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Zimbabwe: Les accords sur les terres reflètent l'intérêt de l'Occident pour l'instabilité en Afrique.

Par Chris Talbot
Le 14 septembre 2001

La semaine dernière, l'accord conclu à la conférence du Commonwealth à Abuja, Nigeria, à propos de l'escalade des occupations de terres, reflète l'intérêt croissant des puissances occidentales pour un conflit qui dure depuis 18 mois. C'est également le résultat de pressions de plus en plus importantes de la part des gouvernements africains pour trouver une solution à ce problème, vu que ces gouvernements craignent une déstabilisation de la région en raison des occupations.

L'accord a été conclu entre le ministre des affaires étrangères du Zimbabwe et des ministres qui représentaient la Grande-Bretagne, le Canada et l'Australie. Le médiateur principal était Olusegun Obesanjo, président du Nigeria. Des ministres du Nigeria, d'Afrique du Sud, du Kenya et de la Jamaïque étaient également présents à la réunion spéciale de comité.

Le Zimbabwe a accepté de faire cesser les occupations par des milliers de squatters menés par des vétérans de guerre qui ont investi approximativement 1 700 des 4 500 fermes, propriétés des blancs, et constituant une grande partie des terres de premier choix du pays. Il a consenti à retirer les occupants des terres qui ne devaient pas être nationalisées et à les installer sur des «terres légalement acquises», ainsi que d'accélérer le processus de «radiations des listes» des fermes qu'il n'a pas l'intention de nationaliser sous la supervision du Programme de développement des Nations Unies (UNDP).

En retour, la Grande-Bretagne a «réaffirmé son engagement à apporter une contribution financière significative» pour un programme de réforme agraire et encouragera d'autres donateurs occidentaux à faire la même chose. Les intervenants ne sont tombés d'accord sur aucun chiffre. La Grande-Bretagne, l'Australie, et le Canada ont déclaré qu'ils «répondraient de façon positive» à des demandes pour soutenir des élections et qu'ils «continueraient à contribuer à des programmes de réduction de pauvreté.»

Sur le papier, cet accord comporte peu de nouveautés, parce que la Grande-Bretagne a déjà offert une petite somme de 35 millions de Livres Sterling pour une réforme agraire dans laquelle les propriétaires blancs ont reçu des compensations. Les promesses d'une aide si dérisoire sont peu significatives pour un pays qui est au bord de l'effondrement économique, qui a eu ses lignes de crédits coupées et qui vit sous la menace de sanctions de la part des Etats-Unis et de l'Union Européenne. Inversement, une annonce faite récemment par le ministre de l'Agriculture du Zimbabwe, proclamant que la plupart des fermes blanches (plus de 70 pour cent) sont maintenant sur la liste des fermes à nationaliser, soulève la question des critères exacts de «radiations des listes» des fermes. Le président Mugabe et les ministres zimbabwéens se sont auparavant engagés à se soumettre à «l'autorité de la loi» et à faire cesser les occupations des terres dans le cours tortueux du conflit.

Depuis la signature de l'accord, les vétérans de guerre ont déclaré qu'ils n'accepteraient pas celui-ci. Mais, le fait que le régime du Zimbabwe ait signé l'accord en présence d'acteurs clefs de la politique africaine et que la Grande-Bretagne ait abandonné sa position conflictuelle, fait qu'il est probable que le gouvernement Zanu-PF essaiera au moins de brider les vétérans de guerre.

Les inquiétudes à plus grande échelle des gouvernements occidentaux et des leaders africains sont rendus évidentes par la référence dans le texte de l'accord à la «crise» au Zimbabwe qui «constitue une menace pour la stabilité de la région toute entière et du continent en général.» Le ministre des Affaires Etrangères du Nigeria, Sule Lamido, a insisté sur ce point en déclarant que l'Afrique ne peut se permettre un nouveau conflit, encore moins un conflit racial ou à connotations raciales. Ceci a également été souligné à un meeting à Harare la semaine dernière de la SADC (Southern Africa Development Community- Communauté de Développement de l'Afrique australe) des leaders de la région, y compris le président Sud-Africain Thabo Mbeki. L'actuel président de la SADC, le président Bakiji Maluzi du Malawi, a déclaré que «les problèmes économiques et politiques qui frappent actuellement le Zimbabwe pourraient faire boule de neige dans l'Afrique australe toute entière».

L'Afrique du Sud est la puissance économique principale dans la région - son produit intérieur brut est plus de dix fois plus important que celui du Zimbabwe - et augmente la pression sur le régime de Mugabe pour regagner une certaine stabilité et améliorer ses relations avec les puissances occidentales. Le gouvernement ANC (African National Congress) contrôle le plus gros de l'approvisionnement du Zimbabwe en carburant et en électricité. Depuis le début de cette année, le rand sud-africain a chuté de 12 pour cent par rapport au dollar et des fonds ont été retirés du pays. Tout en ne souhaitant pas qu'on considère qu'il attaque trop ouvertement son voisin, l'ANC n'a que trop conscience que les investisseurs internationaux avancent la détérioration de la situation au Zimbabwe comme raison de leur retrait d'Afrique du Sud.

Les investisseurs présentent également comme un problème majeur l'opposition de plus en plus forte à la politique d'économie de marché. Cet été, des milliers de travailleurs des secteurs automobile, énergétique et d'autres industries se sont mis en grève en Afrique du Sud, ainsi que des millions de travailleurs pendant deux jours pour protester contre le programme de privatisation du gouvernement. Au Zimbabwe aussi, il y a eu des grèves dans les secteurs de l'éducation, de la santé et de la sidérurgie, au cours desquelles deux personnes participant à un piquet de grève ont été tuées par la police et deux autres grévistes sont morts de leurs blessures. Ces grèves ont eu lieu en dépit des efforts des syndicats de restreindre l'action autant que possible.

Alors qu'au Zimbabwe, le problème des terres est manipulé par le régime Zanu-PF pour parvenir à ses propres fins, il existe des aspirations légitimes parmi les habitants pauvres et sans terre d'Afrique australe à récupérer les terres dont ils ont été spoliés par des colons blancs à l'époque coloniale ou à l'époque du gouvernement de la minorité blanche.

Le gouvernement Mbeki est pleinement conscient que le maintien de la propriété des terres les plus riches par une toute petite élite à dominante blanche n'est que la partie la plus visible de l'échec de Zanu-PF ou de l'ANC pour réparer les inégalités de richesse dans les deux pays. L'Afrique du Sud craint que la contestation à propos des terres ne surgisse chez elle, où les noirs ne possèdent que 15 pour cent des terres. Malgré des lois permettant la «restitution» des terres à ceux qui sont en mesure de prouver qu'elles ont été saisies sous l'apartheid, peu de celles ci ont été restituées depuis l'arrivée au pouvoir de l'ANC. Plusieurs milliers de personnes d'organisations de paysans sans terre ont fait pression sur la conférence sur le racisme à Durban, Afrique du Sud, et ont fait les gros titres des journaux du monde, en juillet, quand le gouvernement a chassé les squatters à Bredell, près de Johannesburg. En Namibie, également, il y a 4 000 grandes fermes à vocation commerciale, appartenant pour la plupart à des blancs et le syndicat des fermiers de Namibie, (Namibia Farmer's Union), qui représente les fermiers noirs, a protesté contre le fait que seulement 35 000 fermiers ont été réinstallés depuis l'indépendance en 1990.

La question agraire au Zimbabwe

La nationalisation des terres avait été un point crucial de la politique de Zanu au cours de la guerre civile qui était menée contre le gouvernement de suprématie blanche et soutenu par les britanniques d'un pays qui s'appelait à cette époque la Rhodésie. Dans ces circonstances, le soutien dans les zones rurales avait été massif. Cependant, en 1979, dans les accords de Lancaster House qui mirent fin à la guerre, Zanu a révélé ses véritables intentions: la prise du pouvoir par une petite élite noire tout en acceptant le maintien de la domination des puissances occidentales sur l'Afrique australe et tout en collaborant avec les fermiers et propriétaires de mine blancs pour développer une économie capitaliste.

Au cours des deux décennies suivantes, il y a eu beaucoup de mouvements d'occupation des terres mais, malgré des déclarations de Mugabe que le fermes «blanches» seraient confisquées, la police a chassé les squatters. Seul un nombre relativement limité de paysans sans terre ont pu s'installer sur des «terres redistribuées». Sur une période de 20 ans, approximativement 60 000 petites fermes ont été créées. Beaucoup d'entre elles, pour la plupart situées sur les terres les plus pauvres, n'ont pas survécu. (Au total, sept des douze millions d'habitants vivent à la campagne, avec approximativement un million de fermes possédées par des noirs, pour la plupart de très petite taille et dépourvues de tout équipement moderne.) Le plus gros de ces terres de «redistribution» ont été achetées au prix du marché aux propriétaires blancs des fermes à vocation commerciale, selon les termes de l'accord de Lancaster House. Les fermiers blancs qui possèdent la plus grande partie des terres de meilleure qualité occupées par à peu près 4 500 fermes, ont été incités à rester en activité, et produisent approximativement un tiers des profits d'exportation du pays.

Après avoir acquis leur indépendance, presque tous les régimes nationalistes africains ont connu une expansion économique limitée. La Banque Mondiale a accepté les nationalisations et même les mesures de l'état providence au cours des années 60 et 70 comme moyen de contrer l'influence de l'Union Soviétique. Mais l'indépendance des élites nationalistes vis-à-vis de l'impérialisme occidental était inexistante ou simulée et, au cours des années 80, ils avaient largement accepté les programmes de réformes structurelles de la Banque Mondiale et du FMI. Des mesures d'économie de marché, la privatisation du secteur public et l'ouverture de l'économie au marché mondial sont devenus choses courantes. Les résultats ont été dévastateurs pour la plupart des habitants de l'Afrique sub-saharienne. Par exemple, de 1987 à 1998, le nombre de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté (avec moins d'un dollar par jour) est passé de 217 millions à 291 millions, ce qui correspond à la moitié de la population totale, selon les chiffres mêmes de la Banque Mondiale.

Au Zimbabwe, la situation était quelque peu différente parce que le régime blanc minoritaire avait instauré sa propre économie sous l'état de siège, la guerre civile et les sanctions. Au cours des années 1980, le parti Zanu-PF a pu utiliser ces richesses locales, parce que des milliers de propriétaires blancs s'étaient enfuis du pays. Les services sociaux ont été agrandis, en particulier dans le domaine de l'éducation. Pendant un certain temps, les nouvelles petites fermes à vocation commerciale qui avaient été crées et qui étaient soutenues par le régime étaient considérées comme une réussite africaine. Mais, au cours des années 1990, le gouvernement Mugabe a dû accepter la domination de l'économie mondiale et a abandonné la prétention de traverser une «phase nationale démocratique» d'une révolution qui devait entrer par la suite dans une phase «socialiste».

L'acceptation des réformes structurelles du FMI signifiait l'ouverture de l'industrie à la concurrence étrangère, en particulier à la concurrence de l'Afrique du Sud après la fin des sanctions qui avaient été imposées à ce pays sous l'Apartheid. Alors que certains secteurs de l'industrie locale fermaient, le secteur public connaissait des coupes sombres et s'ouvrait à la privatisation. Ceci a accéléré un brusque déclin économique, aggravé par une chute des prix du tabac, une des principales exportations du pays.

Les conséquences pour la population ont été terribles. Pour ne citer qu'un chiffre, de 1990 à 1997, la mortalité infantile est passée de 52 à 69 pour mille enfants nés vivants. Alors que le niveau de dettes augmentait, le FMI exigea que le gouvernement réduise encore ses dépenses.

Le Zimbabwe a également participé à la guerre du Congo, soutenant le régime de Kabila en échange de diamants et d'autres matières premières. L'armée zimbabwéenne a organisé ses propres tentatives commerciales, contrecarrant les intérêts des occidentaux qui voulaient que leurs propres compagnies minières exploitent la région.

En fin de compte, en 1999, les négociations entre le régime de Mugabe et le FMI échouèrent, coupant les crédits occidentaux et entraînant l'économie dans un déclin encore plus marqué. Le gouvernement du Zimbabwe n'était pas prêt de réduire davantage ses finances publiques, qui constituaient un point crucial de son système d'appui politique.

Comment la lutte des classes a été détournée

En réaction à la dévastation économique provoquée par les mesures du FMI et imposées par le régime Zanu-PF, une vague de grèves, de protestations et d'occupations des terres s'est développée au cours des années 90. En l'absence de toute politique d'alternative socialiste, l'opposition urbaine au régime était dominée par une coalition constituée de la bureaucratie syndicale et des propriétaires d'entreprises, y compris des groupes de fermiers blancs. Regroupées dans le MDC (Movement for Democratic Change- Mouvement pour un Changement Démocratique), ces forces pro-impérialistes ont presque réussi à gagner les élections l'année dernière. Soutenu par les puissances occidentales, avec la Grande-Bretagne en tête, le MDC préconise un programme choc de mesures économiques libérales, avançant que le plus gros de l'effondrement économique du Zimbabwe est entièrement dû à la corruption du Zanu-PF et à son refus d'appliquer avec rigueur les mesures préconisées par le FMI.

C'était l'impasse avec le FMI et le développement du soutien pour le MDC qui a conduit le gouvernement Zanu-PF à donner son soutien en l'an 2000 au mouvement des vétérans de guerre et à intensifier les occupations des fermes. C'était à la fois une stratégie électorale - étant donné que la base électorale de Zanu était traditionnellement dans les zones rurales où la demande des terres était générale - et c'était également principalement un élément important de négociation pour faire pression sur les puissances occidentales. Les scènes de fermiers blancs expulsés de leurs terres par des bandes armées de matraques et de machettes ont été destinées à imposer une renégociation des conditions de crédit.

Tout en prétendant que ces opérations étaient un retour de la guerre de libération, Mugabe et les leaders Zanu-PF déclaraient qu'un retour à l'économie nationalisée des années 80 était impossible. Malgré les discours solennels sur l'importance de la problématique de la propriété foncière, le Zanu-PF n'a aucune stratégie cohérente de développement agricole et espère seulement convaincre la Grande-Bretagne et les puissances occidentales de mettre un terme à leurs tentatives de renversement de Mugabe, et de renouveler leurs injections d'argent et de crédits, dont l'essentiel atterrira dans les poches des partisans du Zanu-PF. Le régime Mugabe a également essayé de soutenir la position de l'élite et des «huiles» militaires en négociant des emprunts auprès de la Libye, et en accroissant ses activités d'affaires au Congo, y compris à présent l'exploitation du bois dans de vastes zones de la forêt pluviale tropicale.

De nombreuses occupations de fermes ont pris la forme d'intimidation et de sabotage, démolissant de grandes propriétés mécanisées sans avoir prévu de ressources alternatives .Le ZFU (Zimbabwe Farmers Union- Syndicat des Fermiers du Zimbabwe) qui représente à peu près 300 000 petits fermiers, a fait remarquer que le Zanu-PF a même abandonné son propre programme agricole et ne fait rien pour créer une infrastructure pour les occupants.

Plus de 300 000 ouvriers agricoles qui travaillent dans les fermes à vocation commerciale n'ont maintenant ni travail, ni toit. Beaucoup d'entre eux viennent des pays voisins et sont chassés de leurs maisons par l'occupation des vétérans de guerre. Des centaines campent le long de la route près des fermes occupées. En plus des huit fermiers blancs tués lors des occupations, vingt-huit ouvriers agricoles noirs ont été également assassinés.

La politique irresponsable poursuivie par le régime de Mugabe risque vraiment de provoquer une guerre civile mais non la «guerre raciale» évoquée par le ministre nigérian des Affaires étrangères, Sule Lamido. La combinaison des efforts des puissances occidentales pour déstabiliser le Zimbabwe et l'usage démagogique fait par Mugabe de la question agraire fait planer la menace d'un conflit entre, d'une part, les pauvres habitant dans les campagnes, en particulier les parties les plus opprimées et les plus arriérées de la paysannerie, actuellement soutenus par la police et par l'armée et, d'autre part, les ouvriers et les pauvres des villes. Mugabe a réussi à décrire les travailleurs des villes opposés à son régime comme des «laquais de l'impérialisme», grâce à la politique pro-occidentale poursuivie par les syndicats et par le MDC. Les dangers posés par un tel développement sont graves, dans un pays où le désespoir est engendré par la crainte d'effondrement économique et de pénurie alimentaire.

La seule alternative au leadership désastreux de la bourgeoisie africaine, qui continue ou non à adopter le discours de «libération nationale» à l'image du Zanu-PF ou à soutenir ouvertement l'économie de marché comme l'a fait le MDC, est que la classe ouvrière développe un mouvement socialiste indépendant, soutenu par des millions de petits paysans et de ruraux pauvres. Une politique socialiste pour trouver une solution à la question agraire reconnaîtrait d'abord et principalement la nécessité de contrôle démocratique et de propriété sociale non seulement de l'agriculture, mais également de l'industrie et de la banque, à l'échelle du continent et finalement à l'échelle mondiale.

Aucun développement agricole n'est possible en Afrique sans un refus de payer les énormes dettes envers les banques occidentales. Il est également nécessaire de développer un plan économique qui subvienne aux besoins de la population dans son ensemble, plutôt que d'être une source de minéraux et de matières premières qui, depuis l'époque coloniale, n'a profité qu'aux sociétés occidentales et qu'à une élite minoritaire. Un tel plan reconnaîtrait les aspirations légitimes de millions de personnes pour des terres en Afrique australe, tout en favorisant le développement des techniques les plus productives afin d'approvisionner en nourriture les villes en rapide expansion. Dans la plus grande partie de l'Afrique, le plus gros de la production rurale provient de l'agriculture de subsistance, qui ne peut satisfaire les besoins d'une population en croissance continue.

La mécanisation, l'apport d'engrais chimiques et organiques, de même que l'accès à des conseils scientifiques sont reconnus depuis longtemps comme des exigences minimums pour augmenter la production de nourriture en Afrique. Les producteurs privés à petite échelle devraient être aidés par des prêts sans intérêt mais l'exigence primordiale devrait être le développement de la production agricole à grande échelle la plus avancée, exploitée collectivement et possédée socialement, à la différence des actuelles grandes fermes basées sur la rentabilité, qui sont la propriété d'un petit nombre de personnes riches et pour la plupart blanches.


 

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