wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

Manifestation à Ottawa contre les bombardements de l'OTAN

Par Guy Leblanc
9 juin 1999

Le 29 mai, 5000 personnes se sont réunies en face du parlement à Ottawa pour s'opposer aux bombardements en Yougoslavie par l'OTAN, auxquels participe très activement le Canada. La foule était composée de Serbes, de Grecs, d'étudiants et d'anti-militaristes. Après quelques discours, les manifestants ont marché vers l'ambassade américaine, pour ensuite aller en face de l'édifice du Ministère de la défense nationale. Tout au cours de la manifestation, la présence policière a été importante, atteignant son sommet lorsque les manifestants étaient en face de l'ambassade américaine.

18 avions de combat canadiens bombardent quotidiennement la Yougoslavie. De plus, le Canada a mobilisé 800 soldats en Macédoine, adjacente à la Serbie, qui feront partie de la force d'occupation du Kosovo de l'OTAN. Le gouvernement Chrétien a annoncé qu'il considère accepter la demande de l'OTAN de doubler son contingent de soldats.

La foule était attentive aux discours des orateurs et très impliquée émotivement. Souvent, à leur propre surprise, les orateurs étaient encouragés par la foule qui scandaient « Mensonges », « Honte » ou encore « Arrêtez les bombardements » lorsque ceux-là démasquaient la propagande de l'OTAN ou décrivaient les horreurs de la destruction en Yougoslavie. La minute de silence gardée en mémoire des victimes de la guerre fut un instant poignant de la manifestation.

Près de la moitié de la foule était d'origine serbe, beaucoup de la classe ouvrière, quelques-uns de la classe moyenne, de tous âges. Les plus jeunes dessinaient à la craie des slogans contre une intervention au sol et sur les bâtiments gouvernementaux. Les Serbes étaient comme des écorchés vifs. Tous craignaient pour les leurs, et pour ce que leur réservait l'avenir, là-bas. Comme dans les manifestations contre l'OTAN tenues à Belgrade et dans d'autres villes en Serbie, plusieurs portaient une cible faite de cercles concentriques. Ils en avaient installé une, énorme, sur le sol en face du parlement.

Beaucoup des Serbes présents à la manifestation sont opposés au régime Milosevic, mais tendent néanmoins à considérer la guerre comme le dernier épisode des conflits nationaux-ethniques qui ont empoisonné l'histoire des Balkans. Toutefois, surtout chez les travailleurs plus âgés qui ont vécu sous Tito, il y a aussi un appui à la notion d'une union volontaire des Balkans basée sur l'union des travailleurs.

Considérant combien est désorganisée l'opposition à la guerre, les étudiants formaient une bonne proportion de la foule. Plusieurs sont tout simplement dégoûtés du massacre entrepris en leur nom en Yougoslavie par l'OTAN et considéraient que la guerre était le résultat de la grande rapacité des industries militaires.

La manifestation était organisée par C-SWAY (Coalition to Stop War Against Yugoslavia : Coalition pour arrêter la guerre contre la Yougoslavie), supportée entre autres par COAT, un regroupement opposé à la vente d'armes, et le Conseil du Syndicat canadien des Employés de la Fonction Publique de la région d'Ottawa-Carleton.

Les orateurs ont tous dénoncé l'hypocrisie et la grande brutalité de l'OTAN dans le présent conflit contre la Yougoslavie, un petit pays peu développé. Mais aucun n'a proposé d'autre politique que de faire pression sur le gouvernement canadien pour qu'il renonce à participer aux opérations militaires de l'OTAN, et qu'il reprenne son rôle traditionnel sur l'échiquier international qui est celui de « force de la paix ». Très objectivement, il faudrait dire que le rôle pacifiste du Canada est plutôt le mensonge traditionnel de l'impéralisme canadien, qui tout au long du XXème siècle, ne fut colombe que de nom, participant à tous les conflits aux côtés de la force impérialiste de l'heure: l'Angleterre au début du siècle et les États-Unis plus tard.

David Orchard, un des dirigeants de C-SWAY, a déclaré que le Canada et l'OTAN « avait déclenché une guerre d'agression.(...) Le but est de soumettre à l'OTAN toutes les nations du monde sans armement nucléaire. »

Nationaliste canadien enragé, David Orchard s'est fait connaître dans la seconde moitié des années 1980 avec ses critiques acerbes de l'Accord du libre-échange avec les États-Unis.

L'an dernier, il a joint le Parti Conservateur lorsque ce dernier se cherchait un chef, déclarant, sans qu'on puisse rien trouver pour le contredire, que ce parti, le plus ancien au Canada, était le porte-étendard de l'anti-américanisme. Au grand désarroi de l'establishment conservateur, il est arrivé second dans la course au leadership, en basant essentiellement sa campagne contre le libre-échange.

Le discours de Deborah Bourque, vice-présidente nationale du Syndicat canadien des postiers, a porté sur le fait que c'était principalement les travailleurs qui sont les cibles des bombes de l'OTAN. « Aux États-Unis, il y un mur dédié aux Américains morts au Viet-Nam. C'est un très grand mur. Mais s'il avait fallu ériger un mur semblable pour les Vietniamiens morts dans cette guerre, il aurait été gravé de plus d'un million de noms. Ce seraient pour la plupart des travailleurs comme vous et moi qui y auraient leurs noms. C'est la même chose en Yougoslavie. Demander ce lundi à votre facteur s'il se considère comme une cible militaire. Il vous répondra probablement que non. Mais en Yougoslavie, la même question à un postier ou un travailleur d'une centrale électrique, ou un journaliste aurait une réponse affirmative. »

À part Bourque, il n'y a pas eu un seul autre représentant, ni de délégation, des syndicats. Le mois dernier, à l'assemblée du Congrès du Travail du Canada, l'exécutif syndical a présenté une résolution demandant d'arrêter immédiatement les bombardements par l'OTAN et que les avions de combat canadiens soient retirés de l'arsenal de guerre de l'OTAN. La résolution a été sabordée devant l'opposition généralisée de la bureaucratie syndicale. Depuis, le CTC s'est bien gardé d'aborder le sujet de la guerre.

N'oublions pas de noter que le parti social-démocrate canadien, le Nouveau Parti Démocratique, était complètement absent de la manifestation. Lorsque les hostilités ont été enclenchées, le NPD a complètement appuyé la cause des bombardements de l'OTAN. Mais au début du mois de mai, le NPD demandait une « pause » à la campagne de bombardement. Peu après, Svend Robinson, responsable au NPD des Affaires Extérieures, visitait le Kosovo et le reste de la Yougoslavie. Robinson, qui à un moment donné a proné une invasion terrestre du Kosovo par les forces de l'OTAN, disait que la compagne de bombardement par l'OTAN était un « désastre sur toute la ligne. » Ce qui n'a pas eu pour effet, pour Robinson lui-même, ou le NPD, de retirer l'appui qu'ils ont donné à l'OTAN pour mener une guerre contre un pays souverain qui n'a pas menacé, encore moins attaqué, un membre de l'OTAN.

Sur un autre front, le ministre canadien de la Défense, Art Eggleton et le sénateur libéral, Al Graham, se fâchaient parce que le Canada était exclu d'une réunion secrète tenue la fin de semaine passée. Les ministres de la Défense des États-Unis, de la France, de l'Allemagne, de l'Italie et de la Grande-Bretagne se sont réunis, selon certaines sources, pour discuter de la possibilité d'envahir la Yougoslavie par voie terrestre. Ces protestations à elles seules démolissent toutes les prétentions de présenter les bombardements en Yougoslavie comme une réponse à une « crise humanitaire », et démontre bien plutôt qu'aux yeux des élites politiques et économiques du Canada, cette guerre n'a été déclenchée pour d'autres raisons que d'accroître leurs profits et leur influence.


Voir ausi:
Les bombes de l'OTAN tombent sur la Serbie : Le « nouvel ordre mondial » prend forme 25 mars 1999
Les États-Unis et l'OTAN préparent l'opinion publique à la guerre terrestre contre la Serbie 30 mars 1999
Les troupes au sol vont-elles suivre ? Les bombes américaines tombent sur la capitale yougoslave 3 avril 1999
Derrière la guerre de Balkans; Réplique à un partisan des bombardements des États-Unis et de l'OTAN contre la Serbie 6 avril 1999
La « thérapie de choc » du FMI et la recolonisation des Balkans 17 avril 1999
Des « casques bleus » aux faucons, le Canada et la guerre menée par l'OTAN en Serbie 30 avril 1999
Comment l'ambassade de Chine a t-elle pu être bombardée par erreur ?
10 mai 1999
Pourquoi l'OTAN est-il en guerre contre la Yougoslavie ? Domination mondiale, pétrole et or Déclaration du comité de rédaction du World Socialist Web Site 24 mai 1999



 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés