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France: Manifestations pour défendre les retraites

Par Antoine Lerougetel
13 février 2003

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Près de 500,000 personnes manifestèrent le samedi 1 février dans plus de 100 villes partout en France pour défendre leurs retraites contre les réformes envisagées par le gouvernement de Raffarin. Ceci s'ajoute au rejet ferme, dans la concertation du 9 janvier, de la part des gaziers et des électriciens, du 'relevé de conclusions' soumis au vote par la plupart de leurs syndicats, les directions de leurs industries et le gouvernement de droite.

Les propositions signifient, entre autres, que la contribution des salariés pour leur retraite passe de 7,58% à 12 %, élément préalable à la privatisation d'EDF-GDF (les industries publiques d'électricité et de gaz).

Malgré le mauvais temps qui a empêché beaucoup de gens de participer, les manifestants furent plus nombreux que les 300,000 qui s'étaient mobilisés avec succès en 2000 contre l'intention du gouvernement de la Gauche plurielle de Jospin d'allonger la période de contributions nécessaire pour avoir droit à la pension à taux plein.

La plupart des manifestants étaient des salariés du secteur public, directement menacés: des fonctionnaires (enseignants, salariés des services sociaux), fonctionnaires des collectivités locales et des industries et des corporations publiques (gaz, électricité, la poste). Mais il y avait aussi des délégations du secteur privé. A Amiens il y avait des groupes de salariés d'usine défilant derrière leurs banderoles de Valeo et de Whirlpool, usines touchées récemment par des plans sociaux.

A Paris, où 35,000 personnes ont battu le pavé, il y eut de gros cortèges de salariés d'EDF et de RATP (bus et métro de Paris) et aussi des délégations moins importantes du secteur privé.

La revendication majeure des manifestants pourrait se résumer à ces chiffres: 60 ­ 75 ­ 37,5. , c'est-à-dire 60 ans maximum pour l'âge de la retraite, 75% des derniers salaires comme pension minimum et 37,5 ans, le maximum d'annuités nécessaires pour avoir droit à la retraite à taux plein dans le privé tout comme dans le public. Cette revendication avait pour but de contrer la confusion créée par la plateformedes 7 principales organisations syndicales qui appelaient à manifester, déclaration qui avait omis la revendication des 37,5 ans de cotisation mais fait mention de 40 annuités et avait laissé dans le vague le taux de réversion des pensions.

Voici des mots d'ordre et des commentaires vus et entendus dans les manifestations: « Tous comme Juppé : retraite à 57 ans » de la part d'une institutrice de Paris (Alain Juppé, président de l'UMP vient de prendre sa retraite de fonctionnaire); « Nous on veut que tout le monde, public et privé soit sur les 37,5 annuités »; « de l'argent pour les retraites ­ pas pour la guerre ».

A Amiens, Bruno Delvas secrétaire de la section de la Somme de la petite confédération syndicale le Groupe des dix: Solidaires, déclara: « Nous n'avons pas signé la déclaration commune, parce qu'ils sont sur la base de 40 annuités Nous on veut que tout le monde, public et privé, soit sur les 37,5 annuités. »

A Paris, un cadre du Crédit Lyonnais a dit: « On a déjà donné, en 1993. Avec la réforme Balladur, j'ai calculé que je perdais 30 à 40% de ma pension. Alors qu'on regarde ailleurs ».

Au lendemain des manifestations, le premier ministre Jean-Pierre Raffarin lança sa campagne pour réformer les retraites qu'il dit vouloir boucler dès août de cette année. Il a clairement signalé que son premier objectif était bien en effet d'allonger les annuités des fonctionnaires en les alignant sur le privé: « La prise en compte des spécificités de la fonction publique ne doit pas faire obstacle aux exigences de l'équité qui veulent que la situation des personnes placées dans des situations comparables soit harmonisée ».

Le baron Seillière, chef de l'association des patrons, le MEDEF fut encore plus clair sur la chaîne de télévision Fr 3 le 3 février: « Nous disons, bien entendu, que, si le gouvernement rétablit l'équité sur quelques années, il aura fait quelque chose de fondamental qui aura allégé le coût pour le contribuable, souvent salarié dans le privé. »

Il a ajouté qu'il fallait «également une réforme sur l'ensemble des salariés du privé. »

Raffarin et Seillière, avec l'aide de médias complaisants, des directions syndicales et du silence de l'ancienne Gauche plurielle, essayent de paniquer les gens et de les prendre de vitesse pour qu'ils acceptent une importante diminution de leur droits à la retraite en prétendant que sans de telles mesures il y aura « une catastrophe » dans le système de financement des retraites. En fait, la catastrophe que les patrons veulent éviter c'est de devoir verser une part accrue de leurs profits, déjà bien confortés par de gros cadeaux fiscaux, pour maintenir le niveau des pensions de leurs salariés.

Le cynisme des bons sentiments de Raffarin en matière de justice, d'égalité et de solidarité humaine fut révélé aux téléspecteurs de TF1 le 3 février quand, essayant de calmer les inquiétudes des retraités de cette année, il avoua, sans même s'en rendre compte, qu'il s'agissait bien de « pénaliser » les retraités: « Les gens qui vont prendre leur retraite cette année ne seront pas pénalisés. » Et l'an prochain?

La nervosité de Raffarin et sa volonté d'éviter un mouvement de masse comme celui qui entrava la tentative de Juppé de démanteler l'état-providence en 1995 sont reconnues par tous les observateurs politiques. Libération cite un ami de Raffarin selon lequel si le premier ministre peut se présenter comme l'homme qui sauva le système des retraites, ce serait un grand plus pour sa carrière mais qu'en cas d'échec « Il pourra dire au revoir à d'autres ambitions. »

Loin d'avoir l'intention d'organiser la défense des retraites, le véritable objectif des bureaucraties syndicales est de participer au développpement des contre-réformes et d'être reconnues comme force incontournable pour les imposer. François Chérèque de la CFDT a exprimé la position de tous les syndicats quand il a demandé: « Veut-il faire une réforme en solo ou une réforme avec les syndicats ? »

Et Bernard Thibault de la CGT d'ajouter « Nous ne voulons pas être cantonnés à une position de spectateurs ».

La confédération de Marc Blondel, Force Ouvrière, semblait adopter la ligne la plus dure sur les droits à la retraite, mais elle a signé la plateforme commune des sept organisations syndicales. Libération écrivit de Blondel: « Signe des temps : Marc Blondel s'est concilié discrètement avec François Chérèque. Ils ont convenu d'éviter les petites phrases assassines.... » (3 février).

Le rôle divisif et de frein joué par les syndicats dans le mouvement contre le plan Juppé de 1995, et surtout leur opposition à toute politisation des grèves, s'est maintenant transformé en une collaboration ouverte avec un gouvernement de droite ayant un projet profondément réactionnaire.


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