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Canada : Des compressions budgétaires sauvages et le tiers de la fonction publique éliminée en Colombie-Britannique

par Guy Charron
13 décembre 2001

Le gouvernement de Colombie-Britannique, formé par le Parti libéral de Gordon Campbell, s'est donné comme mission d'entreprendre en quelques mois l'ensemble du programme de droite que l'Ontarien Mike Harris et l'Albertain Ralph Klein avaient réalisé en un mandat, se méritant les éloges enthousiastes des associations patronales et du National Post.

L'annonce que le gouvernement de la Colombie-Britannique voulait éliminer le tiers, c'est-à-dire 11 500, de ses fonctionnaires au cours des trois prochaines années a fait la une de la presse au Canada. Certains postes seront supprimés au moyen de retraites prématurées ou de primes de départ, mais selon le ministre des Finances, Garry Collins, ces mesures ne seront pas suffisantes et il faudra congédier 6500 personnes.

Cela représente les plus importantes coupes dans la fonction publique jamais entreprises au Canada. En comparaison, les gouvernements du Parti conservateur en Ontario et en Alberta avaient réduit la fonction publique de «seulement» vingt pour cent.

Ces compressions des effectifs viennent se rajouter à celles qu'avait déjà imposées le précédent gouvernement social-démocrate du NPD. Le gouvernement libéral propose aux fonctionnaires les mêmes mesures d'incitation à la retraite qu'avait proposées le NPD en 1996 et qui, déjà, faisait de la Colombie-Britannique la deuxième province avec le moins de fonctionnaires par habitant au Canada.

Pour justifier ses coupes sauvages, Collins évoque la possibilité d'un déficit de deux milliards l'an prochain, et d'un autre deux milliards l'année suivante. La première cause de ce déficit est le gouvernement Campbell lui-même qui, dès le premier jour où il siégea en juin 2001, avait annoncé des diminutions d'impôts de 3,5 milliards au cours des deux prochaines années. Cette crise fiscale provoquée est empirée par le fait que la province entre en récession, ayant perdu 50 000 emplois depuis avril 2001, ce qui a pour effet, en plus de la diminution des revenus gouvernementaux, d'augmenter les dépenses des programmes sociaux.

Malgré l'ampleur du déficit, Campbell a déclaré qu'il ne reviendra pas sur sa décision de diminuer les impôts. Selon les prévisions du gouvernement lui-même, les coupes dans la fonction publique permettront d'économiser environ 800 millions jusqu'en 2004. Collins a plutôt annoncé que chaque ministère devait réduire ses dépenses de 35 pour cent, et que le gouvernement envisage un plan de privatisation des services gouvernementaux et de déréglementation.

Le ministre de la Santé, Colin Hansen a confirmé que les services comme ceux offerts par les physiothérapeutes et les pédicures ne seront plus couverts en vertu de réformes qui seront en vigueur dès le début de 2002 et qui ont pour but de diminuer le budget de 130 millions. Ces réformes comprennent aussi une diminution de la protection de l'assurance médicaments pour les personnes âgées et les pauvres.

«La seule façon de satisfaire aux besoins des gens de la Colombie-Britannique et de garantir l'accès aux soins médicaux nécessaires aux patients est d'entreprendre certains changements structuraux » a déclaré Hansen, qui a ajouté que ces réformes ne représentaient qu' «une étape intermédiaire».

En réponse à ceux qui l'accusaient de renier la promesse électorale des libéraux de ne pas couper dans la santé ou l'éducation, Hansen a déclaré : « Je n'ai jamais dit que le système de santé ne changerait pas. »

Le gouvernement Campbell a aussi annoncé qu'il irait de l'avant avec sa promesse électorale d'éliminer un tiers de tous les règlements gouvernementaux. Cela signifie qu'avant juin 2004, il devrait revoir plus de 400 000 règlements touchant entre autres les conditions de travail, la protection de l'environnement et la qualité de l'eau qui devront être revus pour être refondus ou éliminés.

Cette question de la déréglementation à toutes vapeurs prend un tour sinistre pour tous ceux qui se rappellent Walkerton, une petite ville ontarienne où plus de 2000 personnes furent contaminées par la bactérie E.Coli. La politique d'élimination des règlements gouvernementaux de Mike Harris en Ontario a été un élément déterminant dans la chaîne des événements qui a mené à la contamination massive de cette petite communauté rurale. La situation en Colombie-Britannique sera compliquée d'autant que la fonction publique perdra rapidement ces effectifs.

Le ministre du Travail, Graham Bruce, a déclaré lors d'une réunion ministérielle publique : «Je serais d'avis, et je vous demande de ne pas m'en vouloir si ce que je vais dire pouvait sembler un peu partisan, qu'au cours des dix dernières années, dans la mesure où cela me concerne, cette province a eu pratiquement une attitude hostile envers l'entreprise, tout autant la petite que la moyenne ou la grande. Nous voulons renverser cette tendance.»

Cet ancien épicier a expliqué qu'il mettrait en place de nouvelles normes du travail où ce sont les employeurs eux-mêmes qui seront responsables de l'application des normes. Le ministre a indiqué que son projet fonctionnerait grâce à «la pression des pairs», les employeurs se surveillant les uns les autres. Il a ajouté que le gouvernement pourrait publier le nom des contrevenants chroniques, une mesure qu'il a baptisée : «faisons honte aux patrons».

Le ministre des Transports, Judith Reid, a admis que n'ayant plus d'argent pour construire d'autoroutes, son gouvernement imiterait le gouvernement ontarien en donnant la construction des nouvelles autoroutes à l'entreprise privée.

Le ministre des Services à la communauté, aux femmes et aux aborigènes a publié une première ébauche de son budget qui prévoit l'élimination du tiers de son effectif et des compressions budgétaires touchant «l'égalité pour les femmes, les programmes sociaux, les services à la communauté, l'héritage artistique, la culture, le sport et le multiculturalisme».

Ces mesures font partie d'un assaut général contre les travailleurs. Au pouvoir depuis six mois seulement, le gouvernement libéral de Campbell a déjà imposé des contrats dans trois conflits de travail, dont celui des infirmières, et a retiré le droit de grève aux enseignants en arguant que l'éducation était un service essentiel. Le ministre de la Santé a quant à lui dénoncé «les contrats trop rigides» pour être responsable des pénuries de personnel dans les hôpitaux. Cette déclaration lève un coin du voile sur une des initiatives les plus controversées et entourées de secret du gouvernement libéral de Colombie-Britannique : l'élimination de clauses des contrats avec les employés du secteur public et parapublic jugées trop restrictives ou trop coûteuses par le gouvernement.

Le gouvernement libéral a aussi annoncé qu'il mettrait en place un programme pour forcer les assistés sociaux à retourner au travail, et a renié sa promesse électorale de ne pas diminuer le salaire minimum en créant une nouvelle catégorie des travailleurs, les travailleurs à l'entraînement, qui gagneront deux dollars l'heure en dessous du salaire minimum de huit dollars l'heure pendant les 500 premières heures de travail.

Aussitôt le gouvernement libéral de Campbell élu, les syndicats lui offraient leur pleine et entière collaboration. Le président de la Fédération du travail de Colombie-Britannique déclarant alors que Campbell «voulait franchement faire de la Colombie-Britannique une meilleure province». Les TCA avaient appuyé l'entente imposée par les libéraux pour mettre fin à la grève de quatre mois du transport en commun à Vancouver, malgré que celle-ci permette l'embauche de conducteurs d'autobus à temps partiel et la sous-traitance.

Lors des élections au printemps dernier, le NPD s'était effondré. Après huit années au pouvoir, il n'avait réussi à conserver que deux sièges sur les 76 que compte la législature. Fermant des hôpitaux, brisant les grèves et réduisant les impôts des compagnies, le parti s'est aliéné la classe ouvrière, et les libéraux loin de recevoir un appui pour leur programme de droite ont plutôt bénéficié d'un vote de protestation.

Le NPD tente aujourd'hui de faire oublier le rôle qu'il a joué pour défendre les intérêts de «l'entreprise, tout autant la petite que la moyenne ou la grande». La dirigeante du NPD de Colombie-Britannique, Joy MacPhail déclarait : «Nous sommes tombés non pas parce que nous avons tenu à nos valeurs, mais bien parce que nous les avons reniées», a dit MacPhail. «Nous n'avons pas glissé lorsque nous avons combattu pour les travailleurs, mais lorsque nous les avons oubliés. Et nous avons connu l'échec non lorsque nous avons gouverné comme des néo-démocrates, mais lorsque nous avons cessé de le faire.»

Elle aimerait faire oublier que c'est précisément en vertu des «valeurs» et du programme du NPD, le nationalisme et la défense de «l'économie de marché» que le NPD «oublie» les travailleurs.


 

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