Il y a 25 ans: le régime algérien massacre des prisonniers après une rébellion

Le 21 février 1995, une rébellion de prisonniers politiques islamistes dans la prison de Serkadji, dans la casbah d'Alger, a commencé, entraînant la mort de quatre gardes. Cela fut suivi par une répression brutale durant laquelle des dizaines de détenus ont été massacrés. Les informations officielles indiquaient 96 morts, mais d'autres sources affirmaient que jusqu'à 110 prisonniers avaient été tués dans cette répression.

Au matin du 21 février, un premier groupe de prisonniers, après avoir reçu de l'aide d'un garde, a tué quatre personnels de sécurité et commencé à ouvrir les cellules pour en libérer d'autres. Les prisonniers ont tenté de négocier une amnistie pour ceux qui n'avaient pas participé à la rébellion, mais le gouvernement n'a pas voulu négocier et a lancé l'assaut sur le bâtiment, des échanges de tirs et de grenades ont continué jusqu'au 23 février inclus.

Des groupes de défense des droits de l'Homme ont affirmé qu'après l'écrasement des opposants, les forces de sécurité du gouvernement ont éxécuté des détenus, dont les blessés, sans aucun jugement. Les procédures judiciaires ultérieures ont abouti à huit exécutions supplémentaires parmi les prisonniers.

Le New York Times a indiqué que dans la semaine précédant la rébellion à la prison de Serkadji, 500 politiciens, officiers des forces de l'ordre et personnalités du monde de la culture avaient été tuées par les rebelles islamistes qui tentaient de renverser le gouvernement militaire qui avait été installé au pouvoir en 1992 pour empêcher une victoire électorale du Front islamique du salut (FIS) et conserver l'emprise du Front de libération national (FLN) sur le pouvoir. Le bilan des morts entre 1992 et 1995 est estimé à plus de 30.000.

Les groupes de défense des droits de l'Homme ont estimé qu'en 1995 il y avait entre 15.000 et 30.000 militants détenus dans les prisons de l'armée algérienne. La Casbah, où se trouvait cette prison, était un bastion important de la classe ouvrière dans les années 1960 pendant la guerre d'indépendance algérienne. Une dizaine de dirigeants de divers groupes rebelles islamistes étaient emprisonnés à Serkadji au moment de la rébellion.

(Article original paru en anglais le 17 février 2020)

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