Free Assange NZ dénonce l'hypocrisie lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse

Le 3 mai, à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le haut-commissariat de la Grande-Bretagne en Nouvelle-Zélande a organisé, conjointement avec le haut-commissariat du Canada et l’Institut néo-zélandais des affaires internationales, un événement au Parlement de Wellington. La Haute Commissaire du Royaume-Uni, Laura Clarke, a animé une table ronde à laquelle ont participé Tova O'Brien, journaliste au Newshub, Richard Harman, blogueur sur le site Politik.co.nz, et Nicola Young, députée du Parti national, parti d'opposition.

À l'instar d'événements similaires survenus aux États-Unis et en Grande-Bretagne, le panel de Wellington a présenté un simulacre de défense de la prétendue liberté de presse. C'est ce qui a été révélé clairement vers la fin, durant la période de questions.

Alex Hills, du groupe Free Assange New Zealand, s'est levée pour dénoncer l'hypocrisie du panel, qui n'avait pas mentionné une seule fois l'arrestation et l'emprisonnement du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, par la police britannique, l'attaque la plus grave et éhontée de l'histoire récente.

 

Le journaliste primé a été emprisonné pendant près de sept ans à l'ambassade équatorienne avant d'être arrêté par la police britannique le 11 avril, après que l'Équatorien a illégalement annulé son asile. Assange est maintenant menacé d'extradition vers les États-Unis pour le «crime» d’avoir publié des documents divulgués qui exposent les crimes de guerre américains en Irak et en Afghanistan, et la diplomatie corrompue et brutale de Washington dans le monde.

La dénonciatrice Chelsea Manning, la source des fuites, a également été emprisonnée aux États-Unis pour avoir refusé de témoigner contre WikiLeaks. Elle vient d'être libérée, mais risque une nouvelle assignation à comparaître et une nouvelle peine d'emprisonnement.

Hills a dit: «Nous nous sommes concentrés sur les mensonges dans les médias sociaux, mais pas sur ceux des [médias grand public]. Je tiens à souligner l'hypocrisie effrontée que la Journée mondiale de la liberté de la presse soit organisée par le gouvernement britannique en cette période sombre. Julian Assange est persécuté par des criminels de guerre, et les personnes corrompues qu'il a dénoncées sont toujours en position de pouvoir au sein du gouvernement, des deux côtés de l'allée, ainsi que dans la plupart des médias.

«Imaginez le précédent que crée Trump, que n'importe quel pays puisse extrader n'importe quel journaliste ou éditeur étranger et les soumettre à des lois draconiennes, possiblement la peine de mort, simplement parce qu'ils ont publié des vérités sur les crimes de guerre commis par ce gouvernement. Imaginez si cet État est l'Arabie saoudite.»

Hills a demandé aux «médias du monde entier de soutenir leur collègue primé et lauréat du prix Nobel de la paix. Mettez fin aux calomnies et aux mensonges au sujet d'un héros antiguerre! Vous voulez savoir comment faire en sorte que les gens fassent davantage confiance aux médias? Dites la vérité. Cessez de livrer un discours unilatéral et sanctionné par le gouvernement. C'est ce qui est en jeu ici.»

L’accusation lancée par Hills a suscité une réaction extrêmement hostile de la part du panel. Clarke, s'exprimant au nom du gouvernement britannique, a déclaré qu'Assange devait être «tenu pour responsable devant la justice et que ce n'est pas, je dirais, une question de liberté des médias».

Selon cette interprétation orwellienne de la «liberté des médias», les journalistes et les éditeurs doivent être punis pour avoir rapporté la vérité sur les crimes des gouvernements.

Harman, un blogueur politique de Wellington bien connu, a donné une réponse tout à fait scandaleuse à Hills, déclarant: «Je pense que Luke Harding [du journal britannique Guardian] a écrit beaucoup sur cette question de savoir si [Assange] est journaliste ou non, et a conclu qu'il ne l'est pas.»

Harding a écrit des articles calomnieux contre WikiLeaks et Assange. Dans une tentative de dénigrer Assange en tant que partisan du président américain Trump, Harding a coécrit un article selon lequel Assange avait rencontré Paul Manafort, l'ancien directeur de campagne de Trump. L'article a été rapidement exposé comme un tissude mensonges, mais n'a pas été rétracté par le Guardian.

Le journal, ainsi que les médias corporatifs dans leur ensemble, a violemment attaqué WikiLeaks pour avoir publié des courriels divulgués montrant que le Comité national démocrate cherchait à truquer les primaires présidentielles démocrates de 2016 en faveur de Hillary Clinton. Les fuites ont également révélé les liens étroits de Mme Clinton avec les banques de Wall Street et son soutien à la guerre impérialiste.

Hills a déclaré que «l'histoire de Harding sur Manafort était une honte». À ce moment-là, Clarke est intervenu en disant: «Je suis désolée, mais nous ne parlerons plus de cela, ça suffit.» Hills a protesté, «Et la liberté d'expression ?» alors que M. Clarke a décidé de mettre fin à la discussion. O'Brien et Young ont refusé de commenter le sort d'Assange.

Une vidéo du discours de Hills a été largement diffusée et visionnée des milliers de fois sur Facebook et Twitter. Il a été retweetépar Kristinn Hrafnsson, éditeur de WikiLeaks, avec le commentaire: «Pendant ce temps, en Nouvelle-Zélande. Le Haut Commissaire britannique déclare que l'affaire #Assange n'a rien à voir avec la liberté des médias. Aussi l'ancien journaliste cite Luke Harding comme une autorité que Julian n'est PAS un journaliste. Surréel. Un groupe d'experts gouvernementaux défend l'attaque contre la liberté de la presse à l'occasion du #WorldPressFreedomDay.»

Le haut-commissariat du Royaume-Uni n'a pas diffusé ses propres images de l'événement, bien qu'il ait d'abord promis de publier une vidéo des faits saillants.

S'adressant au World Socialist Web Site, Hills a déclaré que le débat d'experts a présenté des expressions hypocrites de préoccupation au sujet du sort des journalistes en Arabie saoudite et au Myanmar. Une grande partie de l'événement, cependant, s'est concentrée sur la manière de supprimer ce que l'on appelle le «discours haineux» et l'«extrémisme» sur les médias sociaux.

«C'était en réalité une discussion sur: «Comment amener les gens à faire confiance aux médias institutionnels? Nous avons beaucoup de mal parce que les gens ne font pas confiance aux médias et qu'il y a tellement de mensonges dans les médias sociaux, comment censurer ces mensonges ?» C'était de la folie», a dit Hills.

Aucune mention n'a été faite de la manière dont l'invasion de l'Irak en 2003 était basée sur des mensonges au sujet d'armes de destruction massive colportés par l'ensemble des médias corporatifs et par l'establishment politique américain et britannique.

Les panélistes ont fait écho des déclarations des gouvernements néo-zélandais et australien, qui ont profité des attentats terroristes du 15 mars à Christchurch comme prétexte pour exiger une censure accrue des discussions sur Internet. En vertu d'une nouvelle loi australienne, les dirigeants des médias sociaux peuvent être condamnés à des peines de prison s'ils ne retirent pas tout contenu jugé «odieux» et «violent» par le gouvernement. La première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern discutera d'autres mesures possibles lors d'une rencontre avec le président français Emmanuel Macron le 15 mai.

De telles lois seront inévitablement utilisées contre les sites web socialistes et progressistes, les blogueurs et les travailleurs qui utilisent les médias sociaux pour s’organiser et partager des informations, comme les manifestants «Gilets jaunes» en France et les travailleurs en grève en Nouvelle-Zélande.

Le gouvernement dirigé par le Parti travailliste d'Ardern, qui comprend le Parti vert et NZ First, a refusé de dire quoi que ce soit pour défendre Assange et Manning parce qu'il soutient les actions criminelles des gouvernements britannique et américain. Les travaillistes ont renforcé l'alliance de la Nouvelle-Zélande avec l'impérialisme américain. Ils gardent des troupes en Irak et en Afghanistan et appuient les préparatifs de guerre contre la Chine et la Corée du Nord.

Les Étudiants et jeunes internationalistes pour l’égalité sociale organisent une réunion à l'Université Victoria de Wellington le mercredi 15 mai à 17h15 dans la salle SU220 du Student Union Building dans le cadre de la campagne internationale pour libérer Julian Assange et Chelsea Manning. Nous exhortons les étudiants et les travailleurs à assister à cette réunion d'une importance vitale pour la défense des droits démocratiques et de la liberté d'expression.

(Article paru en anglais le 11 mai 2019)

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