Le syndicat des Teamsters défie le vote « non » et déclare la convention d’UPS ratifiée

Vendredi, les travailleurs d’UPS (United States Parcel Service – service de livraison de colis) ont voté le rejet d’une convention collective au rabais par le syndicat des Teamsters et la direction d’UPS. Le syndicat a toutefois annoncé qu’il considérait la convention ratifiée et chercherait à l’imposer face à une opposition massive.

Les résultats du vote ont été publiés hier soir. 50 248 travailleurs (54,7 %) ont voté contre et 42 356 (45,74 %) en faveur. Les travailleurs de la filiale UPS Freight ont voté contre une autre convention à 4255 contre 3794, soit une marge de 62,06 %. Les deux votes font suite au vote « non » de 1300 mécaniciens d’avions d’UPS à Louisville (Kentucky) mercredi, ce qui signifie que les trois contrats des Teamsters ont été refusés.

Les Teamsters citent une clause antidémocratique dans leur constitution qui leur confère une autorité pratiquement incontestable contre les travailleurs. La clause stipule que si le taux de participation à la convention est inférieur à la moitié, la majorité des deux tiers des travailleurs est requise pour rejeter l’accord final. Le taux de participation à l’accord national UPS a été de 44 %.

La déclaration des Teamsters tente cyniquement de blâmer les travailleurs qui n’ont pas participé au vote. « Comme nous l’avons vu dans l’élection présidentielle des États-Unis en 2016 », déclarent-ils, « remporter le vote populaire ne signifie pas nécessairement gagner l’élection lorsque la Constitution exige que vous remportiez le vote du collège électoral. En tant que Teamsters, nous devons nous aussi respecter les règles de notre Constitution. L’accord national maître d’UPS a donc été ratifié. »

Craignant une grève sauvage, la déclaration des Teamsters menace : « Il vous est rappelé que les termes de l’accord de 2013 restent en vigueur, y compris la clause d’interdiction de grève et de lockout. »

En effet, le syndicat compte les travailleurs qui n’ont pas voté comme des voix en faveur de son accord. Aucune organisation ayant l’obligation de rendre des comptes aux travailleurs ne pourrait avoir de telles règles. Pourquoi ne faut-il pas une majorité des deux tiers pour ratifier l’accord plutôt que pour le rejeter ?

Depuis le début, les Teamsters ont tout fait pour conclure un accord de capitulation face à une opposition de masse. En juillet, les travailleurs ont massivement voté pour une autorisation de grève de 93 %, vote que le syndicat a tout simplement ignoré.

Après avoir conclu un accord au rabais avec l’entreprise, les Teamsters ont ensuite envoyé des responsables locaux dans tout le pays pour menacer les travailleurs de la perte de leur assurance-maladie s’ils se mettaient en grève et ont déclaré que un rejet de la convention entraînerait un accord encore pire. Le syndicat a dépensé l’argent des cotisations des travailleurs pour engager la société de marketing BerlinRosen afin de promouvoir ses mensonges. Et il a maintenu les travailleurs au travail pendant trois mois sans convention pour gagner du temps, afin de dissiper toute la colère contre sa trahison.

De nombreux travailleurs ont exprimé des préoccupations quant à l’intégrité du processus électoral. Plusieurs travailleurs ont déclaré hier au UPS Workers Newsletter (bulletin d’information des travailleurs d’UPS) du WSWS, le dernier jour du vote qu’ils n’avaient pas encore reçu leur formulaire par la poste qui fournit un code de vote électronique en ligne. C’est la première année que les Teamsters utilisent le vote électronique sur une convention.

Maintenant, pour justifier ses efforts visant à répudier la volonté claire des travailleurs d’UPS, le syndicat des Teamsters prétend qu’il ne fait que respecter sa constitution. Cependant, sous la dernière convention, le syndicat a ignoré les défaites écrasantes d’accords locaux supplémentaires visant à faire passer la convention-cadre nationale, en violation de ses propres statuts. Dans ce cas, le syndicat Teamsters a modifié la constitution pour annuler les votes des sections locales.

Le syndicat refuse également d’appeler une grève chez UPS Freight, où le taux de participation a représenté environ les deux tiers de l’effectif. Il a déclaré qu’il demanderait de nouvelles négociations avec l’entreprise et obligerait les travailleurs à revoter.

Tout au long de ce processus, le syndicat a démontré qu’il n’est pas une organisation des travailleurs, mais une organisation de jaunes et de briseurs de grève. C’est un complot permanent contre les travailleurs qu’il prétend représenter.

Les travailleurs d’UPS ont deux possibilités. Soit le syndicat gardera le contrôle et imposera sa convention pourrie, ce qui créera un nouveau niveau de chauffeurs « hybrides » moins bien payés, un précédent pour l’extension des conditions de travail à temps partiel des entrepôts aux livraisons, le maintien de salaires de misère pour les travailleurs d’entrepôt à temps partiel, et donnera le feu vert à l’entreprise pour accélérer les rythmes de travail et les victimisations.

Ou bien les travailleurs peuvent prendre en main la lutte eux-mêmes.

Le WSWS UPS Workers Newsletter encourage les travailleurs à suivre la deuxième alternative en élisant des comités de base dans chaque entrepôt et centre, indépendamment des Teamsters, afin de préparer une grève immédiate à l’échelle nationale.

Ces comités devraient formuler leurs propres revendications comme base d’une grève, notamment une augmentation immédiate de 30 % des salaires ; abolition de tous les niveaux de statut ; la transformation de tous les travailleurs à temps partiel en emplois à temps plein, avec une augmentation correspondante des salaires et des avantages ; une réduction de la semaine de travail à temps plein de 40 à 30 heures, sans perte de salaire ; et le contrôle des travailleurs sur la production, les cadences des chaînes de production et les quotas de livraison.

Il y a un soutien généralisé pour une lutte. Heather, employée d’UPS à Portland, a déclaré au WSWS la nuit dernière : « Je pense que le syndicat tentera de le faire adopter de toute façon, peut-être de manière discrète afin d’éviter une opposition. S’ils le font, les gens vont se mettre très en colère et je m’attends à ce que des travailleurs indépendants du syndicat déclenchent une grève. Nous devons absolument nous organiser de manière substantielle afin de pouvoir rester informés et en discussion les uns avec les autres. »

Les votes chez UPS sont une expression de la radicalisation et de la détermination croissantes à combattre dans la classe ouvrière aux États-Unis et dans le monde, qui se développe en opposition aux syndicats anti-classe ouvrière et pro-entreprises. Le vote « non » chez UPS fait suite aux grèves des enseignants américains de mars dernier, qui ont eu lieu par le biais d’une rébellion contre les syndicats nationaux d’enseignants, de la grève nationale des infirmières néo-zélandaises et de la vague de grèves croissante des travailleurs en Europe et au Moyen-Orient.

Ce sont les alliés des travailleurs chez UPS. Les comités de base devraient envoyer des délégations aux travailleurs d’Amazon, de FedEx et de l’United States Parcel Service (UPS), ainsi qu’aux enseignants, aux travailleurs de l’industrie automobile et à d’autres sections de la classe ouvrière pour organiser une lutte, y compris la préparation d’une grève générale

Le Bulletin des travailleurs et des travailleuses du WSWS UPS organise une réunion d’appel d’urgence à 17 h 00, heure de l’Est, le dimanche 7 octobre. Pour participer, appelez le (872) 240-3212 et entrez le code d’accès 195-681-637.

(Article paru en anglais le 6 octobre 2018)

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