La capitalisation boursière d’Amazon dépasse mille milliards de dollars

La capitalisation boursière d’Amazon a atteint plus de mille milliards de dollars mardi, ce qui en fait la deuxième société dans l’histoire des États-Unis après Apple. Bien que la valeur des actions d’Amazon, ait bien baissé à 2,039.51 dollars à la fin des transactions mardi, la valeur de l’action d’Amazon a bondi de 108 pour cent au cours de la dernière année seulement.

La croissance des entreprises mastodontes comme Amazon n’est pas le produit de sa supposée « ingéniosité créative ». La flambée des bénéfices d’Amazon, comme ceux d’Apple, est le résultat direct de l’exploitation brutale de sa main d’œuvre. Amazon et ses propriétaires se tiennent au sommet d’une montagne d’os brisés, de hernies, de genoux et de muscles du dos déchirés, de coups de chaleur, de crises d’asthme provoquées par le stress, et d’innombrables autres blessures corporelles permanentes.

Le caractère historique de la montée d’Amazon démontre une fois de plus que l’inévitable résultat du développement capitaliste est la monopolisation. Amazon illustre bien comment les avancées technologiques sont subordonnées au profit dans le capitalisme.

Amazon est une entreprise massive d’envergure internationale, qui emploie aujourd’hui 566 000 personnes dans de nombreux pays et sur 5 continents. Elle utilise des technologies et des systèmes d’information de pointe pour mobiliser et intégrer la distribution mondiale de millions de produits. Mais les immenses profits réalisés sur le dos de ses employés ne sont pas utilisés pour améliorer les conditions de vie des masses travailleuses ; au contraire, ils enrichissent une couche étroite de super-riches.

Le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, a gagné 1,8 milliard de dollars rien que mardi. En d’autres termes, cela signifie que Bezos a gagné 20 833 dollars, soit l’équivalent de 8 millions de dollars de l’heure.

Il a gagné 67 milliards de dollars cette année. Bezos est maintenant l’homme le plus riche du monde, avec une valeur nette de 164,7 milliards de dollars. Sur la base du revenu annuel moyen des États-Unis de 28 446 dollars, il faudrait à un travailleur d’Amazon plus de cinq millions d’années pour accumuler un montant égal à la richesse de leur PDG, égal au temps écoulé depuis que les humains se sont séparés génétiquement des gorilles et des chimpanzés.

Le salaire de nombreux travailleurs américains est encore plus bas. Le salaire de base d’Amazon est de 12 dollars de l’heure, soit moins de 25 000 dollars par an.

La lettre d’information International Amazon Workers’ Voice (IAWV, Voix internationale des travailleurs d’Amazon) a cité des informations de travailleurs de plusieurs établissements qui ont vu des collègues qui dormaient dans leur voiture. À l’intérieur des installations, les travailleurs font face à une dystopie de haute technologie, caractérisée par de longues heures et un régime industriel autoritaire. « C’est comme si on était torturé dans son esprit et son corps pendant 10 heures par nuit », a déclaré une travailleuse, Shannon Allen, au World Socialist Web Site. Un autre travailleur a qualifié ce travail d' « esclavage moderne ».

Un travailleur au Royaume-Uni a déclaré que l’entreprise pénalise les travailleurs pour avoir été blessés. « Quelqu’un est blessé au travail ? C’est rapporté à un chef qui appelle alors les premiers secours, prend une déclaration puis demande si vous retournez au travail ou rentrez chez vous. Rentrer à la maison entraîne une pénalité d’un demi-point. »

Partout dans le monde, l’entreprise oblige les travailleurs à travailler à des vitesses rapides, fatigantes et souvent dangereuses. Le travailleur britannique a déclaré : « Je continue d’avoir des collisions évitées de justesse avec des personnes qui se hâtent […] maintenant, c’est plus rapide, plus rapide, plus rapide. Il s’agit de ne pas s’arrêter, de respecter les taux et les objectifs. »

Amazon intensifie l’exploitation de ses effectifs en prévision d’une nouvelle expansion massive.

L’année dernière, la société a annoncé des plans pour ouvrir son deuxième siège social, bien que la décision concernant la localisation des installations ne soit pas encore finalisée. La société a également récemment acheté 20 000 camionnettes à Mercedes-Benz, avec lesquelles elle prévoit de mettre en place un réseau d’entrepreneurs pour exécuter ses services de livraison du dernier kilomètre. Ce développement portera un coup dur au service postal américain, qui gère actuellement 40 % des livraisons du dernier kilomètre. Elle a également commencé à pénétrer le marché de la publicité en ligne, qui représente 88 milliards de dollars, avec des projets clairs pour dépasser les géants de la technologie Google et Facebook.

Les travailleurs d’Amazon ont commencé à se défendre contre leurs conditions de travail épuisantes et leurs bas salaires. Des grèves ont éclaté dans ses installations en Espagne, en Allemagne, en Pologne, en Italie et en France cet été, et des centaines de travailleurs ont écrit à l’IAWV pour décrire l’exploitation brutale à laquelle ils sont confrontés aux mains de la société.

La classe dirigeante a entrepris des efforts pour neutraliser l’opposition croissante aux inégalités sociales, aux bas salaires et aux conditions de travail d’atelier clandestin. En particulier, le Parti démocrate cherche à prendre le contrôle de ces luttes et de les rediriger dans des canaux sûrs, comme le syndicat Teamsters (camionneurs) et dans l’orbite politique de Bernie Sanders, qui a soutenu Hillary Clinton comme présidente après les primaires démocrates de 2016.

Mercredi, Sanders a présenté un projet de loi qui ferait payer aux sociétés des impôts sur les avantages fédéraux de leurs employés. Le projet de loi, nommé Stop Bad Employers by Zeroing Out Subsidies (Arrêter les mauvais employeurs en annulant les subventions) ou « Loi BEZOS », établirait un impôt sur les entreprises égal à 100 % des programmes d’aide publique dont leurs employés dépendent pour vivre.

Cette législation ne fait rien pour remédier aux conditions dangereuses des travailleurs et n’augmentera pas les salaires et n’améliorera pas leur vie. Est significatif le fait que le projet de loi vise à fournir au gouvernement des fonds qui seront probablement reversés aux sociétés sous forme de réductions d’impôt et de déréglementation. De plus, les auteurs et les commanditaires du projet de loi savent qu’il n’a aucune chance d’être adopté.

En revanche, le Parti de l’égalité socialiste exige la saisie immédiate de tous les actifs de Jeff Bezos et leur distribution immédiate pour subvenir aux besoins de la classe ouvrière, y compris par des dépenses massives dans les transports publics, la santé, l’éducation et la fourniture de nourriture, d’eau et de logements aux personnes dans le besoin. La société doit être transformée en un service public, non pas géré pour le profit privé d’une infime minorité, mais pour subvenir aux besoins humains.

Pour accomplir cette tâche historique, les travailleurs d’Amazon ont besoin d’être organisés, non par les syndicats corrompus qui prennent l’argent de leurs cotisations pour payer les salaires des bureaucrates, mais par des organisations de lutte organisées pour et par les travailleurs eux-mêmes. Ces organisations, comités de lieu de travail, seront basés sur les principes de la démocratie et du contrôle ouvrier de la production, et se battront pour éduquer la classe ouvrière dans son ensemble sur les conditions auxquelles les travailleurs d’Amazon sont confrontés tout en invitant d’autres sections de la classe ouvrière à se joindre à une lutte commune contre les grandes entreprises.

(Article paru en anglais le 7 septembre 2018)

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