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Zimbabwe : la promotion du « Mouvement pour un changement démocratique » (MDC) par les radicaux petits-bourgeois désarme politiquement la classe ouvrière

Barbara Slaughter et Chris Marsden
7 octobre 2000

Lors des élections législatives de juin dernier au Zimbabwe, le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) obtint 57 des sièges parlementaires élus par le vote populaire. Le MDC qui n'avait été lancé comme parti politique que quelques mois auparavant réduisit la majorité au pouvoir, l'Union nationale du Zimbabwe- Front patriotique (ZANU-FP) à seulement cinq sièges. De nombreux ouvriers des zones urbaines, qui subissent une pauvreté grandissante et le chômage, apportèrent leur soutien au MDC. Ils furent induits en erreur par la dénonciation populiste que faisait le MDC de la corruption du gouvernement et de sa mauvaise gestion de l'économie, croyant avoir un nouveau parti qui défendrait leurs intérêts.

Les puissances occidentales apportèrent leur soutien au MDC, et le président du Zimbabwe, Robert Mugabe devint la cible des attaques de la presse de par le monde entier. Des gouvernements qui jusque-là avaient décrit Mugabe en termes élogieux découvrirent soudain que c'était un despote, n'ayant pas de mandat démocratique à son autorité. Ce changement soudain d'opinion ne s'explique que par le mécontentement de l'Ouest devant l'échec de Mugabe à appliquer avec la vigueur nécessaire les programmes d'ajustement structurel exigés par le FMI. L'Ouest espérait la victoire du MDC et l'évincement du ZANU-FP.

Des organisations radicales petites-bourgeoises telles que le British Socialist Workers' Party (SWP) (ou le Parti des travailleurs socialistes britanniques), avec d'autres ont accueilli le résultat des élections comme un pas en avant pour la classe ouvrière, malgré le soutien impérialiste reçu par le MDC. Le SWP soutient que du fait que le Congrès des syndicats du Zimbabwe (ZCTU) a mis en place le MDC, celui-ci peut représenter les intérêts sociaux et politiques des ouvriers. L'organisation soeur du SWP au Zimbabwe, l'Organisation socialiste internationaliste (ISO) se vanta d'être l'un des premiers groupes civils à « encourager le ZCTU à former un parti des travailleurs pour destituer le ZANU-FP ».

Le numéro de septembre du Socialist Review, organe du SWP en Grande-Bretagne, publia un entretien avec Munyaradzi Gwisai, membre de l'ISO et député MDC élu au parlement. En cherchant à justifier le soutien qu'apporte son parti au MDC, Gwasi révèle la politique opportuniste du SWP.

L'impérialisme et le MDC

L'entretien confirme bien que le MDC est un pur produit des puissances occidentales et que le ZCTU a cherché à empêcher un quelconque développement politique indépendant dans la classe ouvrière.

L'Association constitutionnelle nationale, (NCA), précurseur du MDC fut fondée à une époque où grèves et mouvements de protestation contre le gouvernement de Mugabe prenaient de l'ampleur. Gwasai explique : « Dans les forums de travailleurs qui se tenaient à Harare et Bulawayo, un petit nombre de travailleurs demandait que se crée un parti et il leur fut systématiquement donnée la réponse suivante : » le ZCTU représente les travailleurs de tous les partis...« Mais il y eut les grèves de 1998 - sans oublier la grève de cinq jours qui fut brisée - et la mise en place de l'Assemblée constitutionnelle nationale, et aussi la crise économique. C'est alors que ceux qui étaient autour de Tsvangirai (Morgan de son prénom, dirigeant du ZTCU et actuel dirigeant du MDC) se mirent à y songer.

Gwisai explique que la NCA fut en grande partie financée par la cellule de réflexion allemande appelée la Fondation Friedrich Ebert (FEF). La décrivant comme une « organisation sociale-démocrate influente » il explique que la FEF « a la stratégie suivante pour construire un parti ayant des chances de réussir : faire travailler des gens ensemble sans pour autant appeler cela un parti politique...Je crois qu'on sentait qu'il y avait un danger de radicalisation de la classe ouvrière, particulièrement en 1997, et c'est ainsi qu'on fit entrer Morgan (Tsvangirai) comme dirigeant de poids de la NCA...Il conféra de la crédibilité à la NCA, laquelle fut bien financée. »

Le nom même de la Fondation Friedrich Ebert devrait arrêter et faire réfléchir toute personne prenant sincèrement à coeur les aspirations démocratiques de la classe ouvrière. Elle fut fondée en 1925 par le Parti social démocrate (SPD) d'Allemagne et quelques dirigeants syndicalistes « Afin d'honorer l'héritage de Friedrich Ebert » qui mourut cette année-là. Ebert était un dirigeant du SPD et soutint l'impérialisme allemand lors de la première guerre mondiale. Après la guerre, il devint le premier président de la République de Weimar. En janvier 1919, avec Phillip Scheidemann et Gustav Noske, il dirigea les efforts du gouvernement social-démocrate pour protéger l'impérialisme allemand d'un renversement révolutionnaire. Mitraillettes et canons furent utilisés contre les manifestations des ouvriers dans les rues de Berlin. Des centaines de révolutionnaires dont Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht furent tués suivant les ordres d'un homme qui prononça ces mots inoubliables : « Je hais la révolution ! »

Dans l'Allemagne de l'après-guerre, la FEF fut rétablie en 1947 et joue depuis un rôle crucial sur le plan international pour la classe dirigeante allemande. Avec un budget de plus de 200 millions de marks (90 millions de dollars) par an, quelque 700 membres du personnel à son siège social et peut-être encore 2000 de plus de par le monde, elle possède les archives les plus importantes d'Europe sur le mouvement ouvrier, un immense centre de recherches et sa propre maison d'édition. Chaque année, plusieurs centaines d'étudiants se voient attribuer des « bourses pour la social-démocratie ». Elle forme des diplomates, des universitaires et des forces politiques considérés comme proches des intérêts de l'Allemagne et de l'Ouest partout dans le monde.

Pendant les années 1970, la FEF joua un rôle crucial pour contenir la situation en Espagne et au Portugal : dans l'agitation politique qui entoura la chute des dictatures respectives, elle finança des partis sociaux-démocrates réformistes pour écarter la menace d'une révolution. Elle fournit aussi des hommes politiques choisis par la FEF parmi les étudiants exilés en Allemagne de l'Ouest, et qui avaient été formés et financés les années précédentes. Aujourd'hui la FEF a pignon sur rue dans 74 pays et joue son rôle en Europe de l'Est, où elle soutient activement la transition vers une économie de marché, tout comme en Amérique du Sud, en Asie et en Afrique.

L'Allemagne n'a pas avec les pays africains des liens coloniaux aussi importants que ceux de la France ou de la Grande-Bretagne, et ainsi donc elle développe son influence au moyen de « conseillers », d'« ateliers », et de « séminaires ». En 1996, 35 pour cent des dépenses totales de la FEF se firent sur le continent africain. En 1993, l'organisation conseillait le Congrès national africain (ANC) de Nelson Mandela sur les questions constitutionnelles. L'année suivante, les candidats de l'ANC au poste de premier ministre des provinces furent envoyés en formation en Allemagne. La FEF organisa aussi des ateliers et des séminaires en Afrique du Sud sur la question de la privatisation de l'économie.

La FEF affirme encourager la « démocratie », « les procédures parlementaires » et les « questions d'égalité des sexes », mais ce n'est en fait qu'une mince couverture à ses efforts pour servir les intérêts de l'impérialisme allemand. Sa cible privilégiée sont les syndicats desquels elle écrit: « Lorsque l'on travaille avec les organisations syndicales internationales, la question de la coordination et de la coopération dans les branches individuelles et dans les corporations transnationales devient de plus en plus importante. »

En 1997, la FEF apporta un soutien financier à la NCA au Zimbabwe, dans l'espoir évident d'établir son influence dans un gouvernement potentiel remplaçant celui de Robert Mugabe. Mais ce ne fut pas là l'unique organisation internationale à apporter son soutien à Tsvangirai, à la NCA et plus tard au MDC. La presse et les hommes politiques du monde entier apportèrent aussi le leur. En avril de cette année, Tsvangirai se rendit en Grande-Bretagne pour une campagne de financement. Lors de son séjour à Londres, une lettre de soutien au MDC fut publiée dans le journal The Times, cosignée par des dirigeants conservateurs, Lord Howe, Lord Carrington, Lord Chalker de Wallasey, Malcom Rifkind, Douglas Hurd (tous d'anciens ministres de Margaret Thatcher), l'ancien secrétaire d'état adjoint américain aux affaires africaines, Chester A Crocker, Evelyn de Rotschild, de la famille bancaire du même nom et d'autres encore.

Bon nombre de signataires sont membres du Zimbabwe Democracy Trust (ZDT), organisation regroupant des hommes politiques et des hommes d'affaires puissants britanniques et américains, ayant des intérêts financiers directs au Zimbabwe et ayant fourni au MDC de substantiels aides financières et conseils.

Le rôle de Tsvangirai

En expliquant pourquoi les puissances impérialistes et les riches fermiers blancs du Zimbabwe - qui détiennent trois des quatre postes clés de direction du MDC - firent des syndicats le foyer central d'un nouveau parti à travers lequel articuler leurs propres intérêts, Gwisai se contenta de dire que c'était pour se donner une certaine « crédibilité ». Il laisse entendre que de cette façon, grâce à Tsvangirai, des forces normalement opposées à leurs visées ont en quelque sorte abusé des syndicats. Mais il aurait été impossible à Tsvangirai de s'acoquiner avec les représentants de l'impérialisme occidental s'il n'y avait parmi les dirigeants du ZCTU une section importante convaincue qu'un tel arrangement serve ses propres intérêts. Aucun dirigeant syndical n'a été berné sur le caractère politique du MDC. Ce programme préconise la privatisation, des coupes claires dans les dépenses de l'État, le renvoi de milliers de fonctionnaires et l'introduction d'un contrat social entre le gouvernement, le milieu des affaires et le ZCTU. Il prône « des changements politiques pour obtenir le soutien des institutions financières multilatérales et des donateurs afin de restructurer la dette nationale ».

La bureaucratie syndicale du Zimbabwe avait embrassé une politique semblable bien avant la fondation de la NCA ou du MDC. Dans un entretien accordé au Multinational Monitor en mai 1996, on avait interrogé Tsvangirai sur le programme d'ajustement structurel imposé par le FMI. Il avait répondu: « Il n'y a pas le choix. Il y avait de sérieux déficits financiers, donc le gouvernement a dû se tourner vers la Banque Mondiale et le FMI pour obtenir un prêt d'appoint. Cela signifie aussi qu'il a fallu avaler la pilule amère de la Banque mondiale et du FMI, c'est-à-dire l'ajustement structurel...Nous ne sommes pas opposés aux mesures de stabilité macro-économique. » Tsvangirai dit que son organisation soutenait le marché libre et le programme d'ajustement structurel du FMI. Sa critique se limitait à la manière dont le programme était administré.

Dans l'entretien accordé au Socialist Review, Gwisai regrette que son organisation ait été exclue de la conférence qui se tint pour discuter de la mise en place du MDC comme parti politique, « je suppose en grande partie à cause de notre journal et de notre contribution dans les forums de travailleurs où nous préconisions un programme socialiste. » Ceci est en soi un aveu révélateur. Il est probable que le premier acte officiel de l'organisation que le SWP définit comme un « parti ouvrier » consista à proscrire des groupes prônant des mesures socialistes, tandis qu'il se réunissait pour discuter d'un programme effectivement mis en place par le FMI.

Gwisai cite en donnant son approbation le fait qu'à la fin de la conférence, une salve d'applaudissements accueillit la remarque de Gibson Sibanda (alors président du ZCTU): « Et maintenant, soyons clairs- nous mettons en place un parti de travailleurs. Ai-je raison ? » mais regrette ensuite que ceci ne se « trouve pas imprimé noir sur blanc dans le manifeste » et que plus tard le MDC soit défini comme « un mouvement de " travailleurs ", mais ceci permettait qu'on y inclue aussi les patrons. »

Du point de vue du SWP, la politique pro-impérialiste du MDC est un élément secondaire et espèrent-ils, passager. Ce qui est fondamental, disent-ils, c'est que la base sociale du parti est implantée dans le mouvement syndical et donc dans la classe ouvrière. Gwasai explique comment le MDC utilisa les structures du ZCTU pour se mettre en place. « La direction des régions était conduite dans sa totalité par des ouvriers. Les militants qui avaient organisé les grèves et les manifestations de 1997 furent ceux qui organisèrent les régions. Quand le parti fut lancé, ce fut étonnant! Les dirigeants régionaux présumaient que puisque depuis février ils construisaient le mouvement, ils feraient partie de la direction nationale. Puis au rassemblement, on se contenta de proclamer la liste des dirigeants. »

L'unique conclusion que Gwasai tire de ces expériences est que le parti fut « confisqué ». Puis il avance ensuite l'espoir qu'en mobilisant la base on peut rallier le parti à un programme socialiste. Il poursuit ainsi: « Il y eut une réelle désillusion, et le danger que nous, socialistes, ne soyons submergés. Mais nous savions que les ouvriers radicaux étaient avec le MDC. » Quand on lui demande comment il devint le candidat du MDC pour la circonscription de Highfield, il répondit que l'ISO espérait pouvoir utiliser la campagne « comme un tremplin pour construire une alternative révolutionnaire » et que les socialistes pouvaient infléchir la ligne du parti vers la gauche. Sans la moindre ironie, il note qu'il avait d'abord été désigné comme candidat pour la région d'Harare, mais qu'on l'avait ensuite mis sur Highfield « à cause de l'hostilité de la direction du parti et de ses sympathisants bourgeois à l'idée qu'un socialiste se présente au coeur du quartier des affaires ».

Le SWP et la bureaucratie syndicale

Essentiellement, le programme politique du SWP et de l'ISO est basé sur une identification des syndicats avec la classe ouvrière. Ils affirment que comme les syndicats ont une masse d'adhérents ouvriers qu'ils sont de ce fait des « organisations ouvrières » et donc peuvent représenter les intérêts sociaux de la classe ouvrière, si seulement les dirigeants pro-capitalistes sont remplacés par une direction populaire issue de la base.

Le SWP ne s'intéresse aucunement à une étude historique du rôle joué par les syndicats. Ses militants supposent que l'évolution d'un parti ouvrier va, grosso modo, répéter les événements qui conduisirent à la formation du Parti travailliste britannique en 1906, où les syndicats établirent un parti pour représenter leurs intérêts au Parlement sur un programme réformiste. Ils prétendent que, comme les marxistes prônaient à l'époque une orientation tactique en direction du Parti travailliste- orientation qui avait comme but de gagner la masse des ouvriers syndiqués au socialisme révolutionnaire, il faut donc faire la même chose aujourd'hui avec le MDC et d'autres organisations similaires mises en place par les bureaucraties syndicales. Depuis des années ils affirment que l'avant-garde des ouvriers en Grande Bretagne est représentée par les shop stewards (délégués syndicaux) qui, inévitablement, comme conséquence de leurs propres efforts pour défendre les salaires et les conditions de travail, entreront en conflit avec les directions syndicales.

L'attitude du mouvement marxiste envers les syndicats a toujours été beaucoup plus complexe que celle qui est présentée par le SWP. Des auteurs tels que Lénine, Trotsky et Rosa Luxembourg cherchaient à expliquer que les syndicats ont toujours été hostiles à la lutte pour le socialisme et ont toujours joué un rôle primordial pour bloquer le développement d'une conscience socialiste dans la classe ouvrière. Les syndicats ont émergé comme organisations de défense de la classe ouvrière. Mais la perspective du syndicalisme a toujours été, quelle que soit sa combativité, limitée à des négociations sur des questions immédiates de salaires ou de conditions de travail, plutôt que la remise en cause du système capitaliste en tant que tel.

Les syndicats encouragent la conception d'intérêt commun entre les travailleurs et leurs patrons. De ce fait, la nature d'une direction syndicale n'est jamais due au hasard. La forme limitée de la lutte syndicale favorise la domination organisationnelle d'une bureaucratie privilégiée qui est directement intéressée par la défense du système capitaliste. Les marxistes ont toujours affirmé que la construction d'un véritable parti socialiste nécessite une lutte pour surmonter la conscience syndicale et de cette façon casser l'emprise politique de cette bureaucratie sur la classe ouvrière.

Si ceci était vrai au début du vingtième siècle, quelle est la situation à l'aube du vingt et unième? Le SWP ne fait aucun bilan des expériences contemporaines de millions de travailleurs par rapport aux syndicats. Pendant les deux dernières décennies les syndicats de tous les pays ont trahi les intérêts de leurs membres et ont agi en tant qu'instruments directs des patrons et de l'État. Il en a été ainsi quelle que soit l'orientation politique formelle de la direction syndicale, qu'elle soit réformiste, stalinienne ou bien ouvertement pro-capitaliste comme c'est le cas avec l'AFL-CIO américaines. Les shop stewards - représentants syndicaux de base glorifiées par le SWP - ont quasi universellement abandonné leur combativité passée pour pouvoir obtenir des postes dans des instances de négociations entre syndicats et patrons. Même dans les pays où les syndicats sont devenus relativement récemment les organisations des masses populaires, ceux-ci, et les partis basées sur eux, sont devenus les défenseurs des intérêts patronaux et non des intérêts de leurs adhérents de base.

Peut-être l'exemple le plus connu est celui de Solidarnosc en Pologne. Elle fut établie au cours d'une lutte dure au chantier naval de Gdansk contre la bureaucratie stalinienne au pouvoir. En 1989, après la chute du stalinisme, le gouvernement mené par Solidarnosc arrivait au pouvoir et imposait la politique de « traitement de choc » qui fit sombrer dans la pauvreté la majeure partie de la population polonaise. Il en est de même dans beaucoup de pays africains. En Afrique du Sud, COSATU est partenaire du gouvernement ANC et participe pleinement à la mise en oeuvre du programme favorable aux grandes entreprises du président Mbeki. Le président Chiluba de Zambie est semblable à Tsvangirai. Il était le dirigeant du mouvement syndical de Zambie jusqu'à ce que son parti, le Mouvement pour la démocratie plurielle (Movement for Multiparty Democracy),battit à une majorité écrasante l'United National Independence Party (Parti uni de l'indépendance) du président Kenneth Kaunda en 1991. Depuis cette date son programme inspiré par le FMI détruit la vie du peuple de Zambie.

La viabilité des syndicats en tant qu'organisations de défense de la classe ouvrière à l'échelle nationale a été minée par le développement de la production mondiale. Il faut aux sociétés transnationales une main d'oeuvre d'un nouveau type, destituée de tout droit et complètement soumise au processus de la production mondiale, et ces sociétés s'attendent à ce que la bureaucratie syndicale fournisse cette main d'oeuvre. Mais en ce qui concerne le SWP, la question de la mondialisation et son impact sur le mouvement des travailleurs ne sont jamais abordés que pour en nier l'importance. Rien n'a vraiment changé, affirment-ils. Dans la Socialist Review de juillet-août, par exemple, ils signalent avec raison que « La classe ouvrière mondiale est massivement plus importante et plus puissante qu'à n'importe quel autre moment de son histoire. À mesure que les multinationales se sont étendues mondialement, elles ont créé une classe ouvrière qui a de plus en plus d'intérêts communs. »

Néanmoins, malgré le renforcement numérique de la classe ouvrière, des milliards de travailleurs ont subi une baisse terrible de niveau de vie à cause de l'échec des vieilles organisations ouvrières. Non seulement le SWP ne fait aucune tentative pour expliquer ce phénomène, mais en plus il fausse la réalité en déclarant que « Le niveau de syndicalisation aussi est sans précédent. Des syndicats énormément puissants existent maintenant dans quasiment tous les pays, dans quasiment tous les secteurs de la production. C'est cette puissance qui finira par stopper la puissance des multinationales. »

Une telle glorification grotesque du rôle du syndicalisme fait que la classe ouvrière est soumise à ces mêmes organisations sur lesquelles la classe dominante s'appuie pour imposer ses intérêts. Malgré sa rhétorique socialiste, le SWP a aidé la bureaucratie syndicale et le MDC à canaliser le mouvement d'opposition au régime corrompu de Mugabe vers une politique pro-impérialiste. La classe ouvrière est l'unique force sociale capable d'avancer un programme avec lequel mener une lutte pour les droits démocratiques et l'égalité sociale. Mais pour ce faire, il lui faut agir indépendamment tant des représentants politiques des pouvoirs impérialistes que de ceux de la bourgeoisie nationale. Au lieu de cela, la classe ouvrière urbaine du Zimbabwe a été poussée dans la même organisation que ses oppresseurs, ce qui permet à Mugabe de convaincre des millions de paysans assoiffés de terre que le ZANU-PF représente un allié contre les fermiers blancs.

Cette semaine, le MDC et ZANU-PF se sont menacés mutuellement de violence. Tsvahgirai a dit à 20 000 de ses partisans à un rassemblement du MDC que si Mugabe refusait de démissionner avant les prochaines élections programmées pour 2002, « nous vous ferons quitter par la violence ». Le gouvernement a répondu en menaçant d'arrêter Tsvangirai et en avertissant que toute tentative de destituer Mugabe par la force serait contrée par la violence.

Le mois dernier le MDC a prétendu qu'un attentat à la grenade contre son siège social avait été l'oeuvre d'un agent secret de la police, mais le gouvernement a allégué que c'était un coup monté par quelqu'un de la maison. La police, en plus, prétend avoir découvert des caches d'armes appartenant au MDC, ce qui pourrait marquer le commencement de la répression de ce parti. Face à cette menace grandissante de guerre civile déclarée, seule une rébellion politique contre le MDC et la création d'un véritable parti socialiste et internationaliste peuvent venir à bout du danger que représente la division politique entre les travailleurs urbains et ruraux.

Voir aussi:
Le Zimbabwe au bord de la guerre civile 19 août 2000


 

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