Royaume uni: Le Parti de l’égalité socialiste obtient du soutien pour Julian Assange au Gala des mineurs de Durham

Le Socialist Equality Party (SEP - Parti de l'égalite socialiste, PES ) a mené la campagne pour la libération du journaliste emprisonné de WikiLeaks, Julian Assange, lors du 135e Gala des mineurs de Durham, samedi dernier, où il a gagne le soutien d'anciens mineurs, de leurs familles et des nombreux travailleurs présents.
Le Gala des mineurs de Durham est un événement annuel du mouvement ouvrier. Tenu pour la première fois en 1871, elle attire environ 200.000 visiteurs pour célébrer le patrimoine minier de la ville. Il comprend un défilé de banderoles avec fanfares, un service à la cathédrale et des discours politiques. Des délégations venues de toute l'Angleterre et de l'étranger, d'anciennes communautés minières, de syndicats et de partis politiques s'y rendent.

Les militants du PES ont distribué l'appel du 20 juin lancé par le World Socialist Web Site «Pour une campagne mondiale contre la restitution de Julian Assange aux États-Unis!». Plus de 600 exemplaires de la déclaration ont été distribués sous forme de quatre-pages en couleur. Plus de 20 personnes se sont inscrites pour soutenir ou rejoindre la campagne.

Jim Clark, un ancien mineur de Durham, a déclaré: «Je suis l'affaire Assange depuis de nombreuses années. Il a pris de l'importance avec sa révélation des mensonges qu'on nous raconte. La façon dont l'information est réprimée depuis des décennies ne me surprend pas. Dès que la classe dirigeante est menacée d'une manière ou d'une autre, elle va faire tout son possible - le contrôle des médias, des institutions publiques - pour détruire les gens. C'est ce dont les travailleurs doivent se rendre compte.»

Interrogé sur le rôle joué par le Parti travailliste et la bureaucratie syndicale, il a déclaré: «Je connais l'origine et le développement du Parti travailliste en particulier. Bien sûr, il n'a jamais été un parti socialiste au départ. Il y avait des socialistes impliqués dans son origine, mais le parti travailliste est un parti réformiste. Il croit qu'il faut faire de petites réformes et accepter les quelques miettes qui tombent de la table. Elle n'a jamais été prête, même aujourd'hui, à défier la puissance internationale dont disposent les classes financières.
«La grève des mineurs de 1984-1985 fut une menace pour la classe dirigeante; tout le pouvoir de l’État a été utilisé pour détruire les mineurs et les communautés et leurs organisations. C'est la même chose avec le journalisme. La majorité des journalistes britanniques travaillent pour des barons de la presse tels que Murdoch et les frères Barclay, des fraudeurs fiscaux.»

«Je suis un guerrier de classe à l'ancienne et je ne m'en excuse pas. Quand Marx écrivait sur l’État à la fin du 19e siècle, les mêmes problèmes existent aujourd'hui qu'à l'époque.» Jim a conclu en disant: «Vous faites du bon boulot!»

Derek Richardson, issu d'une famille de mineurs, a déclaré: «C'est une honte que la liberté de la presse ait été détruite. Il n'y a pas de liberté de la presse pour Julian Assange, et Chelsea Manning est de retour en prison. Il y avait des illusions dans la Conférence mondiale pour la liberté des médias, mais il s'agissait d'une émission de propagande politique pour un contrôle total des médias par l’État.»

Susan Simpson issue d'une famille de mineurs de Wakefield a dit: «C'est épouvantable ce qui arrive à Assange. Si cela se produisait dans un pays du tiers monde, ils[Assange et Chelsea Manning] seraient célébrés pour avoir révélé la vérité. Avaient-ils vraiment besoin de tous ces policiers pour le faire sortir, alors qu'il était clairement malade? C'est l'une des plus grosses travesties de tous les temps. Il devrait y avoir plus de gens vent debout.»

L'ex-mineur John et son épouse Linda ont exprimé leur soutien à la campagne pour libérer Assange. Linda a dit: «Il n'a rien fait de mal à part dire la vérité! Il devrait être libre, c'est Tony Blair qui devrait être derrière les barreaux pour crimes de guerre.»

David Lindsay, journaliste indépendant, a déclaré: «Il ne faut pas que Julian Assange soit extradé nulle part, et Jeremy Corbyn doit le dire.»

Barry White, journaliste qui a représenté l'Union nationale des journalistes (NUJ) au Conseil d'administration de la Fédération européenne des journalistes jusqu'en 2016, a déclaré: «Je soutiens l'appel à la libération de Julian Assange, sans aucune ombre de doute. Ce qu'il a fait, c'est révéler les grandes injustices, la grande violence contre les gens ordinaires et les complots des États contre les gens ordinaires. Il l'a révélé et les journaux l'ont publié, ils ont été très heureux de prendre cette information.

«Vous avez mentionné les accusations que les Américains veulent porter contre lui en vertu de la loi sur l'espionnage. Ils planifient ça depuis des années. Aucune mesure ne sera prise contre les journaux qui ont publié les révélations qu'il a faites avec d'autres. Ce sera lui seul parce qu'ils veulent faire un exemple des lanceurs d'alerte contre les riches et les puissants qui révèlent ce qu'ils manigancent.
«WikiLeaks a révélé une série d'abus qui se produisent à l'abris des regards, et bien sûr au sein des institutions de l'État, qu'elles soient judiciaires, parlementaires ou autres. Il y a des gens qui ne veulent pas être découverts, directement ou indirectement par ces révélations. Ce sont ces gens qui devraient être au tribunal, pas Julian Assange.

«La conférence sur la liberté des médias a été de hypocrisie de la part de l'État britannique, un gouvernement qui cherche à se laver les mains de toute responsabilité pour Julian Assange et à faire en sorte qu'il soit rendu aux États-Unis. Parler ensuite de la protection des médias n'est qu'une hypocrisie larmoyante. Ces gens veulent protéger les puissants propriétaires de médias et non ceux qui révèlent des aspects très désagréables de la société dans laquelle nous vivons.»


Le député travailliste Chris Williamson a été interrogé sur son attitude à l'égard de l'emprisonnement d'Assange. «Je suis un grand partisan de Julian Assange et de Chelsea Manning. C'est le journaliste le plus important au monde à l'heure actuelle. Nous devons exiger sa liberté.

«J'ai été à la prison en signe de solidarité avec lui, peu après son incarcération.C'est une honte pour la Grande-Bretagne que nous ayons traité ce personnage très important comme nous l'avons fait lorsqu'il a été expulsé de l'ambassade de l'Équateur. Franchement, c'est un homme malade. J'ai dit à l'époque qu'il aurait dû être placé dans une ambulance et recevoir un traitement médical plutôt que d'être conduit dans une prison de haute sécurité.

«Compte tenu de la nature du travail qu'il a accompli, il a dénoncé les abus grotesques du pouvoir d'État de la Grande-Bretagne et des États-Unis, nous devons le soutenir et montrer notre soutien pour lui. C'est pourquoi nous avons besoin d'un gouvernement socialiste sous Jeremy Corbyn, parce qu'il y aurait une approche très, très différente de ce que nous voyons sous le gouvernement conservateur actuel.»
Contrairement à ces affirmations, la tribune officielle des orateurs du Gala, avec en tête le dirigeant travailliste Corbyn, n'a fait aucune mention d'Assange. Les représentants syndicaux et les députés du cabinet fantôme travailliste ont plutôt profité de l'occasion pour promouvoir les appels en faveur d'un gouvernement dirigé par M. Corbyn qui serait censé amadouer le capitalisme et amener le socialisme.

Le président de l'association des mineurs de Durham, Alan Mardghum, a ouvert le rassemblement en appelant à «l'unité du Parti travailliste», un thème repris par la plupart des intervenants suivants. La droite travailliste s'en prend de plus en plus à Corbyn et à ses principaux bailleurs de fonds, y compris une émission calomnieuse de Panorama de la BBC, alléguant que le parti est un foyer d'antisémitisme. C'est une mesure de l'énormité de la chasse aux sorcières que Williamson, qui a pris la parole depuis la tribune lors du gala de l'an dernier, a été relégué cette année à l'auditoire après avoir été suspendu du parti pour une seconde fois pour des accusations d'antisémitisme fabriquées de toute pièce. Ni Corbyn Corbyn ni aucun des orateurs du gala n'ont pris la défense de Williamson.

Très conscients des tensions sociales croissantes, les orateurs ont attaqué les réductions de dépenses «néolibérales» des gouvernements conservateurs depuis 2010, ignorant le rôle des travaillistes au pouvoir. Laura Pidcock, ministre fantôme des affaires de l'ombre, a déclaré: «Le système capitaliste est à l'origine de cette destruction», mais elle est restée silencieuse sur les coupes claires appliquées par les autorités locales dirigées par les travaillistes dans tout le pays.


Attaquant sans les nommer les «forces au sein du Parti travailliste» qui ont informé les «médias extérieurs», le secrétaire général de la Fédération générale des syndicats, Doug Nicholls, a clairement indiqué que «l'unité signifie l'unité de notre pays». La politique étrangère du parti travailliste était «contre le fait d'être gouverné par le Pentagone, ou par Bruxelles en matière de la politique économique». «L'autodétermination nationale est au cœur du socialisme», a-t-il affirmé à tort, soulignant ainsi la politique nationaliste et pro-capitaliste du Parti travailliste et des syndicats.

Dave Ward du Syndicat des travailleurs de la communication a appelé à un «Nouvelle donne pour la Grande-Bretagne» dans le cadre du programme pro-Brexit des syndicalistes contre l'UE. Il s'est prononcé en faveur de la lutte de classe, qui se concrétiserait dans une «forme d'action collective» non spécifiée, en préparation pour le 1er mai 2020.

Le chef du syndicat UNISON, Dave Prentice, a pris une attitude de «gauche», exigeant que les sous-marins nucléaires Trident soient démantelés et que l'argent soit versé aux services publics. Il a omis de mentionner que Corbyn s'était engagé à maintenir la «dissuasion nucléaire» de la Grande-Bretagne dans le manifeste électoral du Parti travailliste de 2018, l'une de ses nombreuses capitulations devant les blairistes.

Certains des applaudissements les plus retentissants de la journée ont suivi la dénonciation par le secrétaire général du Syndicat national des enseignants, Kevin Courtney, des préparatifs de guerre contre l'Iran. Il a présenté Corbyn comme un opposant à la guerre. Mais Corbyn a démissionné de son poste de président de la Stop the War Coalition (Coalition stop à la guerre) après être devenu chef du parti, avoir nommé un cabinet fantôme de bellicistes et avoir permis un «vote libre» aux députés travaillistes sur la Syrie en 2016, ce qui a entraîné des bombardements des forces aériennes de la RAF.

Le secrétaire général du syndicat Unite, Len McCluskey, a voulu se montrer sensible au dégoût croissant des travailleurs à l'égard de la crise du Brexit, affirmant qu'il n'y avait «aucune solution au moyen de Remain ou Leave (Rester ou Quitter)». Il a rejeté «la guerre des cultures» entre les deux camps, appelant à un «retour à la lutte des classes». La réalité politique cachée derrière cette appel correcte est le rôle de McCluskey lui-même dans la suppression systématique de l'opposition de la classe ouvrière à l'austérité et à la guerre. En 2016, il a appelé les membres du syndicat à rester en phase avec les demandes des secteurs dominants de l'industrie et de la finance britanniques.

L'attaque de McCluskey contre Tom Watson, leader adjoint du Parti travailliste, a été citée en bonne place dans la couverture médiatique du Gala: «J'ai un message simple pour Tom Watson et ses copains dans les médias: Vous devriez avoir honte de vous.» Pourtant, ce sont McCluskey et Corbyn qui avaient bloqué à la conférence du Parti travailliste de l'an dernier les appels pour que les députés travaillistes soient obligatoirement soumis de nouveau à l'approbation du Parti travailliste de leur circonscription, protégeant ainsi les députés Blairites détestés tels Watson.

Dans son propre discours au Gala, M. Corbyn a déclaré qu'un gouvernement travailliste enquêterait sur la violence policière pendant la grève des mineurs de 1984-1985 et a cité la persécution des piquets de grève de Shrewsbury, emprisonnés en 1972 pour faits de grève l'année précédente. Mais la persécution par l’État du journaliste le plus célèbre du monde, qui a lieu actuellement dans le centre de Londres, n'a pas été mentionnée.

Il a parlé d'un «débat en cours» à travers l'Europe sur les politiques d'austérité et libérales, mais il est resté muet sur le rôle de ses collaborateurs politiques de Syriza qui viennent d'être évincés du pouvoir pour avoir imposé les diktats de l'UE contre la classe ouvrière en Grèce.

Corbyn a averti que la montée de l'extrême droite représentait une «menace vraiment très, très grave» et a obtenu un standing ovation de ses collègues sur la plate-forme pour avoir attaqué l'antisémitisme. Sa réponse a été d'appeler à «l'unité des classes à travers le monde» dans une lutte qui, selon lui, se résume à «l'amour contre le racisme».

(Article paru en anglais le 15 juillet 2019)

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