Le scandale éclate sur le financement par l’Etat néerlandais du groupe terroriste islamiste en Syrie

Lundi, l’émission de télévision publique néerlandaise Nieuwsuur (l’Heure des Nouvelles) a rapporté que le gouvernement néerlandais finançait un groupe djihadiste en Syrie, que les procureurs ont qualifié de « terroriste ».

L’affaire est une révélation dévastatrice du caractère criminel de la guerre pour le changement de régime menée par Washington et l’Union européenne (UE) en Syrie depuis 2011. Elle fait suite au scandale impliquant le conglomérat franco-suisse Lafarge, qui a financé les milices de l’État islamique en Irak et en Syrie qui ont mené des attaques terroristes en Europe.

Nieuwsuur a rapporté qu’Amsterdam avait fourni une « assistance non létale » à 22 groupes d’opposition djihadistes luttant contre les forces gouvernementales syriennes. Cela comprenait la fourniture d’uniformes et des véhicules de type pick-up à la milice « al-Jabhat al-Sham » dans le cadre d’un programme secret d’assistance aux groupes rebelles en Syrie de 2015 au début 2018.

Jusqu’à ce que l’affaire soit dévoilée, le ministère néerlandais des Affaires étrangères a affirmé ne soutenir que des « groupes modérés » en Syrie. Il a déclaré à la Tweede Kamer (Chambre des représentants néerlandaise) que les « groupes modérés » respectent le « droit humanitaire de la guerre », ne coopèrent pas avec les extrémistes et recherchent une « solution politique inclusive » pour la Syrie.

Cependant, un scandale a éclaté après le procès d’un Hollandais accusé d’avoir rejoint la milice al-Jabhat al-Sham en 2015. Les procureurs ont qualifié al-Jabhat al-Sham d’organisation terroriste, la qualifiant de groupe « salafiste et djihadiste » qui « s’efforce d’établir un califat » et insistant sur le fait qu’il ne pouvait être qualifié d’autre qu’une « organisation criminelle à but terroriste ».

Il s’est avéré cependant que les Pays-Bas faisaient partie d’une coalition de puissances de l’OTAN qui a financé al-Jabhat al-Sham, également connu sous le nom de : « Front du Levant », un groupe de défense des rebelles soutenus par la Turquie dans le nord de la Syrie. En 2016, Amnesty International a accusé le groupe d’avoir procédé à des exécutions sommaires et de créer des tribunaux chargés de faire respecter un code pénal strict basé sur l’islam.

Le scandale intervient alors que la tentative de l’OTAN pour imposer un changement de régime en Syrie risque une défaite militaire imminente. Le régime d’Assad, avec l’appui aérien de la Russie, s’empare des zones contrôlées par les rebelles et lance une nouvelle offensive à Idlib pour capturer les derniers bastions islamistes.

Quelques jours auparavant, le parlement néerlandais avait annoncé que le gouvernement avait décidé de mettre fin à son soutien aux groupes rebelles syriens, affirmant que cela ne fournissait pas les « résultats escomptés ». Une lettre du 7 septembre signée par les ministres des affaires étrangères et du commerce a déclaré : « La possibilité de changer rapidement la situation [en Syrie] est très faible ».

Il a révélé qu’Amsterdam avait dépensé 70 millions d’euros pour des projets dits de « stabilisation » destinés à soutenir les milices de l’opposition syrienne. Amsterdam a offert 25 millions d’euros à un fonds d’assistance « non létale », 12,5 millions d’euros aux Casques blancs et 15 millions d’euros au programme d’accès à la justice et à la sécurité communautaire (AJACS). La lettre du 7 septembre a reconnu que cet engagement avait cependant échoué, car les forces pro-gouvernementales syriennes sont au bord de la victoire.

Les médias russes ont indiqué que le programme de l’AJACS était impliqué dans le projet controversé de police syrienne libre, qui avait fait l’objet d’un documentaire de la BBC selon lequel « beaucoup de financements venant de Londres ont été confiés à des éléments djihadistes ».

Les prétentions « humanitaires » de la guerre sanglante de l’OTAN pour un changement de régime en Syrie se sont complètement effondrées. Alors qu’ils qualifiaient l’État islamiste de dangereuse milice et affirmaient qu’ils la combattaient dans le cadre d’une « guerre contre le terrorisme », les puissances de l’OTAN ont utilisé des organisations terroristes comme intermédiaires à l’étranger pour poursuivre leurs intérêts impérialistes et attiser la guerre au Moyen-Orient.

Ils ont compté sur les milices islamistes lors de la guerre de 2011 en Libye, puis en Syrie, travaillant avec des cheikhs pétroliers du golfe Persique tels que l’Arabie Saoudite pour injecter des milliards de dollars dans des réseaux terroristes islamistes. Ils ont recruté des dizaines de milliers de combattants d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie pour mener des raids ou des attentats dans les deux pays. En 2012, le Pentagone a désigné une de ces milices qui servaient d’intermédiaires, Al Nusra, comme groupe terroriste affilié à Al-Qaïda, bien qu’il ait continué à recevoir le soutien de l’OTAN.

Les révélations sorties aux Pays-Bas révèlent le caractère frauduleux des mesures de police imposées par les puissances européennes – comme l’état d’urgence en France, ou mettant Bruxelles en couvre-feu, ou mettant des forces armées dans les rues pour faire appliquer la loi au Royaume-Uni – après les attaques terroristes de l’État islamique. En fait, les mêmes gouvernements ont acheminé des quantités massives de fonds publics vers les réseaux terroristes qui ont mené les attaques.

Ces mesures de la police ne visaient pas à stopper le terrorisme, mais à supprimer l’opposition sociale croissante à la guerre et à l’austérité.

La révélation de la complicité officielle de l’État néerlandais dans le terrorisme islamiste confirme à nouveau la justesse de l’analyse du WSWS. Il a noté que les terroristes impliqués dans chaque attaque étaient « issus d’un large pool de combattants actifs dans les guerres en Irak, en Syrie et dans d’autres pays et financés avec le soutien de l’OTAN et des agences de renseignement en Europe et aux États-Unis ». De telles attaques « sont facilitées par des sections de l’État pour lesquelles les actes terroristes dans les pays occidentaux servent à modifier la politique étrangère et intérieure – ou une combinaison des deux. »

Ces événements révèlent également la politique de guerre menée par les organisations de la pseudo-gauche comme le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et l’Organisation socialiste internationale (ISO) aux États-Unis, qui ont une responsabilité politique dans les crimes impérialistes au Moyen-Orient. Elles ont promu les rebelles syriens soutenus par l’OTAN comme des « révolutionnaires » et ont présenté l’agression impérialiste et les guerres par procuration menées par des groupes terroristes comme une guerre « humanitaire » pour la « démocratie ». Ces mensonges sont maintenant complètement démentis.

La guerre en Syrie s’est transformée en un conflit qui menace de submerger toute la région et le monde dans un conflit violent entre les principales puissances nucléaires du monde. Devant l’assaut du régime syrien contre les rebelles à Idlib, la Russie a renforcé ses forces navales en Méditerranée au large des côtes syriennes, déployant plusieurs frégates dans le plus grand rassemblement naval organisé par Moscou depuis son entrée dans le conflit syrien en 2015. Moscou a accusé Washington d’augmenter ses propres forces au Moyen-Orient en vue d’une éventuelle frappe sur la Syrie.

Malgré la débâcle entre les États-Unis et l’OTAN, Washington et les puissances européennes préparent une nouvelle offensive militaire en Syrie. Vendredi dernier, plus de 100 marines américains ont participé à des exercices de tir à balles réelles, signalant à Moscou et à Damas que Washington ne tolérerait pas l’offensive contre les milices islamistes à Idlib.

Moscou a affirmé que les islamistes liés à Al-Qaïda, soutenus par les États-Unis, prévoient de lancer une autre attaque par armes chimiques pour justifier une intervention de l’OTAN. En avril 2017 et avril 2018, les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont lancé des missiles de croisière et des frappes aériennes à la suite d’accusations inventées selon lesquelles le régime d’Assad avait utilisé des armes chimiques. Selon plusieurs rapports, l’attaque chimique aurait été préparée par des rebelles syriens, déjà les casques blancs étant impliqués dans l’incident du 7 avril à Douma.

Le général américain Joseph Dunford, président du Joint Chiefs of Staff, a déclaré : « Le Président attend de nous que nous ayons des options militaires si des armes chimiques sont utilisées. »

Le scandale aux Pays-Bas souligne que ces menaces font partie d’une large collaboration criminelle entre les puissances impérialistes et les milices terroristes islamistes luttant pour un changement de régime en Syrie.

(Article paru d’abord en anglais le 14 septembre 2018)

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[2 août 2018]

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