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Le nouveau régime sur les médicaments menace la santé publique

Par Jacques Richard
Février 1997

Le nouveau régime d'assurance-médicaments, en vigueur depuis le début de l'année, transfère le financement des médicaments sur le dos de la population, ce qui aura un effet dévastateur sur les couches appauvries comme les assistés sociaux et les personnes âgées, ainsi que sur les malades chroniques.

Dorénavant, tous les résidents du Québec devront payer une franchise de $100 et 25 p. cent du coût des médicaments jusqu'à un plafond de $750 par année.

À ces coûts de base, il faut ajouter une prime de $175, dont ne seront exemptés que les gens ayant un revenu inférieur au seuil officiel de pauvreté: pour une personne seule par exemple, la limite a été fixée à $10 400, soit $5 000 de moins que le seuil minimal établi par Statistiques Canada.

Quant au plafond de $750 par année, il ne sera abaissé que pour les assistés sociaux et les personnes âgées assez pauvres pour être admissibles au supplément de revenu garanti. Ces deux catégories, qui regroupent 1,5 millions de personnes, sont les plus directement touchées par la nouvelle loi. Elles ne payaient auparavant que $2 par ordonnance jusqu'à un maximum de $100. Avec le nouveau régime, c'est $200 millions que leur soutire en tout Québec rien que pour l'année 1996-97.

Les nouveaux barèmes fixés par Québec s'appliqueront aussi aux assureurs privés et représentent une hausse moyenne de 5 à 15 p. cent des primes d'assurance.

Les premières journées de l'application du nouveau régime ont été marquées par la confusion la plus totale. De nombreuses pharmacies de la province ne parvenaient pas à entrer en communication avec le système informatique de la Régie de l'assurance-maladie du Québec, étape nécessaire pour le traitement des ordonnances. De plus, les lignes d'assistance téléphonique étaient congestionnées en permanence.

Cette confusion bureaucratique n'est pas tant une question d'incompétence que des objectifs poursuivis par le gouvernement Bouchard. Le ministre de la santé Jean Rochon, rappelons-le, avait introduit le nouveau régime en été dernier de façon précipitée afin de mettre la population devant le fait accompli et étouffer dans l'oeuf toute opposition.

Le nouveau régime, qui s'applique aux assistés sociaux et aux personnes âgées depuis le mois d'août dernier, a déjà eu des effets dévastateurs. Selon une enquête de l'Ordre des pharmaciens du Québec, menée du 1er au 20 novembre dernier auprès de 794 pharmaciens:

  • 84 p. cent des répondants ont indiqué avoir eu connaissance de bénéficiaires (aide sociale ou pension de vieillesse) ayant sous-consommé des médicaments essentiels depuis le 1er août.
  • 62 p. cent ont dû aider des bénéficiaires à faire un tri parmi les médicaments essentiels.
  • 25 p. cent des pharmaciens ont connu des cas d'hospitalisation causés par une sous-consommation de médicaments.
  • 70 p. cent ont reçu des demandes pour qu'ils modifient les prescriptions en fournissant des médicaments équivalents moins chers, mais avec beaucoup plus d'effets secondaires.
  • 90 p. cent ont dû intervenir auprès de patients pour qu'ils demeurent fidèles à leur traitement.
  • 56 p. cent ont dû accorder un crédit à leurs clients.
  • 32 p. cent ont dû fournir des médicaments gratuitement.

Le nouveau régime d'assurance-médicaments, en forçant les patients à payer une part importante des médicaments dispendieux requis pour le traitement de maladies graves, constitue également une menace pour la santé publique.

Dans le cas de la tuberculose par exemple, les médicaments étaient gratuits pour les assistés sociaux et coûtaient un peu plus de $5 par mois pour les personnes âgées. Maintenant, les assistés sociaux adultes devront payer $17 par mois et les personnes âgées jusqu'à $63 par mois.

L'Association internationale contre la tuberculose et les maladies respiratoires, basée à Paris, a même envoyé une lettre de protestation au ministre Rochon en décembre dernier. Invoquant l'expérience récente vécue aux États-Unis, en Chine et ailleurs dans le monde, l'Association a averti le gouvernement du Québec qu'en mettant fin à la gratuité des médicaments contre la tuberculose, il risquait de faire apparaître des souches plus résistantes de la maladie.

Mais le problème ne se pose pas seulement pour la tuberculose. Les patients atteints d'autres maladies graves (diabète, cancer, fibrose kystique,...) qui requièrent des &laqno;médicaments d'exception» étaient auparavant traités gratuitement dans les hôpitaux. Ils doivent dorénavant acheter leurs médicaments à la pharmacie et obtenir l'autorisation de Québec pour être indemnisés, ce qui est loin d'être garanti.

Dans le cas du sida, plusieurs spécialistes craignent une propagation de la maladie suite à ces changements. Les pharmacies, expliquent-ils, contrairement aux hôpitaux, n'ont ni l'équipement ni le personnel qualifié pour distribuer les cocktails anti-sida. Et le fait de ne pas prendre les médicaments de façon régulière et dans les bonnes proportions va entraîner une augmentation des cas et la naissance de nouvelles souches plus résistantes.

Les médecins demandent le maintien des centre de distribution des médicaments anti-sida: «Avec le système de M. Rochon, il sera impossible de surveiller le VIH», avertit le docteur Rafick-Pierre Sékaly, directeur du laboratoire d'immunologie de l'IRCM (Institut de recherches cliniques de Montréal).

Le nouveau régime sur les médicaments introduit par Québec démontre que la politique sociale du gouvernement Bouchard n'a rien à voir avec l'amélioration des services à la population. Comme tous les paliers de gouvernement, non seulement au Canada mais à l'échelle internationale, le gouvernement québécois est en train de sacrifier les besoins les plus vitaux de la population aux exigences anti-sociales des marchés financiers.

Voir aussi:
La réforme du PQ met la vie des gens en danger. L'assurance-médicament fauche les pauvres 4 décembre 1998

 

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