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Le gouvernement conservateur ontarien et la crise de perspective de la classe ouvrière au Canada

Première partie : Les conservateurs intensifient la guerre de classe

par Lee Parsons et Keith Jones
22 mai 2000

Ce texte est le premier volet d'un article qui en comporte deux.

Depuis qu'ils ont été réélus le 3 juin passé, les conservateurs ontariens ont continué à imposer leur « révolution du bon sens ». Au nom du démantèlement du « lourd gouvernement » et du retour à la « responsabilité individuelle », les conservateurs ont introduit de nouvelles mesures contre les démunis, éliminé des ressources manquant déjà cruellement aux services sociaux et publics, et réduit les impôts des compagnies et des biens-nantis.

Toutefois, contrairement à ce qui c'était passé lors de leur premier mandat où l'Ontario avait été ébranlée par des grèves et des manifestations, les conservateurs ont rencontré une bien faible opposition. Les adversaires des conservateurs au Parlement, les libéraux et les néo-démocrates, ont indiqué qu'ils acceptaient les postulats fondamentaux de la « révolution du bon sens » lorsqu'ils ont promis lors de la campagne électorale du printemps 1999 qu'ils équilibreraient le budget de la province sans toucher aux diminutions d'impôts des conservateurs. Les syndicats, quant à eux, ont plaidé maintes fois devant Mike Harris, le premier ministre ontarien, pour qu'il accepte de bien vouloir travailler de concert avec eux. Le président de la Fédération du travail de l'Ontario, Wayne Samuelson, a promis que les syndicats n'organiseraient plus de « Jour d'action » contre les conservateurs. Par conséquent, toute opposition des syndicats ne portera que sur une question unique c'est-à-dire que les syndicats ne pourront seulement critiquer que des mesures particulières sans pouvoir remettre en question les politiques dont elles sont l'expression.

Un examen des développements en Ontario est rendu nécessaire non seulement parce qu'elle est la province la plus populeuse et la plus industrialisée. Avec toujours plus d'insistance, la grande entreprise exige que le prochain gouvernement fédéral prenne le gouvernement Harris comme modèle. À cette fin, une grande partie de l'élite entrepreneuriale du Canada soutient financièrement la campagne de Tom Long, un conseiller important de Harris, dans la course à la direction de l'Alliance canadienne, le parti qui forme l'opposition officielle au Canada.

L'agitation anticonservateurs en Ontario fut le mouvement d'opposition de la classe ouvrière le plus important et qui a duré le plus longtemps en Amérique du Nord au cours des années 1990. Ce n'est qu'en tirant les leçons de l'échec de ce mouvement qu'il sera possible de préparer politiquement la classe ouvrière pour une contre-offensive.

Au cours des semaines qui viennent, le World Socialist Web Site, publiera plusieurs articles sur les changements effectués par le gouvernement Harris au cours des années où il fut au pouvoir. On accordera une attention particulière non seulement aux buts réactionnaires et aux coûts humains des changements de politiques et des lois par le gouvernement Harris, mais aussi à l'idéologie qu`il a développée pour les vendre. L'assaut des conservateurs contre la position sociale et les droits démocratiques de la classe ouvrière a été accompagné d'une offensive idéologique destinée à mobiliser, au moyen des frustrations et les anxiétés qu'elles vivent à cause de l'insécurité économique grandissante, de vastes couches de la population contre les couches sociales les plus vulnérables.

Notre examen commencera par un article en deux volets : le premier reverra les gestes les plus importants qu'ont entrepris les conservateurs depuis leur réélection en juin dernier ; le deuxième analysera l'effondrement du mouvement d'opposition à Harris.

Les réductions d'impôts des conservateurs : redistribution de la richesse au profit des privilégiés

Au cours des années 1990, les gouvernements à travers le Canada, toutes tendances confondues, ont imposé d'importantes réductions des dépenses dans le domaine social au nom de l'élimination des déficits budgétaires. Ce qui distingue le gouvernement Harris des autres gouvernements, est son empressement à réduire les impôts (au cours de son premier mandat, les conservateurs ont réduit les impôts personnels de 30 %) ce qui a exacerbé le manque à gagner budgétaire et accru les pressions des prêteurs pour diminuer les services publics. (Au cours des quatre premières années des conservateurs au pouvoir, le déficit avait crû de 22 milliards).

Alors que les autres gouvernements ont déclaré que la « crise budgétaire » ne leur laissait d'autres choix que de réduire les dépenses, les conservateurs ont déclaré sans gêne aucune que leur but était de « réduire le gouvernement », qu'ils avaient l'intention de rediriger les sommes consacrés aux services publics et aux transferts aux démunis vers les contribuables « assiégés », ce par quoi il faut entendre les sections les plus privilégiées de la classe moyenne et les riches.

Les réductions d'impôts des conservateurs avaient trois buts : se gagner des votes en appelant au mécontentement au sein de la population laborieuse, les revenus de sa très grande majorité ayant diminué ou stagné depuis plus d'une décennie ; gonfler les revenus des biens-nantis en leur retournant une part croissante des revenus gouvernementaux qui étaient auparavant destinés aux services sociaux et publics ; et finalement, mais non le moindre, s'assurer que les futurs gouvernements n'auront pas les moyens financiers suffisants pour réinvestir dans les programmes sociaux et les services publics.

Des années de sous-financement, calculaient les conservateurs, rongeraient tellement la qualité du système de santé, de l'éducation et des autres services publics que l'appui populaire à la privatisation ne pourrait que grandir de lui-même. Comme le premier des ministres de l'Éducation sous Harris l'a lui-même admis, le but des conservateurs était de provoquer une crise pour qu'il leur soit possible d'imposer leur « réforme ».

Cette dernière année, depuis qu'ils ont gagné les élections, les conservateurs ont entrepris d'accroître encore plus la part de la richesse sociale que s'approprient les privilégiés et de garantir qu'aucun gouvernement ne pourra à l'avenir corriger la crise des services sociaux et publics.

Premièrement, avec l'appui des libéraux, les conservateurs ont adopté la loi pour la protection du payeur de taxe et pour un budget équilibré. En vertu de cette loi, il est illégal pour un gouvernement ontarien de faire un déficit, sauf dans le cas d'une guerre ou d'une urgence, et toute augmentation d'impôts, qu'elle soit décrétée par l'actuel ou les prochains gouvernements, est hors-la-loi, à moins qu'elle soit appuyée par une majorité lors d'un référendum provincial portant sur cette question précise.

Ensuite, dans le budget provincial présenté plus tôt ce mois, les conservateurs ont introduit tout un éventail de réductions d'impôts sur le revenu, sur les profits et sur les gains en capital. Les impôts corporatifs ont été réduits de 1,3 milliard de dollars cette année, et seront graduellement réduits de moitié au cours des cinq prochaines années. En 2004, les compagnies paieront quatre milliards de dollars de moins par année en impôts chaque année. Au cours de la même période, la partie imposable des gains en capitaux passera de 75 % qu'elle est aujourd'hui à 50 %. Les cadres supérieurs des compagnies bénéficieront aussi chaque année d'une nouvelle exemption d'impôts sur les premiers 100.000 $ en options d'achats d'actions.

Pour tenter de cacher le caractère de classe de leurs réductions d'impôts, les conservateurs n'ont réduit les impôts sur le revenu que pour les premiers 60.000 $. Néanmoins, près de 27 % des réductions d'impôts sur le revenu, soit 733 millions de dollars, iront aux 5 % des contribuables ayant le revenu le plus élevé.

Lorsqu'il a déposé son budget, le Trésorier Ernie Eves s'est vanté d'avoir pu amasser un « incroyable 5,3 milliards » en sus de ce qu'il avait prévu à cause de la rapide expansion économique qu'a connue l'Ontario. Et il a déjà consacré l'ensemble de cette somme, sauf 100 millions de dollars, à diverses réductions d'impôts, y compris un milliard à un retour d'impôts dont la valeur est comprise entre 25 et 200 dollars pour chacun des contribuables ayant payé des impôts en 1999.

Dans des conditions où le gouvernement, selon ses propres dires, nage littéralement dans l'argent, les conservateurs continuent à sabrer dans les services à la population et l'ensemble des programmes à l'exception de quelques-uns. Une décennie de compressions a laissé le système de santé public en piètre état et pourtant les conservateurs ont augmenté l'ensemble des dépenses consacrées à la santé pour l'année qui vient de seulement 49 millions de dollars.

Alors qu'en termes absolus, le ministère de l'Éducation a vu son budget augmenté de 0.8 %, les réductions d'impôts fonciers et une augmentation du nombre des inscriptions ont eu pour conséquence que les commissions scolaires recevront de toute évidence cette année moins pour chacun des élèves que l'an dernier. Le maire de Toronto et allié des conservateurs, Mel Lastman a admis l'an dernier que l'itinérance atteignait l'ampleur « d'une urgence nationale », ce qui n'a pas empêché les conservateurs de diminuer de 90 millions de dollars le budget du ministère des Affaires municipales et du logement. Pour contrebalancer en partie l'augmentation des dépenses pour les autoroutes et les infrastructures, les conservateurs ont aussi comprimé les dépenses de 110 millions de dollars pour les services sociaux, de 143 millions de dollars pour l'environnement et de 57 millions pour la culture et les loisirs.

Les pauvres : victimes et calomniés

Le premier ministre Harris a dit que la « réforme » de l'aide sociale, une diminution de 21,5 % des sommes accordées et l'introduction de « l'aide au travail », est la réalisation la plus importante des conservateurs. En preuve, il cite la diminution de près d'un demi-million du nombre des personnes vivant de l'aide sociale depuis que les conservateurs ont pris le pouvoir en juin 1995.

Le gouvernement, toutefois, n'a fait aucun effort, quel qu'il soit, pour trouver ce qu'il était advenu de ceux qui ont quitté le rang des bénéficiaires de l'aide sociale, peu importe qu'ils l'aient quitté volontairement ou non. Les communiqués de presse du ministère des Services sociaux indiquent souvent que plus de 60 % d'entre eux ont trouvé un travail, mais sans jamais rien mentionner sur les conditions de ce travail, et bien évidemment rien sur le sort des 40 % laissés pour compte.

Sans doute, plusieurs parmi ceux qui avaient perdu leur travail durant la récession de 1991-3 ont pu s'en trouver un autre lors de l'expansion rapide de l'économie de la deuxième moitié de la décennie, avec toutefois une diminution importante de salaire. Et leur succès à trouver du travail n'avait rien à voir avec l'introduction de « l'aide au travail ». Les faits parlent d'eux-mêmes. Au cours de la période d'expansion économique et de diminution du rang des bénéficiaires de l'aide sociale, l'itinérance a beaucoup augmenté, et les soupes populaires se sont multipliées.

Les calomnies sur les bénéficiaires de l'aide sociale, qu'on cherche à décrire comme des paresseux, des drogués, des fraudeurs et des criminels, ont été au coeur de la campagne qu'ont menée les conservateurs pour harnacher la colère et l'anxiété de la population à sa campagne pour abolir ce qui restait du filet de sécurité sociale. Selon une étude réalisée à la demande du gouvernement et menée par la prestigieuse firme comptable KPMG, les conservateurs sont loin d'avoir fourni les ressources suffisantes pour atteindre les objectifs qu'ils s'étaient fixés en terme d'aide à l'emploi. Mais le gouvernement a tout simplement mis le rapport sur les tablettes, et il y a quelques mois a annoncé qu'il avait l'intention d'étendre le programme. Au cours des deux prochaines années, les conservateurs ont l'intention de l'accroître de plus du double pour qu'elle atteigne 30 % des bénéficiaires de l'aide sociale forcés à travailler en échange de prestations.

Le mois dernier, les municipalités qui ont refusé de participer au programme « d'aide au travail » ou seulement failli à rencontrer les objectifs d'effectifs se sont vus imposer des amendes. Le ministre aux Services sociaux et communautaires, John Baird, a promis que « le service public ontarien fera preuve de leadership » dans la création d'emplois pour les bénéficiaires de l'aide sociale, évoquant la possibilité que ceux-ci soient utilisés comme une source de travail forcé et économique pour des travaux qui étaient faits par des employés de l'État syndiqués.

Baird a aussi annoncé qu'il entrevoyait imposer un bannissement à vie pour toute personne condamnée de fraude envers l'aide sociale, et engager cent nouveaux agents à l'admissibilité, qui auront pour tâche de surveiller les fraudes et de trouver les erreurs administratives entraînant un trop -payé. Le manifeste électoral des conservateurs de 1999 appelait pour des tests antidopage obligatoires pour les bénéficiaires de l'aide sociale et la participation obligatoire à des cures de désintoxication pour les utilisateurs qui seraient ainsi débusqués.

Croissance des pouvoirs répressifs de l'État

Bien que les conservateurs aiment à se présenter comme les opposants d'un « gouvernement lourd », ils ont souvent voté des lois qui donnent des pouvoirs sans précédent au gouvernement provincial pour pouvoir imposer unilatéralement leurs réformes régressives. Selon la loi 160, par exemple, les conservateurs ont décentralisé les négociations dans le secteur de l'éducation dans le but d'atomiser l'opposition à leur assaut contre les conditions de travail des enseignants et des employés de soutien. En même temps, ils concentraient le contrôle des programmes et du financement entre les mains du ministère.

Ce n'est qu'après un tollé de la population que les conservateurs ont amendé dans la « Loi pour moins de politiciens municipaux » l'article qui leur aurait donné le pouvoir de « passer des règlements... permettant d'amender de façon importante toute loi [provinciale] qui, de l'avis du [cabinet ministériel], seraient nécessaires pour l'implémentation dans les faits de la loi en question ». En d'autres mots, les conservateurs voulaient donner au Cabinet le pouvoir de réécrire les lois existantes sans consulter, encore moins obtenir le consentement de la Chambre.

Dans le but de réduire la main d'oeuvre des municipalités, les conservateurs ont ordonné la fusion d'Ottawa avec ses banlieues. Et les conservateurs, ne voulant pas froissé le chauvinisme de leurs souscripteurs anglophones, ont refusé au nom de la démocratie locale de faire du nouveau mega Ottawa une ville bilingue, peu lui importe que la région ait une grande minorité de francophones et que la ville d'Ottawa était déjà officiellement bilingue.

La criminalité a diminué en Ontario comme ailleurs en Amérique du Nord, ce qui n'a pas empêché le gouvernement conservateur de se mobiliser sur la question de la Loi et de l'Ordre. Au cours de la dernière année, il y a eu un flot constant d'annonces que le gouvernement augmentait le nombre des agents de police et des procureurs de la Couronne, créait de nouveaux fichiers policiers et changeait le système carcéral pour le rendre plus coercitif. David Tsubouchi, le Procureur général a déclaré : « Non seulement les gens ont le droit à la sécurité, mais encore le droit de se sentir en sécurité »

Une grande partie de la rhétorique de la Loi et l'Ordre des conservateurs a été dirigée contre les jeunes. Les conservateurs ont annoncé qu'ils planifiaient établir trois nouveaux camps de réforme pour les jeunes et les jeunes adultes, passer une loi qui tiendrait les parents responsables légalement des dommages à la propriété de leurs enfants, et voter pour une résolution en Chambre qui condamnerait les amendements de droite par le gouvernement fédéral de la loi sur les jeunes contrevenants parce que, selon eux, avec la loi telle qu'amendée « les jeunes ne sont pas redevables de leurs gestes ».

Les conservateurs utilisent leur campagne pour la Loi et l'Ordre, question sur laquelle ils reviennent sans cesse, avec l'intention de distraire l'attention du public des questions sociales qui semblent plus complexes, de présenter le crime comme un problème de l'individu plutôt que comme un problème social, et de démontrer combien volontaire est le gouvernement. À un niveau plus fondamental, c'est une réponse à l'augmentation de la polarisation sociale.

Ne pouvant et ne voulant pas s'attaquer aux problèmes sociaux générés par la croissance de la pauvreté et le démantèlement des services sociaux et publics, les conservateurs et la classe dirigeante sont poussés à augmenter constamment la répression de l'État. Ce phénomène a trouvé son expression la plus claire à ce jour avec l'adoption de la loi pour des rues sûres, qui interdit de laver un pare-brise sur la voie publique et la « quête agressive» (ce qui inclut demander de l'argent près d'un guichet bancaire ou d'un arrêt d'autobus). Les contrevenants à la nouvelle loi en vigueur depuis février dernier sont sujets à des amendes de 500 $ pour la première infraction et de 1000 $ ainsi que six mois de prison pour les infractions subséquentes. Armée de la nouvelle loi, la police de Toronto a en fait éliminé les « squeegees », ces jeunes qui lavaient au coin des rues le pare-brise des autos en échange de menue monnaie. À l'avenir, il n'y a aucun doute qu'elle sera utilisée pour harceler les sans-abri, dont on dit que le nombre dépasse les 25.000 à Toronto seulement.

Privatiser l'éducation

Les conservateurs ont annoncé des plans ambitieux de privatisation. La Corporation foncière de l'Ontario, une agence provinciale, a maintenant une liste de 168 propriétés gouvernementales, dont la valeur totale est estimée à 200 millions de dollars, pour lesquelles elle devra déterminer si elles ne peuvent pas être déclarées comme superflues et vendues. Le ministère des Services correctionnels a aussi fait savoir qu'il entrevoyait développer des partenariats avec l'entreprise privée pour gérer cinq établissements, y compris un camp de réforme pour jeunes adultes avec une « stricte discipline » et la « super prison » de Penetanguishene.

Mais ce sont les plans des conservateurs pour que l'éducation soit plus en ligne avec le marché qui auront le plus de conséquences à long terme pour l'Ontarien moyen. Le mois dernier, Dianne Cunningham, la ministre des collèges et universités a annoncé que l'Ontario deviendrait la première province au Canada à permettre que s'établissent des universités privées à but lucratif. Déjà, Cunningham avait annoncé que les universités et les collèges en Ontario devaient se concurrencer pour une partie plus importante de leurs subventions gouvernementales. Plus de la moitié du nouveau financement sera distribué en fonction de la facilité qu'auront les étudiants d'une institution à se trouver et à garder un travail.

Au cours des dernières semaines, les conservateurs ont annoncé des changements importants du système de l'éducation. Bien qu'à court terme ils n'ouvrent pas la porte à la privatisation (il y a déjà des écoles privées en Ontario), c'est un secret de polichinelle qu'une faction au gouvernement veut adopter le modèle des écoles nolisées, selon lequel les parents se verraient octroyer une enveloppe budgétaire pour l'éducation de leurs enfants et les écoles, publiques ou privées, seraient en concurrence pour se gagner les élèves. Déjà, le gouvernement a imposé des examens standardisés à l'échelle de la province, ce qui est généralement perçu comme une façon de classer les écoles selon leur « performance ».

Avec leur loi sur la responsabilité en éducation, les conservateurs ont dans les faits privé les enseignants de leurs droits à négocier collectivement et arbitrairement redéfini leurs conditions de travail. Les enseignants n'ont plus le droit de négocier leur charge de travail ou leurs conditions de travail, ils peuvent être forcés à participer aux activités parascolaires par le directeur de leur établissement, et les enseignants du secondaire ont vu leur charge d'enseignement augmenter de trente-sept minutes de plus pour une pleine classe chaque jour. Les conservateurs ont aussi imposé que chaque enseignant suive à ses propres frais des cours de perfectionnement professionnel dans le cadre d'un processus de certification à reprendre à tous les cinq années. Finalement, mais non le moindre, la loi octroie au ministre des pouvoirs étendus qui lui permettront de sévir contre les employés des commissions scolaires ou même les membres élus de conseil scolaire qui critiqueraient les politiques de l'éducation du gouvernement.

Les conservateurs ont aussi introduit une loi pour imposer un nouveau régime de conformisme et de discipline dans les écoles de la province. Ayant considérablement réduit les budgets pour de l'éducation spécialisée et des conseillers dans le cadre de son assaut général contre le système public de l'éducation et les autres programmes sociaux, les conservateurs proposent maintenant de régler la supposée crise de la discipline dans les écoles en donnant à ces dernières plus de pouvoirs de suspendre et d'expulser les élèves.

L'ampleur de l'assaut des conservateurs ainsi que la capitulation abjecte et la complicité ouverte des syndicats et des sociaux-démocrates du NPD ont sans aucun doute pu décontenancer plus d'un travailleur. Mais une immense colère latente s'est développée par rapport au gouvernement Harris et son programme en faveur de la grande entreprise. La préparation de la contre-offensive de la classe ouvrière passe nécessairement par l'évaluation politique de la montée et de la chute du mouvement anticonservateur, au cours duquel on a vu un million de travailleurs et de jeunes se joindre aux grèves et aux manifestations antigouvernementales entre décembre 1995 et novembre 1997. C'est à cette tâche que nous nous attellerons dans le deuxième volet de cet article.

Voir aussi:

Le gouvernement conservateur ontarien et la crise de perspective de la classe ouvrière au Canada.
Deuxième partie : les leçons politiques du mouvement anti-conservateur de 1995-1997


 

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