La pandémie de COVID-19 continue à progresser en Afrique

L’Afrique est sous la menace d’une contagion généralisée du COVID-19 qui pourrait faire des millions de morts, et qui exige en urgence la coordination internationale des moyens sanitaires nécessaires pour empêcher une pareille catastrophe.

A ce jour, au moins 46 des 53 pays africains sont touchés par la propagation du virus. Il y a plus de 5.000 cas enregistrés, et plus d’une centaine de morts.

  • Afrique du Nord: Algérie (716 cas dont 44 morts), Egypte (710 cas dont 46 morts), Maroc (602 cas dont 36 morts), Tunisie (362 cas dont 10 morts) et Libye (au moins 1 cas);
  • Afrique de l'Ouest: Burkina Faso (261 cas dont 14 morts); Côte d'Ivoire (168 cas); Sénégal (175 cas); Ghana (161 cas dont 5 morts); Nigeria (135 cas dont 2 morts); et nombre de cas découverts aussi dans d’autres pays: Bénin, Togo, Guinée, Niger, Mali, Mauritanie.
  • Afrique Centrale: Cameroun (193 cas dont 6 morts); RD Congo (98 cas dont 8 morts) et des cas dans d’autre pays: Gabon, Tchad, Guinée équatoriale; Centrafrique; Congo-Brazzaville.
  • Afrique du Sud: l’Afrique du Sud (1.353 cas dont 5 morts) et plusieurs cas enregistrés dans d’autres pays: Zimbabwe, Angola, Zambie, Mozambique.
  • Afrique de l’Est: des cas au Kenya (59 cas dont 1 mort), au Rwanda (75), en Ethiopie (26) et à Djibouti (30).

Alors que la situation dans les pays plus développés comme les Etats-Unis, l’Italie ou la France devient critique avec l’augmentation du nombre de morts chaque jour, les pays africains sont face à une menace imminente. L’OMS et plusieurs ONG craignent que la pandémie pourrait provoquer plusieurs millions de morts en Afrique, où les systèmes de santé manquent cruellement de moyens.

Matshidiso Rebecca Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique a alerté sur «l’évolution dramatique» du Covid-19 en Afrique dans un entretien avec France24. Elle a déclaré que «la situation est très préoccupante avec une évolution dramatique: une augmentation géographique du nombre de pays et aussi l’augmentation du nombre de cas infectés.»

Depuis la détection des premiers cas de COVID-19, la majorité du gouvernement africains ont pris des mesures comme la fermeture des écoles et des frontières, l’annulation de vols provenant des pays à haut risque comme les pays européens, ou l’interdiction des rassemblements et des cultes. Les autorités s'inquiètent qu’il deviendra difficile à contrôler la situation si le virus se propage au sein de la population. Une majorité des pays africains n’aurait pas les moyens sanitaires de contenir la pandémie.

La plupart des Africains n’ont pas accès à une couverture médicale universelle, et la moitié des Africains n’a pas accès à des services de santé modernes. La dépense moyenne sur la santé en Afrique n’est que 16 dollars par personne. Alors que le COVID-19 a totalement débordé le système sanitaire en Italie, qui a 34 lits d’hôpital et 40 médecins par 10.000 habitants, l’Afrique n’a que 7 lits d’hôpital et un médecin par 10.000 habitants.

Un facteur énorme dans la crise sanitaire en Afrique est le rôle des puissances impérialistes, et notamment des anciennes puissances coloniales européennes. Les grandes entreprises de ces pays y exploitent une main-d’œuvre à bon marché pour y réaliser des superprofits, et les États impérialistes y mènent de sanglantes guerres néocoloniales depuis des décennies. C’est notamment le cas en Libye, dévastée par une guerre de l’OTAN en 2011, et le Sahel où la France mène une guerre pour occuper le Mali.

L’intervention militaire des puissances impérialistes a produit une crise sociale et humanitaire d’une ampleur inédite dans ces pays, où la majorité de la population vive dans l'extrême pauvreté et sans accès aux soins. L’aggravation de l’épidémie est un nouveau coup dur pour la plupart du pays dans le Sahel, où le système de santé est déjà extrêmement fragile.

Au Burkino Faso, un des pays plus pauvres d’Afrique, le couvre-feu est décrété dans de nombreuses villes et le virus a touché des membres du gouvernement. Au moins cinq ministres burkinabès sont positifs au coronavirus. A la suite des attaques terroristes en 2015, environ 780.000 déplacés ont dû fuir leur foyer à cause des violences et vivent entassés sous des petits abris de fortunes, couverts de paille ou de bâches en plastique; ils craignent en particulier une contagion fulgurante.

«On est très inquiet, si un déplacé venait à être contaminé, avec la promiscuité et le confinement impossible, ça serait une catastrophe», a déclaré un médecin à Dori, dans le nord du pays.

Les agents de santé tirent la sonnette d’alarme à cause d’un manque de lits en réanimation, de ventilateurs, d’incinérateurs ou encore de tests de dépistage, qui seraient en quasi-rupture à ce jour, selon Le Monde. «On n’était pas préparés à cela, on a voulu gérer l’épidémie comme Ebola. Sans solution rapide, on court vers un scénario catastrophe», alerte Alfred Ouedraogo, le secrétaire général du Syndicat des médecins du Burkina Faso.

«En Afrique de l’Ouest, il y a vingt fois moins de lits d’hôpitaux qu’en France. Et en plus, il n’y a quasiment pas de services de soins de suivi», a souligné Augustin Augier, directeur général d’Alima, une ONG.

Quant aux respirateurs, il existe une dizaine pour des millions de personnes. «Au Nigeria, on compte seulement 250 lits de réanimation avec des respirateurs mécaniques [la France en a 5.000]», déclare Isabelle Defourny, directrice des opérations à Médecins sans frontières.

Au Mali, il y a un seul lit de réanimation avec un respirateur mécanique pour une population de 19 millions.

Une autre préoccupation majeure est que le continent est déjà touché plusieurs maladies mortelles. «Les systèmes de santé doivent gérer toutes les autres pathologies: malnutrition, paludisme, rougeole, urgences obstétriques», a dit Augier. La population déjà contaminée par ces pathologies est, de surcroît, même plus vulnérable au COVID-19.

Déjà, chaque année, près de 400.000 enfants meurent de pneumonie en Afrique. Nombre de ces décès pourraient être évités grâce aux antibiotiques et à l'oxygène, mais l'oxygène médical est rarement disponible.

Augier a ajouté que, puisque la majorité de la population n’a pas de ressources financières, un confinement à même d‘enrayer la diffusion du COVID-19 nécessiterait l’apport de fonds externes à une grande échelle. Il a dit, «Imposer un confinement total est impossible dans des économies où la plupart des gens mangent le soir ce qu’ils ont gagné la journée. Car ils n’ont aucune ressource pour survivre, ni épargne, ni patrimoine.»

La pandémie du COVID-19 expose encore une fois la faillite du capitalisme et de l’impérialisme. Pour sauver les vies humaines, il faut que les travailleurs luttent pour exproprier les élites dirigeantes afin de libérer les ressources nécessaires pour coordonner les moyens sanitaires et industriels à l’échelle internationale nécessaires pour endiguer la pandémie.

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