai 2018)

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