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Le secret ignoble de Wall Street : Le boom des années 90 est basé sur l'écrasement du mouvement ouvrier dans les années 80

Par Martin McLaughlin
24 août 1999

Thomas Friedman a expliqué dans sa chronique du 20 août dans le New York Times quels étaient les préalables essentiels au long boom financier qui s'est étendu dans les années 90 aux États-Unis : l'assaut contre la classe ouvrière débuté lors de la décennie précédente.

La chronique de Friedman traitait de l'énorme écart entre la capacité militaro-technologique des États-Unis et celle de ses rivaux européens, tel qu'il fut montré tout d'abord lors de la Guerre du Golfe, et ensuite plus dramatiquement lors de la récente guerre en Yougoslavie. Il écrit :

«Les admirateurs de Reagan aiment bien le créditer de l'accroissement militaire qui a permis aux États-Unis de prendre une si grande avance sur ses alliés et ses ennemis. Ils ont raison d'admirer M. Reagan, mais ils ne l'admirent pas pour la bonne raison. La réalisation la plus importante de M. Reagan fut de briser la grève des contrôleurs aériens en 1981, ce qui a aidé à desserrer la poigne qu'avaient les syndicats sur l'économie américaine. »

Friedman explique que le fait d'avoir brisé la résistance de la classe ouvrière a donné beaucoup plus de flexibilité aux compagnies américaines qu'à leurs rivaux étrangers pour introduire aux dépens des travailleurs de nouveaux équipements et de nouvelles méthodes qui permettent d'économiser le travail : «Les firmes américaines absorbent vite les technologies nouvelles et plus productives parce qu'elles peuvent facilement absorber le coût d'un nouvel investissement en congédiant les travailleurs qui effectuaient cette tâche. »

Les compagnies européennes, à cause de structures d'État Providence plus développées qui sont un empêchement aux congédiements massifs et aux diminutions d'effectif, ont pu moins facilement profiter des nouvelles technologies. C'est précisément de telles technologies, par exemple l'informatisation, la miniaturisation des composantes électroniques et les lasers de précision, qui ont aussi équipé les militaires au cours des dernières années.

Que Friedman ait raison lorsqu'il conclut que la supériorité technologique de l'armement américain durera longtemps est sujet à débat. Mais au cours de sa démonstration, il a dévoilé le secret ignoble de l'histoire contemporaine des États-Unis. Le boom de la finance et de la haute technologie qui a permis à la couche privilégiée de la société américaine de s'enrichir fabuleusement est basé sur la défaite de toute une série de luttes ouvrières au cours des années 80, la plus connue étant la grève des contrôleurs aériens de PATCO en 1981.

Au cours de ces luttes (après celle de PATCO, il y a eu celles de la mine de cuivre à Phelps Dodge, de Greyhound, de Continental Airlines, de Hormel, du Chicago Tribune, de l'International Paper, de Pittson Coal, et d'Eastern Airlines pour ne nommer que celles-là), les travailleurs ont eu à subir des congédiements en masse, l'affrontement avec les troupe de la Garde Nationale, des injonctions antiouvrières et l'embauchage de briseurs de grève. Les travailleurs ont été congédiés, mis sur des listes noires, arrêtés, battus, et en plusieurs occasions, assassinés.

La cause la plus importante de ces défaites toutefois n'est pas la violence de l'État ou le caractère impitoyable des employeurs. C'est plutôt le sabotage systématique de chacune des luttes par l'AFL-CIO. La bureaucratie syndicale a délibérément isolé chaque grève, s'assurant qu'elles seraient écrasées, alors qu'elle développait un nouveau type de relation avec les employeurs, relation basée sur l'intégration des syndicats dans la structure de gestion de l'entreprise en tant qu'organe chargé de discipliner les travailleurs et d'imposer les hausses de productivité pour lesquelles Friedman s'enthousiasme tant.

Friedman se réjouit du magot que représente pour les capitalistes américains l'effondrement sans précédent du mouvement ouvrier américain. Il n'y a pas de doute que la répression de toute résistance de la classe ouvrière face à la grande entreprise depuis deux décennies a donné au capitalisme américain un énorme avantage compétitif sur ses rivaux européens. C'est un facteur qui pousse les capitalistes européens eux-mêmes à imiter les méthodes américaines de destruction des avantages sociaux et d'imposition de ce qu'on appelle par euphémisme «la flexibilité du marché du travail. »

Les préoccupations quotidiennes de la classe dirigeante américaine tournent principalement autour de la façon de continuer à éliminer des emplois, détruire le niveau de vie de la classe ouvrière et à augmenter son exploitation. Par ceci s'explique la sensibilité extraordinaire du marché boursier et du Conseil de la Banque Centrale américaine aux statistiques gouvernementales qui indiquent un resserrement du marché du travail ou même la plus petite amélioration des salaires en dollars constants. Ce que les médias appellent «l'inquiétude de l'inflation» serait plus exactement décrit par «la peur de la classe ouvrière. »

Malgré la grande satisfaction de Friedman, ce processus ne pourra continuer indéfiniment. L'effondrement des syndicats n'est pas la même chose que l'abolition de la lutte des classes. La complète émasculation des syndicats aux États-Unis signifie que le prochain soulèvement de la classe ouvrière aux États-Unis devra se forger de nouvelles méthodes de lutte, plus larges et plus avancées politiquement.

 

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