wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

Ford coupe 35000 emplois mondialement et 22000 en Amérique du Nord

Par Lawrence Porter
12 janvier 2002

Vendredi matin, le 11 janvier, les hauts dirigeants de Ford Motor Company ont annoncé un dramatique plan de restructuration qui va abolir 35000 emplois à travers le monde et 22000 en Amérique du Nord. Cette décision va entraîner un appauvrissement quasi-certain de milliers de familles et la dévastation de nombreuses villes à travers l'Amérique du Nord.

Depuis le début de l'année 2001, les compagnies américaines ont éliminé plus de 1 million d'emplois. Les analystes ont déjà établi un parallèle entre la présente période de mises à pied et les licenciements massifs des années 1980 qui avaient éliminé plus de 250000 emplois dans les trois plus grandes entreprises américaines de l'industrie automobile.

William Clay Ford Jr., le nouveau directeur exécutif, a fait les commentaires d'ouverture à la conférence de vendredi en annonçant le plan à Dearborn, au Michigan. Ford a déclaré que la compagnie essaierait d'inverser ses pertes, maintenant estimées à près de $2 milliards pour 2001. La compagnie a souffert d'une baisse de ses ventes causée par la récession, et également une baisse des profits due à une tentative de reprendre des parts du marché en offrant 0% de financement sur les locations d'automobiles. Ceci a été aggravé par le fiasco entourant les 200 accidents mortels de leurs modèles sports utilitaires Ford Explorer et, par la suite, le rappel de 13 millions de pneus Firestone.

Décrivant le plan comme une « revitalisation », le but de Ford était de convaincre Wall Street que la compagnie se préparait à mettre sur pied des mesures pour renforcer ses résultats financiers. Depuis quelques jours, le nombre de congédiements, qui était prévu à 20000, a augmenté pour atteindre 35000.

General Motors a également annoncé l'élimination de 5000 cols blancs via des des retraites anticipées. Le vice-président de GM, Bob Lutz, a présenté la décision de faire des coupures à la North America International Auto Show qui se tenait à Détroit. Il a affirmé que les coupures dans les emplois faisaient parti de « l'allègement financier de GM ». Depuis le début de l'an 2000, General Motors a effectué plusieurs mises à pied qui ont résulté en l'élimination de plus de 10000 emplois. En septembre, GM avait annoncé qu'il fermerait l'usine de Ste-Thérèse au Canada cette année, éliminant ainsi 1400 emplois. L'usine canadienne produisait des Chevrolet Camaro et des Pontiac Firebird.

Cette semaine, le conseil d'administration de Ford s'est réuni pendant 2 jours, mercredi et jeudi, pour décider d'un plan d'action. Des reportages indiquaient que la direction de Ford était en contact avec Les Travailleurs Unis de l'Automobile et qu'elle avait pleinement informé le syndicat des licenciements imminents.

Voici les plans que la direction a annoncé :

* L'élimination de 15000 cols bleus aux États-Unis, ou 13 % de la main d'oeuvre totale. 5000 cols blancs seront mis à pied par rapport sur un total de 45000. Le plan va également mettre fin à 1500 contrats.

* Cinq usines seront fermées vers le milieu de la décennie, incluant des manufactures à Edison, au New Jersey (1420 travailleurs), à Oakville, en Ontario (1303 travailleurs), la Cleveland Aluminium Casting facility à Brook Park, en Ohio (100 travailleurs), l'usine de St-Louis Hazelwood (2377 travailleurs) et l'usine Vulcan Forge à Dearborn, au Michigan (80 travailleurs).

* La capacité de production sera coupée de presque 1 million d'unités par année. Elle passera de 5,7 millions à 4,8 millions.

* De plus, aucun nouveau produit n'a été choisi pour deux usines d'assemblage, indiquant qu'ils seront sur la prochaine ronde de congédiements, s'il y a lieu. Une de ces deux usines est située à Avon Lake, près de Cleveland, et l'autre est à Cuautitlan, au Mexique. Un total de 5500 travailleurs pourraient perdre leurs emplois.

* L'usine de fabrication de carrosserie à Woodhaven, au Michigan sera vendue.

* D'ici à la fin de l'année, Ford aura éliminé 4 modèles d'automobiles de ses usines dont trois provenant de la division de Lincoln-Mercury. Ces modèles sont les Ford Escort, les Mercury Cougar, les Mercury Villager et les Lincoln Continental.

* Ford éliminera des postes à 11 usines d'assemblage et ralentira la production à 9 autres.

* La compagnie est en train de vendre pour un montant devant atteindre $1 milliard en 2002, ses actifs non essentiels. De précédents rapports faits par des porte-paroles de Ford rapportaient que la compagnie voulait relocaliser ou vendre les opérations de Powertrain, la division qui fabrique les boîtes de vitesses et les moteurs; qu'elle voulait éliminer, aux États-Unis, ses centres de recyclage des pièces d'automobiles; et vendre ses chaînes de réparation Kwik Fit, au Royaume-Uni.

* Internationalement, 13500 emplois additionnels seront coupés.

Ford cherche présentement à avoir de plus bas prix de la part de ses fournisseurs de pièces d'autos, ce qui étendra le ralentissement économique dans toute l'industrie automobile. L'année dernière, DaimlerChrysler a commencé à forcer ses fournisseurs à réduire leurs prix de 5%. Ford et GM ont suivi. Chaque structure de prix qui change va nécessairement avoir un effet d'entraînement parce que les fournisseurs devront eux aussi congédier des employés pour être capables de satisfaire la demande.

Jusqu'à maintenant, les Travailleurs Unis de l'Automobile ont maintenu un silence cynique sur les coupures d'emplois, affirmant sur leur site web que leurs membres ont une convention collective qui interdit les fermetures d'usines pendant la durée de l'entente. La présente convention avec les TUA expirera en 2003.

Pendant que la direction de Ford a continuellement répété que la compagnie respecterait la convention collective, il est bien connu que l'entente sur « l'interdiction de fermer des usines » est une diversion. Elle a été créée essentiellement pour congédier les syndiqués des TUA plus facilement. Tant et aussi longtemps que Ford ne déclare pas officiellement que des usines seront fermées, il peut réduire ses effectifs comme il le désire, allant même jusqu'au point de congédier chaque travailleur des TUA d'une usine en particulier.

Sur son site web, le président des TUA, Stephen Yokich, a posé la question délicate du plan de coupures d'emplois proposé par Ford et a fait savoir à l'administration qu'il est prêt à coopérer à tous les niveaux ­ incluant les fermetures d'usines ­ comme il l'a démontré l'année dernière lorsque DaimlerChrysler a éliminé 26000 emplois. Yokich a déclaré que « Les TUA ont prouvé plusieurs fois qu'ils avaient des relations solides avec ses employés lorsque vient le temps de passer à travers des périodes difficiles ».

De l'autre côté de la frontière, le président des Travailleurs Canadiens de l'Automobile, Buzz Hargrove, a fait une déclaration nationaliste aux médias en disant qu'il menacera Ford d'une grève si la compagnie va de l'avant avec son projet de fermer l'usine d'Oakville, en Ontario. Hargrove a dénoncé le fait que Ford, dont le siège social est situé aux États-Unis, sacrifie des « emplois canadiens ».

Il est significatif qu'avant que les déclarations finales soient faites, Wall Street mettait de la pression sur Ford pour qu'il fasse de plus grosses coupures. Jeudi le 10 janvier, UBS Warburg, une importante firme de Wall Street, a révisé les actions de Ford à la baisse, augmentant ainsi les chances d'une vente d'actions, parce qu'il ne croyait pas que Ford faisait assez de coupures pour réaliser les profits qu'il avait faits plus tôt.

« Durant les prochaines années, » a déclaré l'analyste d'UBS Saul Rubin, « Ford ressemblera probablement à GM des dernières décennies, une compagnie qui réajuste constamment la structure de ses coûts à cause de sa position déclinante dans le marché. » Rubin ainsi que d'autres analystes ont demandé à Ford d'apporter des mesures pour éliminer 25000 emplois ou plus pour ramener la compagnie en harmonie avec les besoins du marché.

Durant la période de questions de vendredi, il est vite devenu évident que la majorité de ceux qui étaient présents étaient des représentants de différentes firmes de Wall Street et non des médias. En fait, la majorité de ceux qui posaient des questions provenaient de compagnies comme Merrill Lynch, Paine Webber et Prudential Securities que Ford avait convaincu que son plan de restructuration fonctionnerait. Plusieurs de ces représentants ont refusé de répondre lorsque des journalistes, après la conférence, les ont questionnés par rapport à leur opinion sur la présentation. Ils ont déclaré qu'ils retournaient à leurs bureaux avec les propositions et examineraient prudemment leurs contenus.

La production d'automobiles est encore la plus grosse industrie aux États-Unis, et c'est également celle qui génère le plus d'emplois dans les états du Midwest comme l'Ohio, le Michigan et l'Illinois, représentant plus de 20% du marché de l'emploi.

Ford espère qu'il va pouvoir se servir des coupures faites en Europe comme d'un modèle pour inverser ses pertes dans l'Amérique du Nord. Ford en Europe a perdu $68 millions en 2000, il a fermé 5 de ses 11 usines, il a congédié 2750 travailleurs et en a retiré 5700 autres en changeant considérablement ses opérations. La réforme a été tellement rapide que durant les 9 premiers mois de 2001, Ford en Europe a fait des profits de $205 millions.

Nick Scheele, qui dirigeait Ford en Europe pendant ces drastiques compressions, a maintenant été transféré aux États-Unis en tant que directeur exécutif des opérations. C'est lui qui dirigera la compagnie au jour le jour pour éventuellement apporter des mesures similaires en Amérique du Nord.


 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés