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Ralentissement économique dans la zone euro

Par Nick Beams
26 mai 2001

Pas plus tard qu'en mars dernier, Wim Duisenberg, le président de la Banque centrale européenne (BCE) avait insisté sur le fait que les perspectives économiques de la zone euro étaient «robustes» et qu'il n'existait aucun signe que le ralentissement de l'économie américaine avait «des effets de débordement significatifs et durables».

Il y a deux semaines cependant, le président de la BCE était un tant soit peu moins optimiste en affirmant que la croissance réduite de l'économie américaine aurait seulement un «impact limité» en Europe.

Toutefois, des chiffres publiés cette semaine révèlent que le ralentissement se développe en Europe à un rythme plus rapide qu'il n'avait été anticipé.

Les données les plus significatives arrivaient d'Allemagne qui joue un rôle clé dans l'économie de la zone euro. La croissance, durant le premier trimestre, était seulement de 0,4 pour cent, ramenant le taux de croissance annuel à 2 pour cent contre un taux de 2,6 pour cent au trimestre précédent. Les principaux facteurs à l'uvre étaient un déclin abrupte des investissements en machines et en équipements ainsi qu'une «croissance anémique des exportations et de la consommation privée» selon un rapport.

Parallèlement, des chiffres préliminaires concernant l'indice des prix à la consommation indiquaient une hausse du taux d'inflation de 3,5 pour cent - le niveau le plus élevé depuis décembre 1993. Les prix des produits alimentaires enregistraient une augmentation de l'ordre de 5,7 à 9,9 pour cent, les prix de l'énergie domestique ont augmenté de plus de 15 pour cent et les prix du pétrole ont augmenté de 17 pour cent.

Alors qu'en Allemagne le taux de croissance plus faible avait été apparent depuis des mois, les chiffres venant de France avaient fait la surprise. Ceux-ci montraient que l'économie française n'avait progressé que de 0,5 pour cent durant le premier trimestre de cette année, une baisse par rapport à l'expansion de 0,8 pour cent durant le dernier trimestre de l'année passée et bien inférieur au taux escompté.

Les mêmes tendances se font voir ailleurs dans la zone euro. Comme le remarquait un compte rendu du New York Times: «Les Pay-Bas, l'un des pays en tête de la croissance au cours de cette dernière décennie, annonçait il y a quelques jours que son économie avait pratiquement cessé de croître durant le dernier trimestre de l'année passée et, le pays voisin, la Belgique où les tendances économiques présagent souvent les développements de l'ensemble de la zone euro, a vu la confiance tomber à son plus bas niveau depuis deux ans.»

A Londres, le Financial Times sous le titre «Une brise fraîche traverse l'Europe» attirait l'attention sur la combinaison d'une croissance ralentie et d'une inflation accrue.

«Cette combinaison malheureuse», remarquait le quotidien, «n'est que l'ombre de la 'stagflation' des années 1970 quand l'augmentation des prix du pétrole avait poussé l'inflation en Europe à une pointe atteignant plus de 13 pour cent alors que la croissance stagnait. Mais, le parallèle est plus inconfortable. Avec un taux de chômage de plus de 8 pour cent dans la zone euro il devrait y avoir suffisamment de marge pour garantir une croissance non-inflationniste. Mais, en dépit d'une relance bienvenue en France depuis 1998, le bilan économique de la zone avait été décevant, un fait reflété dans la faiblesse continue de l'euro.»

La coïncidence dans les données de cette semaine entre une croissance en baisse et des prix à la hausse avait eu immédiatement des répercussions sur les marchés monétaires, faisant plonger l'euro à son niveau le plus bas de cette année - 85,03 cents US - comparé à son plus haut niveau de 95,95 cents US en janvier.

La réaction sur les marchés monétaires est dictée par les implications contradictoires que renferment les données de croissance et d'inflation pour la politique monétaire. D'un côté, des taux de croissance en baisse appellent à une baisse des taux d'intérêt et, de l'autre, la confrontation à une perspective d'inflation en hausse, fera que la BCE laissera les taux inchangés ou les augmentera même.

Récession mondiale en perspective

La baisse des taux de croissance en Europe a des implications pour l'ensemble de l'économie mondiale. Ceci signifie que trois régions principales - les Etats-Unis, l'Europe et le Japon - connaissent des taux de croissance plus faibles et sont même confrontées à une récession.

Le ralentissement global a été traduit dans les prévisions publiées cette semaine par l'Organisation mondiale du Commerce (OMC). La croissance du commerce mondial n'est escomptée être cette année que de 7 pour cent au lieu de 12,5 pour cent l'année dernière.

L'OMC déclarait que «Les perspectives pour le commerce mondial en 2001 se sont assombries au cours de ces derniers mois». «L'on s'attend à ce que la décélération de la croissance commerciale globale qui avait commencé durant les derniers mois de l'an 2000 se poursuive tout au long de l'année 2001.»

Suite au ralentissement de l'économie américaine, les risques encourus par les vingt principaux pays exportateurs seraient, au dire de l'OMC, plus grands pour ceux dont les exportations vers les Etats-Unis dépassaient un tiers de leur total.
Aucun revirement rapide ne peut être attendu de l'économie américaine, malgré les baisses précipitées des taux directeurs de la Réserve Fédérale (Fed).

Lors d'un important discours tenu à l'Economic Club de New-York jeudi soir, Alan Greenspan, le président de la Fed, affirma que les Etats-Unis ne connaissaient qu'une «pause» de l'expansion économique et la mise en uvre à plus grande échelle de technologies innovatrices «devrait à nouveau renforcer la demande d'investissement en capitaux et restituer une croissance économique solide.»

Mais, tout en formulant ces propos, Greenspan prévenait que l'économie américaine était susceptible de décliner davantage. «La période de croissance économique négative n'est pas terminée», précisa-t-il, «et nous ne sommes pas débarrassés du risque d'une faiblesse économique dépassant ce que nous anticipons actuellement, ce qui exigerait des réponses politiques supplémentaires».

Certains commentateurs économiques ont émis des doutes quant à la capacité de telles «réponses politiques» - la baisse des taux directeurs - à aboutir à une reprise de l'expansion. Ils ont fait remarquer que le ralentissement n'étant pas causé par la politique monétaire de la Fed, celle-ci ne pourrait donc pas y remédier.

Durant la période d'après-guerre, notent ces observateurs, les récessions avaient été initiées par un resserrement de la politique monétaire. Dans le cas présent, cependant, le ralentissement est la conséquence d'un excès de capacité en raison d'un niveau d'investissement sans pareil dans les technologies de l'information et dans l'infrastructure.

Dans un article intitulé «L'impuissance de la politique monétaire» paru dans le Financial Times de jeudi, l'économiste mondial David Hale du Zurich Financial Services avançait des chiffres montrant la rapidité avec laquelle les investissements avaient augmenté dans la fin des années 1990 et le rôle qu'ils avaient joué dans la croissance de l'économie américaine.

Le boom de l'investissement en capitaux de la fin des années 1990, écrivait-il, avait résulté «d'un flux monétaire sans précédent vers le secteur technologique issu de sources les plus diverses». L'augmentation la plus spectaculaire s'était produite dans les capitaux à risque finançant les nouvelles entreprises. Ceux-ci étaient passés de 4,4 milliards de dollars en 1995 à 114,6 milliards de dollars en 2000.

«Le recours aux capitaux à risque entre 1990 et 2000 était égal à 70 pour cent du capital à risque des deux décennies précédentes. La valeur des actions vendues durant l'introduction en bourse d'actions du secteur technologique a bondi à 37,5 milliards de dollars en 2000, contre un niveau de 2 à 3 milliards au début des années 1990. Le marché des junk bond (obligations risquées à haut rendement) fournissait, entre les années 1997 et 2000, 200 milliards de dollars pour le financement de nouveaux 'fournisseurs' dans les services de télécommunication».

Dans l'ensemble, les investissements dans les technologies nouvelles s'étaient révélés être «le principal moteur de croissance à la fin des années 1990». A partir de 1995, le financement des technologies de l'information était passé de 227,5 milliards de dollars à 713 milliards de dollars, soit près de 25 pour cent de la croissance du produit interne brut de cette période.

Aucune baisse du taux directeur par la Fed ne ramènera ces conditions vu que le problème n'est pas le prix élevé de l'argent mais une capacité de production excédentaire entraînant une pression sur les taux d'intérêt, des restrictions dans les investissements et une réduction de la croissance économique.

L'économie mondiale est tellement interconnectée que ces pressions se font sentir à présent bien au-delà des Etats-Unis comme le prouvent les derniers chiffres en provenance de l'Europe.


 

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