COVID-19: Québec solidaire défend la gestion désastreuse de la pandémie par les autorités

Québec solidaire (QS) défend pleinement la gestion désastreuse de la pandémie de COVID-19 par l’élite dirigeante canadienne, qui a entraîné plus de 99.000 cas d’infection et 8.000 décès à travers le pays.

Bien que l’OMS (Organisation mondiale de la santé) ait lancé l’alarme dès le mois de janvier, c’est seulement le 10 mars que le gouvernement libéral fédéral de Justin Trudeau a demandé aux provinces de dresser un état de leurs équipements médicaux et de l’informer s’il en manquait. Quant au premier ministre du Québec François Legault, il a ordonné la fermeture des écoles et de certains secteurs de l’économie seulement 24 à 48 heures avant les autres provinces, c’est-à-dire bien après que le virus ait eu le temps de s’implanter – faisant du Québec l’épicentre de la pandémie au pays, avec plus de la moitié des cas et des décès, bien que la province compte moins d’un quart de la population.

Malgré sa prétention à être «de gauche», Québec solidaire ne soulève aucune critique de la réponse tardive des autorités canadiennes à la pandémie. Il accepte entièrement la ligne officielle que les milliers de vies humaines fauchées par la COVID-19 n’auraient pas pu être sauvées car cette pandémie était imprévisible.

En fait, non seulement a-t-elle été prévue par des épidémiologistes dans le monde, mais les autorités canadiennes de la santé ont lancé des avertissements précis après l’épidémie de 2003 du SRAS – un virus apparenté, qui avait durement frappé le Canada en faisant de lui le pays le plus touché en dehors de l’Asie de l’Est. Mais les modestes mesures de prévention prises alors furent vite annulées par la poursuite de l’austérité capitaliste: les équipements devenaient périmés et inutilisables, les hôpitaux opéraient à la limite de leurs capacités avant même le début de la pandémie de COVID-19, et aujourd’hui encore, quatre mois plus tard, il y a un manque d’EPI (équipements de protection individuelle).

Passant ces faits bien connus sous silence, le co-porte-parole et leader parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, a déclaré en point de presse le 26 mai dernier que son parti «pouvait accepter, pour la première vague, les explications du gouvernement [Legault] quand il nous disait avoir été pris par surprise».

Québec solidaire s’est joint à la campagne menée par Legault et d’autres premiers ministres provinciaux tels que l’ultra-droitier Doug Ford en Ontario – avec la bénédiction du gouvernement Trudeau à Ottawa et la complicité des centrales syndicales du Canada et du Québec – pour imposer à une population réfractaire la réouverture précipitée et dangereuse de l’industrie et du commerce non-essentiels sous prétexte de «relancer l’économie».

Du point de vue de la classe dirigeante, les mesures limitées de confinement doivent être levées au plus vite afin de relancer et accélérer l’exploitation de la classe ouvrière. C’est vu comme une mesure nécessaire pour couvrir les centaines de milliards de dollars transférés à la grande entreprise par le gouvernement Trudeau en plans de sauvetage de toutes sortes, alors que des miettes en comparaison ont été données aux millions de travailleurs canadiens ayant perdu leur emploi.

Réagissant aux questions persistantes d’un journaliste qui voulait savoir si le déconfinement était «désorganisé» ou «trop vite», l’autre co-porte-parole de QS Manon Massé s’est contentée d’une réponse évasive: «Il y a encore beaucoup … de craintes, on n’a pas réussi … à rassurer les Québécois».

L’objectif des gouvernements capitalistes – que ce soit Legault au Québec, les autres paliers de gouvernement au Canada, l’ultra-réactionnaire Trump aux États-Unis, le proto-fasciste Bolsonaro au Brésil ou les différents gouvernements de l’Union européenne – n’est pas de «rassurer» la population, encore moins de la protéger. C’est plutôt de forcer des millions de travailleurs, sous peine de congédiement, à retourner sur des lieux de travail sans véritables mesures de protection, risquant ainsi d’être contaminés et de contaminer leurs proches par un coronavirus mortel, afin d’en extraire au plus vite du profit pour assouvir les marchés financiers et les riches investisseurs.

C’est à cet objectif criminel, qui fait passer le profit capitaliste avant des centaines de milliers de vies humaines, que souscrit pleinement Québec Solidaire. Revenant sur les suggestions qu’il fallait peut-être «retourner au confinement», Manon Massé a déclaré en point de presse: «Moi, je ne suis pas une responsable de santé publique, je ne peux pas vous le dire». Cette formule résume bien le cynisme et la lâcheté politiques de son parti.

Massé, qui occupe également la fonction de chef du deuxième groupe d’opposition au parlement québécois, n’a pu s’empêcher de lancer au passage des fleurs à Legault. «Alors j'invite le premier ministre», a-t-elle déclaré, «à renouer avec sa belle habitude du début de pandémie, c'est-à-dire de la transparence». Il s’agit là d’un signal à la classe dirigeante que les sections privilégiées des classes moyennes pour qui parle Québec solidaire sont impatientes de s’intégrer encore plus à l’establishment politique.

C’est aussi un mensonge. Loin d’être «transparent», le premier ministre Legault a cherché dès le début de la crise sanitaire à manipuler l’opinion publique pour arriver à ses fins, à savoir: la reprise accélérée des affaires pour continuer à enrichir ses amis du grand patronat, peu importe le coût en vies humaines. Après avoir prôné un certain temps la politique criminelle de «l’immunité collective» – la contamination délibérée d’une majorité de la population sous prétexte de l’immuniser, au coût de dizaines de milliers de vies – Legault s’est ravisé pour poursuivre cette même politique sans le dire. Il a maintes fois annoncé la réouverture des écoles primaires dans le Grand Montréal ravagé par le coronavirus, avant de reculer face à l’immense opposition populaire.

Québec solidaire cherche à dissimuler sa collaboration avec le gouvernement Legault et à préserver son image «de gauche» ternie en faisant beaucoup de bruit autour de mesures bidon.

«Les personnes les plus menacées par la COVID-19 doivent pouvoir rester à la maison sans craindre d’être congédiées», tonne par exemple Nadeau-Dubois. Quand on lui demande d’élaborer, il précise que cela concerne seulement les «travailleurs de plus de 60 ans» ou présentant une «vulnérabilité immunitaire». Le site web de QS explique: «Une mesure similaire étant déjà appliquée par le gouvernement pour les enseignant-es, Québec solidaire demande qu’elle soit étendue à l’ensemble des employeurs.» Cette revendication de QS est reléguée aux oubliettes lorsque Legault fait volte-face et déclare que les personnes à risque ne sont pas les 60 ans et plus, mais les 70 ans et plus.

Il y a ensuite «l’impôt de pandémie» proposé par QS, qui ferait passer le taux d’imposition de base pour les grandes entreprises de 11,6 pour cent à 17,4 pour cent. En point de presse, le député de QS et porte-parole en matière d’économie Vincent Marissal a tout fait pour rassurer les médias de la grande entreprise présents que QS n’est pas anti-patronal. Il a insisté sur le fait que «ce taux ressemble à celui de 2007, avant qu'il ne soit diminué par les différents gouvernements».

Une autre mesure inoffensive préconisée par QS concerne les paradis fiscaux. «Chaque année», explique Marissal devant la presse, «le Québec est privé de 800 millions de dollars, qui s’en vont directement dans les paradis fiscaux». Mais sur la question fondamentale du renflouement des entreprises en pillant le trésor public, QS est sur la même longueur d’onde que Trudeau et Legault. «En ces temps de crise économique et sanitaire», affirme Nadeau-Dubois, «le gouvernement a la responsabilité d’envoyer une bouée de sauvetage à tous les citoyens et aux entreprises dans le besoin».

QS rechigne sur les 800 millions de dollars qui s’envolent vers les paradis fiscaux. Mais il n’a aucun problème avec les 650 milliards de dollars qui, sous le couvert de la crise du coronavirus, ont été transférés du jour au lendemain à l’aristocratie financière par le gouvernement Trudeau – et beaucoup plus par l’administration Trump et l’Union européenne.

Québec solidaire n’avertit pas les travailleurs qu’ils devront en faire les frais par un assaut décuplé sur les emplois, les conditions de travail et les services publics. Aux côtés des syndicats et des sociaux-démocrates du NPD (Nouveau parti démocratique), QS a largement contribué à une omerta sur ce pillage massif du trésor public au profit de l’élite patronale.

La réponse de Québec solidaire à l’immense crise sanitaire et socio-économique déclenchée par la pandémie de COVID-19 a été de cacher la responsabilité de la classe capitaliste dirigeante, de l’aider à imposer un retour au travail prématuré et dangereux, et de passer sous silence le transfert massif de fonds publics vers la grande entreprise et l’aristocratie financière. La direction de QS s’en vante dans son «bilan de session parlementaire» du 12 juin où elle rappelle sa «promesse ... de travailler avec le gouvernement Legault» face au coronavirus et avoue avec satisfaction qu’ «on a aidé M. Legault à couvrir ses angles morts».

Un autre article, qui sera publié cette semaine, examinera la base politique du soutien de QS à la levée prématurée des mesures de confinement – son programme nationaliste pro-capitaliste.

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