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Déclaration d'élection du Parti de l'égalité socialiste du Sri Lanka

Un programme socialiste pour mettre fin à la guerre et à l'inégalité sociale

26 septembre 2000

Nous publions en français le programme électoral qui a été présenté par le parti de l'égalité socialiste du Sri Lanka lors des élections générales tenues le 10 octobre dernier.

Le Parti de l'égalité socialiste présente une liste de candidats dans le district de Colombo lors des élections générales du Sri Lanka pour avancer une solution socialiste à l'impasse politique et la crise sociale qui confrontent les travailleurs ordinaires.

La présidente Chandrika Kumaratunga et l'Alliance populaire (AP) avaient gagné les élections de 1994 en promettant de mettre fin à la dévastatrice guerre civile. Kumaratunga avait aussi garanti de réduire la pauvreté et le chômage résultat de plus d'une décennie de « réformes du marché » sous le Parti national uni (PNU), et de mettre fin aux assauts gouvernementaux sur les droits démocratiques.

Pendant les six dernières années, le gouvernement AP n'a respecté aucune de ses promesses. Loin de mettre fin à la guerre, Kumaratunga a mené la guerre encore plus férocement que ses prédécesseurs. Plus de personnes ont trouvé la mort dans le conflit depuis 1994 que dans les 12 années précédentes. Dans les 8 premiers mois de cette année, le budget militaire a atteint 130 milliards de roupies, plus de 40 pour cent des revenus nationaux.

Le niveau de vie continue à baisser tandis que la roupie s'effondre et les prix montent. La coalition dirigeante a suivi les programmes de restructuration économique du FMI et de la Banque mondiale, y compris la privatisation des plus importants secteurs d'activité gouvernementale et des industries d`État. Les services sociaux, de santé, et d'éducation ont été réduits au minimum pour payer la guerre et financer mesures incitatives pour l'investissement.

La présidente a maintenu un régime d'urgence et une série de lois anti-démocratiques qui servent à imposer essentiellement la loi martiale au nord et à l'est, d'emprisonner sans procès des centaines de Tamouls et à intimider les médias et ses adversaires politiques. Au mois de mai, elle a déclaré que le pays était « sous un régime de guerre » et a imposé des lois interdisant les grèves, les réunions publiques et les protestations, et une censure de tous les médias. Plusieurs journaux ont ensuite été fermés.

Au cours des derniers mois, l'establishment politique s'est retrouvé dans un état de crise sans précédent. Sa stratégie militaire s'est effondrée quand les Tigres libérateurs de l'Eelam tamoul (LTTE) ont repris la base militaire de l'Elephant Pass et de grandes sections de la péninsule de Jaffna. Mais les principaux partis ne peuvent pas se mettre d'accord sur la façon de mener les négociations. Kumaratunga a dû appeler des élections plus tôt que prévu, puisqu'elle n'avait pas la majorité requise au Parlement pour faire passer ses mesures constitutionnelles.

Les conditions dans lesquelles se déroule le scrutin sont une insulte à la démocratie. À la dernière minute, le gouvernement a relâché la censure et ses limitations sur les réunions publiques, mais il a laissé les mesures d'urgence en place. Il peut ainsi réprimer les médias et les partis quand cela lui plaît. Les médias n'ont toujours pas le droit de faire des rapports sur la guerre au nord, la principale question de l'élection.

La campagne est dominée par des appels au militarisme et au chauvinisme singhalais, tandis que l'UNP et l'AP sont en compétition pour les votes des groupes d'extrême droite tels le Janatha Vimukti Peramuna (JVP) et le Parti des traditions singhalaises (SUP). Ces partis insistent que la guerre arrivera à son terme avec encore plus de sang versé sur les champs de batailles au nord du pays. Dans les dernières semaines, dans une tentative d'améliorer son image publique et de gagner davantage de votes, Kumaratunga a cyniquement lancé de nouvelles offensives sur la péninsule de Jaffna au coût de centaines de vies.

Tous les principaux partis sont compromis à cause de leur soutien à la guerre et aux mesures économiques qui ont entraîné vague après vague de licenciements et de restructurations. Incapables d'offrir une solution progressive aux gens ordinaires, leurs campagnes se basent sur des ententes secrètes, des attaques personnelles, des scandales, la violence, et même si nécessaire, le meurtre.

Tous les partis radicaux « de gauche » ainsi que toute la gamme des partis bourgeois ou petit bourgeois tamouls ­ du Front uni de libération tamoule (FULT) au Congrès des travailleurs du Ceylan (CTC) sont responsables du désastre créé par le gouvernement de l'AP. Sans leur appui politique en 1994, Kumaratunga n'aurait pas pu se décrire comme « progressive, » « démocratique », et un champion de la paix. Même les dirigeants des LTTE, qui la dénoncent à présent, l'ont soutenue aux élections de 1994 comme l'alternative au PNU.

Les anciennes directions de la gauche, le Parti Lanka Sama Samaja (LSSP) et le Parti communiste du Sri Lanka, sont une partie essentielle de la coalition de l'AP. Depuis leurs confortables bureaux de ministres, ils ont soutenu le gouvernement de toutes leurs forces. Le Parti Nava Sama Samaja (PNSS) a hautement loué la formation du gouvernement de l'AP. Il préférait se tenir discrètement à l'écart et a plus tard formé une alliance opportuniste avec le JVP fascisant, l'organisation responsable des meurtres de membres du PNSS à la fin des années 1980.

Seul le PES a indiqué que Kumaratunga et l'AP étaient incapables de mettre fin à la guerre d'une manière progressive ou d'améliorer le niveau de vie des ouvriers. Le PES est aussi le seul qui déclare ouvertement et sans équivoque que cette guerre doit prendre fin immédiatement. Elle est menée dans le but de supprimer les droits démocratiques du peuple tamoul. Nous appelons ainsi au retrait immédiat et sans conditions de toutes les forces armées du Sri Lanka du nord et de l'est de l'île. Nous insistons : pas une vie ou une roupie pour cette guerre réactionnaire qui a fait plus de 70 000 morts, des milliers d'invalides, et qui a chassé des centaines de milliers de personnes de leurs maisons.

Le PES lance un appel à tous les ouvriers de rejeter les slogans pernicieux du chauvinisme singhalais. Ils tentent du justifier le massacre des jeunes des forces armées et l'imposition d'impôts aux ouvriers du sud pour acheter des balles et des bombes qui tomberont sur leurs frères et leurs soeurs ouvriers dans le nord et l'est. En s'opposant de façon décisive à cette guerre, les ouvriers peuvent gagner l'appui des peuples opprimés ­ Tamouls, Singhalais, et musulmans ­ qui ont dû supporter le pire des fardeaux de la guerre à travers toute l'île. Ceci doit être le premier pas envers la formation d'un mouvement politique qui tente d'abolir le système capitaliste désuet, pour qui les profits sont plus importants que n'importe quoi d'autre, y compris la vie humaine.

Le PES lutte pour la formation d'une République Socialiste Unie du Sri Lanka et de l'Eelam comme partie intégrale d'une lutte révolutionnaire pour une Union des Républiques Socialistes sur tout le sous-continent indien et internationalement.

Contre le projet de dévolution

La guerre civile au Sri Lanka est l'expression aiguë de processus économiques et politiques plus larges. Après la Deuxième Guerre Mondiale et l'indépendance de l'île, la bourgeoisie du Sri Lanka, comme les bourgeoisies à travers tout le sous-continent indien, a basé son programme économique sur la substitution des marchandises importations par des produits locaux, des tarifs élevés, un taux de change fixe, et, pour amoindrir les tensions entre les classes, une série de mesures sociales limitées.

Mais la formation des compagnies transnationales et l'intégration toujours plus importante de la production au cours des deux décennies précédentes ont rendu complètement impossible toute tentative de régulation économique nationale. Pour être « compétitifs au niveau international » et attirer l'investissement étranger, les gouvernements et les compagnies dans tous les pays ont préparé un assaut continu sur la position sociale de la classe ouvrière.

Parallèlement à l'assaut contre les emplois, les conditions, et les services sociaux, il y a eu la promotion de divisions raciales, religieuses, et ethniques, pour empêcher que les frustrations et la colère de la population soient dirigées contre la cause essentielle de leurs problèmes : le système capitaliste lui-même. Des tendances d'extrême droite et néo-fascistes sont apparues en Europe, aux États-Unis, et ailleurs, et on en retrouve l'équivalent sur le sous-continent indien sous les formes du BJP qui défend le chauvinisme hindou, de partis ethnocentriques, et de différents gouvernements islamiques en Afghanistan, au Pakistan, et au Bangladesh.

Le conflit au Sri Lanka a ses racines dans la décision du gouvernement PNU à la fin des années 1970 de soutenir un programme de libéralisation et de restructuration selon les « principes du marché libre ». Face à l'opposition grandissante à ces mesures chez les ouvriers, le président J.R. Kayewardene a utilisé l'outil essentiel de tout homme politique de Colombo, le chauvinisme anti-tamoul, qui a culminé avec le pogrom de 1983, qui a vu la mort de centaines de personnes et qui a ouvert le chemin à la guerre civile.

Mais comme les conflits séculaires en Irlande du Nord, au Moyen-Orient et au Cachemire, la guerre civile est devenu un obstacle aux intérêts du capital international, qui veut, avant tout, avoir accès à une main-d'oeuvre mal payée, établir des zones de libre échange, et établir un gouvernement stable et docile. Le conflit au Sri Lanka menace aussi constamment de déborder en Inde, un pays considéré par les investisseurs comme une nouvelle région pour mener des opérations extrêmement lucratives. Pour toutes ces raisons, le gouvernement de Kumaratunga subit des pressions intenses des grandes puissances, d'abord au moyen de « l'initiative norvégienne » et ensuite de l'Inde, de trouver une formule pour mettre fin à la guerre.

Mais ceci s'est avéré difficile. Dix-sept ans de combat ont créé des attentes profondes chez les généraux, les spéculateurs, le clergé bouddhique et les groupes d'extrême-droite. Ils s'opposent fermement à toute concession à la minorité tamoule et insistent que la guerre doit être menée jusqu'au bout.

Les dirigeants au Sri Lanka se retrouvent ainsi pris au piège. De grandes sections des affaires, qui tentent désespérément d'attirer des investissements de l'étranger, ont mené une campagne publique les deux années précédentes, ont insisté pour que l'AP et le PNU s'unissent pour établir une série de réformes constitutionnelles. Ils veulent mettre fin à la guerre par un arrangement où des ententes entre les élites singhalaises, tamoules, et musulmanes faciliteraient leur exploitation des ouvriers de l'île.

En même temps, cependant, par leur histoire, tous les principaux partis sont liés au chauvinisme singhalais, un des principaux outils des régimes bourgeois depuis un demi-siècle. Les hommes politiques du Sri Lanka ont bien appris de leurs maîtres britanniques : « diviser pour mieux régner ». Un des premiers gestes du gouvernement national de 1948 fut d'éliminer les droits de citoyenneté des ouvriers tamouls sur les plantations. Ensuite il y a eu l'imposition du singhalais comme unique langue officielle en 1956 et la constitution de 1972 qui consacrait le bouddhisme comme religion de l'État.

Si l'AP et le PNU soutiennent tous deux des modifications constitutionnelles et des négociations pour mettre fin à la guerre, ils ont tous deux peur de perdre leur base traditionnelle d'appui. Depuis leur arrivée au pouvoir, Kumaratunga a progressivement amoindri le contenu des compromis offerts aux élites tamoules, si bien que les LTTE, le FULT, et d'autres partis tamouls s'y sont opposés. Le PNU a cessé de participer aux négociations avec l'AP sur les modifications constitutionnelles plus tôt cette année quand les extrémistes singhalais et des éléments du clergé bouddhique ont critiqué le projet.

La classe ouvrière doit adopter sa propre position sur le projet de dévolution. Comme tout autre changement constitutionnel de l'histoire du Sri Lanka, c'est une tentative des dirigeants de réarranger ses affaires dans le dos du peuple. Ces modifications inscriront dans la constitution les antagonismes ethniques et religieux que les hommes politiques bourgeois ont tenté d'exacerber tout au long de la dernière moitié de siècle. Le caractère ethnocentrique de la nouvelle constitution est démontré par le fait que le bouddhisme y reste la religion d'État. En institutionnalisant les divisions ethniques et religieuses, la nouvelle constitution ne fera qu'établir les bases de conflits futurs tandis que les dirigeants ethnocentriques tentent de consolider leur pouvoir vis-à-vis leurs rivaux.

L'opposition du PES au projet de dévolution n'a rien à voir avec les positions chauvines du JVP, du SUP, et des autres extrémistes singhalais, qui, en appelant à l'unité nationale, tentent de maintenir la domination politique des élites singhalaises. Notre principale objection à la nouvelle constitution n'est pas qu'elle « divise la nation », mais plutôt qu'elle divise la classe ouvrière. Le programme du PES vise à l'unification de la classe ouvrière pour abolir l'état-nation capitaliste, qui a été l'instrument principal pour l'opprimer. En ce faisant nous défendons vigoureusement tous les droits démocratiques et insistons sur la fin de toute discrimination basée sur la race, la religion, le sexe, ou la langue.

Le PES ne soutient pas non plus les revendications des LTTE, qui demandent un État tamoul séparé. Comme les chauvins singhalais, les idéologues des LTTE cachent le conflit des classes qui a causé le conflit, et accusent les ouvriers et les paysans singhalais des crimes de l'élite dirigeante. La logique de classe qui sous-tend le point de vue des LTTE s'exprime le plus clairement dans les bombardements qui tuent régulièrement des Singhalais ordinaires, et en ses attaques ethnocentriques contre les Tamouls musulmans.

Comme l'OLP en Moyen-Orient et l'ANC en Afrique du Sud, les LTTE ne s'oppose plus à l'impérialisme, même en mots. Les dirigeants des LTTE mendient ouvertement la protection des grandes puissances, en accord avec les intérêts d'une mince couche des classes moyennes tamoules dont l'ambition est de devenir compradors dans un minuscule État d'Eelam. Personne ne devrait être surpris si Prabakharan, à l'exemple des autres « leaders de la libération nationale », échange son uniforme de guérillero pour un complet d'homme d'affaires, et se retrouve, comme Arafat et Mandela, sur la pelouse de la Maison Blanche pour serrer la main au président des États-Unis.

Le PES appelle à une solution prolétarienne internationaliste à la guerre. Bien que le retrait immédiat de toutes les troupes sri lankaises du nord et de l'est puisse amener les LTTE au pouvoir, ceci est la seule façon d'établir une unité dans le combat de la classe ouvrière, et d'encourager le peuple opprimé à établir un gouvernement ouvrier et paysan sur l'île comme partie d'un mouvement révolutionnaire plus vaste à travers tout le sous-continent indien.

À la place du projet de dévolution que les cliques des politiciens capitalistes ont concocté dans leurs réunions secrètes, le PES appelle à la formation d'une Assemblée constituante pour préparer une constitution et de trancher sur toute question de droits démocratiques. Une telle assemblée doit être élue ouvertement et démocratiquement par et pour les travailleurs ordinaires.

Le PES appelle à la séparation totale de la religion et de l'État, à l'abrogation du statut de religion d'État au bouddhisme et l'abolition de tout financement par l'État des groupes religieux. Tous les citoyens doivent jouir de droits égaux, sans égard pour leur race, langue, ou religion. Nous appelons aussi à l'abrogation immédiate de toutes les lois répressives ou discriminatoires, telle que les Actes de citoyenneté qui continuent à priver des milliers de Tamouls de leurs droits sur les plantations, l'Acte de sécurité publique, les Mesures d'urgence, et l'Acte pour empêcher le terrorisme.

Les politiques du Parti de l'égalité socialiste

Les politiques du PES pour mettre fin à la guerre se basent sur les principes fondamentaux de l'internationalisme socialiste :

L'unité internationale de la classe ouvrière

Les ouvriers du Sri Lanka font partie d'une classe internationale. Avec la population rurale et les pauvres des villes, ils font face aux mêmes difficultés économiques, au même déclin du niveau de vie, au même chômage qui afflige les ouvriers de toutes les nationalités. Autour du monde, les ouvriers font face au même ennemi de classe, le capital organisé mondialement, qui oppose une section des ouvriers à l'autre en une lutte constante pour rabaisser les coûts de production et faire monter les profits. Pour combattre cette offensive continue contre les niveaux de vie, la classe ouvrière doit adopter sa propre stratégie internationale.

Les ouvriers au Sri Lanka doivent soutenir sans réserve les ouvriers d'autres nationalités et rechercher leur aide dans leurs propres luttes. Le préalable essentiel pour établir l'unité des travailleurs est le rejet de toute forme de racisme, de chauvinisme, et de nationalisme. La classe ouvrière doit activement promouvoir les droits économiques et démocratiques de tous les ouvriers sans considérer leur race, leur langue, leur religion, ou leur origine ethnique.

Pour l'égalité socialiste

Les hommes politiques capitalistes et les médias insistent que les politiques du « libre marché » du FMI amélioreront le niveau de vie. Ils ont tous chanté les louanges des « tigres asiatiques » jusqu'en 1997, alors que le « miracle » s'est transformé en désastre, créant des millions de chômeurs et de pauvres. Au Sri Lanka comme ailleurs, les restructurations économiques ont creusé l'écart entre les riches et les pauvres. La part des revenus nationaux des 40 pour cent les plus pauvres a chuté de 19,29 pour cent en 1973 à 15,30 pour cent en 1997, tandis que la part des 20 pour cent les plus riches a passé de 42,95 pour cent à 49,5 pour cent.

Le PES soutient le principe socialiste que chacun doit avoir les ressources nécessaires pour une vie productive, sécure et agréable. L'égalité socialiste n'est pas une utopie. Les gains technologiques, scientifiques, et médicaux des dernières décennies ont créé la capacité de faire monter les niveaux de vie à travers le monde et de répondre aux besoins de tous. Mais ceci nécessite une lutte contre le système des profits, qui n'est plus capable de répondre aux besoins les plus élémentaires de la société.

Pour un gouvernement des ouvriers et des paysans

Au courant du demi-siècle qui s'est écoulé depuis l'indépendance formelle, les dirigeants du Sri Lanka ont démontré leur incapacité de répondre aux aspirations des travailleurs ordinaires à un niveau de vie honnête et des droits démocratiques essentiels. Ils n'ont pu garder le pouvoir que par la trahison des dirigeants traditionnels de la classe ouvrière, surtout celle du LSSP.

En abandonnant la lutte pour l'internationalisme socialiste et en rejoignant le gouvernement capitaliste de Sirima Bandaranaike en 1964, les dirigeants du LSSP ont abandonné la classe ouvrière et laissé le peuple opprimé aux mains d'autres classes. Les actions du LSSP ont contribué directement au renforcement des éléments chauvins et nationalistes, à la montée du JVP et des LTTE, et finalement à la guerre elle-même.

Nous devons tirer les leçons qui s'imposent. La classe ouvrière doit établir son indépendance politique de tous les représentants de la classe capitaliste. C'est seulement en protégeant ses propres intérêts de classe qu'elle peut s'attirer le soutien des pauvres ruraux et urbains, les petits fermiers et les propriétaires de magasins et ainsi offrir une solution à l'impasse actuelle en établissant un gouvernement des travailleurs et des paysans pour construire une société basée sur des principes socialistes.

Le PES avance les mesures suivantes :

Des emplois permanents et bien payés pour tous

Le capitalisme est incapable de mettre fin à la tragédie du chômage. Les ouvriers plus âgés sont constamment limogés au cours de la restructuration continuelle des compagnies privées ou de la privatisation des entreprises nationalisées. Les jeunes ont peu d'occasions de trouver un bon poste : 70 pour cent des jeunes de 15 à 24 ans sont au chômage. Beaucoup doivent ainsi s'intégrer aux forces armées et courent le risque d'être tués ou rendus invalides.

Le PES propose d'agrandir le nombre de postes en réduisant la semaine de travail à 30 heures, sans réduction des salaires. On doit dépenser des milliards de roupies sur un programme de travaux publics pour créer des milliers de postes bien payés et des constructions essentielles, comme des logements publics, des écoles, des hôpitaux, des routes, et des systèmes d'irrigation, en particulier au nord et dans l'est de l'île qui ont été ravagés par la guerre.

Nous appelons à la fin de tout travail par les enfants et à l'utilisation des femmes et des jeunes comme travailleurs de nuit. Pour développer leurs capacités, tous les jeunes devraient avoir accès à un enseignement payé et professionnel dans des programmes financés par le gouvernement et à des centres sportifs et culturels. Les femmes doivent être aussi bien payées que les hommes, avec des vacances payées si elles ont des enfants, et avoir accès à des garderies bien équipées et maintenues par un personnel professionnel.

Pour un système d'éducation public gratuit et de haute qualité

Pour répondre aux critères fiscaux du FMI, pour accroître les dépenses militaires, et pour réduire les impôts sur les sociétés et les investisseurs, le gouvernement de l'AP a sacrifié l'éducation publique et les services sociaux et de santé. Des centaines d'écoles ont déjà dû fermer leurs portes et beaucoup d'autres fermeront leurs portes si on adopte la mesure proposée par le gouvernement de retirer du système public l'éducation pour ceux ayant plus de 14 ans. Loin d'encourager une pensée critique, les programmes et les livres sont remaniés pour tenter de faire accepter les mythes réactionnaires du chauvinisme singhalais aux jeunes enfants.

Les jeunes doivent avoir l'occasion de développer leurs talents et leur créativité selon leur plein potentiel. Le PES appelle à une vaste expansion de l'éducation publique, jusqu'au niveau universitaire, pour tous ceux qui veulent poursuivre leurs études. Les institutions et les écoles existantes doivent être rénovées pour donner accès aux laboratoires scientifiques, aux ordinateurs, et aux techniques audio-visuelles les plus récentes.

Pour un système médical gratuit de première qualité et des services sociaux

Vu les développements incroyables en science médicale des dernières années, c'est un scandale que des gens continuent à mourir de maladies facilement traitées. Le manque de fonds gouvernementaux pour les programmes médicaux a causé une montée générale du paludisme, de la diarrhée, et des oreillons. Une prescription d'un médecin coûte à présent 300 roupies et beaucoup de travailleurs ne peuvent pas s'acheter des médicaments. On attend plus d'un an pour se faire opérer du coeur dans un hôpital public. Mais pour ceux qui peuvent payer 300 000 roupies, l'opération peut se faire immédiatement dans un hôpital privé. Le PES développerait un système de cliniques et d'hôpitaux gouvernementaux bien équipé et avec un personnel adéquat, pour assurer l'accès sans frais à des services de santé de haute qualité pour tout le monde. Les femmes doivent avoir le droit d'avorter.

Le niveau de pauvreté a monté rapidement de 5,4 millions en 1970-2 à 8,6 millions et 1996-7, mais l'assistance publique va en décroissant. Le taux de suicides, de l'ordre de 22 par jour, est un des plus élevés au monde. Le PES soutient l'expansion des services sociaux avec des retraites et des salaires pour les personnes âgées, les chômeurs, les malades, et les invalides, pour permettre un niveau de vie acceptable. Tous ceux qui en auraient besoin devraient avoir accès à des ressources telles que des maisons de retraite et de maternité bien équipées.

Des logements de bonne qualité pour toutes les familles

Beaucoup de familles vivent dans des logements de mauvaise qualité, sans eau courante, électricité, et sans cabinet. Les loyers ont beaucoup monté, rendant les logements acceptables inaccessibles à des masses de gens. À Colombo, 57 pour cent des personnes vivent dans des taudis. La solution du gouvernement est de chasser les gens de leurs maisons, à fin de faire place aux grandes compagnies.

Le PES appelle à la construction de logements publics à prix modique avec toutes les installations essentielles, pour loger toutes les familles. On doit instaurer un système pour régir les loyers pour empêcher que des propriétaires sans vergogne exploitent leurs locataires. Les maisons et les appartements vides devraient être offerts à des familles pauvres à un prix abordable.

Améliorer la situation des petits fermiers

Le besoin de terres se fait de plus en plus sentir à travers le pays. Selon les statistiques officielles, la vaste majorité des fermiers, 72 pour cent, ont moins de 1,6 hectare. Parmi ceux-là, presque 7 pour cent ne possèdent pas de terres du tout.

Le PNU et l'AP ont profité de la crise qui accable les Singhalais pauvres pour ouvrir des colonies au milieu de régions à majorité tamoule, comme dans la zone Wanni au nord et dans la région orientale, ce qui a exacerbé les tensions raciales. Les paysans pauvres partout souffrent d'une « crise des ciseaux », c'est-à-dire une situation où les prix de production montent mais les valeurs des marchandises baissent dramatiquement.

Le PES appelle à la distribution de terres de l'État à tous les fermiers sans terres, quelle que soit leur origine ethnique. Des prêts bancaires, du matériel agricole, des engrais, et des produits chimiques doivent être disponibles pour tous les fermiers pauvres à des coûts abordables. Les prix des produits agricoles devraient être garantis pour assurer un niveau de vie acceptable aux fermiers.

Le patronat et ses représentants politiques attaqueront ces mesures modestes comme « irréalistes » et insisteront qu'il n'y a pas assez d'argent pour les adopter. Mais c'est également complètement irréaliste de s'attendre à ce que la majorité des gens ordinaires vivent sans que leurs besoins soient satisfaits. Les ressources existent pour produire ce qui est nécessaire, mais elles sont actuellement entre les mains des riches et les multinationales.

Pour mettre son programme en action, le PES propose en premier d'arrêter toutes les dépenses sur la guerre. Le coût de ce conflit qui dure depuis 17 ans a été estimé à environ 2 200 milliards de roupies. Cet argent aurait pu servir à construire et équiper des dizaines d'hôpitaux modernes et d'écoles, à construire des logements publics dont on a grand besoin, à électrifier les maisons, construire un réseau d'égouts et un système d'alimentation en eau potable pour des dizaines de milliers de familles.

Un gouvernement ouvrier et paysan devra pénétrer profondément les places fortes de la richesse privée. L'économie tout entière devra être soumise au contrôle démocratique des ouvriers et les priorités sociales transformées pour répondre aux besoins et réaliser les aspirations de la majorité, non pas grossir les profits d'une infime minorité.

Mais comme le démontre l'effondrement des régimes staliniens en Europe de l'Est, la reconstruction socialiste de la société est impossible à l'intérieur d'un seul état-nation, même un État aussi vaste et peuplé que l'ancienne URSS. Un gouvernement ouvrier et paysan au Sri Lanka dégénérerait inévitablement s'il ne faisait pas partie d'un mouvement puissant du prolétariat à travers le sous-continent indien et à travers le monde. C'est pour cela que le PES au Sri Lanka, avec ses confrères du Comité International de la Quatrième Internationale (CIQI), considère que son but politique le plus important est de reconstruire la conscience socialiste au sein du prolétariat international pour le préparer aux cataclysmes sociaux qui se préparent.

La Ligue communiste révolutionnaire (LCR), le prédécesseur du PES, a été fondé en 1968 après la dégénérescence du LSSP. Elle tentait de reformer un vrai parti socialiste au Sri Lanka, un parti membre du CIQI ­ le mouvement trotskyste mondial ­ et de ranimer les traditions puissantes du Parti bolchevique léniniste de l'Inde (PBLI) qui a lutté pour unifier les ouvriers à travers le sous-continent indien en une lutte contre l'impérialisme britannique et le régime capitaliste.

La dégénérescence du LSSP fait partie d'un effondrement généralisé et international des anciens dirigeants bureaucratiques de la classe ouvrière. À cause de leurs programmes nationalistes, les syndicats et les partis sociaux-démocrates ou staliniens ont ouvertement abandonné toute défense des droits les plus fondamentaux des ouvriers, produisant une grande confusion et désorientation. La reconstruction d'un mouvement socialiste n'est pas simplement une question de remplacer les bureaucrates existants par des chefs plus militants. Il faut tirer les leçons fondamentales du vingtième siècle, par-dessus tout, de la montée, du déclin, et de l'effondrement de l'URSS, et reconstruire une véritable culture socialiste parmi de vastes couches d'ouvriers, d'intellectuels, et de jeunes.

Nous demandons aux ouvriers, aux jeunes, aux maîtresses de maison, aux étudiants, aux professionnels, aux petits fermiers, et aux chômeurs de soutenir une alternative socialiste à la guerre et à l'inégalité sociale en votant pour nos candidats. Nous demandons à tous ceux qui sont en accord avec notre programme et notre perspective de participer à notre campagne électorale et de devenir membre du Parti de l'égalité socialiste.

Voir aussi:
Le Parti de l'égalité socialiste se présente aux élections générales au Sri Lanka 23 août 2000
Les origines historiques de la guerre civile au Sri Lanka  juillet 2000

 

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