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Les bombardements en Yougoslavie: l'armée canadienne se pète les bretelles

Par Guy Leblanc
28 juin 1999

L'armée canadienne a déclaré qu'elle est très fière de son intervention au Kosovo. Elle qui a entouré de secret ses opérations militaires durant toute la durée du conflit, a changé sa stratégie de propagande, révelant plusieurs détails de l'opération, pour mieux vanter son rôle et tenter de redorer son blason.

Lors de sa conférence de presse du 16 juin, le lieutenant-général et sous-chef de l'état major des Forces armées canadiennes, Ray Henault, a louangé son armée. «... la contribution de nos CF-18 et de leurs pilotes et le personnel de soutien a été absolument remarquable et restera, à notre point de vue, un élément de grande fierté pour le public canadien aussi bien que les Forces canadiennes. »

La flotte aérienne du Canada a fourni 18 CF-18 au contingent de 800 appareils qui ont bombardé la Yougoslavie. Les pilotes canadiens ont effectué 10% de toutes les frappes aériennes de l'OTAN contre la Yougoslavie, effectuant un total de 678 sorties dont 558 pour bombardements. À cause du mauvais temps, et d'attaques de missiles sol-air serbes, des missions ont avorté et 224 sorties ont effectivement résulté en bombardement. Toutes les régions de la Yougoslavie ont été soumis aux bombardements canadiens.

Le Canada aurait largué en tout 361 bombes guidées au laser et 171 bombes ordinaires de 220 kilogrammes. Le travail des pilotes canadiens était tellement apprécié par les dirigeants de l'OTAN qu'ils ont dirigé plus de la moitié des opérations internationales auxquelles ils ont pris part, selon le ministre de la Défense, Art Eggleton.

Henault a admis explicitement que les Canadiens ont été responsables de la destruction de ponts sur le Danube, de raffineries, d'entrepôts de pétrole, d'émetteurs radio, d'aérodromes, d'édifices gouvernementaux, sans oublier des forces serbes au Kosovo. Ailleurs, il a été aussi fait mention de la participation, lors des derniers jours de la guerre, des avions canadiens à l'extermination d'un important bataillon serbe sur le Mont Pastrik, près de lafrontière entre le Kosovo et l'Albanie. Plusieurs experts considèrent cette boucherie comme le point tournant de la guerre.

Puisque l'OTAN évalue à 52 milliards de dollars (35 milliards US) la reconstruction de la Yougoslavie, (une évaluation conservatrice, le 20 mai, le gouvernement yougoslave estimait à 100 milliards de dollars US les dommages causés par les bombardements de l'OTAN), on peut dire sans se tromper que le Canada est responsable d'au moins 5 milliards de dollars de saccages directs en Yougoslavie en 79 jours de frappes aériennes.

Henault a indiqué que les bombes, guidées au laser, ont atteint leurs cibles 3 fois sur 4. Nous en déduisons donc qu'au moins 1 fois sur 4 les militaires canadiens ont imposé des dommages officiellement non-militaires. Le lieutenant-général a nié toute implication dans les bombardements controversés de civils par l'OTAN. Préparé par des faiseurs d'opinion publique professionnels pour son point de presse, le sous-chef de l'état-major a choisi ces mots avec précautions. Il n'a rien nié d'autre qu'une implication dans les bombardements controversés de civils par l'OTAN. Lorsqu'on sait que les cibles « militaires » consistaient en ponts, autoroutes, usines, il serait miraculeux que les cibles « manquées » n'ait pas touché de civils, de quartiers résidentiels ou des écoles.

Le coût total de l'opération militaire pour le gouvernement canadien est estimé à plus de 700 millions par l'armée. Les 79 jours de bombardements auraient coûté environ 80 millions de dollars. Les opérations militaires ont coûté 28 millions de dollars, dont 18 millions en bombes. Il en a coûté 50 millions pour maintenir une troupe au sol de 800 hommes en Macédoine et ses environs, pour les contributions humanitaires du Canada dans la région ainsi que pour l'aide aux réfugiés kosovars au Canada. Les militaires estiment que les dépenses atteindront 500 millions de dollars, auxquels il faut rajouter 200 millions pour maintenir 1300 hommes au Kosovo pour les 18 prochains mois, en plus des 400 en permanence en Allemagne et en Italie.

La participation du Canada ne se limite pas à envoyer ses forces armées au Kosovo. Il y a présentement 800 militaires de 19 pays membres, alliés de l'OTAN ou de l'ex Pacte de Varsovie, en entraînement à Valcartier, 30 km au nord de Québec. Le maréchal de l'air britannique, John Cheshire est cité dans la Presse du 21 juin 1999: « Quand il s'agit de mener des opérations de guerre en milieu urbain, la nécessité de la communication est encore plus importante et chacun doit savoir exactement ce qu'il doit faire » (...) « Ce type d'entraînement et la situation qui est créée pour les soldats ressemblent de façon intentionnelle à ce qu'ils pourraient vivre au Kosovo. »

Paul Martin, le ministre des finances, a déjà indiqué que les 700 millions de dollars ne viendraient pas des budgets de la Défense, mais des excédents réalisés grâce aux coupures sauvages dans les programmes sociaux.

Quelques jours après l'auto-gratification de l'armée, en revenant d'une réunion du G-8 à Cologne, le Premier Ministre Jean Chrétien est allé féliciter en personne les trois cents militaires canadiens basés à Aviano, en Italie. Là-bas, Chrétien a dit: « C'est la première fois que nous entrons dans une guerre pour un principe, pour les valeurs humaines, pour la protection des minorités, pour aider les gens à vivre ensemble. C'est le modèle canadien. » Au même moment au Kosovo, la population serbe fuyait les balles du KLA albanais.

Les militaires et le gouvernement utilisent le conflit au Kosovo pour réhabiliter l'image de l'armée aux yeux de l'opinion publique canadienne et préparer le réarmement, l'état de son équipement étant une source inépuisable de jérémiades de la part de l'état-major.

Depuis 5 ans, l'image de l'armée a été démolie par une série de scandales, incluant la torture et l'assassinat d'un somalien lors d'une soi-disant « mission de paix. » Le même jour où Henault vantait son armée, le ministre de la Défense enlevait tout pouvoir réel à l'ombudsman de la Défense, nouvelle fonction présentée avec fanfares et trompettes il y a un an environ, comme la solution aux « écarts » de l'armée canadienne. En autre, il limitait le travail de l'ombudsman aux actions survenus après le 15 juin 1998, ce qui forcera ce dernier à abandonner immédiatement la moitié des 350 dossiers qui traînent sur son bureau. Aucun n'avait été résolu à ce jour.

Voir ausi:
Les bombes de l'OTAN tombent sur la Serbie : Le « nouvel ordre mondial » prend forme 25 mars 1999
Les États-Unis et l'OTAN préparent l'opinion publique à la guerre terrestre contre la Serbie 30 mars 1999
Les troupes au sol vont-elles suivre ? Les bombes américaines tombent sur la capitale yougoslave 3 avril 1999
Derrière la guerre de Balkans; Réplique à un partisan des bombardements des États-Unis et de l'OTAN contre la Serbie 6 avril 1999
La « thérapie de choc » du FMI et la recolonisation des Balkans 17 avril 1999
Des « casques bleus » aux faucons, le Canada et la guerre menée par l'OTAN en Serbie 30 avril 1999
Comment l'ambassade de Chine a t-elle pu être bombardée par erreur ?
10 mai 1999
Pourquoi l'OTAN est-il en guerre contre la Yougoslavie ? Domination mondiale, pétrole et or Déclaration du comité de rédaction du World Socialist Web Site 24 mai 1999
Déclaration du comité de rédaction du World Socialist Web Site
Après la boucherie : leçons politiques de la guerre des Balkans 14 juin 1999



 

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