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Les questions politiques de la lutte contre la guerre

Déclaration du bureau de rédaction du World Socialist Web Site
17 janvier 2003

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La déclaration suivante du World Socialist Web Site et du Parti de l'égalité socialiste est en très large partie la traduction de la déclaration qui a été distribuée aux manifestations du 18 janvier à Washington DC entre autres. Quelques modifications y ont été faites pour tenir compte de questions politiques spécifiquement canadiennes.

Nous demandons à tous nos lecteurs et nos supporteurs d'imprimer cette déclaration et de la distribuer le plus largement possible dans les manifestations, au travail, dans les écoles et les universités et autres endroits publics.

La rhétorique toujours plus belliqueuse et téméraire de l'administration Bush, avec en toile de fond le renforcement continu des forces américaines au Moyen-Orient, signifie que la guerre est inévitable. Tous les gestes et toutes les déclarations du gouvernement américain contredisent Bush lorsque ce dernier affirme que la « décision finale » sur la question de la guerre n'a pas encore été prise. En réalité, l'invasion et l'occupation de l'Irak sont le principal objectif stratégique de l'administration Bush depuis qu'elle est arrivée au pouvoir.

Quant aux efforts pathétiques du Premier ministre Jean Chrétien pour maintenir un semblant d' « indépendance » envers les faucons de la guerre de Washington, ils ne trompent plus personne. Comme l'a brutalement admis son ministre de la Défense, le Canada soutiendra et prendra part à une conquête américaine de l'Irak, peu importe que le recours à la force soit cautionné ou non par le Conseil de sécurité de l'ONU.

Il n'y a rien que le gouvernement irakien puisse faire, à part inviter les troupes américaines à occuper Bagdad, qui satisferait l'administration Bush. Les dénonciations sans fin des « armes de destruction massive » élusives de Saddam Hussein, dont on n'a pu trouver aucune trace après près de deux mois d'inspections envahissantes, n'ont jamais été rien d'autre que de la propagande visant à fournir un prétexte à une guerre de conquête.

Même dans le cas hautement improbable où la guerre était repoussée à une date ultérieure, ce ne serait qu'un court répit. Il ne serait pas long avant que l'on trouve un nouveau prétexte à la guerre, si ce n'est contre l'Irak, alors contre la Corée, l'Iran ou tout autre pays considéré un obstacle aux intérêts mondiaux de l'élite dirigeante américaine.

Reconnaître l'inévitabilité de la guerre n'est pas faire preuve de pessimisme, mais de réalisme politique. Et un tel réalisme est une condition préalable essentielle à l'élaboration d'une stratégie à long terme efficace pour développer un puissant mouvement de masse contre l'éruption de l'impérialisme américain à travers le monde.

Il est nécessaire et correct de manifester contre les politiques guerrières de l'administration Bush. Mais les ralliements anti-guerres comme ceux qui ont lieu aujourd'hui à Washington, à Montréal et ailleurs ne sont que le premier pas. Il faut poser les fondations pour transformer le mouvement de protestation populaire en une lutte politique de masse qui sera basée sur la classe ouvrière et dirigée non seulement contre l'administration Bush, mais aussi et surtout contre les intérêts sociaux et économiques de l'élite dirigeante auxquels les politiques guerrières de Bush donnent expression.

La guerre qui est sur le point de débuter n'est pas simplement la réalisation d'un gouvernement particulièrement réactionnaire. Elle plonge ses racines dans la crise économique dans laquelle s'enfonce toujours plus le capitalisme américain et dans les intérêts matériels de l'élite dirigeante.

La politique étrangère de l'administration Bush est inextricablement liée à sa politique intérieure. La guerre contre l'Irak est l'expression au niveau international du même programme politique et économique que ce gouvernement met en oeuvre aux États-Unis. Que ce soit au pays même ou outre-mer, le gouvernement défend les intérêts de l'oligarchie financière qui contrôle à la fois les démocrates et les républicains.

Cette oligarchie veut la guerre contre l'Irak pour les raisons suivantes: (1) la conquête de l'Irak mettra les deuxièmes plus importantes réserves confirmées de pétrole au monde sous le contrôle des entreprises américaines; (2) l'occupation de l'Irak par les États-Unis, croient les stratèges de Washington, établira la mainmise des États-Unis sur la majeure partie de l'Eurasie, intimidera politiquement et militairement tous les rivaux actuels ou potentiels des États-Unis et jettera la base pour l'édification d'un nouvel empire américain; et (3), l'administration Bush et ses complices dans les médias espèrent qu'en lui présentant le spectacle sanglant d'une conquête militaire, le peuple américain sera distrait des problèmes économiques intraitables et des contradictions sociales potentiellement explosives aux États-Unis même.

En fin de compte, la guerre contre l'Irak est une entreprise impérialiste réactionnaire, une guerre de pillage qui a pour objectif ultime de subjuguer le monde entier à Wall Street.

Même si après avoir assassiné des centaines de milliers d'Irakiens, l'administration Bush réalisait ses objectifs militaires, la logique de la conquête impérialiste mènerait en peu de temps à d'autres confrontations militaires plus sanglantes encore: l'Iran, le Pakistan, la Corée et la Chine. De plus, la campagne de Washington pour installer une hégémonie mondiale entraînera des confrontations âpres avec ses « alliés » en Europe et au Japon de plus en plus nerveux.

Ainsi, comme au vingtième siècle, l'impérialisme mène inéluctablement à la guerre mondiale. Au cours du dernier siècle, le coût humain de la guerre impérialiste se comptait en dizaines de millions. Au vingt et unième siècle, à moins que la guerre ne soit empêchée par la classe ouvrière américaine et internationale, les pertes humaines se chiffreront dans les milliards.

S'il y a une chose que les tragédies du siècle qui vient de se terminer nous ont montrée, c'est que la seule réponse viable à une guerre impérialiste est la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière dans la lutte pour le socialisme international, en d'autres mots, pour l'égalité sociale et la véritable démocratie. Cette perspective pose de grands défis aux travailleurs américains et canadiens.

Les premiers doivent comprendre la nécessité de répudier le Parti démocrate de façon inconditionnelle et sans équivoque. La subordination des mouvements de protestation à ce parti s'est terminée à maintes reprises par la trahison et la défaite. Le Parti démocrate en son entier est impliqué dans la politique intérieure et internationale du gouvernement américain. Les politiques de Bush ne sont qu'une version plus radicale de celles de l'administration Clinton, qui en plus d'imposer un embargo brutal à l'Irak, a mené des opérations militaires contre la Somalie, la Yougoslavie et l'Irak lui-même. Le Parti démocrate est et a toujours été un parti impérialiste. Ses différends avec l'administration Bush portent uniquement sur des questions tactiques et non sur des questions fondamentales.

Quant aux travailleurs canadiens, la pire des illusions serait de croire le gouvernement Chrétien capable de résister au militarisme américain. Ottawa, ou en l'occurrence Paris et Berlin, sont certes inquiets devant les ambitions globales de Washington. Mais leur inquiétude n'est pas basée sur une opposition de principe au pillage des ressources du globe et à l'oppression des peuples. En tant que puissances impérialistes de second ordre, ce qu'ils craignent vraiment c'est d'être tenus à l'écart lors du partage du butin. C'est pourquoi, alors que le déclenchement des hostilités se fait plus imminent, les gouvernements canadien et européens se préparent à abandonner leur discours « anti-guerre » hypocrite pour se joindre si possible à l'action aux côtés des conquérants américains.

La construction d'un mouvement efficace contre la guerre exige un tournant énergique vers la classe ouvrière, la vaste majorité de la population américaine et canadienne. Se tourner vers la classe ouvrière signifie lier la lutte contre la guerre avec la lutte pour défendre les emplois, les services sociaux, le système de santé, le système de l'éducation ainsi que les droits démocratiques.

Cela signifie qu'il faut baser la lutte contre le militarisme sur un programme qui s'oppose franchement et directement au système capitaliste, liant la lutte contre la guerre impérialiste à la redistribution la plus complète de la richesse de l'élite dirigeante aux travailleurs. Cela signifie que les masses doivent monter un assaut contre la richesse et le privilège, y compris l'expropriation des grandes entreprises et de la haute finance et leur conversion en entreprises publiques, fonctionnant sur la base d'une gestion scientifique et sous contrôle démocratique de la classe ouvrière.

L'éruption des luttes sociales aux États-Unis a déjà débuté. La grève récente chez General Electric n'est qu'une des manifestations du profond mécontentement social qui grandit parmi les travailleurs des deux côtés de la frontière. Le développement de la lutte de classe est une réfutation implacable de tous ceux qui disent qu'il est impossible de construire un mouvement socialiste de masse contre la guerre impérialiste, que la classe ouvrière américaine n'est pas intéressée à s'opposer aux politiques du gouvernement américain, qu'elle n'est pas une force progressiste et révolutionnaire.

Se tourner vers la classe ouvrière signifie se tourner vers l'internationalisme, la classe ouvrière étant une classe intrinsèquement internationale dont les intérêts dépassent ceux de la nation, de la race et de la religion. L'opposition au système capitaliste mondial doit être une opposition mondiale. Cela signifie qu'un mouvement contre la guerre ne peut pas être subordonné aux gouvernements canadien ou européens, ni aux Nations unies, ce « repaire de voleurs » et docile instrument des principales puissances impérialistes.

Tout en se solidarisant avec les milliers de personnes qui se sont réunies ce week-end à Washington, à Montréal et ailleurs, le World Socialist Web Site est fondamentalement opposé à la perspective des groupes et des personnes qui ont organisé ces manifestations, cherchant à consolider la crédibilité du Parti démocrate, du gouvernement canadien et des Nations unies, et à renforcer l'illusion que ces institutions impérialistes peuvent d'une façon ou l'autre devenir des instruments de paix et de démocratie. Nous sommes inconditionnellement pour l'indépendance politique de la classe ouvrière face à tous les partis et tous les représentants politiques de la bourgeoisie.

Il faut construire un nouveau et indépendant mouvement socialiste de la classe ouvrière internationale. Le Parti de l'égalité socialiste aux États-Unis et au Canada, et ses partis frères à travers le monde qui font partie de la Quatrième Internationale, construisent ce mouvement. Le World Socialist Web Site est l'organe politique de la Quatrième Internationale et nous demandons à tous ceux qui se consacrent à lutter contre la guerre de joindre le PES, de contribuer au WSWS, de distribuer le matériel qui y est publié et d'aider à approfondir et à étendre son influence au sein de la classe ouvrière américaine, canadienne et internationale.


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