wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

Un nouveau virage à droite du Parti québécois

Guy Charron
9 mars 2001

Le Parti québécois, le parti sécessionniste au pouvoir au Québec, effectue un nouveau virage à droite, qui vient déstabiliser encore plus un parti déjà en crise.

Après de sauvages compressions budgétaires, le PQ avait annoncé l'an dernier que la période des vaches maigres tirait à sa fin, et que les services publics malmenés selon le gouvernement lui-même pourraient profiter d'un réinvestissement.

Le vote des crédits qui a toujours lieu avant la fin de l'année fiscale, le 31 mars au Québec, a suscité des discussions acerbes au sein du cabinet ministériel sur les budgets de l'éducation et de la santé, alors qu'il est envisagé qu'ils devront subir des compressions budgétaires de $400 et $600 millions respectivement. Ces sommes représentent environ la moitié de l'augmentation anticipée des coûts de fonctionnement de chacun des ministères.

Et au sein des officines gouvernementales, une nouvelle ronde de coupes est présentement à l'étude. Dernièrement, les journaux ont publié que le gouvernement péquiste étudie la possibilité d'éliminer les allocations familiales pour les deux premiers enfants pour plus de 260 000 familles. Les allocations minimales sont présentement de 80 dollars par enfant par année, déjà réduites l'an passé de 131 dollars pour le premier enfant, et de 174 pour le deuxième. Seules les familles bénéficiant de l'aide sociale ou gagnant un peu plus que le salaire minimum pourront encore bénéficier de l'aide gouvernementale. Devant énumérer les avantages de cette mesure, les fonctionnaires qui ont élaboré le document de travail n'ont pu en citer d'autres que celui d'atteindre la cible donnée le président du Conseil du Trésor.

Une nouvelle crise au PQ

La dispute au sein du cabinet ministériel a publiquement opposé Bernard Landry, le ministre des Finances au ministre de l'Éducation, François Legault. Cette dispute fait suite aux intenses tractations qui ont suivi la démission de Lucien Bouchard du poste de président du parti et de premier ministre. Landry est aujourd'hui le nouveau premier ministre alors que Legault fut pressenti comme un candidat potentiel pour le poste.

Landry tenait absolument à rassurer le monde des affaires qu'il accélérerait le programme de réductions d'impôts, tout en gardant le budget sous contrôle, et apparemment pensait avoir gagné le cabinet ministériel à ses positions.

Mais une semaine plus tard, le ministre de l'Éducation, François Legault, déclenchait la tempête lorsqu'il déclarait très publiquement qu'il ne pourrait pas respecter les contrats de performance qu'il avait péniblement conclu il y a quelques semaines seulement avec les universités. Il affirmait que le conseil des ministres, malgré les promesses données l'an passé lors du Sommet de la jeunesse, ne financerait qu'une partie de l'augmentation prévue des coûts de fonctionnement du ministère.

L'annonce de Legault a soulevé un tollé de protestations des différents acteurs au sein de l'éducation. Malgré que Landry ait réaffirmé que «l'argent dont a besoin le secteur de l'éducation serait là», Legault a continué à affirmer que le budget de l'éducation serait comprimé.

C'est une mesure de la crise du PQ qu'il ait dû offrir le spectacle étrange de faire revenir en catastrophe Bouchard, le premier ministre démissionnaire, d'un voyage en Europe pour arbitrer la guerre intestine au sein du cabinet ministériel, impliquant celui qui est premier ministre en attente.

Il a fallu une journée intense de discussion entre les protagonistes pour arriver à une apparence d'entente. Le lendemain, en conférence de presse où Landry brillait par son absence, Bouchard a admis qu'avant la réunion, sa vision du financement de l'éducation n'était pas nécessairement «partagée par tout le monde.» Il a aussi parlé «d'aménagements» dans les crédits sans mention ce qui sera «aménagé» au juste.

Et dans la semaine qui a suivi, Landry est resté extrêmement vague devant les requêtes des associations d'étudiants qui demandaient des précisions sur les crédits. Il s'est contenter de dire que le budget de l'éducation connaîtrait une «expansion» et qu'il tiendrait les promesses sur lesquelles il y avait eu consensus au Sommet du Québec et de la jeunesse.

Les recteurs d'université et la Chambre de commerce de Montréal se sont élevé contre les compressions anticipées du gouvernement péquiste dans le secteur de l'éducation. « Je suis encore très perplexe, note le recteur de l'Université de Sherbrooke. Les coûts de système, ce n'est pas une petite dépense pour nous et M. Landry n'a rien dit à ce sujet. »

Le monde de l'éducation fut durement frappé par les mesures entreprises par le gouvernement péquiste au lendemain du référendum de 1995 pour éliminer le déficit provincial. Sur un budget d'environ 9 milliards de dollars, il a déjà connu des compressions de 1,5 milliards. Il y a un an, le PQ avait fait grand cas de promesses de réinvestissement de 1 milliard dans l'Éducation au cours des trois années subséquentes lors d'un sommet de la jeunesse.

Ces réinvestissement étaient toutefois conditionnels, et le refinancement des universités passait par « des contrats de compétence » où les recteurs des universités québécoises acceptaient certaines conditions pour obtenir un financement indexé et quelques millions supplémentaires.

Une partie de l'élite financière, jugeant que les compressions budgétaires avaient déjà soumis plus directement les universités aux besoins immédiats des grandes entreprises, souhaite un réinvestissement contrôlé dans l'éducation pour former au frais de l'ensemble de la société les travailleurs dont elles ont besoin pour lutter contre leurs rivales internationales.

Valery Blair, spécialiste des finances publiques des provinces chez Standard and Poor's, la firme qui a pour rôle d'établir la côte de crédit des gouvernements, a déclaré au journal Le Devoir que dans un contexte où le gouvernement affiche des surplus, le Québec est tout à fait justifié de réinvestir dans l'éducation et la santé. «C'est ce qu'on voit dans bien des provinces. C'est un bon moment pour faire du rattrapage. Les provinces se rendent compte qu'elles ont effectué des compressions trop importantes au cours des années 90. Elles tentent de rétablir un équilibre. »

Si une partie du monde des affaires désire un système d'éducation «compétitif», les intérêts sont plus divergents sur la question du système de santé.

D'un côté, les compagnies pharmaceutiques, une des industries principales de Montréal, et plusieurs grandes multinationales désirent un système de santé financé par les impôts, dont la majeure partie est payée par les classes moyennes.

De l'autre, les compagnies d'assurance, le monde financier, les industries dépendant d'une main-d'oeuvre plus générale et plus facilement remplaçable et les couches les plus aisées de la population préféreraient un système privé de santé, croyant pouvoir se payer des meilleurs soins avec les économies sur l'impôt.

Utilisant comme prétexte le piètre état du réseau de la santé pour lequel il est le principal responsable, le gouvernement péquiste a créé une commission pour revoir l'ensemble de l'organisation du système de santé et de son financement.

Ce fut Michel Clair, ancien président du Conseil du Trésor péquiste et qui en tant que président de l'Association des centres d'accueil du Québec appuya publiquement l'imposition de frais minimaux obligatoires et de l'impôt-service, qui fut choisi comme président.

Déjà, la ministre de la Santé, Pauline Marois, a annoncé qu'elle mettrait en place l'une des principales recommandations de la Commission Clair : la création de groupe de médecins de famille.

Selon ce plan, chaque personne devra s'inscrire à une clinique où une équipe médicale prendrait tous les aspects de la santé de cette personne en charge. Chaque médecin aurait de 1000 à 1800 patients à sa charge, et recevrait une somme déterminée et fixe pour chacun d'entre eux, selon son état de santé. Ce système de rémunération viendrait remplacer le mode de paiement actuel où un médecin est payé à l'acte, c'est-à-dire pour certains gestes médicaux, comme un examen médical, écrire une prescription, faire des points, etc.

Ce nouveau mode de rémunération a pour but d'introduire la compétition entre les différents fournisseurs de soins, éventuellement une plus grande proportion provenant du privé, et de limiter les soins offerts au budget décidé par Québec.

Voir aussi :


 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés