La direction du Partido Obrero argentin maintient le silence sur ses liens avec le nationalisme russe de droite

Cela fait maintenant plus de trois semaines que le World Socialist Web Site a publié Workers Party in Argentina seeks to “refound” Fourth International in alliance with Stalinism

(Le Parti ouvrier en Argentine cherche à « refonder » la Quatrième Internationale en alliance avec le stalinisme – pas encore traduit en français), une révélation des liens politiques sinistres avec la droite et dans l’organisation d’une conférence tenue en avril dernier à Buenos Aires au nom du « Comité pour Refonder la Quatrième Internationale », ou CRQI.

De nouvelles informations continuent de faire surface à propos de l’histoire politique de l’une des participantes à cette conférence, qui a été présentée par le chef de file de longue date du Parti des travailleurs (Parti Obero – PO), Jorge Altamira, comme une « camarade » dans la « refondation » de la Quatrième Internationale. Il l’a invitée à la tribune pour prononcer l’un des principaux discours devant une assemblée des membres du PO de la clôture de la conférence.

Mitina, amenée à la conférence par le chef de l’EEK (Parti révolutionnaire des travailleurs) grec, Savas Michael-Matsas, avec qui elle entretient des relations depuis longtemps, est la secrétaire des affaires internationales du Parti communiste unifié de Russie, une organisation stalinienne de droite. Comme l’a établi le WSWS[article non-traduit], en cette qualité, elle a parcouru le monde en tissant des liens non seulement avec d’autres staliniens et gauchistes autoproclamés, mais aussi avec les couches les plus réactionnaires de l’extrême droite européenne, y compris les mouvements carrément néo-fascistes, tout sur la base de la promotion du chauvinisme national russe.

La direction du PO n’a pas contesté ces révélations accablantes. Au lieu de cela, elle a purgé avec zèle son site web et sa page Facebook de toutes les questions soulevées sur les informations révélées par le WSWS. Depuis la conférence du CRQI, aucun article n’a été publié par le PO pour évaluer son importance, et encore moins pour traiter des questions politiques soulevées par l’alliance du parti avec le stalinisme russe.

Plutôt que d’expliquer la stratégie sous-jacente d’une telle alliance, les dirigeants du PO continuent de mentir à leurs propres membres.

En présentant Mitina aux membres du PO à la conférence de Buenos Aires en avril dernier, Jorge Altamira l’a qualifiée de « camarade qui parle au nom du communisme en Russie, ce qui, pour elle, serait le stalinisme », comme si cela n’était qu’une différence culturelle mineure.

Il n’a pas révélé au PO de quoi Mitina se vantait ouvertement sur son blog : le fait qu’elle dépose deux fois par an des fleurs au pied du tombeau de Staline et qu’elle vénère l’ancien dictateur et fossoyeur de la révolution comme un homme sans égal dans l’histoire

Le PO n’a pas non plus cru bon de fouiller trop profondément dans la façon dont le stalinisme russe actuel représente le « communisme en Russie ». L’héritage du stalinisme est une contre-révolution mondiale et ce qui équivalait à un génocide politique contre tous ceux qui ont le moindre lien avec la Révolution d’octobre de 1917 et la perspective qui l’a guidée – dont au premier rang parmi eux Leon Trotsky.

À la suite de la dissolution de l’Union soviétique, les restes du parti stalinien qui fut au pouvoir ont viré de plus en plus fortement vers la droite, se basant sur le nationalisme russe et, dans une large mesure, vers des idéologies qui puisent leurs racines dans le fascisme.

Il faut noter qu’à la suite immédiate de la conférence d’avril à Buenos Aires, l’AOS de Mitina a fusionné avec Troudovaïa Rossiia (La Russie du travail), l’une des variantes la plus de droite du stalinisme en Russie.

Le fondateur et leader de longue date de Troudovaïa Rossiia était Viktor Anpilov, récemment décédé, qui avait des liens étroits avec l’antisémite et raciste notoire Vladimir Jirinovski, chef du Parti libéral-démocrate fascisant et lui apportait son soutien politique dans ses campagnes présidentielles.

Anpilov lui-même s’était porté candidat au sein du « Bloc de Staline », en alliance avec le petit-fils de Staline. Antisémite enragé, il a qualifié le gouvernement Eltsine de « conspiration juive » et demandé que les Juifs soient bannis de la télévision. Ses discours contenaient régulièrement le mot « zhid », utilisé à plusieurs reprises comme un adjectif. À la fin des années 1990, il a noué une alliance avec le Parti national-bolchevik ouvertement fasciste.

Darya Mitina, « camarade » d’Altamira, a prononcé l’un des principaux éloges funèbres lors des funérailles d’Anpilov au début de cette année.

Encore une fois, les membres du Partido Obrero méritent des réponses pour expliquer pourquoi un tel individu a été amenée devant eux comme une alliée dans la « refondation de la Quatrième Internationale ». Quel était le rôle de la figure politique douteuse Michael-Matsas dans l’établissement d’une alliance avec les staliniens russes ?

Et, plus important encore, qu’est-ce que reflète cette orientation vers ces tendances nationalistes de droite à l’échelle internationale en termes de la trajectoire politique que la direction que le PO a maintenant prise en Argentine même ?

(Article paru en anglais le 29 juin 2018)

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