Les États-Unis préparent des sanctions contre la Chine à propos de Hong Kong

Le secrétaire d'État américain Mike Pompeo a déclaré hier officiellement que Hong Kong n'avait plus «un degré élevé d'autonomie» de la Chine: une étape qui ouvre la porte à Washington pour imposer une série de sanctions économiques et commerciales qui nuiront potentiellement à sa position de centre financier mondial.

La décision de Pompeo est une nouvelle étape dans la campagne anti-Chine du gouvernement Trump qui s'est rapidement accélérée ces derniers mois, y compris en accusant agressivement la Chine d’être responsable de la pandémie mondiale de COVID-19.

L’intention d’imposer de nouvelles sanctions à propos de Hong Kong montre clairement que Pékin n’est pas visé seulement afin de détourner l'attention de la responsabilité criminelle de la Maison-Blanche pour l'énorme nombre de morts aux États-Unis, mais fait partie de l'intensification des efforts en cours depuis une décennie pour saper la Chine économiquement et stratégiquement en vue de préparer la guerre.

Pompeo a fait sa déclaration en réponse à l'annonce faite la semaine dernière par la Chine que son Assemblée nationale populaire (ANP) adoptera une nouvelle loi sur la sécurité nationale encadrant la subversion, le terrorisme et l'influence étrangère à Hong Kong. La législation chinoise, qui devrait être adoptée aujourd'hui [28 mai], passe outre la législature de Hong Kong qui a tenté, sans succès, d’adopter une telle loi en 2003 face à des manifestations de masse.

En novembre dernier, après des mois de manifestations à Hong Kong contre un projet de loi sur l'extradition, le Congrès américain a adopté une loi exigeant que le département d'État américain certifie l'autonomie de Hong Kong par rapport à la Chine. La déclaration de Pompeo permet désormais au gouvernement Trump de passer outre la législation américaine adoptée avant le transfert britannique de Hong Kong à la Chine en 1997 qui maintenait des relations économiques et commerciales préexistantes avec l'ancienne colonie britannique.

Son statut économique spécial a permis à Hong Kong de conserver sa position de plaque tournante financière mondiale pour le commerce vers l'intérieur et l'extérieur de la Chine, ainsi que pour accueillir le siège de centaines de sociétés américaines et autres menant des activités en Chine. En 2018, les États-Unis ont enregistré un excédent commercial de 33 milliards de dollars avec Hong Kong: environ 8 pour cent des exportations de la Chine continentale vers les États-Unis et 6 pour cent des importations chinoises s’effectuaient via Hong Kong.

Hong Kong bénéficie de contrôles à l'exportation plus souples que la Chine continentale; des accords sur les transferts de technologie, les échanges universitaires, la fiscalité, le change de devises et les sanctions. Tous ces éléments sont maintenant mis en question.

Plus tôt cette semaine, le président Trump a déclaré que les États-Unis répondraient «très puissamment» si l'ANP adoptait la législation sur la sécurité nationale. Le secrétaire d'État adjoint américain, David Stilwell, a confirmé que des discussions étaient en cours sur les mesures punitives, déclarant que les États-Unis cherchaient à «atténuer l'impact mondial, [et] sur le peuple de Hong Kong».

Cependant, toute érosion de l'économie de Hong Kong touchera le plus durement la classe ouvrière, conduisant à une augmentation du chômage et à de nouvelles réductions des services sociaux déjà limités du territoire. Alors que Washington peut être préoccupé par l'impact des sanctions sur les sociétés américaines à Hong Kong et en Chine, il ne se soucie pas du sort des travailleurs là-bas, et encore moins de leurs droits démocratiques.

Mercredi, de nouvelles manifestations ont eu lieu à Hong Kong à la fois contre le projet de loi sur la sécurité nationale et contre une loi envisagée par l'Assemblée législative de Hong Kong pour interdire tout dénigrement de l'hymne et du drapeau chinois. La petite envergure des manifestations est le résultat non seulement des restrictions du COVID-19 et de la présence importante de la police dans les rues, mais est due aussi à l'orientation de droite des leaders de la manifestation.

Ce qui a commencé l'année dernière comme d'énormes manifestations contre la législation d'extradition, exprimant les préoccupations légitimes de la majorité de la population au sujet des droits démocratiques, est devenu à terme un mouvement dominé de plus en plus par les perspectives réactionnaires des groupes et des partis hostiles à la classe ouvrière, promouvant la xénophobie anti-Chine continentale et orienté vers les grandes puissances impérialistes, en particulier les États-Unis, en sollicitant leur intervention pour leur compte.

La réponse de l'ancien étudiant Joshua Wong, un leader du Demosistō, à l'appui de l'annonce de Pompeo est une démonstration évidente de l'orientation pro-impérialiste de ces organisations. «Nous espérons qu'un changement radical de la politique américaine les encouragera [la Chine] à faire marche arrière à l’égard de Hong Kong», a-t-il déclaré.

Wong s'est récemment entretenu avec le sénateur américain Josh Hawley, qui a présenté la semaine dernière une résolution pour condamner la loi chinoise sur la sécurité nationale. L'année dernière, Wong, qui a été célébré en Europe et aux États-Unis, ainsi que dans les médias, en tant que visage des manifestants de Hong Kong, a rencontré des personnalités politiques de premier plan et s'est adressé au Congrès américain.

Les déclarations de préoccupation pour le peuple de Hong Kong par Pompeo et d'autres responsables de Trump sont tout à fait hypocrites. L'impérialisme américain n'est pas plus intéressé par les «droits de l'homme» à Hong Kong ou en Chine qu'il ne l'était en Irak, en Afghanistan, en Syrie ou en Libye où cela a été exploité pour justifier ses guerres criminelles. Qu'il s'agisse de Hong Kong, de Taiwan ou de la minorité ouïghoure de l'ouest de la Chine, Washington instrumentalise les «droits de l'homme» pour saper l'unité de la Chine qu'il considère comme une barrière dangereuse à sa réaffirmation de la domination américaine sur la scène internationale.

Promouvoir l'illusion que les États-Unis défendront les droits démocratiques à Hong Kong ou ailleurs joue directement le jeu du régime chinois et sème des divisions dans la classe ouvrière chinoise: la seule force sociale capable de contester le régime d'État policier à Pékin.

La décision du gouvernement Trump d'affronter Pékin au sujet de Hong Kong n'est que le dernier front de sa campagne provocatrice contre la Chine qui comprend: de nouvelles mesures ciblées contre le géant chinois des télécommunications Huawei; des restrictions à l'investissement dans les actions chinoises; des menaces d'imposer de nouvelles taxes aux entreprises américaines ayant leur production en Chine; ainsi que des opérations navales américaines de confrontation dans la mer de Chine méridionale.

La campagne de Trump qui a un soutien bipartite est une continuation du soi-disant «pivot vers l'Asie» du gouvernement Obama impliquant une confrontation agressive envers la Chine à tous les niveaux: diplomatique, économique et militaire. D'ici 2020, le Pentagone aura stationné 60 pour cent de ses ressources navales et aériennes dans la région indopacifique.

La pandémie de COVID-19 a mis à nu et accéléré la faiblesse et le déclin historique du capitalisme américain et mondial et a considérablement accru les tensions géopolitiques. La classe dirigeante américaine est déterminée à renforcer sa position mondiale contre ses rivaux par tous les moyens disponibles, y compris militaires, même si cela plonge l'humanité dans une guerre nucléaire catastrophique.

(Article paru en anglais le 28 mai 2020)

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