Il y a 100 ans: les conseils ouvriers forment un comité central durant le soulèvement de la Ruhr

Milice ouvrière de l'Armée rouge de la Ruhr à Dortmund

Le 20 mars 1920, dans la vallée très industrialisée de la Ruhr, des représentants des conseils ouvriers, formés au cours de la grève générale qui avait éclaté pour contrer le putsch militaire de Kapp du 13 mars, se sont réunis à Essen pour élire une direction centrale.

De nombreux ouvriers de la région – qui comptait plus de 300.000 mineurs de charbon – cherchaient à passer d'une lutte défensive contre le coup qui avait fait tomber le gouvernement du Parti social-démocrate (SPD) dirigé par Friedrich Hebert, Gustav Noske et Philip Scheidemann, à une lutte pour le pouvoir, et ils avaient formé des conseils pour mener un soulèvement. Ce Soulèvement de la Ruhr était organisé principalement par le Parti social-démocrate indépendant d'Allemagne (USPD) et le Parti communiste d'Allemagne (KPD).

Le 15 mars les travailleurs à Hagen, principalement emmenés par l'USPD, organisèrent une manifestation avec leurs armes, et le 17 mars, près de la ville de Wetter, une milice ouvrière appelée l'Armée rouge de la Ruhr attaqua une unité des Freikorps, un groupe paramilitaire de droite qui soutenait le putsch de Kapp, faisant 600 prisonniers et s'emparant de Dortmund. Durant les quelques jours suivants, l'Armée rouge de la Ruhr, constituée principalement de membres de l'USPD, du KPD et d'anarchistes, s'empara des principales villes de la région, et installa des centres de commandement à Hagen, Essen et Muelheim. Les conseils ouvriers s'étaient développés spontanément dans la région autour de représentants de l'USPD, du KPD et du SPD.

Le 22 mars, avec l'échec du putsch de Kapp, le gouvernement social-démocrate dde Friedrich Ebert est revenu au pouvoir, et la grève fut officiellement annulée. Une conférence à Bielfeld le 24 mars entre des représentants des partis de gauche, des conseils ouvriers, des syndicats et de l'Armée rouge de la Ruhr d'une part, et d'autre part des représentants du gouvernement SPD n'est pas parvenue à désarmer les travailleurs de la région. Le gouvernement Ebert a lancé l'armée régulière et les Freikorps contre les travailleurs de la vallée de la Ruhr, comme il l'avait déjà fait durant la révolution de novembre 1918 à Berlin. L'armée a massacré des centaines de travailleurs, dont beaucoup au cours d’exécutions sommaires.

Le 5 avril, la France a occupé une partie de la vallée de la Ruhr, au motif que la présence de l'armée allemande était une violation des termes du Traité de Versailles de 1919.

(Article paru en anglais le 2 mars 2020)

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