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Le milieu canadien des affaires alarmé par la détérioration du climat économique

Par Keith Jones
17 février 2001

Les partis fédéraux d'opposition et la plupart des média d'affaires exhortent le gouvernement libéral du Canada à introduire un nouveau budget pour arrêter ou ralentir du moins la descente vers la récession.

En octobre dernier, juste avant d'appeler une élection générale, les libéraux ont introduit un « mini-budget » qui réduit d'un montant de $100 milliards sur les cinq prochaines années les taxes applicables sur le revenu personnel, les gains en capital et les entreprises. Le mini-budget a été chaudement accueilli par la grande entreprise car il consacre le gros des surplus budgétaires projetés du gouvernement fédéral à des baisses de taxes, et non à des dépenses sociales visant à réparer les trous béants dans le filet de sécurité sociale du pays. Les coupures de taxes vont en outre profiter de façon disproportionnée aux mieux nantis.

On s'attendait à ce que les libéraux suivent la tradition canadienne et introduisent un budget complet en février ou en mars. Mais peu après que le gouvernement ait été réélu, le ministre des Finances Paul Martin a annoncé qu'il n'y aurait pas de « budget de printemps » en 2001. Le mini-budget d'octobre dernier servirait donc de budget pour cette année. Cette décision visait à dissiper les craintes de la classe dirigeante, alimentées par les opposants de droite au gouvernement, que les libéraux s'apprêtaient à annoncer une ou plusieurs initiatives majeures de dépenses publiques.

Mais avec l'accumulation des signes que l'économie était en déclin, les milieux des affaires ont commencé à augmenter les pressions pour que le gouvernement change de cap et dépose un nouveau budget.

Les chefs d'entreprise du Canada, ou du moins une bonne partie d'entre eux, veulent que le gouvernement « stimule » l'économie en réduisant davantage les taxes et en diminuant les dépenses publiques afin de compenser la baisse des revenus en taxes qui va résulter d'une récession.

En soutenant la nécessité pour le gouvernement de réduire les taxes quelques mois seulement après avoir annoncé la plus grosse baisse de taxes dans l'histoire du Canada, la grande entreprise, ses porte-paroles dans les média, et l'opposition officielle formée par l'Alliance canadienne font également référence au plan de coupures de taxes de $1600 milliards (US) sur dix ans déposé par le président américain George W. Bush. Bien que Bush ait prôné une telle coupure de taxes bien avant que la croissance économique aux Etats-Unis ait commencé à ralentir, il la présente aujourd'hui comme une mesure pour combattre la récession. De toute façon, ceux qui font pression pour que le gouvernement Chrétien réduise davantage les taxes soutiennent que le congrès américain va très probablement endosser sous une forme ou une autre les coupures de taxes de Bush, ce qui laissera les taux canadiens de taxation, en particulier sur les revenus élevés, à un niveau très supérier à celui des Etats-Unis.

Le National Post a déploré dans un récent éditorial que les Libéraux, « après avoir livré la marchandise avec une série de coupures de taxes en octobre, semblent croire qu'il n'y a rien d'autre à faire. Aux États-Unis par contre, où un tournant vers la récession annonce probablement notre propre ralentissement économique, de puissants remèdes sont présentement envisagés. En comparaison au projet de Mr Bush, le plan d'Ottawa semble plutôt timide. »

Jusqu'à présent, le premier ministre Jean Chrétien, Martin et le gouverneur de la Banque du Canada David Dodge suivent l'exemple du président de la réserve fédérale américaine Alan Greenspan et insistent qu'il n'y a pas lieu de s'alarmer. Tout en admettant que l'économie ne croît pas au même taux par rapport au milieu de l'année dernière, ils soutiennent qu'une récession peut être évitée en réduisant les taux d'intérêts au bon moment.

« Malgré les incertitudes à court terme, la banque reste positive quant à nos perspectives économiques pour 2001 », a déclaré Dodge lors d'une conférence de presse le 6 février. Face au ralentissement évident de l'économie nord-américaine, Dodge a réduit les prévisions de la banque centrale quant à la croissance de l'économie canadienne cette année à un niveau de 3 pour cent.

Prenant la parole à Londres la semaine dernière, Martin a réitéré les propos de Dodge rejetant toute possibilité que l'économie canadienne coure le danger d'entrer dans une période de sérieux déclin. « Quelle est la raison première du ralentissement? », a demandé Martin. « C'est la correction d'inventaire. » Il a prédit que l'écoulement des produits en inventaire allait propulser l'économie vers le haut dans la deuxième moitié de l'année.

Martin a ensuite répété ses affirmations antérieures que le Canada était mieux placé que jamais pour résister à une récession aux Etats-Unis. « Je ne dis pas qu'on ne va pas être touché », a déclaré Martin. « Mais il est clair, et les économistes qui suivent le secteur public sont d'accord là-dessus, qu'on va s'en sortir. »

Le fait est que l'économie canadienne est beaucoup plus dépendante des États-Unis que jamais auparavant. Plus de 85 pour cent des exportations du Canada s'en vont aux Etats-Unis et près de 40 pour cent du PNB total du pays dépend du commerce.

Les signes que l'économie canadienne est touchée par le déclin de l'activité économique au sud de la frontière se multiplient depuis plusieurs mois.

* Selon l'agence gouvernementale Statistiques Canada, l'économie canadienne a connu une croissance annuelle de seulement 1,2 pour cent en novembre. Le déclin le plus important a été observé dans la production manufacturière avec une baisse de 0,5 pour cent par rapport au mois précédent. La production d'automobiles a chuté de 4,6 pour cent, le troisième déclin mensuel consécutif, et les fabricants de pièces d'automobiles ont réduit leur production de 5,4 pour cent.

* Une étude du climat de confiance dans le milieu canadien des affaires a été rendue publique la semaine dernière. Elle révèle le plus important déclin jamais enregistré, les employeurs faisant état de commandes en baisse et prévoyant une réduction de la production. Sur 4.000 compagnies contactées, 48 pour cent ont rapporté une baisse des commandes, soit 18 pour cent de plus qu'en octobre. À peine 15 pour cent des compagnies contactées ont dit qu'elles s'attendaient à une hausse de la production.

* Le chômage a augmenté de 1 pour cent en janvier pour atteindre 6,9 pour cent, et il va probablement continuer de croître dans les mois à venir, étant donné la liste croissante d'employeurs à annoncer des mises à pied et des plans de coupures de postes.

Au niveau des mises à pied, les secteurs les plus touchés ont été l'industrie automobile, le moteur de l'économie industrielle du Canada, et la haute technologie, qui a connu la croissance la plus rapide de ces dernières années.

La semaine dernière, Nortel Networks, le joyau de l'industrie de haute technologie du Canada, a annoncé qu'elle allait réduire sa force de travail mondiale de 10.000 employés, et non de 6.000 tel qu'annoncé cinq semaines auparavant. Près d'un quart des mises à pied, soit 2.500, sont prévues au Canada. Nortel a combiné son annonce de mises à pied à une nette réduction de ses prévisions de croissance pour l'année courante, ce qui a provoqué une chute en valeur de l'action de Nortel. En juillet dernier, la capitalisation de Nortel représentait plus du tiers de la valeur de toutes les compagnies inscrites au marché boursier de Toronto. Depuis, Nortel a perdu plus des deux tiers de sa valeur, ce qui a causé de larges pertes aux maisons d'investissement et aux investisseurs individuels.

JDS, le plus important acteur au monde dans la conception et la fabrication de composantes en fibre optique et de modules pour les réseaux de télécommunications, a récemment licencié 700 travailleurs à contrat dans ses opérations à Ottawa.

Mais les plus grandes pertes d'emplois sont survenues dans le secteur de l'automobile. Dans le cadre d'un plan visant à couper 26.000 emplois en Amérique du nord et du sud, DaimlerChrysler a annoncé qu'elle allait licencier près de 4.300 cols bleus et salariés au Canada. De plus, les emplois de 1.200 travailleurs qui montent des fourgonnettes dans une usine de Windsor, Ontario, sont menacés si aucun nouveau produit n'est trouvé pour l'usine d'ici un an.

General Motors, qui s'apprête à réduire sa production nord-américaine de 25 pour cent ce trimestre, a annoncé la fermeture temporaire d'usines d'assemblage à Oshawa, Ontario et Ste-Thérèse, Québec. Ford a réduit ses plans de production nord-américaine de 17 pour cent ce trimestre.

Les coupures d'emplois des Trois Grands vont inévitablement se propager à l'industrie des pièces d'automobiles et aux autres fournisseurs clés, tels que les fabricants de plastique, de caoutchouc et de textiles, ce qui menace au moins 10.000 autres emplois reliés à l'automobile cette années. Déjà, le fabricant de roues Alloy Wheels International (Canada), l'un des plus gros employeurs à Barrie au nord de Toronto, a déclaré faillite, jetant plus de 500 employés au chômage.

Les automobiles, les camions et les pièces d'auto représentent plus de 40 pour cent des exportations de l'Ontario et un emploi sur six dans la province la plus peuplée du Canada. Sept pour cent du produit intérieur brut du pays provient directement de l'industrie automobile.


 

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