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Malgré l'opposition du gouvernement et du FMI

La Banque du Japon augmente les taux d'intérêt

Par Joe Lopez
22 août 2000

Malgré l'opposition du gouvernement japonais et les inquiétudes du Fonds Monétaire International concernant la stabilité de l'économie japonaise, la Banque du Japon (BdJ) a annoncé au début du mois la première augmentation des taux d'intérêt depuis une décennie, mettant fin au régime de « taux d'intérêt zéro » des 18 derniers mois.

Le régime « à taux zéro » a commencé en février 1999, suite à la crise économique asiatique, lorsqu'on craignait une récession généralisée et une spirale déflationnaire.

Parlant à une conférence de presse après l'annonce de l'augmentation du taux d'escompte de la BdJ à 0,25%, le gouverneur de la banque centrale Masuar Hayami, qui prônait une augmentation depuis plusieurs mois, a dit que la politique du « taux zéro » était un arrangement extraordinaire visant à empêcher une crise financière, et qu'une pareille mesure devait prendre fin à un moment ou à un autre.

« Nous ne resserrons pas l'accès à l'argent », a-t-il dit, « nous faisons de petits ajustements à ce qui a été une politique inhabituelle ».

Le jugement de Hayami que l'heure des politiques d'urgence est révolue est partagée par des analystes économiques, qui voient cette décision comme un signal que les compagnies et les banques surendettées seront finalement «restructurées » et que la politique consistant à renflouer les soi-disant « morts-vivants économiques » tirait vraisemblablement à sa fin.

Faisant écho à ces sentiments, Jeremy Markwick Smith, analyste à la Banque Nationale de Paris à Tokyo, a expliqué : « M. Hayami veut rendre les emprunteurs et les prêteurs un peu plus conscients du prix de l'argent et ainsi un peu moins blasés lorsqu'ils demandent ou offrent d'annuler des créances douteuses, ce qu'ils ont fait jusqu'ici constamment et sans encourir aucune douleur. L'augmentation des taux pourrait être considérée comme réformatrice, mais elle causera un resserrement temporaire des marges de prêt des banques et fera sentir de plus près la réalité économique à la catégorie sans espoir des compagnies endettées qui devraient faire faillite selon les lois de l'économie.»

Cependant, le gouvernement Mori insiste qu'il est trop tôt pour commencer ces augmentations, un avis secondé par le FMI dans un communiqué de la veille de la décision de la BdJ.

Selon le communiqué : « Les directeurs ont déconseillé l'abandon de la politique du 'taux zéro' à ce moment. Ils ont fait remarquer que, malgré la difficulté inhérente à une appréciation précise de l'excès de production dans les circonstances actuelles, plusieurs indicatifs suggèrent qu'une importante quantité de capacité excessive existe toujours au Japon, avec la possibilité que des tendances déflationnaires persistent assez longtemps. Bien que certains directeurs comprenaient le désir des autorités de revenir à un environnement monétaire plus normal, les directeurs considéraient que dans les circonstances actuelles, les risques d'un resserrement prématuré ­ qui pourrait remettre l'économie en récession ­ l'emportent sur les risques inhérents d'une situation monétaire trop tolérante. Les directeurs ont suggéré que des mesures opportunes de stimulation monétaire seraient peut-être toujours nécessaires pour faire face à des évènements qui menaceraient la reprise au Japon, comme une montée injustifiée du yen par rapport à la force de l'économie japonaise, ou un ralentissement économique aux États-Unis ».

Cette position quelque peu inhabituelle du FMI ­ normalement on s'attendrait à ce qu'elle soutienne la BdJ ­ provient du fait que, malgré les prédiction optimistes récentes, les inquiétudes persistent sur la profondeur de la crise économique japonaise et ses implications pour l'économie mondiale.

Le FMI craint qu'une hausse des taux d'intérêt ne provoque davantage de faillites, une montée du chômage, un plus grand recul de la demande des consommateurs, et un resserrement des investissements et des prêts chez les entreprises, ce qui ne ferait que prolonger la stagnation économique qui sévit dans la deuxième économie mondiale depuis dix ans.

Certaines statistiques ne font qu'augmenter ces inquiétudes. Le nombre de faillites d'entreprises au Japon a augmenté au mois de juillet pour le neuvième mois de suite, une augmentation de 21,4% depuis l'année dernière. La firme de recherches sur le crédit, Teikoku Databank, a annoncé la semaine dernière que les dettes totales du nombre croissant d'entreprises ruinées était à un niveau record depuis la Deuxième Guerre Mondiale, avec davantage de faillites à venir après l'augmentation des taux d'intérêt.

Un article du New York Times par Calvin Sims citait des analystes qui maintiennent que l'impact immédiat de l'augmentation serait « un resserrement du crédit aux petites et moyennes entreprises, ce qui augmenterait les nombres des faillites et le chômage. Les secteurs les plus endettés de l'immobilier, de la construction, et de la vente en détails sont les plus vulnérables. De plus hauts taux d'intérêt rendront encore plus coûteuse la politique du gouvernement, basée sur la réalisation d'énormes projets dans le but d'empêcher une débâcle totale dans l'économie japonaise ».

En tentant de parer le coup que portera l'augmentation des taux d'intérêt à l'économie japonaise, le gouvernement Mori a annoncé un budget d'automne supplémentaire qui contiendrait un projet de dépenses visant à empêcher une retombée de l'économie en récession.

Ce nouveau projet de dépenses, dont l'importance reste à voir, ajoutera à la dette publique au Japon, qui est déjà à 130 % du PNB et la plus importante de tous les grands pays capitalistes. Les gouvernements japonais de la décennie précedente ont dépensé plus de 100.000 milliards de yens (presque 6.000 milliards de francs français) en essayant de stimuler une reprise, mais sans succès.

Il y a à présent un débat majeur à l'intérieur du Parti Démocratique Libéral dirigeant sur combien de temps on devrait poursuivre cette politique.

Yasushisa Shiozaki, décrit comme un « Jeune Turc » du PDL, est parmi ceux qui condamnent publiquement le soutien du gouvernement aux banques, vendeurs en détails, et sociétés de construction menacés par la faillite. « A ce moment, notre économie a désespérément besoin d'une réforme structurelle des industries. On ne peut la mener simplement en jetant des bouées de sauvetages aux compagnies en difficulté », a-t-il dit.

Un article récent dans la Revue Financière Australienne intitulé « Les combats du Japon pour le changement » détaillait l'émergence d'une nouvelle faction au sein du PDL prônant la réforme du parti et de sa politique : « Un nouveau groupe d'hommes politiques, le Groupe pour construire du nouveau PDL, est dégoûté par les mesures du parti et, malgré les dangers posés à leurs carrières, prône une réforme radicale. Mais les leaders du groupe disent que la vieille garde refuse d'accepter la nécessité des réformes et s'accroche au pouvoir par la politique de 'l'indulgence' ­ un euphémisme du PDL pour désigner la soumission du gouvernement aux intérêts spéciaux, particulièrement aux régions rurales, à l'industrie de la construction, et aux sociétés de 'l'ancien Japon' ».

La position indépendante de la BdJ, face à l'opposition gouvernementale, indique que de grands changements économiques se préparent. D'importantes sections du capital japonais et international mettent en question la politique habituelle de soutien des banques et des sociétés au bord de la faillite, et celle des grands projets de dépense gouvernementale, insistant sur la « restructuration » de l'économie japonaise entière.


 

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