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Les élections américaines : le voile de la conspiration commence à être levé

Par Barry Grey
Le 14 novembre 2000

De nouvelles informations publiées dans la presse éclaircissent davantage les événements extraordinaires de la nuit de l'élection présidentielle des 7 et 8 novembre derniers aux États-Unis. Ces informations laissent entrevoir une tentative éhontée de l'organisation de la campagne républicaine de George W. Bush de tromper les chaînes de télévision et de s'emparer de la présidence par la ruse.

Tant le Washington Post que le New York Times ont rapporté succinctement que l'employé de la chaîne Fox qui avait annoncé tard dans la nuit de mercredi que Bush l'avait emporté en Floride et par conséquent la présidence n'est nul autre que le cousin germain de George W. Bush et de son frère Jeb qui est quant à lui gouverneur de la Floride.

L'homme en question, John Ellis, dirigeait le centre de reportage des décisions électorales de la chaîne Fox. Selon l'article « Bad Call in Florida » (Mauvaise prédiction en Floride) rédigé par Richard Morin, directeur des sondages au Washington Post, c'est de son propre chef qu'Ellis a déclaré son cousin vainqueur sans que la moindre nouvelle en ce sens ne lui ait été communiquée par le Voter News Service (VNS), le consortium organisé par les chaînes télévisées qui fait des projections pour tous les États à partir de sondages des votants à la sortie des bureaux de scrutin.

Suite à cette déclaration sur Fox, les chaînes CNN, ABC, NBC, et CBS ont emboîté le pas en publiant des résultats semblables, ce qui a emmené le candidat démocrate Al Gore a annoncé peu après par téléphone à George W. Bush qu'il lui concédait la victoire. Ce qui paraît être un complot entre Bush et son cousin à Fox a presque réussi. Gore était sur le point de concéder publiquement sa défaite lorsqu'il a reçu un coup de téléphone d'officiels démocrates en Floride l'informant que l'avantage de Bush en Floride était beaucoup moins important que ce que les médias avaient annoncé et qu'il diminuait rapidement. Gore a donc retéléphoné à Bush pour lui annoncer qu'il avait changé d'avis.

Morin écrit : « VNS n'a jamais annoncé que Bush l'emportait en Floride. Fox News fut la première chaîne à annoncer une victoire des républicains dans cet État alors qu'ils parti ne détenaient qu'un avantage seulement dans les votes comptés. Fox a annoncé la victoire de Bush à 2 h 16. Ironiquement, la décision d'annoncer la victoire de Bush est de John Ellis, chef du bureau de couverture des élections à Fox et également cousin de Bush ».

À 3 h dans la nuit de mercredi, toutes les chaînes avaient retiré leurs prédictions d'une victoire de Bush en Floride et déclaré que l'on ne pouvait prédire les résultats de l'élection. Le remarque ironique de Morin prouve que les rapports de parenté entre Ellis et le candidat républicain étaient connues des médias. Mais jusqu'ici personne n'en avait informé le public.

Un article à la une du New York Times du 13 novembre présentait Ellis comme un partisan de Bush qui entretenait des contacts intimes avec les membres de la campagne républicaine. L'article du correspondant politique Richard L. Berke cite longuement Ellis sur la stratégie préélectorale adoptée par les républicains et les discussions au sein du parti après les élections, soulignant même qu'Ellis « était fréquemment en contact avec M. Bush ».

Pourtant ni le Washington Post ni le New York Times ne s'inquiètent de ces relations politiquement incestueuses entre l'équipe Bush et le journaliste de Fox qui a joué le rôle principal dans cette tentative de faire basculer les résultats des élections pour les républicains. Leur réaction devant ce fait sinistre souligne l'importance des relations corrompues entretenues entre la presse et l'aile droite des républicains.

La révélation du rôle joué par Ellis met en relief la chaîne étonnante des événements survenus entre mardi soir et mercredi matin. Elle met l'accent sur un aspect des élections américaines habituellement dissimulé au public : la collusion entre les médias et les forces politiques de droite favorisée par les conglomérats qui contrôlent les nouvelles. Comme les agents politiques des deux partis le savent bien, les médias sont loin de jouer un rôle passif dans le processus électoral américain, et leurs prédictions la nuit de l'élection peuvent avoir un impact décisif sur le déroulement et même le résultat final d'une élection chaudement disputée.

Lorsque les médias sur la base des rapports du VNS ont déclaré que Gore l'avait remporté en Floride à 19h50 mardi soir, le clan Bush savait que ses chances de gagner avaient presque disparues. Bush et ses principaux conseillers ont alors quitté leurs suites d'hôtel pour se rendre à la maison du gouverneur d'où ils ont lancé une tentative désespérée pour faire changer les prédictions ayant trait aux résultats de la Floride.

Maintenant que l'on sait que des dizaines de milliers de bulletin de votes mal conçus et destinés à Gore ont été rejetés ou accordés au candidat d'extrême-droite Patrick Buchanan, il apparaît clairement que la prédiction initiale d'une victoire démocrate en Floride basée sur les sondages des électeurs reflétait bien les sentiments de l'électorat. Bush a pris la décision sans précédent de faire entrer les journalistes à la maison du gouverneur pour fustiger leurs prédictions à propos des résultats en Pennsylvanie et en Floride et prédire qu'il allait finalement gagner la Floride. Cette conférence de presse impromptue allait à l'encontre de toute tradition électorale qui veut que les candidats restent silencieux avant de déclarer leur victoire ou de reconnaître leur défaite. Quelques minutes seulement après l'intervention de Bush, les médias changeaient soudainement d'avis. Ils retiraient les votes accordés à Gore au collège électoral de la Floride en déclarant ces résultats contestés. Hormis de vagues mentions à propos de « données erronées », les chefs d'antenne n'ont offert aucune explication pour ce revirement de situation.

Dès les premières heures dans la nuit de mercredi, il était clair que le résultat national dépendrait des résultats en Floride. C'est à ce moment que la chaîne Fox appartenant à l'ultraconservateur Rupert Murdoch faisait l'annonce extraordinaire de la victoire de Bush en Floride et à la présidence.

La convergence de ces trois facteurs ­ les étranges changements de cap des médias, le contrôle du gouvernement de la Floride par le frère de Bush, et le rôle de son cousin à Fox ­ est suffisante pour commander la tenue d'une enquête détaillée sur les machinations survenues entre l'équipe de la campagne Bush et les médias. À la lumière des événements politiques récents ­ et plus particulièrement du complot républicain pour déposer un président réélu au moyen d'un coup pseudoconstitutionnel ­ une conspiration criminelle visant à voler l'élection en faisant appel à des décomptes frauduleux de bulletins et à la manipulation des résultats apparaît lentement. Toutes les démarches entreprises par l'équipe de la campagne Bush depuis l'élection vont dans le sens de cette interprétation. Depuis leur tentative controversée d'imposer précipitamment leur victoire à l'opinion publique en annonçant la création d'une équipe présidentielle de transition, en passant par leurs efforts pour bloquer tout décompte exact des votes en Floride, les membres du camp Bush ont démontré qu'ils étaient prêts à voler les élections sans respecter la décision des électeurs.

Quelle était la nature des propos tenus par les officiels de la campagne Bush à CNN, ABC, CBS, NBC et Fox pour qu'ils puissent les convaincre de changer d'avis sur les résultats électoraux en Floride ? Que savent exactement George W. Bush et son frère Jeb des irrégularités électorales et de l'intimidation des électeurs qui sont survenues en Floride ? Comment pouvaient-ils être aussi certains que la Floride leur reviendrait ? Quelles discussions ont eu lieu entre le personnel de la campagne présidentielle de Bush et John Ellis de la chaîne Fox ? Les responsables de la campagne Bush et des médias doivent répondre à ces questions comme à une foule d'autres.

Les événements de la semaine dernière démontrent que si Bush entre à la Maison Blanche, l'extrême-droite républicaine n'hésitera pas à utiliser son contrôle du pouvoir étatique pour piétiner les droits démocratiques et lancer des assauts sans précédent sur la classe ouvrière. Les travailleurs doivent s'interroger : si l'entourage de Bush accepte d'utiliser des méthodes criminelles pour arriver au pouvoir, quelles méthodes sont-ils prêts à utiliser pour défendre leur pouvoir contre les manifestations et la résistance de la base ?

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