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Pourquoi les réfugiés du Tampa devraient pouvoir vivre librement en Australie

Communiqué du Parti de l'égalité socialiste (Australie)
31 août 2001

Le Parti de l'égalité Socialiste condamne formellement le refus du gouvernement Howard d'octroyer le droit aux 460 réfugiés à bord du cargo norvégien Tampa d'aborder sur l'île Christmas et d'entrer en Australie.

La position du gouvernement, pleinement soutenue par le parti travailliste minoritaire, est un acte criminel et inhumain.

Cela rappelle l'infâme voyage du St. Louis en 1939, quand on a refusé à 937 réfugiés juifs fuyant la persécution nazie en Europe le droit d'entrée à Cuba et aux États-Unis. Ils sont rentrés en Belgique, qui devait bientôt être occupée par les forces nazies.

Le président cubain de l'époque, Federico Bru, avait exprimé ses inquiétudes sur les « considérations humanitaires » et la « situation pitoyable » des réfugiés, mais leur avait refusé le droit d'entrée car leur retour en Allemagne hitlérienne était « le moindre de deux maux ».

En refusant le droit d'entrée aux réfugiés du cargo Tampa, Howard a fait écho à l'insistance de Bru sur l'importance suprême de la souveraineté nationale, déclarant que « si nous sommes un pays humanitaire civilisé, nous ne sommes pas des mous et nous ne sommes pas un pays dont les droits souverains seront violés par rapport à ceux qui viennent ici. »

Les actions du gouvernement Howard sont le point culminant d'une décennie de rejet et de répression toujours plus importants pour les chercheurs d'asile. Enfermés dans des quasi-camps de concentration dès leur arrivée, ils ont été dénoncés comme « illégaux » et traités comme des criminels. Toute action pour protester contre leur traitement inhumain a rencontré une répression grandissante, et les gouvernements successifs ont utilisé toutes les ressources légales, politiques, et économiques à leur disposition pour monter l'opinion publique contre ces protestations.

Depuis son arrivée au pouvoir en 1996, le gouvernement Howard a joui du soutien complet du parti travailliste, qui a commencé la détention forcée des chercheurs d'asile en 1992, et dont le chef, Kim Beazley, a déclaré son soutien au refus des droits d'entrée aux réfugiés du Tampa, le jugeant « approprié et conforme aux lois internationales ».

La campagne du gouvernement contre les réfugiés, menée sous la bannière de « l'intérêt national », a inévitablement rappelé la politique de « l'Australie Blanche », la politique centrale des deux grands partis du vingtième siècle.

Déjà confrontés par une classe ouvrière puissante et grandissante à la fin du dix-neuvième siècle, la bourgeoisie australienne ne pouvait faire appel aux idéaux démocratiques pour former une nation indépendante, de peur que ces idéaux ne soient la base d'un mouvement social mettant en question la propriété privée. Elle a donc créé une idéologie nationaliste basée sur la peur : la nécessité de protéger une enclave blanche dans un milieu asiatique hostile.

Au début du 21e siècle, le premier ministre Howard ranime ce point de vue quand il essaie d'exploiter les insécurités économiques et sociales engendrées par ses propres politiques et évoque « l'intérêt national » contre les réfugiés.

La campagne d'ensemble des grands partis politiques contre les chercheurs d'asile et la tentative de créer une atmosphère de pogrom contre eux pose une question fondamentale : quel est leur crime ?

Il consiste simplement à avoir cherché à fuir des persécutions et la répression qui menaçaient leurs vies, les privations économiques, et la pauvreté pour arriver à un endroit sûr. Ceci devrait être le droit individuel le plus fondamental. Mais en cherchant à l'exercer, ils se retrouvent face à face avec l'armée australienne.

En s'opposant à la réponse du gouvernement Howard et en réclamant le droit d'entrée immédiat des réfugiés du Tampa, le PES se base sur un principe primordial.

Il doit y avoir un droit démocratique inaliénable de toute personne, quel que soit leur lieu de naissance, de s'établir, de vivre, de travailler, et d'étudier dans la partie du monde qui leur plaît.

Chaque gouvernement au monde, le régime Howard n'étant pas le moindre, accepte comme principe fondamental le droit du capital de se mouvoir librement à travers le globe selon la logique du « libre marché ». Le capital doit être libre et l'argent accepté partout comme un « citoyen mondial » selon le diktat des corporations. En plus, les riches ont le droit de vivre où ils veulent. Mais on refuse ce droit aux travailleurs.

Howard a souligné que pour le gouvernement la question centrale est la défense de l'État-nation. « Nous ne pouvons abandonner notre droit comme pays souverain de contrôler nos frontières », a-t-il dit, « et nous ne pouvons créer une situation où les personnes peuvent venir à ce pays quand ils veulent ».

Il n'y a pas de troisième voie

Ici, la question est posée franchement : soit la défense du droit démocratique inaliénable des gens de se déplacer où que ce soit au monde, soit le droit de l'État-nation d'imposer des restrictions et des exclusions. Il n'y a pas de troisième voie.

Cela ressort de la position de certains critiques de Howard, en particulier les verts et les démocrates australiens. Ces partis ne sont pas poussés par la défense des droits des immigrés de vivre où ils veulent. Ils expriment plutôt les inquiétudes de la classe dirigeante elle-même que les actions du gouvernement ne ternissent l'image internationale de l'Australie et ses intérêts stratégiques dans la région Asie-Pacifique.

La leader démocrate Natasha Stott Despoja a traité les actions du gouvernement de « méprisables », « d'inhumaines » et « d'irresponsables » et insisté que le gouvernement revoie sa décision. Les réfugiés devraient au moins « être considérés comme chercheurs d'asile sous nos obligations internationales » a-t-elle déclaré.

Le sénateur vert Bob Brown a dit que le monde entier « regardait ébahi tandis que notre pays merveilleux, notre pays riche, disait non à quatre cents personnes en détresse au large, juste à nos portes ».

Mais pour les démocrates et les verts, l'immigration est conditionnelle. Les deux partis s'opposent au droit d'entrée comme droit démocratique inaliénable. Selon la dernière prise de position des démocrates australiens, le parti veut « un programme d'immigration non-discriminatoire, qui donne la priorité aux réfugiés et à la réunion des familles, le nombre total desquels, quand comparé aux tendances démographiques générales, ne nuira pas à l'expansion soutenue des ressources naturelles de la nation ».

La politique des verts est semblable. Ils insistent que la politique d'immigration doit être située dans le contexte d'une politique démographique générale qui prend en compte « notre besoin d'arriver à une expansion sociale, économique, et environnementale soutenue ». Le programme des verts reconnaît aussi que « les gouvernements ont un droit légitime de détenir des immigrés non-autorisés tandis que l'on établit leur bona fides ».

Si les démocrates et les verts s'opposent ici aux actions du gouvernement et réclament des mesures plus « humaines » envers les réfugiés, ils s'accordent avec Howard sur un principe fondamental : à un certain point, l'État doit poser des limites sur le flot des immigrés. La logique inexorable de leur position est que si ces limites sont menacées, les forces armées doivent les faire respecter.

Le PES base sa position sur un principe complètement opposé : le droit des gens de se déplacer librement à travers le monde. La conclusion inévitable qui découle de ce principe internationaliste est le suivant : si l'ordre économique et social actuel ne peut accomoder ceux qui veulent immigrer, il faut le changer.

La doctrine fondamentale des démocrates et des verts est que le droit d'entrée doit être limité parce que, en fin de compte, il n'y a pas suffisament de ressources, économiques ou naturelles, pour accomoder tous ceux qui veulent immigrer.

Cette position a des racines historiques profondes dans l'idéologie de l'ordre social capitaliste. Au début du 19e siècle en Grande-Bretagne, le révérend Thomas Malthus niait la possibilité du progrès humain et tentait d'obscurcir la cause fondamentale des maux sociaux produits par le système capitaliste naissant en disant qu'il y avait « trop de monde » et que la « reproduction » des pauvres devait être limitée.

Ceux qui aujourd'hui s'opposent au droit inaliénable de liberté de mouvement des immigrés parce que les ressources sont limitées répètent cette argumentation : l'excès de population, non pas l'ordre économique du capitalisme, forme la fondation des problèmes sociaux.

De telles positions tentent d'obscurcir la véritable situation : que la source de toute richesse et de tout progrès social est le travail, physique ou intellectuel, des ouvriers.

Un processus mondial plus vaste

La crise du Tampa n'est que la dernière expression d'un processus mondial plus vaste. À travers le monde, les gouvernements capitalistes refusent le droit d'entrée aux réfugiés et aux immigrés en citant le manque d'espace et les limites des ressources économiques.

En conséquent, 40 millions de réfugiés se voient refuser l'asile, la plupart languissent dans des camps misérables des pays pauvres, et 150 millions de travailleurs vivent une demi-existence semi-légale sujette aux formes les plus terribles d'exploitation et de répression d'État, se voyant refuser les droits les plus fondamentaux. Quelle dénonciation du système capitaliste mondial.

En même temps que l'on faisait des progrès énormes en technologie et en capacité de production, les classes dirigeantes capitalistes, avec leur système d'États nationaux, de frontières, de passeports et de visas, ont converti le monde en prison pour des centaines de millions de personnes.

On accepte généralement les restrictions sur les migrations comme « une réalité ». Mais on devrait remarquer qu'ils n'existaient pas au début du siècle dernier. Les formalités de passeports, de lois et de réglementation n'ont été mises en place que pour empêcher le mouvement des ouvriers à travers le monde, et pour renforcer l'idéologie nationaliste grâce à laquelle tous les gouvernement capitalistes tentaient de s'attacher au pouvoir politique.

En 1990, en lançant la guerre contre l'Irak, le président américain George Bush déclarait qu'il essayait de créer un « nouvel ordre mondial ». À peine une décennie après son lancement, le vrai visage du « nouvel ordre mondial » capitaliste est exposé.

L'inégalité sociale et économique grandissante, la force motrice de la crise des réfugiés, s'exprime par le dur langage des statistiques. Situé au sommet du système capitaliste mondial, les 200 personnes les plus riches au monde ont doublé leurs revenus entre 1994 et 1998, atteignant plus de $1,000 milliards, à peu près un quarantième du PNB global. Les trois personnes les plus riches au monde ont des biens dont la valeur est supérieure au produit réuni des 48 pays les plus pauvres.

En 1999 le World Development Report de l'ONU a estimé qu'en dépensant $40 milliards, une fraction négligeable des revenus des 200 les plus riches, on pouvait répondre aux besoins elémentaires en santé, en eau propre, en éducation, et en nourriture de toute la population mondiale.

Ce que montrent ces chiffres, et beaucoup d'autres semblables, est que la crise mondiale des réfugiés, dont la crise du Tampa n'est que la dernière expression horrible, est le produit de l'ordre social en putréfaction du capitalisme global.

La seule réponse aux classes dirigeantes à la crise, que leur système social a produit, est d'imposer des formes grandissantes de répression. Si le gouvernement australien tente de faire appel à « l'intérêt national », les ouvriers ont des intérêts de classe en commun avec les réfugiés, non pas avec Howard. Ils ont les mêmes aspirations et besoins fondamentaux que ceux qui tentent d'échapper à travers le monde à l'oppression et à l'exploitation: un niveau de vie respectable, des services sociaux, les droits démocratiques, et l'égalité sociale.

Internationalement, la classe ouvrière doit avancer sur un nouveau chemin. On doit faire de notre planète un endroit où tous peuvent vivre et travailler d'une manière honorable, libres de toute répression politique ou économique. Le système social actuel, basé sur l'accumulation des profits privés selon les intérêts du capital, doit être renversé et remplacé par un nouvel ordre où les immenses ressources productrices créées par le travail des producteurs du monde servent à répondre aux besoins humains.

C'est sur la base de cette perspective que le PES s'oppose aux actions brutales du gouvernement Howard et réclame l'entrée immédiate et sans restrictions des réfugiés du Tampa en Australie.

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