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Le krash boursier annonce de grands changements politiques aux États-Unis

Par le bureau de rédaction
Le 6 septembre 1998

La chute colossale de la bourse de New-York lundi dernier (le 31 août) est survenue à peine neuf mois après que le président américain ait qualifié les bouleversements financiers du sud-est asiatique de simples « accidents de parcours » (« glitch ») dans l'évolution de l'économie globale.

La crise s'est depuis déplacée de pays en pays, et d'un continent à l'autre, avec la force d'un raz-de-marée. Les valeurs boursières et les devises ont enregistré des baisses de plus de 10 pourcent dans de nombreux pays asiatiques; le Japon, la deuxième plus importante économie au monde, fait face à une déflation qui ne donne aucun signe de ralentissement; et plus récemment, la panique financière s'est étendue à la Russie et à l'Amérique latine.

La chute de lundi, toutefois, place les États-Unis au centre même de la crise mondiale. Les analystes s'accordent de plus en plus pour reconnaître que les États-Unis ne peuvent pas rester immunisés contre le dégel mondial des valeurs financières. Au contraire, la plus grande liquidation prend place en Amérique.

Depuis le 17 juillet, date à laquelle l'index industriel du Dow Jones atteignait son sommet de tous les temps à 9337, l'index du marché a chuté de près de 2000 points. La moitié de cette chute a pris place dans une période de quatre jours à compter du 26 août. Plus de $2300 milliards en fonds de capitalisation ont été rayés de la carte, dont la moitié, une fois de plus, dans la période de quatre jours ouvrables débutant le 26 août. On estime à $589 milliards le montant effacé lundi dernier seulement.

La liquidation de lundi dernier a pris place dans le cadre d'une véritable panique dans la dernière heure de transactions; des actions ont été déversées sur le marché à n'importe quel prix et l'indice du Dow Jones a perdu 250 points dans les 30 dernières minutes. La baisse de 512 points du Dow Jones, la deuxième plus importante après la chute de 554 points du 27 octobre dernier, représentait une baisse de 6,3 pourcent.

La chute sur le marché du NASDAQ, où sont concentrées les actions en haute technologie, a été encore plus importante, soit 8,5 pourcent, la pire de l'histoire. Cette chute a été causée en grande partie par la baisse des titres informatiques les plus actifs: Intel a perdu 8,2 pourcent; Microsoft, 9,7 pourcent; Compaq Computer, 10,1 pourcent; Dell Computer, 15,3 pourcent; Amazon.com, près de 20 pourcent.

L'index du Dow Jones a fermé à moins de 8000 points pour la première fois depuis la fin janvier, et se situait bien en-dessous du niveau de 7908,25 qu'il affichait au début de l'année. Les pertes enregistrées depuis la mi-juillet ont éliminé les gains de toute l'année.

Un fait tout aussi important que les pertes réelles, c'est le changement évident de psychologie sur les marchés. Dans les chutes précédentes durant l'année 1998, les petits investisseurs voyaient les baisses subies comme une occasion d'acheter des actions à bon marché et continuaient leurs transactions. Lundi dernier, ils ont vu une remontée (la bourse avait gagné 43 points dans la première demi-heure de transactions) comme l'occasion de prendre la sortie.

La fin d'une époque

La baisse sur les marchés boursiers prépare le terrain pour un changement majeur dans le climat politique aux États-Unis. Elle remet profondément en question la conception que les États-Unis sont à l'abri des secousses économiques internationales, et mine toutes les illusions voulant que le capitalisme américain soit entré dans une nouvelle ère où les marchés sont en hausse constante et les profits quasiment garantis à ceux qui ont l'argent pour investir.

Ce qui a pris fin, par conséquent, ce n'est pas un simple épisode dans l'histoire des transactions boursières, mais une période dans l'histoire de la société américaine en son entier, péirode ayant été dominée, au cours de la dernière décennie, par le soi-disant « bull market » (marché en hausse) et une concentration de plus en plus exclusive et fanatique sur l'accroissement des richesses privées.

Le boum sur le marché boursier a découlé en partie de progrès indéniables au niveau de la technologie et de la productivité, tout particulièrement la révolution en informatique et en télécommunications. Mais, dans une plus large mesure que les périodes précédentes de spéculations boursières effrénées, la hausse des actions à des niveaux non soutenus par les revenus réels dépendait de certains facteurs politiques et subjectifs.

L'un des plus importants de ces facteurs était le sentiment de confiance que ressentait la classe dirigeante au lendemain de l'effondrement de l'union soviétique, parallèlement à la putréfaction et à la désintégration des syndicats et des partis sociaux-démocrates et staliniens.

Alors que les grandes entreprises transnationales organisaient la production à l'échelle de la planète afin de trouver la main-d'oeuvre la moins chère possible et les lois fiscales les plus favorables, elles savaient bien qu'il n'y aurait aucune résistance organisée à leurs efforts pour intensifier l'exploitation de la classe ouvrière à des niveaux de beaucoup supérieurs à ceux qui étaient auparavant considérés comme étant la norme.

La classe dirigeante avait essentiellement le feu vert pour démanteler les avantages sociaux et l'état-providence, tout en pillant le trésor public de tous les pays pour faire baisser les taxes sur les riches. L'inégalité sociale a atteint par conséquent un niveau sans précédent depuis un demi-siècle.

Les hautes sphères de la société américaine (non seulement les chefs d'entreprise, mais aussi une couche substantielle des classes moyennes aisées ainsi que leurs « modeleurs d'opinion ») étaient entièrement fascinées par la bourse, sur laquelle était basé le gros de leurs fortunes personnelles, non pas sur de vrais revenus mais sur de fictives valeurs-papier.

Cette couche est devenue dépendante de la spéculation à un degré jamais vu depuis les années 20; le faux et le surperficiel se sont manifestés à tous les niveaux, qu'il soit économique, politique, culturel ou moral. Une politique réactionnaire, où le marché est présenté comme étant l'alpha et l'omega de l'existence humaine, a été combiné à une vaste campagne visant à désensibiliser l'opinion publique face aux indices croissants de crise sociale: l'augmentation des sans-abris et de la pauvreté, les mauvais traitements infligés aux enfants, la détérioration de l´éducation, le manque d'accès aux soins médicaux.

La société américaine n'est pas du tout préparée pour les chocs qui l'attendent. La chute de la bourse, la colossale liquidation des valeurs-papier, seront suivies de licenciements massifs et d'une plongée de toute l'économie dans la récession, laquelle a d'ailleurs déjà commencé.

Dans ce contexte, où le filet de sécurité sociale a été réduit en lambeaux et rien ne protège plus les masses travailleuses du dénuement total, la stupide idôlatrie des forces aveugles du marché sera discréditée, et il y aura une nouvelle réceptivité à une perspective plus profonde, c'est-à-dire de tendance socialiste, sur l'avenir de la société.

 

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