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Le Parti de l'égalité socialiste se présente aux élections générales au Sri Lanka

Déclaration du Parti de l'égalité socialiste
23 août 2000

Le Parti de l'égalité socialiste (PES), la section sri lankaise du Comité International de la Quatrième Internationale (CIQI) a décidé de présenter des candidats lors des élections générales qui sont prévues pour le 10 octobre.

C'est dans le district de Colombo, un centre ouvrier important dans lequel on trouve toutes les communautés du pays que le PES présentera ses candidats. Contrairement aux principaux partis bourgeois et aux organisations politiques soi-disant « de gauche », le PES présentera un programme pour unir les ouvriers singhalais et tamouls, les vastes couches opprimées, la jeunesse, et les intellectuels, mettre fin à la sanglante guerre civile qui sévit depuis 17 ans, défendre les droits démocratiques et résoudre les plus brûlantes questions sociales sur l'île, tels le chômage, la chute continue du niveau de vie, et la détérioration de l'éducation et des services de santé.

Se présentant pour la première fois comme un parti officiellement établi, le PES présente une liste de 23 candidats pour le district de Colombo, avec en tête le secrétaire général du PES, Wije Dias. Ce genre de liste est obligatoire sous le système de représentation proportionnelle en vigueur au Sri Lanka.

Le parti fut reconnu seulement en mai dernier, 32 ans après avoir été fondé et après une longue campagne pour obtenir ce droit. À présent, il jouira d'un accès gratuit à la télévision et à la radiodiffusion, ce qui lui permettra de présenter ses politiques à un public beaucoup plus étendu qu'auparavant.

L'élection a lieu pendant une période critique de l'histoire d'après-guerre de l'île. L'État du Sri Lanka sombre dans la crise depuis une série de défaites aux mains des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), qui luttent pour un État indépendant pour la minorité tamoule dans le nord et l'est de l'île.

La question centrale des élections sera de trouver comment mettre fin à la guerre civile qui dure à présent depuis 17 ans. L'Alliance populaire (AP), le parti au pouvoir ainsi que le principal parti de l'opposition, le Parti national uni (PNU) dépendent des groupes bouddhistes et racistes pour attiser le chauvinisme singhalais et envelopper de confusion les vraies questions que confrontent la population. L'AP et le PNU ont donné leur appui à un transfert des pouvoirs très limitées aux assemblées régionales, y compris dans les régions de l'île qui sont très fortement tamoules, le nord et l'est. Loin de résoudre la crise, ce projet pour former des régions qui seront basées sur l'appartenance ethnique apportera seulement de nouvelles tensions et préparera le « nettoyage ethnique » des populations minoritaires dans les différentes provinces.

L'AP et le PNU espèrent qu'un transfert de pouvoir leur permettrait de s'entendre avec les partis bourgeois tamouls, isoler les LTTE et ainsi satisfaire les grandes puissances occidentales, l'Inde, et de grandes sections du capital Sri Lankais qui réclament la fin de la guerre. En même temps, les deux partis cherchent le soutien d'organisations chauvines singhalaises qui réclament « une vraie guerre pour en terminer ».

En opposition aux deux principaux partis capitalistes et leurs alliés chauvins, le PES avance un programme socialiste pour l'unification des peuples singhalais, tamouls, et des musulmans tamouls comme le seul moyen de mettre fin à la guerre de manière progressiste et de répondre aux aspirations démocratiques et sociales de la majorité des gens ordinaires.

Les élections ont été déclenchées par la dirigeante de l'AP, Chandrika Kumaratunga, dans l'espoir que plus du deux tiers du nouveau parlement donnera son appui aux changements constitutionnels nécessaires pour permettre à son projet de transfert des pouvoirs d'aller de l'avant, après avoir été forcée de le retirer plus tôt ce mois d'août. Si le PA revenait au pouvoir sans obtenir la majorité nécessaire au cours de ces élections, il pourrait convoquer le parlement en tant qu' « assemblée constituante » pour faire approuver ses mesures par une majorité simple.

Bien qu'il ait refusé de soutenir le projet de transfert des pouvoirs de l'AP au parlement, le PNU est l'objet de pressions internationales et de l'intérieur pour qu'il participe aux tentatives de mettre fin au conflit. Cependant, il tente aussi de se gagner l'appui d'une partie des chauvins singhalais dans l'élection. Cette politique à double tranchant l'amène à se joindre à des organisations ouvertement racistes telles que le « Mouvement pour la défense de la patrie » pour attaquer le projet de transfert des pouvoirs de l'AP, et en même temps appeller pour une alliance d'autres partis pour trouver une solution politique à la guerre.

Les succès militaires qu'ont connus les forces des LTTE depuis un an ont été accueillis de façon hystérique par les groupes fascisants et racistes. Le Janatha Vimukthi Peramuna (Front de libération du peuple, JVP) a abandonné ses récentes prétentions démocratiques et socialistes. Il a repris le slogan « Défendons la patrie » qui était le sien à la fin des années 1980, lorsqu'il assassinait à la façon des fascistes des syndicalistes, des ouvriers, et des dirigeants d'autres partis.

Beaucoup parmi ceux qui ont fait défection au PNU, à l'AP, et au JVP se sont joints au Parti Sihala Urumaya (Parti de l'héritage singhalais ­ PSU), qui a organisé une campagne dans les rues pour demander une « vraie guerre ». Cette organisation raciste s'oppose à tout droit démocratique pour le peuple tamoul, insistant qu'il doit être soumis par la force à l'État bouddhiste singhalais.

La crise politique actuelle ne provient pas seulement des récentes défaites militaires du régime de l'AP. Elle représente la conclusion logique des politiques menées par les partis bourgeois au long du dernier demi-siècle. Depuis que ses maîtres colonialistes britanniques lui ont donné le pouvoir en 1948, la bourgeoisie singhalaise a vécu dans la peur constante des ouvriers et des paysans.

En conséquent elle a soutenu une politique chauvine, basée sur l'idéologie singhalaise et bouddhiste, qui vise à les diviser selon des clivages ethniques et raciaux.

Une des premières mesures du gouvernement de 1948 fut d'enlever tous droits de citoyenneté aux journaliers tamouls des plantations. Puis s'ensuivirent la politique « des Singhalais seulement » de 1956 et la constitution de 1972 faisant du bouddhisme la religion d'État.

Le programme « diviser pour mieux régner » de la bourgeoisie n'aurait jamais pu réussir sans que le Parti Lanka Sama Samaja (LSSP) n'abandonne de plus en plus son programme socialiste au cours des années 1950 (son programme était basé sur l'unification des masses singhalaises et tamoules), une dégénérescence politique qui s'est terminée avec le LSSP qui se joignait au Parti de la liberté du Sri Lanka (PLSL) dans un gouvernement de coalition en 1964.

Cette trahison du LSSP permit la montée de tendances nationalistes et séparatistes chez les ouvriers et les couches moyennes tamouls d'un côté, et l'intensification du chauvinisme singhalais de l'autre, avec les anciens socialistes du LSSP parmi ses adeptes les plus féroces.

Quand la discrimination continue contre les Tamouls fit naître des organisations séparatistes armées, en particulier les LTTE, le régime PNU de Colombo répondit en 1983 en se lançant dans la guerre contre le peuple tamoul. L'hystérie chauvine anti-tamoule servit aussi à effecteur d'importants changements au sud. Le PNU a profité des événements pour établir une présidence dictatoriale et attaquer les conditions de vie des ouvriers, abandonner le programme précédent de développement économique national, et ouvrir l'économie pour préparer la pénétration du marché par le capital international.

À mesure que leurs politiques les ont mis en conflit avec les besoins et les intérêts du peuple, les régimes bourgeois successifs, autant du PNU que de l'AP, ont fait couler le sang tamoul et singhalais. On estime le nombre de morts dans les boucheries au nord à 60 000, et le nombre de morts au sud pourrait atteindre les 100 000. Presque tous les habitants du nord-est sont à présent des réfugiés, 90 pour cent d'entre eux sont sous le seuil de pauvreté, sont quotidiennement menacés de mort, d'épidémies, de faim, et de persécution, tandis que 500 000 personnes ont dû quitter le pays.

Des milliers de jeunes chômeurs des régions rurales sont la chair à canon dans cette guerre. L'inflation a augmenté de 1 066 points depuis l'arrivée de l'AP au pouvoir en 1994. La polarisation sociale s'est approfondie : les 40 pour cent les plus pauvres de la population n'ont que 15,3 pour cent des revenus, tandis que les 20 pour cent les plus riches en reçoivent 49,9 pour cent, selon les statistiques officielles de 1996-97. Le nombre de pauvres était 5,4 millions en 1970-72. À présent il est de 8,6 millions. Le nombre de suicides, 22 par jour, est un des plus élevés au monde. Et ces statistiques ne font qu'effleurer les conséquences sociales du régime capitaliste.

Seulement au cours des trois mois précédents, l'AP a doublé les dépenses militaires de 48 milliards de roupies (environ 3,5 milliards de FF), ce qui a eu pour conséquence de faire bondir les prix de 115 pour cent. Le pays a été mis en état de guerre avec l'adoption de mesures d'urgence restreignant les droits démocratiques, limitant sévèrement les droits des médias et interdisant les mobilisations populaires.

Le régime de l'AP, craignant l'éruption des luttes en masse contre la prochaine série de mesures du FMI et de la Banque Mondiale , qui a pour objectif de privatiser les secteurs de l'électricité, de l'eau, de la poste, des banques d'État, et des ressources naturelles telles que le phosphore, renforce les pouvoirs répressifs de l'État.

Il serait cependant incapable de gouverner sans le soutien du LSSP, du Parti communiste du Sri Lanka (PCSL) stalinien, et du Congrès ouvrier du Ceylan, ainsi qu'avec celui des bureaucraties syndicales et des partis bourgeois tamouls.

Le LSSP et le PCSL jouent dans cet arrangement le rôle principal. En 1994, quand le gouvernement du PNU voyait l'opposition des masses se développer, ils se sont rangés derrière le PLSL pour former l'AP en tant qu'alternative capitaliste au gouvernement. Ils ont prêté leur soutien à la continuation de la guerre par l'AP et à ses mesures d'urgence. Les deux partis soutiennent avec vigueur le projet de transfert des pouvoirs de l'AP visant à diviser la classe ouvrière.

Résumant l'hostilité de toutes les bureaucraties envers les luttes des ouvriers contre les mesures d'austérité et la montée des prix, un communiqué récent du LSSP affirmait : « Le fait est que le pays ne peut exister en état de guerre sans qu'il y ait, pour compenser, une économie de guerre ».

Depuis le début, le PES et son prédécesseur, la Ligue communiste révolutionnaire, se sont opposés à la guerre menée contre le peuple tamoul, luttant contre tout racisme et tout chauvinisme pour l'unité de la classe ouvrière. La lutte pour ces principes signifie que le PES s'oppose aussi à la politique séparatiste des LTTE, qui visent à établir un minuscule État bourgeois dans le nord et l'est de l'île. Ce n'est pas un programme qui vise à protéger les droits politiques du peuple tamoul. C'est une politique bourgeoise qui vise à séparer les ouvriers tamouls de leurs frères et leurs soeurs singhalais, pour nuire aux deux groupes.

Sachant que les puissances occidentales, et surtout l'Inde, ne soutiennent pas leur programme séparatiste, les LTTE ont laissé ouverte la possibilité de sa collaboration avec le régime meurtrier à Colombo, si celui-ci accepte de donner plus de pouvoir aux élites tamoules. Ni la politique séparatiste ni la « division du pouvoir » ne défendront les droits démocratiques des Tamouls opprimés ; ils ne font que renforcer les positions des élites dirigeantes singhalaise et tamoule.

Si le LSSP et le PCSL se sont joints à l'AP, le Parti Nava Sama Samaja (PNSS) s'est maintenu à l'écart pour mieux jouer son rôle de défenseur du capitalisme. En 1994, il soutenait l'avènement de l'AP au pouvoir, répandant des illusions sur les politiques de Kumaratunga sur la guerre et les droits démocratiques abrogés par le PNU.

Le caractère opportuniste du PNSS est démontré par le fait que de 1995 à 1997, il a soutenu le projet de transfert des pouvoirs de l'AP comme solution à l'oppression nationale. Depuis, il a appuyé les demandes pour une « patrie » tamoule en même temps qu'il s'alliait au JVP chauvin singhalais et anti-tamoul. Dans tous les détours et les contradictions de la politique du PNSS, il y a cependant un fil conducteur : une opposition à une politique indépendante de la classe ouvrière.

Seul le programme du PES peut offrir une solution aux peuples embourbés dans la confusion des partis bourgeois et de leurs alliés « de gauche ». Il se base sur trois tendances fondamentales : internationalisme, indépendance politique de la classe ouvrière, et politique socialiste.

Le PES réclame le repli des armées du Sri Lanka du nord et de l'est de l'île pour mettre fin à la guerre. Notre slogan : pas une roupie, pas une vie pour cette guerre catastrophique. Ce n'est pas une guerre pour les ouvriers et pour les pauvres. Elle est créée et soutenue par l'élite dirigeante qui place des fardeaux intolérables sur le peuple du Sri Lanka.

La constitution doit être développée par les représentants du masses populaires, et non pas par ceux d'une élite privilégiée. Comme en 1948, en 1972, et en 1978, l'AP cherche à imposer une autre constitution dans le dos de la population. Contre ces manoeuvres, le PES réclame la formation d'une véritable Assemblée constituante composée de délégués élus démocratiquement par le peuple, pour discuter et adopter une constitution basée sur leurs intérêts propres.

Les conditions sociales des ouvriers et des pauvres ne peuvent s'améliorer dans le cadre du système de profit. Ils font face à une dégradation profonde. Les ouvriers et les pauvres ne peuvent lutter contre l'offensive contre les emplois, les conditions de travail, et contre l'éducation et les services de santé gratuits en s'organisant de manière internationale, et en avançant une politique de réorganisation économique basée sur les besoins humains et des principes socialistes. Toutes les grandes entreprises doivent être nationalisées sous le contrôle des ouvriers, y compris les plantations. La propriété de toutes autres terres qui servent à l'agriculture doit revenir à celui qui travaille la terre.

Cette lutte pour les droits démocratiques et un programme socialiste nécessite l'unité des ouvriers singhalais et tamouls aux côtés des travailleurs de tout le sous-continent indien et du monde entier. La perspective des ouvriers doit être de lutter pour une république socialiste du Sri Lanka et Eelam, dirigée par un gouvernement d'ouvriers et de paysans, comme partie des États-Unis Socialistes du sous-continent indien.

Les ouvriers, les paysans, les jeunes, et certaines sections intellectuelles ont démontré leur opposition à la guerre, à la répression, et aux conditions sociales dégradantes qu'ont engendrées les gouvernements de l'AP et du PNU. Cependant, cette colère et ce dégoût ne suffisent pas. Ils doivent animer une lutte pour une perspective différente, qui permettra de se sortir du bourbier politique réactionnaire dans lequel s'empêtrent les partis capitalistes, les opportunistes de « gauche », et les chauvins.

Au cours des trois dernières décennies, le PES, et son prédécesseur la Ligue communiste révolutionnaire, a pu établir qu'il luttait pour les principes socialistes. Il s'est basé sur les traditions internationalistes établies dans les années 1940 par le Parti léniniste bolchevique de l'Inde.

Cette perspective internationaliste sur laquelle se base le PES est exprimée chaque jour dans le travail du Comité International de la Quatrième Internationale et le World Socialist Web Site pour ranimer une véritable culture socialiste internationale dans la classe ouvrière.

Le PES se prépare à un travail vigoureux politique et théorique lors de la campagne électorale qui vise à éduquer les ouvriers, les jeunes, les étudiants, et les intellectuels sur sa perspective socialiste internationale. Pour mener à bien sa campagne électorale, il veut créer une caisse de 500.000 roupies (environ 40.000 FF). Le PES demande à tous ses sympathisants de contribuer à cette caisse, de soutenir sa campagne et ainsi de créer un chemin pour la classe ouvrière et le peuple entier.


voir aussi:
Les origines historiques de la guerre civile au Sri Lanka  juillet 2000

 

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