Perspectives

Non aux négociations avec Macron ! Formons des comités d’action pour unifier les luttes !

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Un an après l’élection d’Emmanuel Macron avec le soutien de toute l’Union européenne, sa politique de casse sociale et de militarisation à outrance suscite le rejet d’une écrasante majorité des Français. Au-delà de ceux qui se mobiliseront aujourd’hui à l’appel des syndicats, une colère sociale aux conséquences révolutionnaires couve contre le gouvernement.

Les ministres démissionnent en série, effarés par la chute vertigineuse de Macron dans les sondages. Mais Macron persiste et signe, annonçant après la casse du statut des cheminots et la privatisation de la SNCF sa volonté de casser les retraites, la Sécu, l’assurance-chômage, et la fonction publique.

La perspective syndicale de négocier les « réformes» avec Macron est un leurre et un piège. Face au choix entre la contre-révolution macronienne et une lutte pour faire chuter Macron, la seule question qui vaille est comment mobiliser les travailleurs dans une lutte révolutionnaire.

Il s’agit d’unifier les différentes luttes contre Macron et de les relier au mouvement grandissant de la classe ouvrière à travers le monde.

En 1935, alors que les luttes ouvrières montaient avant la grève générale de 1936, Léon Trotsky, le fondateur de la Quatrième Internationale, a appelé à la formation de Comités d’Action. Il expliquait que ces organisations de base, formées indépendamment des appareils syndicaux, devaient être la « représentation révolutionnaire des masses en lutte. » C’est l’alternative au piège posé aux travailleurs par les négociations syndicales avec Macron, qui veut répudier tous les acquis sociaux et démocratiques établis par les luttes ouvrières en Europe au 20e siècle.

Il faut tirer les leçons politiques des luttes du printemps contre la privatisation de la SNCF et la réforme des universités. Malgré l’opposition de 95 pour cent des salariés de la SNCF, les appareils syndicaux n’ont organisé qu’une grève «perlée» puis signé la réforme de Macron dans le dos de cette grève.

Leur incapacité de triompher contre un gouvernement impopulaire malgré le soutien des cheminots est un témoignage accablant de leur impuissance.

Malgré des grèves à Air France, à Carrefour et dans les hôpitaux en France, des cheminots et des enseignants en Grande-Bretagne, des enseignants aux Etats-Unis, et dans la métallurgie en Allemagne et en Turquie, ils ont isolé la grève des cheminots et le mouvement des étudiants contre Macron. Alors que les jeunes cherchaient une convergence des luttes avec la classe ouvrière, l’État a eu les mains libres pour casser les occupations des facs par les étudiants.

Quant au «nouveau Front populaire» qu’ont formé le Nouveau parti anticapitaliste, Lutte ouvrière et la France insoumise au printemps pour appuyer les syndicats, il n’a exercé aucune pression sur Macron. Il n’a fait qu’accompagner la désorganisation des luttes et la défense par les appareils syndicaux de leurs privilèges. À présent, LFI invite des députés de droite pour parler de questions militaires à son université d’été, et Jean-Luc Mélenchon dit assumer la convergence avec la droite dans la lutte contre Macron.

La voie pour aller de l’avant est une lutte révolutionnaire menée indépendamment des appareils syndicaux faillis, financés par l’État et le patronat, et de leurs alliés. Rivés sur la stratégie anti-marxiste d’utiliser la classe ouvrière en tant que force d’appoint dans leurs négociations de reculs sociaux avec Macron, ils ne produiront que des défaites.

Il y a 50 ans, la classe ouvrière débordait les syndicats et le Parti communiste français stalinien et lançait la grève générale de Mai-juin 1968, qui a mis le capitalisme français au bord de l’effondrement. Mais il n’y aura pas, comme alors, d’accords de Grenelle et d’issue réformiste à la lutte des classes. Le capitalisme français mondialisé et désindustrialisé n’en a plus les ressources: il veut gaver les milliardaires de cadeaux fiscaux et dépenser des centaines de milliards d’euros sur l’armée, sur fond de menaces de guerre par l’OTAN contre l’Iran, la Syrie, et la Russie.

Face à la faillite du capitalisme, une nouvelle génération de jeunes et de travailleurs se prépare à travers le monde à prendre le chemin d’une lutte pour le socialisme. Le soutien d’une majorité de jeunes Américains pour le socialisme et le communisme, et la volonté d’une majorité de jeunes Européens à participer à un soulèvement contre l’ordre établi en sont les premiers signes avant-coureurs.

La lutte pour former des comités d’action est à présent d’une actualité brûlante. En 1935, Trotsky a expliqué dans Où va la France que ces comités étaient « l’unique moyen de briser la résistance anti-révolutionnaire des appareils des partis et des syndicats. » Il les a comparés aux soviets formés par les travailleurs russes en 1917, qui ont pris le pouvoir lors de la Révolution d’octobre sous la direction des Bolchéviks:

Les comités d'action, dans leur stade actuel, ont pour tâche d'unifier la lutte défensive des masses travailleuses en France, et aussi de leur donner la conscience de leur propre force pour l'offensive à venir. Cela aboutira-t-il aux soviets véritables ? Cela dépend de la réponse à la question de savoir si l'actuelle situation critique en France se développera ou non jusqu'à sa conclusion révolutionnaire.

Le Parti de l’égalité socialiste, section française du Comité international de la Quatrième Internationale, appelle à une large discussion de cette perspective sur les lieux de travail, dans les écoles et les universités, et sur Internet. Il encourage ceux qui veulent participer à cette lutte à contacter et à rejoindre le PES.

Tout en encourageant et en aidant à la formation de comités d’action par les travailleurs, le PES luttera pour la plus large conscience possible du caractère révolutionnaire et international du mouvement naissant. Il luttera pour lier l’émergence des grèves à toutes les expressions d’opposition ouvrière à la guerre, à l’austérité et à l’inégalité, et pour développer un mouvement socialiste et internationaliste de la classe ouvrière pour prendre le pouvoir et réorganiser la vie économique selon les besoins sociaux, plutôt que le diktat du profit

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