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Le président de la banque centrale des États-Unis endosse les réductions d'impôts pour les riches proposées par l'administration Bush"

 

Par Patrick Martin
Le 27 janvier 2001

Alan Greenspan, le président de la Réserve fédérale américaine, a changé sa position le 25 janvier dernier en endossant les réductions d'impôts massives pour les riches constituant le principal point du programme économique de la nouvelle administration Bush. S'adressant au comité budgétaire du Sénat américain, Greenspan a présenté comme arguments en faveur de la diminution des surplus budgétaires au moyen de réductions d'impôts la menace d'un ralentissement de l'économie et le danger de nouvelles demandes de dépenses fédérales.

Dans sa déclaration au comité sénatorial qu'il avait préparée à l'avance, Greenspan a fait siens les points des conseillers économiques de Bush soutenant que des réductions massives d'impôts pourraient servir de police d'assurance contre une possible récession. « Si la faiblesse économique actuelle venait à s'étendre encore plus que prévu, des réductions d'impôts pourraient bien être utiles », a-t-il déclaré. Ce faisant, Greenspan a oublié ses préoccupations antérieures sur la question des réductions d'impôts. Il y a peu, il soutenait encore en effet que les réductions d'impôts nuisent aux efforts pour payer le déficit fédéral et libérer des capitaux pour l'investissement. « Les données les plus récentes démontrent de façon significative la probabilité qu'il y aura suffisamment de ressources disponibles pour entreprendre simultanément la réduction de la dette et appliquer une politique de réduction des surplus. Par conséquent, le compromis antérieur ne semble plus être d'actualité ».

Or, il n'y a de cela seulement qu'une semaine, Greenspan partageait encore la vision de l'administration Clinton en s'opposant aux réductions d'impôts pour les riches qui avaient été proposées par le congrès à majorité républicaine, tout comme au plan proposé par Bush pendant la campagne présidentielle. Les réductions d'impôts de Bush s'élèveraient à 1,6 billion $, soit deux fois plus que les 800 milliards $ de réductions approuvées par le congrès en 1999 et qui ont été graduellement adoptées depuis.

Greenspan avait appuyé la décision de Clinton d'opposer son veto contre les deux réductions d'impôts proposées par le congrès. Mais cinq jours seulement après le départ de Clinton et l'entrée de Bush à la Maison Blanche, le président de la banque centrale a changé de position. La soudaineté de ce revirement, ainsi que l'apparence faussement transparente des raisons données par Greenspan - les dernières statistiques économiques laissant entrevoir un immense surplus budgétaire sont nettement exagérées - mettent en relief la nature politique de son geste.

Parlant au nom des sections les plus puissantes de la grande bourgeoisie, Greenspan a mit tout son poids derrière le plan de réduction des impôts de Bush trois jours seulement après son introduction au congrès. Ce soutien affaiblit ce qui n'aurait été de toutes façons qu'une faible opposition du Parti démocrate, et assure pratiquement l'adoption des réductions d'impôts d'une façon ou d'une autre. Cette maigre opposition était déjà en train de s'écrouler. En effet, dès le début de janvier, le leader de la minorité démocrate à la chambre des représentants, Richard Gephardt, avait déjà signalé qu'il espérait « en arriver à un compromis » avec Bush sur la question des impôts. Apparaissant au « Today Show » diffusé sur la chaîne télévisée NBC le 3 janvier, il a déclaré : « je pense qu'il est temps de réduire les impôts. C'est mon impression, et c'est aussi celle des démocrates depuis un bon bout de temps déjà ».

Le soutien du Parti démocrate

Avant même que le projet de loi de réductions des impôts ne fut présenté au Sénat le 22 janvier par le sénateur Phil Gramm (républicain ­ Texas), un premier partisan démocrate, le sénateur Zell Miller de Géorgie s'était déjà manifesté, et il apparut avec Gramm lors d'une conférence de presse pour vanter le projet de loi calqué sur la plate-forme électorale de Bush. Avec ce projet de loi, la taxe successorale est abolie. Cette taxe ne touche que quelques milliers de familles aisées chaque année. Les taux d'imposition sont systématiquement réduits, et la pénalité dite du mariage est éliminée (une conséquence de l'impôt progressif qui faisait que les couples mariés les plus fortunés payaient plus d'impôts s'ils faisaient une déclaration de revenus commune plutôt que deux distinctes.

L'effet combiné de ces dispositions représente une immense aubaine pour les riches. Sur le total de 1,3 billion $ répartis sur les neuf ans d'application de la loi Gramm-Miller, 500 milliards $ iront au un pour cent les plus riches des Américains. Les 800 milliards $ qui restent iront aux quatre-vingt-dix-neuf pour cent du reste de la population. La majorité des foyers de la classe moyenne ne bénéficieront ainsi que de maigres réductions d'impôts ­ équivalentes à quelques centaines de dollars par année dans la plupart des cas. Enfin, les vingt pour cent les plus démunis, qui paient peu ou pas du tout d'impôt, ne recevront rien.

Miller défend explicitement les bénéfices disproportionnés du projet de loi qui favorisent les riches : « Qui sommes nous pour décider, choisir, sélectionner et distinguer entre les contribuables ? C'est tout le monde ensemble qui a trop payé, et c'est pourquoi tous ont droit à un répit face à cette structure d'imposition oppressive. Je partage l'avis du président Bush : les contribuables sont meilleurs juges que nous pour décider comment dépenser leur argent ».

Le leader de la minorité au Sénat, Tom Daschle, s'est opposé au projet de loi Gramm-Miller en proposant son propre plan de réduction des impôts, dans lequel la taxe successorale serait éliminée pour la plupart des propriétés et la pénalité au mariage éliminée. D'autres allégements fiscaux plus destinés à la classe moyenne qu'aux super riches sont également prévus dans le plan démocrate, dont la valeur a été évaluée entre 600 milliards $ et 700 milliards $.

Selon les porte-paroles républicains, les réductions d'impôt devraient aller plutôt en augmentant qu'en diminuant, malgré le chiffre de 1,3 billion $ déjà atteint. Le leader de la majorité à la Chambre des représentants, Richard Armey, a suggéré que les réductions d'impôts soient rétroactives à l'année 2000 de façon à ce que les premiers remboursements arrivent dès les prochains mois, ce qui contribuerait à stimuler l'économie et à retarder la récession, car le plan Bush proposé pendant la campagne ne prendra pas effet avant l'année prochaine.

Craintes de récession

Les observations formulées par Greenspan le 25 janvier démontrent que la crainte d'un ralentissement économique a joué un rôle important dans le changement de politique de la Réserve fédérale. Interrogé directement à savoir si oui ou non l'économie américaine était déjà en récession, Greenspan a annoncé que le taux de croissance avait chuté abruptement. « Aussi loin que l'on puisse voir, nous avons enregistré un ralentissement économique extrêmement important et nous sommes probablement près d'une croissance zéro actuellement ».

De façon soudaine, la Réserve fédérale a diminué les taux d'intérêts d'un demi point au début du mois, et on s'attend à l'annonce d'une nouvelle diminution des taux à la prochaine réunion des 30 et 31 janvier. Greenspan a également mentionné une autre raison, plus idéologique et à long terme, pour soutenir les réductions massives de l'impôt fédéral. Sans réduction, a-t-il soutenu, les surplus budgétaires pourraient amener le gouvernement fédéral à accumuler des avoirs financiers substantiels, ce qui le forcerait à jouer un rôle économique plus important qu'actuellement.

En matière de politique budgétaire comme au niveau de la transformation du système de sécurité sociale, il a parlé de « transférer les épargnes du gouvernement dans des comptes privés afin d'éviter l'accumulation d'avoirs particuliers dans les comptes gouvernementaux ». Greenspan appuyait ainsi dans la langue tortueuse qui est sa marque de commerce, l'idée de privatisation partielle de la Sécurité sociale proposé par Bush, ce qui implique la création de comptes d'investissement particuliers pour plus de 100 millions de travailleurs, et partant à un immense influx d'argent nouveau sur les marchés boursiers.

L'administration Bush pourrait agir bien plus vite que prévu sur la question de la « réforme » de la Sécurité sociale, maintenant qu'elle a été aiguillonnée par les secousses ressenties sur le marché boursier et que la perspective d'un ralentissement économique menaçant de réduire les surplus budgétaires disponibles pour combler le coût des réductions d'impôts se profile à l'horizon. Le principal conseiller économique de Bush, Laurence Lindsey, déclarait il y a une semaine, que la « question doit être posée » quant à savoir si les surplus de la Sécurité sociale peuvent être utilisées pour aider à payer les propositions de Bush.

Tout au long de sa campagne présidentielle, Bush n'a cessé de nier l'existence d'un plan pour sabrer dans la Sécurité sociale afin de financer des réductions d'impôt pour les riches, en déclarant que les surplus de la Sécurité sociale seraient exclusivement consacrés au programme des pensions de retraite. Mais Lindsey a maintenant balayé de la main ces fausses prétentions. « Je comprend pourquoi cela est important politiquement, a-t-il déclaré au Washington Post. Or il est important de ne pas perdre de vue les réalités économiques ».

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