Le 28 avril 1969, l'ancien général Charles de Gaulle, âgé de 78 ans, a mis fin à ses dix ans de présidence du pays. Cette démission intervint après que la population française a rejeté les propositions de modification de la constitution proposées par de Gaulle lors d'un référendum, avec environ 12 millions de voix contre et 10,5 millions de voix favorables aux propositions.
Le référendum a essentiellement servi de vote de censure au gouvernement de Gaulle, en particulier après qu'il se soit engagé à démissionner si le pays ne votait pas oui. Après la crise de mai et juin 1968, alors que la France était au bord d’une révolution, les travailleurs et étudiants français éprouvaient un énorme ressentiment à l'égard du gouvernement de droite de De Gaulle.
Les partis de droite gaullistes avaient remporté la grande majorité des sièges au parlement après la crise de 1968, mais ce fut en grande partie à cause du rôle de droite du Parti communiste français (PCF), qui bloqua toute issue révolutionnaire de la crise. Après que les staliniens eurent annulé la grève générale de mai-juin, de Gaulle redoubla d’efforts pour une répression généralisée de l'opposition politique pour assurer la survie du capitalisme français, notamment en interdisant le mouvement trotskyste français.
Le référendum constitutionnel lui-même avait deux caractéristiques principales. La première consistait à décentraliser le gouvernement français et à donner plus de pouvoirs aux régions. La seconde consistait à apporter des modifications limitant les pouvoirs du Sénat français (chambre haute) et à accorder à l’Assemblée nationale le plein pouvoir pour légiférer et déclarer la guerre.
Les changements apportés au Sénat comprenaient l'attribution de 146 sièges à de représentants «des activités économiques, sociales et culturelles». Ces sièges n'étaient pas issus d’un scrutin électoral, mais nommés par des représentants agréés par l'État de certaines couches de la population. Par exemple, 42 sièges au Sénat devaient être réservés aux représentants de la classe ouvrière, ces derniers étant nommés par les bureaucraties syndicales telles que la Confédération générale du travail (CGT), qui avaient œuvré pour réprimer la grève générale en 1968 et travaillait pour maintenir le capitalisme français à flot.
Après le rejet de ces propositions par le pays et la démission de De Gaulle, Alain Poher, président du Sénat, est devenu président par intérim de la France jusqu'à ce que de nouvelles élections soient organisées en juin 1969, qui ont été remportées par le candidat gaulliste de droite Georges Pompidou.
(article paru en anglais le 26 avril 2019)