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Le procès en destitution du Sénat

Les Républicains passent à l'offensive contre Clinton, les Démocrates restent paralysés

Par le bureau de rédaction
Le 16 janvier 1999

Dans les deux premiers jours du procès en destitution au Sénat, les Républicains de la Chambre ont établi leur ligne d'attaque : présenter comme un crime contre « la loi » l'infructueuse tentative de Clinton de cacher sa relation avec Monica Lewinsky.

Le but des Républicains est de faire en sorte que le procès se déroule dans le cadre établi par les conspirateurs qui ont piégé Clinton en premier lieu. La question à considérer n'est pas le véritable objectif de la cabale de droite qui a provoqué le procès en destitution, mais si oui ou non Clinton a commis un « parjure » et une « obstruction à la justice ».

Les propos d'ouverture tenus par Henry Hyde, président du comité judiciaire de la Chambre, James Sensenbrenner, Asa Hutchinson et d'autres membres de la bande étaient imprégnés de charlatanerie et de tromperie. Ils ont fait de l'affaire Paula Jones, qui a été orchestrée par l'extrême-droite pour déstabiliser l'administration Clinton, un cas de « droits civiques ». Transformant Paula Jones en champion des droits civiques et de la justice pour les femmes, Sensenbrenner a soutenu que le retrait de Clinton était nécessaire pour défendre l'égalité raciale et l'égalité des genres. Cette position serait risible si son but n'était pas si réactionnaire et dangereux pour la classe ouvrière.

Elle est d'autant plus absurde étant donné -- fait connu par Sensenbrenner et tous les autres réunis au Sénat -- qu'un des accusateurs républicains, le représentant de la Géorgie, Bob Barr, ainsi que le dirigeant de la majorité républicaine au Sénat, Trent Lott, ont été démasqués comme étant des partisans d'une organisation prônant la suprématie de la race blanche, organisation connue sous le nom de Conseil des citoyens conservateurs (Council of Conservative Citizens).

La stratégie républicaine ne peut réussir que dans la mesure où les Démocrates refusent de démasquer la conspiration politique qui se cache derrière la campagne pour la destitution. La Maison blanche et les Démocrates n'ont cependant aucune intention de le faire et restent par conséquent entièrement sur la défensive. Dans la première semaine du procès, ils ont accordé aux Républicains une énorme victoire politique en votant à l'unanimité avec eux une résolution sur les procédures à suivre, donnant ainsi aux délibérations un élément indispensable aux conspirateurs républicains : un semblant de légitimité constitutionnelle.

Les Démocrates ont maintenant accepté le cadre tracé par les Républicains pour le jugement de Clinton. La stratégie de la Maison blanche, en tant que telle, consiste à s'opposer à la comparution de témoins, tout en soutenant que la gravité des offenses dont est accusé Clinton dans les articles de destitution ne justifient pas celle-ci. Cette position fait le jeu des ennemis de Clinton. Elle leur permet de parader en tant que défenseurs de la vérité et de la loi, tout en présentant la Maison blanche comme la partie coupable qui cherche à tout prix à éviter l'entière présentation des faits.

La seule stratégie efficace et conséquente pour la Maison blanche aurait été de démasquer le caractère frauduleux du procès au Sénat et de dénoncer la campagne de destitution pour ce qu'elle est, à savoir : un coup d'état politique. Si les démocrates étaient vraiment prêts à mener une lutte, ils auraient utilisé la comparution de témoins exigée par les Républicains comme une occasion en or pour faire venir à la barre toute une série de gens impliqués dans la conspiration politique: Kenneth Starr, Linda Tripp, Lucianne Goldberg, les avocats de Paula Jones, l'éditeur de droite Richard Mellon Scaife, pour n'en nommer que quelques-uns.

Mais les Démocrates rejettent cette option du revers de la main, malgré une vaste opposition populaire au processus de destitution. Toute l'attitude de Clinton, de la provocation de Whitewater jusqu'à ce jour, a été marquée par une série sans fin de manoeuvres et de concessions. Le seul fil conducteur a été le refus de la Maison blanche et du parti démocrate de démasquer les machinations de la droite et de faire appel au peuple américain pour repousser l'assaut sur les droits démocratiques.

C'est ce qui permet aux Républicains de maintenir et d'intensifier leur offensive. Ceux-ci exigent maintenant la comparution de Clinton devant le Sénat, nouveau piège légal et politique dressé devant la Maison blanche. Ils tiennent au même moment des séances secrètes de planification entre les « jurés » du Sénat et les accusateurs de la Chambre.

Les Républicains cherchent à prolonger le procès aussi longtemps qu'ils le peuvent. Ils se disent que plus il dure sans la moindre résistance des Démocrates, plus l'opposition populaire va s'éroder.

Quelque soit le résultat du procès de destitution, qu'il se termine par l'acquittement, la condamnation ou la démission de Clinton, le fait même que de telles délibérations prennent place est le signe annonciateur d'une crise politique sans précédent et d'une profonde fissure au sein des institutions démocratiques américaines.

Une cabale de politiciens néo-fascistes, de conspirateurs professionnels de droite, et de journalistes à sensations, a été capable de piéger un président élu et de manipuler une affaire sexuelle pour engager un procès en destitution sans aucune opposition de taille au sein de l'establishment politique. Il s'agit là d'un fait politique ayant de très vastes implications.

Toute crise politique sérieuse réflète en dernière analyse de profondes divisions et tensions sociales. La campagne de destitution ne fait pas exception. C'est l'expression de la polarisation sociale de la société américaine, laquelle a produit un système politique complètement coupé des vastes couches de la population.

Dans de telles conditions, les forces les plus réactionnaires sont capables d'exercer un énorme pouvoir politique, sans proportion aucune avec leur véritable base de soutien populaire. Elles exploitent la désorientation et la désorganisation politiques de la masse des travailleurs. Telles sont les conditions qui ont donné naissance au spectacle qui se déroule actuellement au Sénat.

Les Démocrates parlent en privé de la politique néo-fasciste des Républicains qui mènent la campagne pour le retrait de Clinton. Le <I>Irish Times</I> de vendredi dernier rapporte une déclaration extraordinaire du chef de la minorité démocrate en Chambre, Richard Gephardt, lequel s'adressait à un groupe de leaders féministes:

« Il ne s'agit pas de politique », a-t-il déclaré, en parlant de la campagne de destitution. « Il s'agit de Dieu. Le parti républicain est tombé aux mains de fanatiques religieux. Ils se foutent de ce qui arrive au niveau politique. Ils haïssent ce gars. Et ils veulent s'en débarasser même si ça leur fait du tort ».

Quelle est la signification politique d'une telle déclaration? Le chef de la minorité démocrate est conscient du fait que les deux chambres du Congrès sont contrôlées par des réactionnaires extrémistes qui ne se sentent aucunement liés aux normes politiques traditionnelles de la démocratie bourgeoise, et dont l'objectif est l'éclatement du système constitutionnel actuel et l'établissement d'un régime autoritaire de droite.

Mais Gephardt et le parti démocrate en son entier refusent d'alerter le peuple américain quant à la nature de ces forces. Les Démocrates se sont non seulement montrés incapables de repousser l'assaut de la droite, mais ils en sont complices. Tous leurs efforts visent à cacher au peuple américain la menace qui pèse sur leurs droits démocratiques. Les médias collaborent aussi à cette opération-camouflage. Fait significatif, les commentaires de Gephardt n'ont pas été publiés dans la presse américaine.

La question cruciale qui se pose à la classe ouvrière n'est pas la défense de Clinton, mais la défense de ses droits démocratiques contre un assaut mené par la droite sur les institutions traditionnelles de la démocratie bourgeoise. La classe ouvrière doit s'opposer à cet assaut, mais elle pourra le faire seulement si elle comprend clairement que l'offensive contre les droits démocratiques est l'expression de la crise de tout le système social et politique.

Il ne s'agit pas de compter sur le parti démocrate ou de chercher à réanimer les institutions corrompues de l'ordre capitaliste. L'histoire du vingtième siècle abonde en tragiques défaites causées par une telle politique. La conspiration politique qui sous-tend la campagne de destitution soulève la nécessité pour la classe ouvrière de bâtir son propre parti de masse afin de placer la société sur une base véritablement démocratique et égalitaire, c'est-à-dire socialiste.

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