Le site Consortium News démantelé par une attaque de logiciel malveillant après la diffusion d'une vidéo défendant Julian Assange

Consortium News, un site d’information consacré au journalisme d’investigation, a été la cible d’une attaque de logiciel malveillant lundi dernier qui a détruit le site pendant plus de cinq heures. Le site, fondé par feu Robert Parry, a toujours défendu Julian Assange, rédacteur en chef de WikiLeaks.

Que le site a été rendu inutilisable a été initialement signalé dans un message sur le compte Twitter de Consortium News, «Notre site Web est complètement hors service. Notre fournisseur d’accès Internet a dit que nous avons été attaqués par un logiciel malveillant. En fait, ils ont vraiment essayé de blâmer les Russes! Chaque article publié depuis 2011 reçoit maintenant une erreur 404 “Non trouvé”. On travaille pour le remettre d’aplomb. Le problème a commencé lentement, le vendredi, le premier jour de l’émission “CN Live!”.»

Un rapport publié après la restauration du site expliquait que l’attaque malveillante avait mis fin à Consortium News «quelques jours après le premier épisode de l’émission en direct CN Live» et «dans la foulée de la suspension du compte Twitter de Unity4J, un compte pro-Assange».

Le 11 juillet, Twitter a arbitrairement suspendu le compte de Unity4J. Ce compte est un flux Twitter dédié à la diffusion d’informations et à la défense de Julian Assange. Assange est toujours incarcéré à la prison Belmarsh de Londres en attendant son extradition aux États-Unis. Après une semaine de de suspension, Twitter a brusquement rétabli le compte jeudi sans fournir d’explication pour leur acte de censure.

Le rapport du Consortium News identifiait l’attaque de leur site web avec la censure de Twitter parce qu’ils avaient mené des vigiles en ligne sur Unity4J au cours des mois précédents. Consortium News et d’autres médias indépendants ont dénoncé l’interdiction d’Unity4J. Roger Waters, ex-membre du groupe Pink Floyd, a qualifié Julian Assange de «grand héros de la liberté de la presse». Waters a également qualifié Twitter de «Big Brother», «un mécanisme de la police de la pensée» et «un levier des forces oppressives».

ConsortiumNews.com a été fondé en 1995 par Robert Parry, un ancien journaliste de l’Associated Press qui s’est affligé de «la propagande qui avait envahi le journalisme américain». Parry était un journaliste qui a contribué à exposer au public le scandale Iran-Contra au milieu des années 1980, puis — après la fondation de Consortium News — a écrit pour dénoncer les crimes de guerre et les mensonges des administrations américaines successives, tant Démocrates que Républicaines.

Quelle que soit l’origine de l’attaque malveillante, le choix du moment de l’attaque sur le site Web de Consortium News montre que les forces de réaction cherchent à faire taire quiconque défend Assange et Manning. On tente de réduire au silence ceux qui souhaitent dire la vérité sur la persécution criminelle dénoncer les abus de Julian Assange et de Chelsea Manning. Manning est actuellement incarcéré dans une prison fédérale en Virginie. Elle se voit imposer une amende de 1000 dollars par jour pour avoir refusé de témoigner devant un grand jury. La tentative de la faire parler est dans le but de porter d’autres accusations truquées contre Assange.

Fait significatif, l’épisode inaugural de la diffusion vidéo de l’émission «CN Live!» de Consortium News comprenait un segment de 26 minutes sur Julian Assange. Le segment consistait principalement en une entrevue avec le rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, Nils Melzer. Melzer a parlé des conditions inhumaines d’emprisonnement auxquelles Assange fait face et a expliqué en détail les raisons politiques pour lesquelles l’éditeur de WikiLeaks a été torturé et privé de ses droits légaux.

Dans son entretien, Melzer a dénoncé les gouvernements américain, britannique, suédois et équatorien pour «mauvais traitements et abus de pouvoir judiciaire à l’encontre d’une seule personne». Il a critiqué également le comportement des prétendus défenseurs des droits de l’homme qui ont refusé de venir défendre Assange.

Melzer a dit: «C’est la première fois en vingt ans que je vois des États démocratiques s’unir et isoler un seul individu. Ils violent systématiquement sa garantie d’un procès équitable, ses droits de l’homme sous tous ses aspects. Encore, ils l’infligent de mauvais traitements qui constituent une torture psychologique cumulative». Il a déclaré: «C’est très sérieux.»

Joe Lauria, le rédacteur en chef de CN Live!, a demandé si Assange a la moindre chance de recevoir un procès équitable aux États-Unis. Melzer a répondu: «Le préjugé public contre Assange est monumental aux États-Unis. Il est perçu comme l’ennemi public numéro un. Il a été décrit comme un ennemi public par l’actuel secrétaire d’État et ancien directeur de la CIA. D’autres personnalités publiques ont appelé à son assassinat.»

«Donc, vous avez cet environnement et vous l’envoyez devant un tribunal qui, à ma connaissance, n’a acquitté aucun prévenu de la sécurité nationale. Je pense que c’est le même tribunal et le même juge qui ont été responsables du procès contre Chelsea Manning. À son procès, ce tribunal l’a condamnée à trente-cinq ans à l’origine, ce qui est une peine draconienne… Où sont les enquêtes et poursuites pour les crimes et activités que cette leveuse d’alerte et WikiLeaks ont révélés? Sans poursuivre les crimes de guerre, dont ceux exposés par Assange et Manning, c’est clair que vous n’avez pas l’égalité devant la loi. Il n’y a aucune chance d’avoir un procès équitable et que la poursuite devient de la persécution.»

Consortium News a également rapporté que Twitter a bloqué les comptes des militants associés à Unity4J. Quelqu’un a bloqué et piraté leurs sites Web à peu près au même moment. Aaron Kesel, qui écrit également en tant que journaliste indépendant, a déclaré dans un entretien qu’ils ont perdu l’accès à leur compte dans les minutes qui ont suivi la publication d’un article sur la célébration de l’anniversaire d’Assange par le public catalan. Activist Post, le site qui a publié l’article, aurait également a subi des piratages ces dernières semaines».

Il ne fait aucun doute que l’accès du public international à ce type d’information indépendante préoccupe beaucoup le renseignement militaire d’État qui est à l’origine de la persécution d’Assange et de Manning. C’est l’exposition de ces faits importants qui est à l’origine de la "censure en ligne" des sites web socialistes et oppositionnels identifiée par le World Socialist Web Site au cours du printemps et de l’été de 2017.

Les attaques coordonnées contre les défenseurs de la liberté d’expression et ceux qui luttent pour la liberté d’Assange et de Manning sont un signe. L’appareil de répression de l’État craint qu’un soutien massif ne se renforce contre cette conspiration internationale sans précédent contre la vérité. En même temps, c’est un avertissement. La volonté de les réduire au silence et de les punir pour avoir exposé et dénoncé les crimes de l’impérialisme américain s’étend à d’autres. C’est une tentative d’intimider quiconque qui ose se battre pour la défense d’Assange et Manning et pour leur liberté.

La classe ouvrière internationale ne sera pas intimidée par ces tactiques. La demande pour la libération de Julian Assange et Chelsea Manning doit être étendue à l’échelle mondiale et reprise dans chaque pays, lieu de travail, quartier et école. Les grévistes, les paysans et les étudiants l’ont montré en Équateur, la lutte pour les droits de Julian Assange est la clé de la lutte de la classe ouvrière pour le socialisme et contre tout le système capitaliste.

(Article paru d’abord en anglais le 20 juillet 2019)

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