Macron s’empare des agressions de Roms pour censurer les réseaux sociaux

En mars, la communauté rom en région parisienne a subie des violences commises après des rumeurs sur les réseaux sociaux selon lesquelles des Roms auraient enlevé des enfants. Ces attaques à caractère ethnique contre les Roms sont des actes réactionnaires à condamner sans équivoque.

Dans la nuit du 25 au 26 mars, selon la police, «plusieurs rixes et violences» ont eu lieu à Clichy-sous-Bois puis à Bobigny en Seine-Saint-Denis «prenant à partie des personnes de la communauté du voyage».Une cinquantaine d'hommes avaient essayé de pénétrer dans un logement obligeant les Roms qui l’occupaient à se réfugier dans un magasin de bricolage situé à proximité. Ce-jour-là, la police a dit avoir arrêté une vingtaine de personnes après les violences visant des Roms. De nombreux Roms, terrorisés, auraient préféré quitter leurs camps de crainte de nouvelles violences.

Vassili, un habitant du camp visé, a témoigné de ses craintes: « J'ai bien cru qu'on allait tous mourir ... Ils étaient armés de bâtons et de couteaux. Ils nous ont jeté des pierres et ont fait brûler deux de nos voitures. Heureusement, des policiers sont arrivés à temps et en ont arrêté certains. J'ai eu très peur pour nos enfants.»

Le 16 mars à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, une vingtaine de jeunes avaient pris à partie les occupants d'une camionnette blanche, selon une source policière. Les deux hommes, légèrement blessés, ont réussi à s'extirper du véhicule et à se réfugier dans un hall d'immeuble.

Ces agressions surviennent après la propagation de rumeurs sur les réseaux sociaux, évoquant des tentatives d'enlèvements d'enfants par des personnes circulant en camionnette blanche. Évoquant une «rumeur infondée», la préfecture de police a affirmé «qu’aucun enlèvement, ni dans les Hauts-de-Seine, ni en Seine-Saint-Denis» n'était «avéré». La préfecture avait tweeté un message avec l’hashtag « #FakeNews », appelant à ne plus relayer la «fausse information».

Pour lutter contre l’incitation des haines nationalistes et les tentatives de diviser les travailleurs, il est essential de condamner avec fermeté les rumeurs infondées et les violences ethniques. Tout travailleur conscient rejettera ces méthodes réactionnaires. Mais on ne peut accorder aucun crédit à la politique de réactionnaire menée par le gouvernement français.

Le gouvernement Macron a critiqué les violences tout en appelant à renforcer ses mesures de censure. L’ex-porte-parole Benjamin Griveaux a qualifié de «dérives inacceptables» les violences visant des Roms. C'est «la démonstration de la nécessité absolue de lutter contre les fake news», a dit Griveaux, en soulignant «l’importance de l'information, de la qualité des sources ... et du travail journalistique», et le besoin «de faire la différence entre des sites d'information et des sites de propagande, entre des sites d'information qui ont pignon sur rue et des sites complotistes».

La position du gouvernement concernant la violence contre les Roms est hypocrite. Ils utilisent la violence récente pour légitimer la censure des réseaux sociaux, tout en cachant la responsabilité de l’État dans ces violences. Il prépare ainsi un assaut fondamental contre les droits démocratiques, tout en continuant à mener la propagande sécuritaire et nationaliste de gouvernements français successifs, qui a créé les conditions politiques pour l’éruption des violences visant les Roms.

La principale responsabilité dans cette agression barbare contre des Roms est à imputer à l’élite dirigeante et aux grands médias. La récente violence contre les Roms ne résulte pas simplement d’une fausse nouvelle. Cela est dû à la stigmatisation et à la campagne xénophobe cultivée par le gouvernement successif au cours de plusieurs décennies.

En France et à travers l’Europe, les immigrants et les Roms servent de boucs émissaires pour la montée de l’inégalité sociale causée par l’austérité qui provoque une large opposition ouvrière. L’élite politique française a adopté des mesures raciales et discriminatoires qui visent la population rom et qui stigmatisent tout ce groupe ethnique. Les gouvernements successifs ont ordonné à la police d’évacuer les campements de Roms, appelé les Roms à quitter la France, et organisé la déportation de dizaines de milliers de Roms depuis la France.

Ainsi la bourgeoisie a favorisé le racisme et les thèmes du mouvement néo-fasciste de Marine Le Pen, que la classe politique tente de dédiaboliser. En 2010, l’ancien président conservateur Nicolas Sarkozy avait appelé au démantèlement des camps roms dans le pays et à la déchéance de nationalité. Les mesures de Sarkozy ont été largement comparées aux persécutions des minorités ethniques, dont les Juifs et les Roms, sous le régime collaborationniste de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale.

Durant la campagne présidentielle de 2012, le candidat PS François Hollande s’est engagé à trouver une «solution» à l’existence des Roms, qui comportait la destruction de leurs campements et leur détention dans des camps spéciaux, poursuivant ainsi la politique anti-roms de Sarkozy.

Après l’élection de Hollande, son gouvernement a ciblé agressivement les Roms. Il a expulsé les Roms de force de leurs campements en France, et déporté des dizaines de milliers de personnes. En 2013, le ministre de l’Intérieur d’alors, Manuel Valls, a affirmé qu’il fallait expulser les Roms: «Nous ne sommes pas là pour accueillir ces populations.» Il a donné aux autorités locales mission de «démanteler les camps de Roms quand il y a eu une décision de justice.»

Macron, haï par les travailleurs en tant que «président des riches» et terrifié du mouvement des «gilets jaunes», continue à renforcer l’État policier tout en légitimant l’extrême-droite comme l’ont fait ses prédécesseurs.

Il a voulu réhabiliter Pétain, le chef du régime fasciste de Vichy, le plus réactionnaire que la France ait connu. Lors des célébrations du 11 novembre l’an dernier, il a salué le dictateurr et a voulu lui rendre l’hommage. Il a jugé «légitime» un tel hommage, estimant que Pétain a été « pendant la Première guerre mondiale un grand soldat ».

Sous l’Occupation nazie de la France pendant la Seconde Guerre mondiale, le dictateur collaborationniste Pétain était responsable non seulement de la déportation de 75.000 Juifs de France vers les camps de la mort. Il a aussi interné des Roms dans des camps sous des conditions atroces. Il faut rappeler l’existence de ces camps à Poitiers, Montreuil-Bellay, Rennes, La Forge à Moisdon-la-Rivière, Choisel, Linas-Montlhéry, Mulsanne, Arc-et-Senans, et Saint-Maurice-aux-Riches-Hommes.

Le seul moyen de s’opposer à l’incitement des haines ethniques est de se mobiliser en lutte contre un gouvernement qui manie la répression policière à outrance, tout en réhabilitant le dictateur qui a mené cette politique atroce contre les Roms.

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