Soixante-dix mille personnes assistent à «Rock contre la droite» à Chemnitz, en Allemagne

Une semaine après les émeutes néo-nazies dans la ville allemande de Chemnitz, environ 70 000 personnes ont assisté lundi à un concert de rock contre l'extrême-droite. Le concert de Chemnitz, sous le mot d’ordre «Nous sommes plus nombreux», a montré l’opposition massive des travailleurs et jeunes aux extrémistes de droite et au fascisme.

Les prestations de groupes et de rappeurs allemands bien connus, dont Toten Hosen, Kraftklub et Marteria et Casper, ont été interrompues à plusieurs reprises par des slogans antifascistes tels que «Nazis dehors» ou «Alerta Alerta Antifascista». Des manifestations contre l'extrême-droite ont également eu lieu dans d'autres villes le même jour. À Hanovre, environ 3 000 personnes sont descendues dans les rues et à Duisburg, une manifestation de 1 500 personnes a arrêté une marche de 50 partisans du mouvement d'extrême droite Pegida.

Le concert à Chemnitz

Des reporters du World Socialist Web Site, des membres du Parti de l’égalité socialiste (SGP) et de son organisation de jeunes et d’étudiants, l’IYSSE, ont distribué un grand nombre de tracts intitulés «La lutte contre la terreur de droite exige une perspective socialiste» et se sont entretenus avec les participants au concert.

« Nous sommes de Chemnitz et ne sommes pas prêt à tolérer ce qui s'est passé ici », ont déclaré Felix et Jenny. «Une telle manifestation montre que quelque chose ne va vraiment pas dans la société et sensibilise les gens, même ceux qui ne sont pas directement impliqués. J'espère que les gens deviendront alors actifs, pas seulement lors de ces «événements», mais en général. Et j'espère qu'ils descendront ouvertement dans la rue contre la droite.

Felix

Anika, une étudiante en politique, a déclaré: «Je suis ici aujourd'hui parce que tous les mouvements d'extrême droite actifs dans l’est de l’Allemagne et surtout à Chemnitz m’effraient terriblement et me mettent en colère. Il faut s'y opposer. Sinon, cela ressemblerait à 1933. La mobilisation agressive des extrémistes de droite a de nombreuses causes. La politique y joue un rôle majeur, tout comme les médias. Ils parlent constamment de ‘crise des réfugiés’ ou de ‘l’industrie anti-expulsion’. Ce type de langage et de reportage est désormais ‘normal’ et ne fait qu’encourager l’extrême droite. »

Christina, une actrice, a expliqué: «Je pense que vous ne pouvez pas laisser le champ libre à l'extrême-droite, vous devez prendre position. Il n'est pas acceptable que les gens fassent le salut hitlérien dans ce pays et la chasse aux gens dans les rues. »

Hilde a elle aussi condamné les émeutes d'extrême-droite du week-end dernier et a déclaré: «Je pense qu'un point a été atteint ici à Chemnitz, qui est exemplaire pour toute l'Allemagne et même pour toute l'Europe. Sur cette question, les gens doivent se rassembler pour montrer leur opposition. Et maintenant, des masses de personnes se sont réunies. Quinze pour cent de gens ont voté pour l'AfD et maintenant les 85 pour cent restants doivent montrer qu’ils sont là aussi. »

Son compagnon, Klaus, a critiqué le fait que la politique des extrémistes de droite soit adoptée par les partis de l'establishment. «L'AfD propose des concepts et soudain, les autres partis font référence au « prix de l'asile », au « tourisme d'asile », etc. En utilisant ces slogans, ils reprennent pratiquement à leur compte les politiques proposées par l'AfD. »

Les reporters du WSWS ont également parlé à Marie et Rika de Chemnitz, qui venaient de passer le bac. « Je pense que la politique se concentre trop sur les opinions extrêmes », a déclaré Marie. Interrogée sur le retour du militarisme allemand et sur l’armement massif de l’armée allemande, dont on ne parle pas publiquement, elle a expliqué: «Personne n’en parle. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils veulent faire avec l'argent qui va dans ces secteurs. Tout le monde devrait être informé. Je veux savoir pourquoi ils ont besoin de l'argent. Pourquoi veulent-ils réarmer? Pour quoi? »

Marie et Rika

Rika ajoute: «Je pense que l’information n’est pas rendue publique parce que les politiciens ont peur de la majorité. Ils ont peur que tant de personnes se dressent contre le racisme et que tant de voix se soient élevées contre lui. Ce n'est pas ce qu'ils avaient prévu. Ils essaient de contenir ces choses à tout prix. »

Rika est consciente que l’appel à l’intervention de l’État, qui est maintenant lancé par tous les partis traditionnels, est en réalité dirigé contre la masses des gens et non contre l’extrême droite. «Ils disent qu'ils vont maintenant dépenser plus d'argent pour la police. Ils disent qu'ils investissent de l'argent pour protéger les gens. Mais je ne pense pas que ce soit la raison. Et je ne crois pas que les gens le comprennent de cette façon ».

«Quand je sors dans la rue, j'ai aussi peur de la police que de l'extrême-droite. Je suis mal à l'aise quand il y a des voitures de police partout. Et je me sens encore plus mal à l'aise lorsque les partis disent maintenant qu'ils renforcent encore plus les forces de police. Je me demande ce qu'ils essaient de faire, à part plus de contrôle sur la population. »

Le tract du SGP expliquait les liens politiques entre les activités agressives des extrémistes de droite et le retour du militarisme allemand et le développement d'un puissant État policier, qui est poursuivi par tous les partis capitalistes. Beaucoup de gens ont pris le tract et l'ont lu avec intérêt. « La seule force sociale capable de contrer ce développement et d'arrêter l'extrême droite est la classe ouvrière internationale » disait-il.

Le tract ajoutait que «le SGP appelle à l’extension de la lutte des classes à travers le continent. Le complot de la grande coalition, des services de renseignement et des extrémistes de droite doit être stoppée ».

«Il est temps de faire revivre les traditions socialistes révolutionnaires de Marx, Engels, Luxembourg, Liebknecht, Lénine et Trotsky, défendues uniquement par le Comité international de la Quatrième Internationale et ses sections. Le SGP appelle les travailleurs et les jeunes à rejoindre ses rangs et à lutter contre le capitalisme, le fascisme et la guerre. »

(Article paru en anglais le 5 septembre 2018)

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