«Nous devons unir nos luttes!»

Les travailleurs de Ford à Chicago appuient les travailleurs de l'hôtellerie en grève

La présente grève de milliers d'employés d'hôtel à Chicago était à l’esprit de nombreux travailleurs de l'usine d'assemblage de Ford à Chicago, qui ont parlé au World Socialist Web Site Autoworker Newsletter ce week-end.

Des gouvernantes, des cuisiniers, des serveurs, des chasseurs et autres sont en grève dans 26 hôtels du centre-ville de Chicago et des environs, luttant contre les salaires de misère, les conditions de travail pénibles et les avantages sociaux inadéquats. Comme c'est devenu de plus en plus la norme dans l'industrie automobile, les travailleurs de l'hôtellerie souffrent souvent d'un emploi temporaire et de l’insécurité d'emploi, alors que de nombreux travailleurs de l'hôtellerie perdent leur assurance maladie pendant la saison touristique plus lente de l'hiver.

La croissance de l'opposition parmi les travailleurs de l'hôtellerie ainsi que d'autres travailleurs aux États-Unis et à l'échelle internationale, après des décennies d'attaques contre leur niveau de vie, soulève la nécessité de luttes communes de la classe ouvrière, pour unir les travailleurs de l'hôtellerie, les travailleurs de l'automobile, les métallurgistes, les enseignants, les travailleurs d'UPS et autres.

Alors qu'une lutte unifiée est nécessaire de toute urgence, le syndicat UNITE HERE, qui a des liens étroits avec le Parti démocrate, fait tout son possible pour empêcher la grève de s'étendre, et refuse de faire appel aux autres 15.000 travailleurs de l'hôtellerie et des services qu'il représente dans la région de Chicago. Au lieu de cela, le syndicat a mené des négociations à huis clos, gardant les travailleurs dans l'obscurité afin d'ouvrir la voie à un autre accord de concessions.

Alex, un travailleur temporaire à temps partiel (TPT) sortant de la fin de son quart de travail à l’usine d’assemblage de Chicago, a déclaré: «J'ai entendu dire que les hôtels essaient de remplacer leurs employés. Ce n'est pas juste. Leur syndicat ne fait probablement rien pour eux, tout comme l'UAW avec nous. Ils veulent garder les travailleurs pauvres et affamés.

«Je dis, continuez à lutter!», a-t-il lancé pour encourager les employés de l'hôtel. «S'ils vont chercher quelqu'un dans la rue pour faire leur travail, cela montre à quel point c'est une sale affaire. Ce n'est pas comme ça que les choses devraient être. Cela peut prendre du temps, mais j'espère vraiment qu'ils gagneront. Ce serait bien aussi si nous nous battions ensemble. C'est de pire en pire pour tout le monde. Notre force réside dans notre nombre.»

Charlene, une ancienne TPT qui a récemment été convertie à temps plein, était assise dans sa voiture à une chaleur de 30 degrés Celsius en attendant de commencer son quart de travail. «Je soutiens les employés de l'hôtel», dit-elle. «Ils travaillent dur comme nous, ils devraient recevoir de meilleurs avantages sociaux – salaires, soins de santé et tout ce qu'il faut pour vivre aujourd'hui. Ils ne peuvent pas survivre avec 12$ de l'heure à Chicago. Ils méritent beaucoup, beaucoup plus. Le loyer est élevé, le prix de l’essence n’arrête pas de changer, la nourriture devient plus chère, les services de garde d'enfants sont plus chers. Leurs salaires devraient également augmenter.

«Comme eux, nous méritons également de meilleurs salaires. Le système à deux niveaux que nous avons doit disparaître. Nous faisons le même travail. Certains d'entre nous au bas de l’échelle travaillent plus que ceux du haut. Il ne devrait pas y avoir de niveaux.»

Un travailleur de l'automobile qui rentre chez lui a dit qu'il travaillait auparavant dans l'industrie hôtelière de Chicago et qu'il appuyait leur grève. Comme les travailleurs de l'hôtellerie, de nombreux travailleurs de l'automobile sont également contraints par les bas salaires à occuper plusieurs emplois, y compris la conduite de leur voiture pour Uber ou Lyft. Un travailleur de l'automobile a enlevé sa salopette bleue poussiéreuse pour révéler sa blouse d'infirmier, un deuxième emploi où il se précipitait pour payer ses factures de prêt étudiant. D'autres employés de l'usine d'assemblage de Chicago ont déjà travaillé dans des endroits comme United Parcel Services, qui repose principalement sur un chiffre d'affaires élevé et des employés à temps partiel qui sont jeunes et très exploités.

Charlene, une autre travailleuse de Ford, a parlé du scandale de corruption du syndicat United Auto Workers et des millions de pots-de-vin versés aux négociateurs de l'UAW pour signer des accords pro-entreprise. «Nous nous préparons à un autre contrat en 2019. Donc, ils prennent des pots-de-vin et négocient des reculs à notre insu. Tout comme les employés de l'hôtel, les chefs syndicaux veulent juste se remplir les poches.»

Alors que les bureaucrates du UAW reçoivent des salaires à six chiffres, les travailleurs sont obligés de travailler dans des usines défectueuses comme Chicago Assembly, la plus ancienne usine de Ford en fonctionnement continu. Les travailleurs se plaignent souvent de fuites d'eau, de trous, de rats, de cafards, de bris d'ascenseurs, de chaleur extrême en été, de froid en hiver et d'accidents dangereux.Un travailleur a étéécrasé il y a deux ans lorsqu'un mur s'est effondré.

«C'est l'enfer dans l'usine ici», a dit Charlene. «On travaille jusqu’à ce que l’on soit complètement épuisé. C'est dur. Ils vous apportent de l'eau quand ils en ont envie. Quand on se sent dépassé sur la ligne, on a besoin de plus d'aide. Au lieu de renvoyer les gens chez eux, nous devrions faire en sorte qu'il y ait plus de gens qui se déplacent sur la ligne, ce qui nous soulagerait.»

«Ils devraient aussi mettre fin au TPT», a-t-elle dit, faisant référence à l'utilisation de travailleurs temporaires à temps partiel très exploités, et privés de droits. «Si quelqu’un travaille à temps plein, ils vont lui imposer des catégories pour qu’il n’obtienne pas les avantages d'un employé à temps plein.

«Le syndicat ne fait rien pour nous. Pendant ce temps, le PDG et Ford font beaucoup de profits. Les riches continuent à nous prendre tout ce qu’on a», a-t-elle dit. «C'est la même histoire pour les travailleurs de l’hôtellerie. C'est nous qui créons la richesse des patrons. Ils devraient nous dédommager, mais ils ne le feront pas si nous n'unissons pas nos luttes. C'est la seule solution. Nous devons lutter ensemble.»

(Article paru en anglais le 18 septembre 2018)

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